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EAN : 9782847127065
164 pages
Editions du Petit Pavé (23/12/2021)
3.67/5   3 notes
Résumé :
Campés dans leurs bottes rutilantes de cuir noir, mains se rejoignant à l’arrière des dos rigides, mentons relevés, regards acérés posés sur nous, terriblement impressionnants, ils nous attendaient.
— Willkomenn meine Herren ! Bienvenue Messieurs ! Nous eûmes tous je pense la même idée, nous enfuir à grandes enjambées... mais cela demeura une idée. Nous étions tellement désarçonnés par ce comité d’accueil que nous pensions que des semelles de plomb nous vissa... >Voir plus
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Durant la Seconde Guerre Mondiale les « Malgré-nous » désignèrent ces 134 000 alsaciens, mosellans et luxembourgeois qui furent incorporés de force dans l'armée régulière allemande (la Wehrmacht). L'expression parle d'elle-même. Redevenus allemands par décret, les hommes furent soumis à la conscription en vigueur de l'autre côté du Rhin. Alors que leurs coeurs battaient une tout autre chanson patriotique ...

L'auteure, Colette Dahais, nous livre l'autobiographie de l'un deux, son père, né à Sarreguemines en 1926. Sur l'insistance de ses filles, avant de décéder en 2008, il s'était confié à un dictaphone, témoignant de ses années de guerre et des conséquences ultérieures sur sa vie : l'homme de nationalité française enfin retrouvée allait rester toute sa vie un « Malgré-nous ». Post mortem, retranscription des bandes sur papier il y eut, augmentée de considérations historiques généralistes sur l'époque traversée. le tout se présente en « Je narratif », ce qui engendre une étonnante construction tout à la fois romanesque et documentaire. La structure employée met la voix et les mots d'un père défunt en convergence constante avec la prose de sa propre fille. le concept reste perceptible, comme en filigrane, tout du long de la narration mais ne gêne en rien la lecture. Au contraire, elle conforte même le récit dans sa double singularité souhaitée : le devoir de mémoire face à l'Histoire et la persistance mémorielle familiale intergénérationnelle.

Je ne suis pas venu vers cet ouvrage par hasard. Et pourtant, je ne suis pas originaire du Grand Est et n'y ai même jamais vécu.

J'ai connu un malgré-nous. C'était un taiseux de nature qui, de son passé, ne s'épanchait qu'aux forceps. Surtout quand il s'agissait d'évoquer cette part de lui-même un temps au service guerrier d'une cause qui n'était pas la sienne. A 16 ans en 1943 on ne traverse pas de tels événements, d'autant plus forcé et contraint, sans cicatrices indélébiles, sans réticences à laisser ressurgir le cauchemar imposé. Rien, après coup, ne s'extériorise facilement. le cicatrisant n'a jamais pris. Tout reste figé, les mots ne viennent pas, comme englués. C'est de la rétention mémorielle réactive. le passé est plus fort que le présent et impose le silence. le peu lui échappant laissait présager des blessures plus profondes, inextricables, difficilement extériorisables, désormais évaporées avec son décès. N'empêche, ce peu remémoré me poussa à en savoir plus. Ainsi donc, entre autres précédentes rares lectures sur le sujet, me voici tout naturellement au rendez-vous de ce « de la contrainte à l'oubli ».

Leurs trajectoires, à tous deux, sont sensiblement identiques. Je ne les comparerai pas. Leurs ressentis d'après-guerre sont, par contre, totalement similaires. Les Malgré-nous ont été confrontés au désintérêt d'une nation pour ce qu'ils furent, pire même au déni de quelques-uns concernant leur patriotisme supposé, à l'oubli de leur sort dans les manuels scolaires.

Contrairement à l'auteure, je n'ai aucune trace matérielle du peu à moi confié. Ma propre mémoire se dilue en outre au fil des années. Reste ce que vient de m'apporter « de la contrainte à l'oubli ». Ce m'est presque un trésor retrouvé.

L'avant-propos précise : « Quel que soit le domaine de ses confidences, si, vous lecteurs, avez encore la chance d'avoir à vos côtés un parent, un ami, une connaissance, pouvant témoigner d'une époque révolue, prenez le temps de l'écouter. C'est un grand privilège. Un jour il sera trop tard. »

Merci à Babelio, Masse Critique, Colette Dahais et aux Editions du Petit Pavé.

