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sur 210 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Peupler ses nuits d'insomnies en lisant Pas dormir ! C'est à la fois perturbant et réconfortant …

Marie Darrieussecq a perdu la faculté de récupérer nuit après nuit de la fatigue des journées. le déclencheur est bien identifié et d'une banalité universelle : la naissance de son premier enfant a perturbé cette horloge biologique. Au diapason de son enfant les nuits se sont déchirées, morcelées, et rapidement n'ont plus ressemblé à rien. Mais ce qui se récupère au fil des semaines, plus ou moins rapidement en fonction de la propre horloge biologique du nourrisson est devenu un manque chronique. Et cette faculté de se plonger dans les bras de Morphée est devenu une lutte de toutes les nuits.
Le parcours qui en résulte est commun à tous les insomniaques : trouver une solution est une quête permanente, de pilules en tisanes, d'ajustement de la température et de la diététique aux choix des occupations vespérales, ils ont tout essayé ! Et rien ne marche puisqu'il est clair qu'il ne s'agit pas d'une cause unique à repérer !

Cet essai se penche ainsi sur les nuits blanches, et pas uniquement celles de l'auteur. Elle invoque les grands insomniaques de la littérature, Proust, Kafka et tant d'autres. Ou ceux chez qui le sommeil renvoyait à une ritualisation quasi pathologique.
Mais il est aussi question de cinéma, et d'Hal dans 2001 Odyssée de l'espace, d'Alien, de High Life et d'insomnie.

Marie Darrieussecq aborde l'intime, évoque son alcoolisme, résultant à la fois de la recherche d'un produit miracle et de la perturbation du circuit de la récompense induite par le manque de sommeil, responsable sans aucun doute d'un certain nombre de conduites addictives.

Cet essai sur l'insomnie n'est en tout cas absolument pas un remède contre celle-ci. Car le sujet, sérieux est abordé avec humour et auto-dérision et suffisamment décalé pour être plaisant à parcourir et encore plus lorsqu'à chaque page on se reconnait dans ce portrait typique des veilleurs malgré eux.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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«  Il y a ceux qui dorment et les autres. »
«  Mais je ne dors pas. »
«  Dormirais - je si je n'étais pas hantée ? » .
«  Qui est - ce qui ne dort pas quand je ne dors pas ?
Quelques extraits de cet opus, entre récit intimiste et essai riche, méditatif, passionnant au demeurant ,où, avec pas mal d'autodérision et de malice elle déroule les chapitres, autant de références scientifiques, littéraires, autobiographiques, littéraires , pratiques, modes d'emplois pour une autrice qui se serait un soir retournée et son sommeil ne la suivrait plus …

Car elle s'est métamorphosée depuis une vingtaine d'années en une sorte de sentinelle de la nuit, vingt ans d'errances , d'anxiété, de vertiges, de questions sans réponses ,d'épuisement , de «  non sommeil » le repos se refuse à elle .
D'où cet ouvrage original, à nul autre pareil, où elle oppose l'angoisse profonde et le silence à la privation de sommeil, indigne torture encore pratiquée dans certains pays comme le Rwanda à la jungle de Calais , nuits sans sommeil pour les déshérités qui n'ont plus aucun toit sous lequel se réfugier.
«  On veille quand il n'y a plus rien à veiller et malgré l'absence de toute raison de veiller » écrit Levinas , limpide .
Au cours de ces nuits interminables éveillées , la compagnie d'écrivains ou de plasticiens serait un réconfort .
Elle y convoque, au cours de 1001 nuits blanches : Proust, Hemingway , .mais aussi CIORAN, Duras, Gide, Woolf, Philippe Roth, Huysmans , Kafka , surtout lui, que des frayeurs et nombre de spectres réveillaient au milieu de la nuit , tel cet enfant aux joues rouges , «  Ce petit habitant des ruines » qu'il conte dans son journal , «  Ce petit fantôme qui surgit du fond du milieu du couloir obscur, il ne me manquait plus que cette visite, qu'à vrai dire j'attendais » ajoute l'écrivain …
Pour tenter de dormir, l'autrice a tout essayé : cette folie du «  non sommeil » l'a entraînée vers un catalogue de remèdes médicamenteux, voir les photos…..

