Auteur reconnu dans le monde de la SF,
Samuel R. Delany ne jouit pas de la même notoriété en France qu'outre-Atlantique, la faute à une production somme toute modeste et une absence presque totale de réédition dans l'hexagone, excepté chez Bragelonne, adepte d'éditions intégrales et autres anthologies sous forme de pavés de dix kilos proposés à des prix prohibitifs - au passage, ça, c'est fait !
Bref, un auteur avec des qualités, pour sûr, et des récompenses à foison, mais un auteur discret, que les fans de SF hors USA connaissent peu ou prou.
Personnellement, j'ai découvert ce talentueux écrivain par l'intermédiaire de son roman
Nova, un bouquin introuvable aujourd'hui, si ce n'est en format parpaing chez Bragheumeleu...
Si j'avais alors apprécié le livre sur le fond, sa forme m'était apparue absconse, pénible, à la limite du supportable. Mais cela date un peu, et peut-être faudrait-il que je le relise. J'avais cependant apprécié l'univers dépeint et les personnages plus ou moins attachants. Et puis, il y avait une ambiance assez particulière, du genre à susciter un certain intérêt...
Toujours est-il que ce n'est pas sans crainte que j'ai abordé la lecture de
Babel 17. Qu'en est-il donc ?
Eh bien, à vrai dire, je ne sais pas quoi en penser...
Si l'histoire est attrayante, si les personnages ne manquent pas de charisme, si l'intrigue ne tarde pas à se mettre en place, si je ne me suis pas ennuyé, je n'ai pas non plus trouvé l'extase. En revanche, j'ai perçu les mêmes gimmicks et eu exactement le même ressenti que lors de ma lecture de
Nova. Me sont apparues bon nombre de similitudes entre les deux livres, que ce soit dans l'approche ou dans le traitement. À l'exception du style, ici, beaucoup plus abordable, qui permet une compréhension aisée d'un thème traité de manière complexe : le langage.
Babel 17 est un roman complexe mais pas compliqué.
Deux choses, à mon avis, ne fonctionnent pas.
D'abord, si la première moitié de l'histoire progresse à un rythme soutenu en enchaînant des chapitres passionnants, la seconde moitié s'enlise dans des circonvolutions narratives parfois assommantes. L'arrivée à bord du mystérieux vaisseau des pirates fait très rapidement patiner le récit pour l'orienter vers un tout autre but et aboutir à un final, ma foi, fort décevant. Et je ne m'attarderai pas sur les batailles spatiales d'une platitude... intergalactique. Vous aurez tôt fait d'oublier les enjeux, les conséquences et tout le blabla qui enrobe l'intrigue.
Ensuite, les critiques vantent les mérites de
Delany et la façon dont il utilise le langage. Certes, l'auteur jongle habilement avec les multiples rouages du langage et parvient à bâtir toute une histoire autour de ce seul thème. Mais si l'intention est louable, le résultat laisse à désirer. En effet, alors qu'on s'attend à vivre une véritable odyssée, à une quête de réponses, on a droit, en fin de compte, à un roman SF d'espionnage qui ne résout rien, qui ne donne pas même une explication quant au conflit opposant les envahisseurs aux humains. Quelle douche froide !
Cela dit, demeure, une fois de plus, une ambiance ainsi qu'un univers qui séduisent. Est-ce suffisant pour autant ?
En conclusion, bien mais sans plus. Peut-être passerez-vous vite à autre chose. Moi-même, j'ai enchaîné illico presto avec un livre plus léger qui fera l'objet de ma prochaine critique...
Car, personnellement, je commence à être fatigué des romans aux grandes idées se concluant sur des fins boursouflées. Parfois, un peu de simplicité ne fait de mal à personne.