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Merci à l'opération Masse Critique.
Merci à Colette Dahais et aux Éditions du Petit Pavé.
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En bon passionné d'Histoire, j'ai lu de très nombreux témoignages relatant les faits tels qu'ils furent vécus par les témoins des horreurs de la Seconde Guerre mondiale. J'ai lu sur les maquis français, la résistance, sur la déportation, les camps de la mort, les ghettos, les batailles par le biais de soldats survivants et même sur le Lebensborn. J'ai également lu les témoignages de certains grands noms de cette période. Complétés par les récits des historiens, ces témoignages m'ont apporté le relief nécessaire pour comprendre l'humain dans ses différentes facettes au milieu de ce déluge de haine et de violence.
Mais je n'avais jamais lu de témoignage d'un Malgré-nous.
Avant d'avoir le livre de Colette Dahais dans les mains, je connaissais ceux qui se sont fait appeler ainsi, mais uniquement dans les grandes lignes. Des civils de l'Alsace-Lorraine annexée par l'Allemagne, envoyés de force dans les troupes de la Wehrmacht ou des SS pour combattre sur le front Est. Je savais que l'existence de ces civils vivants sur une terre âprement disputée, tantôt français, tantôt allemands, était rude. Parfois évoqués par des historiens, ils apparaissaient ci et là dans les livres que j'ai parcourus.
Si certains sont partis volontairement, à l'instar d'autres Français qui s'engagèrent de leur plein gré dans la SS, une majorité de ces civils n'a pas eu d'autre choix que de suivre. Vous allez peut-être me dire qu'ils auraient pu dire non, qu'après tout, ils n'avaient qu'à désobéir. Quand on compare le nombre de résistants à la population française de l'époque, on se dit que désobéir ne devait pas être aussi simple que cela. Fuir, c'était faire porter un risque considérable à sa famille, à ses amis, surtout dans une Alsace-Lorraine devenue allemande. Il est facile de porter un jugement des dizaines d'années plus tard, mais plus complexe d'essayer de comprendre comment tous ces gens vivaient leur époque.
Toute situation se devant d'être observée à la lumière du contexte qui l'entoure, une plongée dans le monde d'un mosellan est un apport appréciable et apprécié.
Je ne décrirai pas ici les aventures de ce Malgré-nous, héros bien involontaire de ce récit. C'est l'histoire d'un jeune homme emporté par un courant bien trop fort pour lui, mais c'est également une très belle histoire de famille, pleine d'une émotion que l'on ressent au travers des lignes. Je tiens juste à ajouter que je suis heureux pour cet homme, car il a su sortir de ces atrocités et s'ériger en père de famille bourré de valeurs qu'il a transmises à ses enfants et petits-enfants.
S'il m'entend, je tiens à lui dire que même si les livres d'Histoire distribués à l'école ne parlent pas des Malgré-nous, par manque de temps pour traiter tous les points de cette période, il y a maintenant une personne de plus qui se souviendra de son parcours et qui en parlera afin qu'il ne soit pas oublié.
A tous les amateurs, à lire sans modération.
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Ici on découvre un aspect peu connu de la seconde guerre mondiale, avec le témoignage d'un « malgré nous ». L'un de ces hommes vivant en Alsace ou en Moselle lorsque l'Allemagne a à nouveau annexé ces régions de 1940 à 1945.

Dès l'annexion, les mosellans et les alsaciens ont été forcés à vivre avec les allemands, puis à se battre à leurs côtés. Certains ont été envoyés sur le front russes, faits prisonniers là bas dans les conditions qu'on connaît.

Ce témoignage est d'une grande importance, il y est dit et c'est vrai, que ce sujet n'est que trop rarement évoqué dans les manuels scolaires. le sort de ces hommes et femmes reste inconnu pour beaucoup.

Malgré l'intérêt du sujet je garde une réserve sur le style d'écriture avec lequel j'ai souvent eu du mal, des phrases très alambiquées et parfois lourdes, qui auraient pu être plus simples et donc plus efficaces selon moi…
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