Elle les teste depuis vingt ans avec une efficacité très relative , jusqu'à des méthodes alternatives plus ou moins hasardeuses et farfelues , : hypnose , jeune , alcool dont elle a, un temps, usé et même abusé , sorte de palliatif anxiolytique, entre veille et sommeil …
«  Les rituels des insomniaques sont souvent des déclinaisons sadomasochistes » écrit Gide dans son journal, dans cette méditation sensible, plutôt philosophique, elle évoque les nuits sans sommeil des sans - abri, les rescapés du génocide au Rwanda, d'autres expériences que la sienne. ….et aussi une source à chercher, fragments épars, auprès de ce frère aîné mort qu'elle n'a pas connu .

De certains textes antiques aux magasins ouverts en continu elle creuse ce qui se joue dans «  l'ombre » , fantômes et autres misères quand l'insomnie envahit nos nuits interminables..

«  L'insomnie est la prolongation sans répit de la misère écrit Françoise Frenkel.
Elle nous assure que la compagnie d'écrivains souvent insomniaques lui est une manière de réconfort « Comme si écrire, c'était ne pas dormir, sur tous les continents, la littérature ne parle que de ça » .
Et certains ont plongé «  une fois de trop dans le tiroir des cachets blancs » tel Proust qui à deux reprises a manqué de s'empoisonner ….
D'autres n'en ont pas réchappé.
«  Pas dormir : errer sans ombre »: définition de l'insomniaque .
Un livre enrichi d'une très importante iconographie, qui nous convie à un grand voyage de l'autre côté du miroir «  d'autres yeux nous observeraient »
Un inconnu inlassable nourri de sentiments confus qu'il y aurait autre chose. …..quelque part ….
La privation de sommeil: une torture à laquelle j'ai déjà beaucoup goûté, je ne pensais pas qu'autant d'écrivains avaient rejoint cette cohorte épuisée et anxieuse !
J'ai appris beaucoup ! .

«  Pour mille raisons, ce livre ne s'écrit pas.
Parviendrai- je à dormir le jour où je l'aurai écrit ? » .


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Insomnie. Un mot à 8 lettres qui devient vite angoissant.

Cette difficulté est un état que nous avons tous au moins connu une fois dans notre vie. Pourtant, certains malchanceux entretiennent une relation privilégiée avec cette dernière, ce qui est une vraie source de cauchemar.
Le sommeil est un état psychologique indispensable dont nous avons tous besoin pour continuer à mener une vie à peu près normale. Malheureusement, Marie Darrieussecq fait partie de la catégorie des personnes qui ont perdu le sommeil. Dans l'ouvrage "Pas dormir", l'auteur nous retrace dans ce récit ses vingt années de galères à essayer de trouver le sommeil, sans avoir encore découvert une recette miracle. Pourtant, on découvre au fil des pages qu'elle a tout essayé ! L'alcool, les médicaments, les tisanes, les gadgets en tout genre, la médecine traditionnelle... et dire que certains n'ont qu'à compter les moutons...

Cet essai autobiographique est pour moi une véritable caverne d'Ali baba.
Parfois sujette aux problèmes d'insomnies en pleine nuit, cet ouvrage est réconfortant (car on se sent moins seul) et offre des solutions qui fonctionnent dans mon cas ! J'ai beaucoup apprécié les nombreuses anecdotes qui viennent compléter le récit de Marie Darrieussecq. On y apprend que l'insomnie est un mal connu par de nombreux auteurs, artistes ou autres personnalités et que Marcel Proust en est le fervent représentant.

En refermant cet ouvrage, j'ai envie de vous poser cette question : Et-vous, que faites-vous pour trouver le sommeil?

