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EAN : 9782810004706
192 pages
Editions du Toucan (01/03/2012)
2/5   1 notes
Résumé :
Le quinquennat de Nicolas Sarkozy, de 2007 à 2012, a été fait de nombreux mouvements diplomatiques : infirmières bulgares, libération d'Ingrid Betancourt, interventions armées en Côte d'Ivoire et en Libye, etc. L'auteur s'appuie sur des interviews d'acteurs de la diplomatie officielle et officieuse pour révéler les raisons, plus ou moins obscures, de chacune de ces actions.
Que lire après Le règne du Mépris, Nicolas Sarkozy et les diplomates, 2007-2011Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Sorti en mars 2012, en pleine campagne présidentielle, cette enquête est venue grossir la pile déjà bien haute des livres à charge sur le candidat-président. Elle trouve son origine dans les printemps arabes qui ont consacré le divorce entre l'Elysée et le Quai d'Orsay. Nicolas Sarkozy s'en prit en effet aux diplomates auxquels il reprocha de n'avoir « rien vu venir » ; ceux-ci, par la voix du collectif « Marly », lui rétorquèrent que le soutien aux dictatures tunisienne et égyptienne avait été décidé à l'Elysée sans tenir compte des analyses des ambassades. C'est dans ce contexte particulièrement électrique, « jamais vu sous la Vème », que le journaliste Gilles Delafon a interrogé une quarantaine de diplomates. Sous le sceau de l'anonymat et avec une liberté de ton inhabituelle, ils dressent le portrait d'un président au caractère épouvantable, terrorisant ses équipes, obsédé par les médias et le court terme, mais aussi doté d'un volontarisme et d'une énergie qui forcent l'admiration.

Comme le souligne le titre de ce livre, c'est le mépris qui caractérise au premier chef l'attitude de Nicolas Sarkozy à l'égard des diplomates. le ton avait été donné dès 2007, si l'on en croit les propos rapportés dans le journal de campagne de Yasmina Reza : « J'ai un mépris profond pour tous ces types, ce sont des lâches » aurait glissé le candidat à son historiographe. L'ouvrage contient quelques anecdotes savoureuses sur les coups de sang du Président à l'égard de tel ou tel de ses collaborateurs. On se souvient du malheureux David Martinon traité « d'imbécile » devant des journalistes américains médusés. On connaissait moins bien la relation « sado-masochiste » qui unissait le Président à son conseiller diplomatique, Jean-David Levitte.
Méprisant les diplomates, Nicolas Sarkozy, sitôt élu, a fait en sorte que la politique étrangère de la France soit pilotée depuis l'Elysée par des non-diplomates. C'est Claude Guéant qui a géré la libération des infirmières bulgares de Libye et les relations avec les régimes policiers de Syrie ou de Libye où ses fonctions antérieures lui avaient ménagé des contacts. C'est Henri Guaino qui a porté le projet d'Union pour la Méditerranée (UPM) en dépit de l'hostilité des pays européens et des divisions persistantes des pays du Sud de la Méditerranée. Toutefois, les années passant, les logiques bureaucratiques ont rétabli l'équilibre. La cellule diplomatique de l'Elysée, exclusivement composée de diplomates de carrière, a repris la main. le départ de Claude Guéant et l'arrivée d'Alain Juppé au Quai ont achevé de restaurer l'influence du Quai d'Orsay.
Désireux de rompre avec la politique étrangère de son prédécesseur, Nicolas Sarkozy avait promis la rupture. Rupture avec une Realpolitik trop accommodante à l'égard de la Russie et de la Chine. Rupture avec une politique pro-arabe et anti-américaine qui avait conduit la France à s'opposer avec fougue à la guerre en Irak. Rupture avec la Françafrique et ses pratiques opaques. Gilles Delafon montre que cette triple rupture n'a pas eu lieu. La défense des Droits de l'Homme a bien vite été sacrifiée sur l'autel des relations avec la Russie et la Chine. le pro-américanisme décomplexé affiché par Nicolas Sarkozy n'a pas résisté au départ de George W. Bush de la Maison-Blanche tandis que le soutien de la candidature de la Palestine à l'Unesco sonne le glas du rapprochement franco-israélien. Enfin, l'influence occulte de Robert Bourgi et le limogeage rapide de Jean-Marie Bockel témoignent des difficultés de rompre avec les pratiques occultes des réseaux Foccart. Si rupture il y eut, elle fut plus dans la forme que dans le fond.
Gilles Delafon et les diplomates qu'il a interrogés dénoncent une « diplomatie de l'émotion » dictée par l'obsession de « faire des coups ». L'affaire de l'arche de Zoé au Tchad, la libération d'Ingrid Bettancourt en Colombie, l'incarcération de Florence Cassez au Mexique sont autant de faits divers érigés en affaires d'Etat. Les victoires au forceps que le bouillant président obtient parfois sont acquises au mépris de la susceptibilité des partenaires de la France et au risque de la détérioration durable des relations avec eux. Tel est le revers de l'énergie et du volontarisme que tous s'accordent à reconnaître à Nicolas Sarkozy. Obsédé par les résultats du court terme, ignorant du passé, méprisant du futur, le président aura été selon l'expression de Gilles Delafon « meilleur pompier qu'architecte ». Son hypermédiatisation, sa volonté de « voler la lumière » aura aggravé la réputation d'arrogance de la France.

Depuis le départ de Nicolas Sarkozy de l'Elysée, l'ouvrage de Gilles Delafon s'est largement démonétisé. La page de la présidence Sarkozy, de ses excès, de ses fulgurances, est tournée. le temps en viendra bientôt d'en faire le bilan dépassionné …
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critiques presse (1)
NonFiction
18 avril 2012
Après la lecture d'un tel essai, l'autosuffisance ne peut plus être de mise.
Lire la critique sur le site : NonFiction

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