I.
Ce volume démarre sur les chapeaux de roues: le fils chéri de Félicie est mort!!! Mais arrêtez de pleurer (surtout les Madelaine)! Retenez vos larmes et reprenez vos esprits! Les funérailles sont bidon! le commissaire, ce petit bonhomme, vit encore! Mais seuls le Vieux et Félicie, sa brave femme de mère, qui y sont au courant.
Qu'est-ce que c'est que ce coup de théâtre, me demanderiez-vous?
C'est que
San-Antonio, dur à mourir, a déjà échappé aux quatre tentatives de meurtre. Les ennemis lui sont inconnus et même l'enquête menée par les meilleurs flics du Vieux n'a rien donné.
Après le dernier attentat, le patron propose au commissaire, mort pour l'instant seulement de curiosité, cette mystification — se faire passer pour un mort — pour gagner du temps et résoudre cette énigme.
« —
San-Antonio, m'avait-il déclaré, cette fois ne bougez pas, ne vous montrez pas: vous êtes mort! Je vais faire le nécessaire. Mais il faut que seuls votre mère et moi soyons au courant. Ayant officiellement cessé d'exister, vous aurez si je puis dire les mains libres. »
L'enterrement truqué de San-A va provoquer une réaction violente de ses mystérieux adversaires, un vrai pastaga, une incendie peu catholique à son domicile et même (attention! un spoiler!) un décès réel de l'un(e) de ses proches. Même Félicie se sent menacée et pour être assuré de sa sécurité, on la fait conduire dans un couvent…
Quelle sarabande, ce volume! D'un bout à l'autre, ou, notamment, «
De A jusqu'à Z».
II.
Ce petit roman, paru au 4e trimestre de l'année 1961, est le 46e volume de la série consacrée aux aventures rocambolesques du commissaire
San-Antonio et ses acolytes.
Sur le plan stylistique on constate que l'intrigue se densifie, se corse, devient de plus en plus haletante, plus imbriquée, plus évoluée. La narration est rythmée (surtout à la première partie du livre), avec un parfait tempo.
Toutes autres marques de fabrique y sont présentes: une langue colorée, des calembours, des noms marrants, des digressions lyriques, des jolies mômes, des énumérations truculentes, comme, par exemple, celle-là:
« Il y a Béru. Il n'y a que
Béru. Béru ruant, Béru en rut, Béru riant, Béru riez! Béru qui fonce, Béru qui frappe, Béru qui malaxe, qui moleste, qui écrase, qui tord, qui dévisse, qui déboîte, qui assomme, qui tuméfie, qui arrache, qui défonce, qui brise, qui calotte, qui édente, qui est
Dante, qui fouaille, qui luxe, qui harakirise, qui martyrise, qui anesthésie, qui démantèle, qui ruine, qui conque, qui dame, qui gnons, qui nine, qui proquo, qui toudouble, qui tus, qui va là. »
Le Vieux, Félicie, Mathias se raréfient et ne font que de la figuration pour faciliter le jeu édifiant et performant du duo Béru —
San-Antonio. Il faut dire, qu'ils jouent leur rôle avec un brio grandissant d'un volume à l'autre.
Pinaud, vu sa démission anticipée (voir «Y a bon,
San-Antonio»), n'est que de passage.
Des digressions kamasutresques du commissaire sont aussi en manque — le devoir a ses exigences.
Hélas, ce polar est affligé de la même infirmité que son homologue précédent, «Y a bon,
San-Antonio» — l'essoufflement et le piétinement qui rendent la deuxième partie du récit un peu ennuyante.
III.
Ipso facto, «
De A jusqu'à Z» est un san-antonio avec tous ses avantages et inconvénients, une histoire qui se lit aisément, rapidement et avec une grande joie malgré tout.
3.5/5
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