#grandprixdeslectriceselle
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Quand on ne dort plus la nuit depuis des mois, voire des années, que faire d'autres sinon que d'essayer tous les subterfuges pour en finir avec cette insomnie présente autant le jour que la nuit, refermant petit-à-petit son monde autour de ce noeud vers lequel tout se tend?
L'insomnie, c'est le drame de millions de personnes et c'est le drame personnel de Marie Darrieussecq. Qu'importe la fatigue, qu'importe le lit, qu'importe l'ivresse, elle est là, telle une présence ineffable, fidèle, sûre d'elle. 4 heures du matin, l'heure fatidique selon l'auteure (pour moi ce serait plutôt 2 heures) où le désespoir et la solitude s'en mêlent. Alors, les collections de somnifères, alors les verres de vin pour lutter contre la fatigue et faire de beaux rêves (au moins au début de la nuit), alors les tisanes, les oreillers spéciaux, les psys, les objets technologiques révolutionnaires... pourvu qu'on puisse dormir, ne serait-ce qu'une nuit!
Marie Darrieussecq déroule petit-à-petit ce fil de l'insomnie de l'intime au pluriel, jusqu'à ce monde sur lequel on ne peut décemment plus fermer les yeux car cette chute libre qui nous entraîne actuellement est présente dans tous les romans, tous les essais qui sortent cette année.
J'ai lu ce livre 1. parce que le sujet me touche intimement 2. parce que j'aime l'écriture de Marie Darrieussecq.
J'en sors mitigée: d'un côté, il m'a apporté des solutions possibles (car il se présente parfois comme un guide), il m'a touchée, mais d'un autre côté je l'ai trouvé plutôt désordonné voire fourre-tout malgré un aspect thèse universitaire par instants. J'ai quand même partagé sa jalousie récurrente face aux bons dormeurs et ses agacements m'ont fait sourire.
On y découvre aussi des tonnes d'écrivains insomniaques, à commencer par Kafka et Proust (qui vivait dans son lit: pas conseillé!).
Ca n'aide pas forcément à mieux dormir, mais je conseille aux insomniaques.
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Ne pas dormir. Même si on n'a aucun souci véritable et qu'on a la conscience tranquille. le réveil à 3h33, « l'heure du diable », ou à 4h00, les yeux grands ouverts, lorsqu'on se demande si on pourra se rendormir ou si notre nuit de sommeil est bel et bien terminée…
Marie Darrieussecq raconte son propre parcours d'insomniaque sur plus de vingt ans dans cet ouvrage qui procède plus du brouillon travaillé que de l'essai fouillé. Peu importe, car j'ai beaucoup apprécié le récit, fort intéressant sur plusieurs aspects. L'auteure répertorie quelques écrivains célèbres pris dans les filets de l'insomnie et ses répercussions dans leur processus d'écriture, sorte de confrérie littéraire dont elle-même fait partie. Somnifères, tisanes, alcool, méditation, yoga, lecture, rituels, psychanalyse, Marie Darrieussecq a tout essayé, en plus d'une foule de gadgets favorisant soi-disant l'endormissement et un sommeil durable. Un problème quotidien qu'elle traîne dans ses bagages et qui la poursuit dans ses périples autour du monde. Sans repos ni répit.
Depuis quelques années, je subis ces réveils intempestifs au coeur de la nuit qui m'incitent à la lecture. Pas dormir en fut donc une en phase avec le réel…
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Ce titre m'a appelée forcément, pas dormir... je n'arrive pas à dormir, "bien dormi ?", je hais cette question car ma réponse est la même presque chaque matin "oui, jusqu'à ..." 2h, 3h ou 4h, selon les nuits. Jamais de nuit complète, de sommeil ininterrompu, réparateur comme le disent les dormeurs.
Je me suis donc reconnue dans ce questionnement, cette quête un peu désespérée des solutions miracles, j'en ai testé beaucoup comme l'auteure, avec plus ou moins de succès également. Quand on trouve une potion magique qui nous fait gagner rien qu'une heure, on s'y accroche comme à une bouée mais souvent l'effet finit par s'estomper et l'insomnie par nous rattraper.
En plus de ce partage d'expériences, présentées avec une distance humoristique, j'ai vraiment apprécié certains passages et certaines réflexions, notamment sur les causes plus profondes de ce "mal du siècle". En revanche les paragraphes concernant l'alcool, les somnifères et leur mélange m'ont mise mal à l'aise, sans doute parce que j'essaye moi-même de ne plus les approcher depuis des années car oui, ils fonctionnent mais le prix à payer me semble bien trop élevé.
J'ai trouvé également qu'il y avait trop de citations et de notes, qui, bien qu'intéressantes, me sortaient de ma lecture et parfois un manque de "liant" entre les chapitres, mais suivre la pensée des insomniaques est toute une gymnastique, il faut s'y faire.
Merci
