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EAN : 9782818014882
352 pages
P.O.L. (05/02/2015)
4/5   1 notes
Résumé :
Je me suis retiré du monde, pour qu'il ne me manque plus. Bon, ça n'est pas non plus le couvent. Je vois parfois un ou deux amis, dont la vie agitée me fait comme un souvenir lointain, et j'en croise d'autres en passant, au gré de mes journées vides : Alan Turing, Ana Wintour, Proust ou Tricky, Derrida et Gainsbourg dans un bar d'hôtel, Borg et McEnroe tout timides au Palace, Nan Goldin de mauvais poil, Hegel bougon à l'hospice, les Quatre Fantastiques en vrai, ou j... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le livre Les jours et les jours m'a usé. Sans une volonté tenace, sa lecture m'est apparue ennuyeuse. Mais avec quelques efforts, de tout ce quotidien accumulé émerge une logique, une fuite logique. Et le talent de l'auteur a été de réussir de m'intéresser à son misérable journal. Par des phrases pleines de virgules comme pour emmerder le simple sujet verbe complément, je me retrouve a surfer entre des piquets quelques fois ponctués. Histoire de souffler. Et puis ça repart, en apnée dans un discours impressionnant d'érudition et de perfection.
Une participation indispensable du lecteur est requise afin de faciliter la compréhension du texte, mais c'est d'ailleurs pour ça qu'on lit. Non?
Je ressors donc de ce bouquin avec une pensée littéraire précise et imaginative.

Pour faire le rabat-joie, je préciserais qu'il manque un peu d'air marin, d'esprit d'aventure. Des trucs pas évidents si l'on ose décrire l'humidité ambiante.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Je crois me souvenir que mon rêve de la nuit dernière ressemblait à la valse d’un figurant sur une scène de théâtre, quand il change de rôle et de costume plus vite que la musique, ou au défilé trop rapide des paysages depuis une voiture filmée en travelling : je changeais d’environnement à toute allure, plusieurs fois par minute. Dans mon rêve je passais de la forêt touffue, où je me voyais frotter des pierres l’une contre l’autre assis sur une grosse stèle au milieu d’une clairière, au pré jaune voisin, sur la pente duquel je faisais rouler une roue en bois grossière comme si je venais de l’inventer, puis sans transition de là à une grosse usine de brique en lisière d’une ville, d’où j’émergeais éreinté dans une salopette bleue trop grande, au milieu d’un nuage de vapeur, puis en ville dans un bureau ouvert plein de machines à écrire et de secrétaires à chignon, et enfin chez moi, en tout cas j’y avais cuisine et chambre, d’où je travaillais sur un ordinateur invisible, son écran tactile pendant dans le vide devant mon mur façon hologramme de film.
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Longtemps je m’étais couché très tard, de peur de mourir, ou d’être seul. Maintenant que je ne suis plus grand-chose, que je suis en bons termes avec le vide, je peux enfin me séparer – puisque c’est ça se coucher, se mettre au lit, dormir, c’est juste se séparer, rien de plus, comme me l’avait fait comprendre Mathilde Troper-Friedman après huit ans de séances deux fois par semaine. Comme elle m’a fait le découvrir par moi-même, petit à petit : elle ne va pas non plus vous dire ce que vous refusez d’entendre, sinon comment vous voulez qu’elle vous garde, qu’elle vous allonge, et qu’elle vous fasse cracher au bassinet, elle l’analyste, la championne de la séparation. Même d’elle je n’ai plus eu besoin, un beau matin, tout juste désormais, certains jours, de m’asseoir avec un copain, une amie, ou une vague connaissance. De les faire passer devant moi, d’en savourer le nombre aussi bien que chaque singularité, et la douce distance qui m’en préserve, d’un apéro l’autre, le temps d’un dialogue espacé, détendu, qui me confirme que je ferai bien de dîner seul, comme d’habitude, mais que j’aime encore la différence des corps, et le contraste des esprits. On n’est pas des bêtes, non plus, ni tous des psychotiques.
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Croisé Lucie Aubrac boulevard Auriol, très pressée. Sémillante pourtant dans sa robe simple, discrètement rapiécée, une mèche en macaron roulée sur le front, des sandales compensées. Petite femme rapide mais qui soudain m’excite, peut-être son air occupé, ou la bouche en cœur, sensuelle, qu’effleure le bout de son index verni le temps de désigner la valise à carreaux qu’elle porte de la main droite, sa mission du jour, et de me demander d’un regard implorant de faire comme si je ne l’avais pas vue. De faire silence, pénitence, pendant que les autres, entre lesquelles elle se faufile, inaperçue, font bombance, pestilence. Résistance, quand même, avance une désinence moins rance que gouvernance, je me suis laissé aller à cette consonance paresseuse, celle qui rime avec la vieille nation pourrie que ma Lucie défendait au péril de sa vie. Qu’elle l’aime à ce point me l’a même un peu réenchantée, la nation, au moins quelques minutes, son regard sérieux à elle, qui en devenait bandant, comme caution d’un désir, d’un objet désirable – avant de m’engouffrer à mon tour dans le métro.
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Aperçu Djamila Bouhired à Nation. Le temps d’un serré debout au comptoir, entre les Chinois et les chauffeurs de taxi. Elle était pressée. Tout d’elle m’a fait du bien, au moins pour la journée. Sa bouche luxurieuse, pas docte pour un sou, ou un schelling. Ses cheveux longs et ondulés, très noirs, et non pas secs et droits. Son regard résolu, un peu fatigué, pas l’immortel désenchanté. Son pied nerveux, sa démarche assurée, pas de chaise roulante. Sa verve agitée, généreuse, pas les monosyllabes. Du désir, quoi, avec de la rage, de l’impossible, des gargouillements d’un monde à l’autre : pas le regret sans pleurs d’un vendredi saint théologico-spéculatif qui n’aura finalement pas eu lieu. Tout le contraire de Hegel, Djamila. Il n’y a que les valoches sous les yeux qu’ils aient en commun, leur état de veille. Je lui ai même volé en partant un baiser sur la joue droite, qu’elle n’a pas eu le temps de m’interdire, surtout pour la voir froncer les sourcils, petit air de reproche sur les traits tirés de mon héroïne.
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Quand ce ne sont pas les copains, ce sont les schizos ordinaires mêlés à la foule du métro qui me remontent le moral, provisoirement. En tout cas celui d’hier était à la hauteur, malgré mon humeur délétère depuis le réveil et ma catatonie de cadavre. Un vrai barge, faut dire, hirsute et barbu, sans âge ni vraiment de complexion, et génial d’insistance : d’un pas décidé il allait saluer l’un après l’autre tous les Noirs qu’il croisait, sur le quai ou à la sortie du tourniquet, jeunes ou vieux, hommes ou femmes, et il leur serrait la main chaleureusement, la main gauche sur leur avant-bras, en lançant simplement « Barack Obama ! », sur le ton enthousiaste avec lequel on retrouve une vieille connaissance.
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