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Feltrinelli (01/11/2012)
4/5   2 notes
Résumé :
Un frère et une sœur passent la nuit de la Saint Sylvestre ensemble. Ils échangent péniblement des souvenirs, ils dînent sous les yeux discrets d'Italia, la bonne. Lui, préférerait que la soirée se termine vite, mais sa sœur souhaite que le rituel soit entièrement respecté, avec la tombola. Et pour la tombola, les parents font leur apparition. On ne peut jouer qu'à cette condition. Toute l'œuvre de De Luca provient d'une écoute. Ce texte théâtral, en particulier, pr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique

Une très courte pièce de théâtre où Erri de Luca renonce à sa prose poétique si personnelle, employée dans ses autres textes, pour laisser la place au dialogue, autour des thèmes de la nostalgie, de la mémoire, des regrets, du vieillissement peut-être...

Une situation inédite : à Naples, ville natale de l'auteur, un frère et une soeur sexagénaires se retrouvent pour le réveillon du Nouvel An, malgré la lassitude et les refus de l'un, qui ressemble beaucoup à l'auteur. Mais le traditionnel jeu de tombola se jouera à quatre, car les ombres de leurs parents auront été convoquées à cette soirée dédiée aux souvenirs et aux réminiscences.

En vieillissant les fratries comprennent qu'elles sont les dernières dépositaires du souvenir de leurs parents, de ces détails insignifants et irremplaçables vécus dans leur enfance et qu'elles seules peuvent "convoquer", comme on invite des fantômes au tribunal de la mémoire...

Pour "lui", le frère , c'est d'abord son amour de Naples, si longtemps refoulé, qui revient avec l'usage de la langue natale, le dialecte, non traduit en italien, avec des plaisanteries et des jeux de mots trop faciles, qui lui sont d'ordinaire si peu communs. Pour "elle", la soeur, c'est la présence d'un spectre allégorique, la bonne "Italia", qu'elle accuse de faire disparaître les objets qui lui tiennent à coeur et qui suscite effroi et dégoût chez son frère...

Cette apparition des parents mal aimés, de cette Italia qui a volé le frère et le fils (Erri de Luca raconte ailleurs comment il a quitté Naples et sa famille de but en blanc à dix-huit ans, pour Rome, puis le nord du pays) fait naître une émotion poignante, celle des remords et du temps enfui, que seule l'écriture peut racheter. Mais cette pièce de théâtre est aussi le lieu du dialogue, des mots qui rebondissent, des anecdotes vraies ou fantaisistes qui surgissent avec chaque numéro de la tombola, d'un rire d'enfance retrouvé.

Comme souvent chez De Luca, Naples, plus que toile de fond, reste un personnage essentiel, omniprésent dans le texte, par sa langue, ses coutumes, ses façons d'être et de vivre en commun.

Un opus atypique, mais qui par son sens de l'ellipse et de la suggestion, réveille chez le lecteur (spectateur ?) des sentiments riches et antagonistes, au croisement entre les ambivalences de la vie et la hantise de la mort.
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En V.O.
Brève pièce théâtrale en trois parties avec seulement deux personnages.
Une femme et un homme, désignés sous ELLE et LUI. Ils sont frère et soeur, sexagénaires, de caractères opposés.
La scène se déroule à Naples, dans l'appartement de la soeur. Elle a invité son frère, qui a quitté la ville et la région, afin de passer la soirée de fin d'année, comme autrefois.
Il s'y prête à contre-coeur, ne veut voir personne, ne veut pas répondre au téléphone. Il reste contre la fenêtre et sursaute à chaque explosion du feu d'artifice.
La fête est au dehors, dans la ville en liesse. Il la rejette. Il refuse les fêtes imposées.
ELLE, cependant, prépare un repas tout simple et, pour attendre minuit, prépare la traditionnelle tombola familiale. Mais comment jouer à seulement deux?
A la stupeur de LUI, ils seront quatre comme avant : elle a convoqué les fantômes de leurs parents.
En tirant des numéros, il faut raconter 'une histoire, inventée ou mêlée de souvenirs. C'est l'usage.

Erri de Luca transparaît dans le personnage. Comme lui, il a une soeur, il fuit les festivités imposées,"mi urta i nervi" . Il écrit et aime la tranquillité.
Il a quitté Naples, mais elle reste ancrée en lui et il en retrouve le dialecte.
On retrouve son père, libéré de ses obligations militaires suite au bombardement de sa maison, ce qu'il avait bien raconté dans "Il sole in una stalla" .
De même, sa grand-mère paternelle était américaine.