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L'insomnie: voilà un sujet que l'on peut aborder avec tout le monde. Chacun a son histoire, son expérience, ses trucs et astuces: Marie Darrieussecq partage avec ses lecteurs la langueur de ses heures nocturnes. C'est drôle, instructif, émouvant. Mais la conclusion est rude: il n'existe pas de solution pour guérir de l'insomnie! L'auteure a tout essayé, de la couette alourdie au séance d'acupuncture: rien n'y fait!
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Un livre qui intéressera plus particulièrement les insomniaques.
Malgré quelques digressions, le sujet m'a beaucoup plu. Je me suis retrouvé dans certains cas, bien que je n'en sois pas au même stade d'insomnies que l'auteure.
Dans les très nombreuses références, quelques unes ont retenues mon attention et vont me permettre d'approfondir le sujet.
Mais je retiens principalement la phrase de Marguerite Duras " "Je ne dors pas et je m'en fous, j'arrange ma vie autrement" qui est aussi ma façon de faire face au problème.
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L'autrice nous propose ici un texte totalement hybride, une espèce d'essai, un recueil de citations, une collection d'extraits de textes parlant d'insomnies, de difficultés de dormir, depuis la nuit des temps.
Elle en appelle à tous les insomniaques de la littérature, de la philosophie, … Kafka, Gide, Cioran, Duras, Perec … Il s'agit d'un réel travail de recherches, c'est intéressant, il y a un nombre incalculable de notes de bas de page qui nous donne envie d'aller voir plus loin encore, j'écris plus loin encore parce que son travail est déjà terriblement exhaustif.
Elle y mêle ses propres expériences, ses insomnies et tout ce qu'elle a déjà pu tenter pour y remédier. Les somnifères, les tisanes, les acupuncteurs, les psychiatres …
Quand elle parle d'elle, je la trouve très touchante, elle n'hésite pas à se mettre à nu en nous expliquant par exemple qu'elle a finalement basculé dans l'alcoolisme (à partir du moment où on ne peut plus se passer de ses quelques verres de vin, de champagne par jour, à partir du moment où on commence à y penser dès le milieu de la matinée, on peut parler d'alcoolisme) pour tenter de dormir. Les premières fois que l'on a trop bu, on s'endort comme une masse. Mais on se réveille en pleine nuit, groggy et se rendormir devient encore plus difficile.
Elle écrit avec beaucoup d'autodérision quand il s'agit d'elle. Elle se cite aussi largement. C'est un livre qui parle aussi de ses récits de voyage. Elle collecte tout ce qui l'empêche de dormir de façon intelligente et avec humour, et comme il lui est arrivé de partir à l'étranger faire la promotion de ses livres, ou aller chercher de la matière pour les suivants, elle consacre un chapitre de son livre à ses expériences de nuits dans des hôtels.
Il y a une grande part de narcissisme dans tout cela mais il est assumé puisque pratiquement annoncé dès le départ. La quatrième de couverture est limpide sur le sujet: "je ne dors pas, j'ai perdu le sommeil… alors pour dormir j'ai tout essayé".
On comprend aussi au détour de son texte que ces insomnies durent depuis une vingtaine d'années, depuis qu'elle est devenue maman et qu'elle n'osait plus s'endormir d'un sommeil profond de peur de ne pas se réveiller si ses enfants avaient besoin d'elle. Je me souviens de mes premières nuits après la naissance de ma fille. Je m'endormais et me réveillais en sursaut quelques minutes plus tard, avec un sentiment de culpabilité tellement fort, je regardais bébé et je m'assurais qu'elle respirait encore. Quand on a un tempérament angoissé, le sommeil de son bébé est sans aucun doute une source d'inquiétude qui multiplie encore les angoisses déjà présentes.
Et pour Marie Darrieussecq la fantôme de son frère aîné, mort avant qu'elle ne vienne au monde, semble jouer sur son subconscient et la maintenir en état de veille de façon inconsciente.
Elle parle aussi du mépris que peuvent ressentir les personnes qui dorment du sommeil du juste face à ceux qui sont insomniaques. Là aussi je me suis retrouvée dans ce qu'elle décrit. Mon compagnon dort mal, de façon erratique. Combien de fois ne me suis-je pas lancée dans des conseils voire des injonctions pour l'aider à mieux dormir. Mais ce qui fonctionne chez moi ne fonctionnera probablement pas pour lui.
Une lecture très agréable, érudite mais abordable par un lecteur lambda, une lecture devrait me permettre d'être un peu plus indulgente à son égard et à l'égard d'autres insomniaques qu'il m'arrivera de rencontrer dans les années à venir.
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Cet essai m'aura accompagnée avec délectation pendant mes nuits éveillées de septembre. Une analyse intime et profonde de l'insomnie, mais surtout une étude extrêmement riche de ce que cette relation complexe au sommeil dit de notre regard sur le monde. Angoissant, drôle parfois, contemplatif souvent mais toujours pertinent, cet essai parcourt les yeux grand ouverts les nuits du monde. Très intéressant !
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