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EAN : 9782849990209
64 pages
Vertige Graphic (15/01/2006)
5/5   2 notes
Résumé :
David B continue son récit autobiographique. La maladie de son frère, apparemment sans remède, l'histoire de France découverte à travers les magazines et revues des années soixante.
C'est l'histoire de l'appartenance à un pays qui a beaucoup de secrets, plusieurs raisons de s'en vouloir, un pays qui a combattu des guerres atroces.
Le petit David nous transporte dans le monde de son enfance à travers un choix de couleur particulier (rouge et marron) et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
David B est un érudit. On le sait depuis « le tengû carré » ou même depuis « les incidents de la nuit ». Cependant, si souvent l'érudition est l'affaire de quelques spécialistes qui ne cherchent qu'à s'impressionner les uns les autres, le « grand pouvoir », non pas du Chninkel mais de David B, est sa capacité de transmetteur. En gros, David B ne se contente pas de livrer ses connaissances mais l'essence même de ses récits se nourrit de celles-ci, elles explicitent ses références par le sujet même qu'elles traitent.
La deuxième dominante de l'auteur David B est l'utilisation quasi systématique des rêves dans ses bandes dessinées. Il les note depuis tout jeune. Certains reviennent de façons récurrentes et préfigurent à leur manière les thèmes de prédilection de l'auteur. On y croise entre autres un grand ibis, des scènes de batailles et toujours la découverte d'un monde occulte seulement connu par les initiés. Tout ce petit monde se disperse allégrement de « l'ascension du haut mal » au « cercueil de course » en passant par les « chercheurs de trésor ».
L'intérêt de ce second tome de « Babel » tourne autour de l'entremêlement de ces deux dominantes présentes chez l'auteur : le rêve au service de l'érudition, le tout plongé dans un exercice de mémoire.
En commençant par l'étude du titre on comprend d'emblée la volonté de l'auteur d'ancrer son récit aux frontières du mythe et de la réalité. Nous savons tous que Babel est le nom d'une tour que les fils de Noé voulurent ériger au centre de la ville de Babylone. Dieu y vit un affront à sa puissance. Il aurait anéanti par la confusion des langues ces efforts insensés. Dans l'incapacité de se comprendre, les hommes furent inaptes à poursuivre ensemble la construction de Babel.
Au demeurant, lorsqu'un auteur comme David B prend comme postulat une tour légendaire et qu'en même temps il confronte son récit à tout autre chose, on ne peut résister à frotter suffisamment fort et le titre et le sujet afin de voir ce qu'on peut obtenir de cette friction. le point de contact de ces deux éléments titre/récit est l'usage que fait David B de la mémoire. Celle-là même qu'il utilise chaque matin pour se remémorer ses rêves nocturnes, celle aussi qui se matérialise lorsque avec son frère, ils découvrent dans une pile de vieux « Paris-Match » un numéro consacré aux guerres des papous. En effet, c'est de cette mémoire, capacité humaine par excellence dont il est question dans Babel. Et c'est ce qui est nouveau dans le travail de David B. Pour la première fois, il confronte sa propre expérience de mémoire quotidienne, donc individuelle, à une mémoire collective, celle qui reste dans les vieux journaux et dans l'esprit des personnes âgées.
Il ne s'agit cependant en rien d'un grand écart, au contraire. Il est plutôt question d'interroger les différents types de mémoire à l'intérieur même du récit de bande dessinée. On comprend alors pourquoi l'auteur s'étend sur huit planches sur les conflits papous, lesquels s'exécutaient paradoxalement le plus souvent sans victime, on comprend que ces guerres mises en relation quelques planches plus loin avec les « évènements » d'Algérie se connotent tout autrement dans cette perspective. de notre mémoire d'occidentaux les guerres papous sonnent comme autant de processus barbares tandis qu'à l'intervention française en Algérie, on ne retient qu'un bref «évènement », une agitation en quelque sorte.
Le double intérêt de cette perspective dégagée par David B est avant tout la preuve par le récit autobiographique que la mémoire est surtout une faculté individuelle et que si elle s'exerce chaque matin dans la tentative de se souvenir de ses rêves, elle intervient aussi individuellement quand elle se glisse entre l'Histoire et notre perception de celle-ci. Et alors on en revient au titre, à cette « Babel » par laquelle la transmission du langage, donc des connaissances, donc de la mémoire est une lutte de chaque instant. Je ne sais pas quel rapport David B entretient avec la figure de Dieu, peut-être y a-t-il là une piste à explorer dans la justification de l'incapacité des hommes à communiquer au travers d'une mémoire collective.
