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EAN : 9782070441389
288 pages
Gallimard (14/04/2011)
4.04/5   12 notes
Résumé :
Grégoire de Tours est né en 538. Après avoir étudié la Bible à Clermont-Ferrand, il a été élu évêque de Tours à l'âge de trente-quatre ans. Cette ville était un centre religieux et politique que se disputaient les Mérovingiens.
Pendant vingt ans, Grégoire a gouverné ce diocèse que troublaient sans cesse les luttes fratricides de nos rois. Il trouvait néanmoins le temps d'écrire l'histoire à laquelle il était mêlé de près. Quand il est mort en 594, il laissait... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Grégoire de Tours était issu d'une puissante famille gallo-romaine d'Auvergne qui comptait déjà quelques saints avant lui. On peut dire qu'il fait une description assez apocalyptique du monde dans lequel il vivait. Il donne vraiment l'impression qu'il se sent à deux doigts de la fin du monde. Et pourtant, on pourrait s'attendre à pire de sa part : qu'il traite les Francs comme des envahisseurs, des barbares. Mais il reconnaissait sans peine la légitimité de la royauté franque : « beaucoup de gens des Gaules désiraient ardemment vivre sous la domination des Francs ».
Le fait est que Clovis en se baptisant est devenu, après avoir battu le dernier grand général romain d'occident, le seul protecteur des catholiques romains face aux différents barbares païens ou ariens. Car l'hérésie arienne véhiculée par les Goths inquiétait beaucoup Grégoire et il se sentait redevable à Clovis de l'avoir chassée. Toutefois, cette conquête, qui remontait à une petite centaine d'année quand Grégoire a entrepris de la coucher sur le papyrus, n'est le sujet que d'un ou deux livres sur les dix que contient cette Histoire des Francs ; l'essentiel a été écrit sur ce qu'il a connu de son vivant, pendant son épiscopat dans les années 570 et 580, ce qui a lui permit de fréquenter quelques-uns des acteurs, des rois et des reines.
Sigebert, Chilpéric et Gontran étaient les petits-fils de Clovis et ce sont d'eux dont il est surtout question, ainsi que de leurs femmes, en particulier Frédégonde, la « douce et tendre » de Chilpéric. Il leur reproche beaucoup leurs guerres fratricides et il faut bien avouer que cette famille mérovingienne est digne des Atrides, il y aurait eu matière à en tirer quelques bonnes tragédies : meurtres, trahisons, vengeances, tout y est.
Outre l'histoire des Francs, la religion de Grégoire est un élément très développé et intéressant à découvrir. Comme je le disais, l'hérésie arienne le préoccupait en premier lieu mais son deuxième ennemi étaient les juifs (il s'attarde plus sur eux que sur les païens, il me semble) et je note qu'il y avait déjà des problèmes avec les juifs usuriers (chapitre 23 du septième livre). La pauvreté, et disons-le carrément, le désir de pauvreté est l'aspect principal de la foi de Grégoire. Il loue énormément les saints qui se mortifient, jeûnent et font de grandes abstinences. Et il a beau se moquer des païens, on peut constater qu'il est lui-même très superstitieux ; on n'échappe pas si facilement à son temps... Sans même parler des nombreux miracles qu'il attribue aux reliques, il n'arrête pas d'interpréter les phénomènes naturels comme des signes de Dieu (incroyable, le nombre d'éclipses, de comètes, de séismes et de lumières bizarres dans le ciel qu'il y a eu à cette époque).
En tout cas, il est certain que la religion a joué un grand rôle dans la constitution du royaume franc. Grégoire laisse aussi entrevoir une autre question, celle des impôts. Il évoque les recensements de population et les collectes d'impôts qu'on imagine basées sur celles des Romains. J'ai parcouru (en parallèle, pour me faire une idée plus vaste de la mentalité de l'époque), la Vie de Saint Eloi par saint Ouen, et, comme c'est une hagiographie, il est évidemment encore beaucoup question de religion. Elle est plus basée sur la charité et le respect des lois, moins sur la contrition, que celle de Grégoire. On peut quand même regretter que des personnages comme saint Ouen ou saint Eloi n'aient pas écrit une Histoire des Francs un peu plus « administrative », ç'aurait été tout aussi passionnant.
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L'ouvrage que j'ai eu l'occasion de lire est une vision abrégée de la grande oeuvre de Grégoire, elle a été amputée de sa première partie, censée raconter l'histoire du monde depuis la création du monde jusqu'à la mort de Saint Martin (premier livre) et du dixième livre, contenant la liste des évêques de Tours, ainsi qu'un message de l'auteur aux générations futures. J'ai donc uniquement lu les 8 livres centraux, qui racontent l'histoire des Francs, depuis leurs origines un tant soit peu mythiques, jusqu'à l'époque de Grégoire.

Nous suivons donc les Francs, plus ou moins véridiques, jusqu'à l'entrée en scène de Childéric et de son fils Clovis, et leur conquête de la Gaule ainsi que de quelques territoires voisins. Puis les guerres de succession entre ses fils, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un seul en lice Clotaire. Mais suite à sa mort, le royaume est de nouveau partagé entre ses fils à lui. C'est l'époque à laquelle vécu Grégoire, et c'est celle qui est la plus détaillée. Nous suivons donc entre autres, Gontran, Sigebert, Chilpéric 1er. Sans oublier les femmes, Frédégonde et Brunehaut en tête, ainsi que bien sûr les enfants.

