Au bonheur de vivre

Si je m'aventure à retracer les principaux jalons de l'évolution qui m'a amené de ma foi naïve d'enfant simple et sincère, très conformiste, à ma position actuelle d'homme mûr, je vais automatiquement prêter le flanc à la critique habituelle des croyants en général et des catholiques en particulier qui me feront reproche de me définir négativement, contre d'autres – eux, en l’occurrence – au lieu de le faire ainsi qu'ils le font, prétendent-ils, positivement, c'est-à-dire en s'appuyant purement et simplement sur des valeurs reçues, acceptées et réaffirmées, ce qui, à les en croire, serait plus digne et plus noble. Comme s'il était moins recommandable de s'être défini sa voie selon un processus de remises en question, voire d'oppositions, plutôt que de s'être contenté de suivre le primum movens donné par l'éducation reçue, quitte à y opérer l'un ou l'autre aménagement ainsi que cela se fait beaucoup depuis quelque temps... J'avoue avoir plutôt le sentiment d'une plus grande dignité, oserais-je écrire de davantage de noblesse, dans le parcours plus difficile, plus périlleux aussi, mais sans doute plus fertile de la contestation et de la recherche.