Premier point : j'ai dévoré ce livre.
Le choix de cette lecture n'est pas lié au hasard, je suis très concernée par le sujet, je suis insomniaque depuis l'âge de dix-sept ans soit près de vingt-sept ans d'insomnies aléatoires, légères à prononcées.
Marie Darrieussecq raconte, décrit, argumente son insomnie.
Je découvre cette autrice, j'aime infiniment sa plume éclairée, brillante et généreuse.
Elle nous offre un témoignage abondamment documenté par des photographies, des références et des citations.
C'est très enrichissant dans la mesure où, bien que l'insomnie demeure l'insomnie, elle semble être vécue différemment selon les époques (et les personnes).
Oserais-je dire que ce livre réconforte l'insomniaque que je suis? Pas si sûre!
Certes, je me suis sentie moins seule mais l'autrice liste toutes ses tentatives pour retrouver un sommeil perdu autres que par le biais du chimique sans jamais que ces dernières n'aient eu gain de cause…
Et en une phrase, elle résume mon insomnie :
“L'insomnie se nourrit de la peur de ne
pas dormir”.
Et c'est bien ça qui est autant terrifiant que passionnant dans ce livre, on s'identifie, on s'y retrouve et assurément, ses mots deviennent les nôtres.
Elle dépeint une affinité entre l'insomnie et la mort, se pourrait-il que l'horloge biologique des sans-sommeil se remette à l'heure plus tôt que celle des dormeurs?
Je suis la première à être surprise que mon âme ait été aussi happée par cette lecture, un témoignage lucide de vie, des combats (insomnie, alcool), comme quoi, on peut se livrer tout en préservant une certaine pudeur dans les écrits.
L'insomnie est-elle comparable à une petite mort?
Hormis la voie chimique, existe t-il finalement des solutions pour sortir du mal vampirisant qu'est l'insomnie?
Ça ouvre à grand nombre de réflexions…