Cet agnosticisme n’est toutefois pas un athéisme, car ce « néant » dont on ne peut rien dire, imaginer ni penser, a pouvoir de faire fondre les pierres, de brûler les cœurs et de les transformer en feu. Cet « invisible », cet « inconcevable », cet « insaisissable » que désigne le mot Dieu se laisse pressentir, éclaire obscurément, guide sans repères, et peut changer le verre opaque de nos existences en cristal lumineux, les faisant entrer dans un espace où il n’y a plus rien à savoir car tout est à voir, « bien que de nuit ». C’est du moins ce que laisse entendre un poème où Jean de la Croix relate une expérience extatique :
J’entrai, mais je ne sus où
et y restai sans savoir,
au-delà de toute science.