> le mardi 29 mai 1453, les armées ottomanes de Mehmet II prennent enfin Constantinople, la capitale inaugurée par Constantin onze cent ving-trois ans plus tôt, le 11 mai 330. le siège a été long et pénible. Constantin XI Drageses, le dernier Empereur des Romains, comme se dénommaient eux-mêmes ceux que nous appelons Byzantins depuis le XVIeme siècle, porteur symbolique du prénom du fondateur, est mort au combat. La ville est pillée, même si le sac par les croisés en 1204 avait été bien pire dans une ville surpeuplée et d'une incomparable richesse, tandis que celle de 1453 n'est plus que l'ombre d'elle-même. le sultan entre à cheval dans la Cathedrale, Sainte Sophie, alors la plus grande église de la Chrétienté, qu'il transforme aussitôt en mosquée.
Voici le tableau posé par Michel Kaplan, spécialiste émérite de l'histoire byzantine ; un univers peu connu pour moi.
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Pourquoi Byzance" est une tentative pour rechercher les explications de la longévité étonnante de cet empire.
Disons-le d'emblée, je n'ai pas trouvé le livre de lecture aisée pour un non spécialiste. Je me suis régulièrement perdue dans les dynasties, les empereurs, les batailles, querelles religieuses et autres péripéties décrites par le menu.
Pourtant son intérêt est indéniable : il montre toute la richesse de la culture et de l'histoire byzantine sans rapport avec sa caricature au sujet des discussions sur le sexe des anges alors que l'ennemi est aux portes.
Au contraire, il s'agit d'un empire bien administré, stable, à l'économie florissante et à la monnaie forte ; au moins jusqu'au sac par les croisés en 1204; un empire fastueux qui fait rêver les cours européennes médiévales. Cet empire est l'héritier de Rome et s'en veut le continuateur direct jusqu'à la fin. Mais séparé de l'occident par des querelles religieuses et le rôle du pape qu'il ne reconnait pas, il poursuivra après sa chute son histoire symbolique dans la Russie des Tsars (déformation
De César). La méfiance envers l'Occident n'est pas sans fondement en raison du rôle de Venise en pleine expansion commerciale et du sac de Constantinople par des Croisés qui ont des dettes envers Venise plus impérieuses que la protection des Lieux Saints.
De son côté, l'Europe de l'Ouest a aussi du mal à se reconnaitre une filiation dans ce régime autocratique où l'empereur dispose d'une autorité absolue, y compris sur les questions religieuses ; autorité que les rois européens les plus absolutistes ne parviendront pas à approcher, limités tant par le pouvoir politico-spirituel du pape que par des parlements regardants ou une noblesse indépendante selon les époques et les lieux. Son histoire fait certainement davantage écho dans les pays d'Europe centrale et orientale.
Un ouvrage d'un grand intérêt qui mérite le détour !