Pour résumer quelque chose d'irrésumable, les Borgia et les personnages du Trône de fer, sont des enfants de choeur comparés aux Mérovingiens. L'occupation préférée des Francs, dès que vient la belle saison est d'aller faire la guerre chez leurs parents ou voisins. le loisir royal par excellence est de faire assassiner les membres de sa famille, avant qu'ils ne vous assassinent. Entre temps dévaster quelque peu le pays, brûler quelques églises. Les serments ne sont faits que pour ne pas être respectés. Les membres de l'entourage royal, n'ont qu'un seul objectif, profiter d'une faiblesse du roi, par exemple du à son jeune âge, pour essayer de s'approprier le pouvoir.

Il est parfois un peu difficile de ne pas se perdre dans cette histoire pleine de bruit et de fureur, dont les personnages sont nombreux, et disparaissent parfois très rapidement, victimes la plupart du temps de leurs proches. Cela donne une vision de l'époque guère flatteuse, et je ne crois pas que vivre à cette époque puisse faire envie à quelqu'un après cette lecture. Une époque pendant laquelle la guerre était une sorte d'état permanent et normal.

Grégoire est un témoin privilégié de son temps, aux premières loges pour savoir et décrire ce qui se passe. Evidemment que cette façon de dire l'histoire a un côté anecdotique, l'évêque s'intéresse à des événements, donne dans le spectaculaire, le pittoresque (le vase de Soissons, la promesse de la conversion de Clovis à la bataille de Tolbiac…). Et il est de parti pris probablement, en chargeant Chilpéric et Frédégonde.

Mais tel quel c'est un témoignage incomparable d'une époque, une façon de comprendre, d'appréhender la sensibilité de l'époque. Et il n'écrit pas mal du tout Grégoire. Cela se suit donc avec un certain intérêt. Même bien sûr si c'est à compléter avec d'autres textes, des approches de l'histoire plus contemporaines.
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Grégoire de Tours est né en 538. Après avoir étudié la Bible à Clermont-Ferrand, il est élu évêque de Tours à l'âge de trente-quatre ans. Pendant vingt ans, Grégoire gouverne ce diocèse. Une vie souvent troublée par les luttes fratricides des rois Mérovingiens. Il trouve pourtant le temps d'écrire l'histoire contemporaine dont il est partie prenante. Quand il meurt en 594, il laisse donc un témoignage hors pair sur le VIe siècle (si peu connu et si important).

Cette source historique de premier plan sur le règne de Clovis et de ses fils est une véritable mine d'or, remplie de détails. Ce livre, lu et relu depuis plus de dix ans, a contribué à me faire approfondir mes connaissances sur les Mérovingiens et même à me faire apprécier cette période. Au XIXe siècle, Augustin Thierry s'en est largement inspiré pour écrire les Récits des temps mérovingiens.

Si c'est un livre passionnant, il convient d'être bien traduit pour être agréable et fidèle au texte d'origine (ce que ne je ne peux juger personnellement). Cette version-ci ne ressemble toutefois guère à la version traduite par Latouche pour les Belles-Lettres il y a déjà quarante ans.

Dès lors, il peut être intéressant de compléter la lecture de cette source par des synthèses qui donnent des éléments de contexte. À ce titre, le livre de Patrick Geary, Naissance de la France : le monde mérovingien, est assez intéressant. Sinon, plus universitaire, est le livre de Stéphane Lebecq, Les origines franques Ve - IXe siècle. Plus récemment encore, La France avant la France (481-888) de Geneviève Bührer-Thierry.
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J'ai étudié ce livre dans le cadre de mon mémoire d'histoire du haut Moyen âge et je peux dire que ce livre a été une grande découverte.

C'est une lecture passionnante, l'un des récits les plus complets sur les débuts de la Gaule en tant que nation franque avec l'avènement et la pérennisation des rois mérovingiens.

C'est également un récit assez drôle par certains aspects notamment dans la manière dont Grégoire de Tours décrit les païens et leurs pratiques, il semble plus relater ce qu'on lui a rapporté que des faits qu'il aurait vu lui-même.

Néanmoins, pour bien apprécier cette lecture, il faut connaitre un minimum les événements majeurs de l'Antiquité et du début du Moyen age car Grégoire de Tours écrit pour un public qui est censé les connaître.
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Livre sur l'histoire des rois francs, écrit au VIe siècle par un aristocrate gallo-romain, Georgius Florentius Gregorius, évèque de Tours.
Écrit en "langage inculte" (selon ses propres termes), le livre se lit facilement comme une série d'anecdotes concernant les différents rois. On apprend ainsi comment Clovis s'est converti au cours d'une bataille, l'histoire de l'urne de Soisson, ses alliances suivies de ses trahisons... En fait, Grégoire raconte la cruauté et la perfidie des rois francs depuis Clovis jusqu'à ses petits-fils, car il juge " à propos de conserver la mémoire des choses passées, afin qu'elles arrivent à la connaissance des hommes à venir. "
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critiques presse (1)
LeFigaro
18 juin 2011
Les conflits succèdent aux supplices et aux assassinats en une sombre légende que Grégoire de Tours conte d'une façon remarquablement vivante.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Je suis las de raconter la multitude des guerres civiles qui pèsent lourdement sur le peuple et le royaume des Francs, dans lequel, chose pire encore, nous voyons déjà ce temps prédit par Dieu pour le commencement des douleurs : Le père s'élève contre le fils, le fils contre le père, le frère contre le frère, le prochain contre le prochain [...]
Si la guerre civile, ô roi ! te délecte, exerce-toi à celle qui se livre dans l'homme, selon l'Apôtre. Que l'esprit s'élève contre la chair ; que les vices cèdent aux vertus et libre alors, sers ton chef, qui est le Christ, toi qui jadis, enchaîné, servais l'auteur de tout mal.
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