Bref, et pour finir, ce « Babel » justifie largement que l'on s'y penche, d'autant plus qu'il est à suivre et que donc, l'histoire continue de s'enrouler autour des souvenirs de l'auteur, de sa quête mémorielle. J'ajoute que sous des dehors bien usés dans la façon dont l'auteur dresse son récit, cet album recèle bien plus de pépites qu'il n'y parait et qu'il n'est pas comme on peut le croire un énième avatar de « l'ascension du haut mal ».
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Vidéo de  David B.
Chaque mois, un grand nom de la littérature française contemporaine est invité par la BnF, le Centre national du livre et France Culture à parler de sa pratique de l'écriture. L'auteur Jean-Claude Mourlevat est à l'honneur de cette nouvelle séance.
Cette vidéo ne sera accessible que durant la durée de la conférence.
Né en 1964, Emmanuel Guibert fréquente les Arts Déco de Paris. En 1994, il fait deux rencontres importantes ; celle d'Alan Ingram Cope, un ancien soldat de la Seconde Guerre mondiale, retraité sur l'île de Ré, et celle de David B, qui l'introduit dans un cercle de jeunes auteurs cherchant à renouveler les pratiques de la bande dessinée. Il rejoint un atelier collectif que fréquentent Joann Sfar, Christophe Blain, Emile Bravo, Marjane Satrapi et bien d'autres, où il travaille pendant cinq ans. Sa collaboration avec la maison d'édition l'Association marque une évolution vers un style épuré au service des récits vécus de son ami Alan Cope. Dans cette série biographique, toujours en cours, on trouve La guerre d'Alan (3 volumes), L'enfance d'Alan et Martha & Alan. Il poursuit dans cette veine avec le Photographe (chez Dupuis), d'après des entretiens avec Didier Lefèvre, reporter-photographe en Afghanistan dans les années 1980. Cette trilogie, traduite en 20 langues, vaut à ses auteurs (Guibert-Lefèvre-Lemercier) des récompenses dans le monde entier. Puis il crée plusieurs séries ou albums uniques, notamment Sardine de l'espace (14 volumes) et Les Olives noires (3 volumes). Avec Marc Boutavant, autre camarade rencontré à l'atelier, il lance la série Ariol, chez Bayard, qui totalise à ce jour 20 volumes traduits en de nombreuses langues. Il crée également des chansons en partenariat avec le guitariste Dominique Cravic. Son intérêt pour la musique de jazz lui fait élaborer, avec le graphiste et producteur Philippe Ghielmetti, toutes les pochettes du label Vision Fugitive. En 2007, il est lauréat de la Villa Kujoyama. de cette récompense naîtra l'album Japonais en 2008, recueils de peintures, dessins et nouvelles. Avec un collectif d'amis auteurs, il visite des grottes préhistoriques ornées en France. de cette expérience naissent le volume collectif Rupestres chez Futuropolis et la réalisation de fresques pariétales dans une grotte du Parc Régional des Causses du Quercy. En 2017, il est lauréat du prix René Goscinny pour l'ensemble de son oeuvre de scénariste au festival d'Angoulême. Il mène depuis quinze ans une activité discontinue mais fidèle de visiteur hospitalier et a rejoint Christine Géricot à l'association Sur un lit de couleurs, qu'il vice-préside. Cette association installe et supervise des ateliers d'arts plastiques animés par des enseignants dans les hôpitaux en France. Emmanuel Guibert a reçu le Grand Prix de la ville d'Angoulême lors du Festival international de la bande dessinée en 2020.
Animés par des producteurs et productrices de France Culture, les entretiens du cycle « En lisant, en écrivant » sont réalisés en public à la BnF, puis diffusés dans la grille d'été de France Culture et disponibles en podcast. Genèse des oeuvres, sources d'inspiration, aléas de la vie quotidienne d'un auteur ou d'une autrice, édition et réception des textes – autant de sujets que ces rencontres permettent d'aborder, au plus près de la création littéraire.
Rencontre animée par Arnaud Laporte, producteur chez France Culture
En savoir plus sur les Master classes : https://www.bnf.fr/fr/agenda/masterclasses-en-lisant-en-ecrivant
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