Je n'ai probablement pas bien compris les règles de la tombola napolitaine, mais ce n'est pas gênant.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Naples
ELLE : L'autre jour dans la ruelle qui est là en bas, j'ai vu une dame sortir d'un portail avec des chiens. Elle en avait trois ou quatre en laisse. La ruelle est étroite, pourtant les voitures y passent, les habitants des rez de chaussée n'ont pas de balcon et ils installent deux bâtons sur le trottoir avec un fil pour y suspendre le linge, là sur le trottoir. Un petit vieux met sa chaise dehors, lit son journal, fume son cigare toscan. Donc vient la dame avec sa meute derrière elle et ces fichus chiens vont tourner autour de la chaise, derrière un bâton à linge, le petit vieux perd l'équilibre, est secoué sur son siège, le linge tombe par terre, les laisses s'emmêlent et s'embrouillent, les chiens tirent, la dame s'énerve du contre-temps et des obstacles qu'elle a trouvés pendant sa promenade, la femme du rez de chaussée sort pour tirer le linge piétiné par les chiens, le petit vieux essaie de s'accrocher à sa chaise pour ne pas être renversé, et personne ne dit rien : c'est une scène muette et frénétique. Ça aurait pu être une danse tribale pour chasser les diables. Enfin la dame regroupe sa meute de chiens et s'éloigne sans un mot. Un autre petit vieux, assis sur une chaise sur le trottoir d'en face, pour résumer la scène, fait ce commentaire : " Ce matin 'ne dame est pa'tie à la chasse". Il aurait fallu applaudir. J'avais envie de les embrasser, tous, même la dame.
LUI : Tu viens de décrire le théâtre.
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ELLE : La guerre, ce sont les femmes qui l'ont faite sous les bombardements aériens. Naples a été pilonnée à cause du port comme si elle était sur le front. Les femmes ont combattu plus que les hommes. Maman a fait plus de jours de guerre que papa. Même dans les quatre journées de fin septembre 43, elle était là, papa non. Les femmes n'ont pas pu jeter l'uniforme
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incipit
Le théâtre est un récit dans lequel l'écrivain disparaît.Il ne peut écrire: "C'est une belle nuit avec la lune" .Un des personnages doit le dire. Les événements sont racontée par leurs voix. Le théâtre expulse le narrateur de la page, la parole est exclusivement à qui la prononce.
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Le dialogue, et ses personnages, peuvent tous avoir tort et s'affronter sous la pression d'instincts, de sentiments et d'autres variables. Le dialogue survient entre un écueil et les ailes qui y font leur nid, entre la graine et la terre, entre les nuages et le vent, entre les vagues et un bateau en perdition, le dialogue est une feuille qui se détache, avec l'automne, jusqu'à la dernière oscillation et le moment où elle s'abandonne au vol.
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La tombola napolitaine sort, en même temps, un numéro et une histoire. C'est le voyage opposé à celui des rêves, qui d'une histoire venue dans le songe suggère les numéros à jouer ao loto.
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Videos de Erri De Luca (86) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Erri De Luca
Rencontre animée par Olivia Gesbert
De la bibliothèque paternelle à l'ombre de laquelle il a grandi jusqu'aux chantiers où il a été ouvrier, Erri de Luca a noué avec la lecture, puis avec l'écriture un rapport particulier pour bâtir une oeuvre double, celle d'une fiction romanesque aux forts accents autobiographiques et celle d'une réflexion sur l'Écriture. Depuis trente ans, c'est une oeuvre foisonnante et protéiforme qu'il bâtit, caractérisée par un style limpide, poétique, épuré. Ponctués de pensées, de métaphores, d'aphorismes, ses récits endossent souvent la forme d'une fable, d'une parabole empreinte d'une touche de merveilleux, dans une langue unique. Pour cette édition Quarto, ont été retenus une dizaine de textes publiés auxquels s'adjoignent cinq textes inédits, qui portent en eux la puissance de l'écriture d'Erri de Luca dans des genres littéraires variés, sa réflexion sur l'appartenance et l'identité, le poids du passé et l'importance de l'histoire, sur la fragilité et l'importance des relations humaines.
« Nous apprenons des alphabets et nous ne savons pas lire les arbres. Les chênes sont des romans, les pins des grammaires, les vignes sont des psaumes, les plantes grimpantes des proverbes, les sapins sont des plaidoiries, les cyprès des accusations, le romarin est une chanson, le laurier une prophétie. » Trois chevaux, Erri de Luca
À lire – Erri de Luca, Itinéraires, Gallimard, coll. « Quarto », 2023.
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