Homme sans histoires, Théophraste Sentiero parviendra-t-il à se tirer de l'histoire dans laquelles son créateur le plonge.
Théophraste est un garçon simple. Il travaille à la Mairie de Paris dans l'escouade des éboueurs chargés de curer la Seine pour en retirer les carcasses que des individus en mal de benne à ordure n'hésitent pas à jeter dans le lit du fleuve parisien.
Il habite dans le 5ème arrondissement Paris, grâce à sa belle-mère, une femme au passé trouble sous l'occupation, dont l'âge canonique lui permet de maintenir le loyer de ce coquet appartement sous le régime de la loi de 1948.
Théophraste fréquente la « Brasserie Gay-Lussac » dans la rue du même le nom, un bar d'habitués où il retrouve outre la patronne, Mme Jouve, une veuve lorraine accorte, une bande de copains de belote. Félix Passetemps dit la Guigne, Jean-Baptiste Dutreuil dit Petit-Pois, Cothurme et Gégène. le bar, menacé de disparition possède un baby-foot et un Juke-Box.
Une grande partie du récit est consacré au bar et notamment au fait qu'il n'existe plus de ces bars loués par des
Léon Paul Fargue, des
Robert Giraud, des
Michel Audiard qui ont fait la réputation de Paris et du titi parisien.
Dans ces moments l'écriture de
Jean-Paul Delfino se fait sentimentale et nostalgique.
Sentiero est victime d'un syndrome bizarre qui le pousse à mettre ses jambes en mouvements et à devenir un piéton de Paris.
Au gré des demandes de son nouvel employeur, Anselme Guilledoux , il va mettre à profit son mal et parcourir des kilomètres dans la capitale, chaque jour pour livrer les paquets de son nouveau patron, un bouquiniste qui solde son stock de livres anciens.
Rues de Laromiguière, de l'Estrapade, Férou, Médicis, Vaugirard, Saint Sulpice,
Pont Neuf, Champs de Mars, Tour Eiffel, pour ne citer que quelques exemples, les itinéraires de Théophraste sont l'occasion de nous faire découvrir un Paris que le piéton désormais transformé en usager du métro, du bus, du tramway ou du taxi, ne connait plus, voire ne veut plus connaitre.
Les marches de Théo vont le conduire à sa libération; En marchant il découvre un Paris qu'il méconnaissait, fait des rencontres, découvre d'autres personnages et va découvrir l'amour.
Parmi les personnages, deux femmes vont décider Théo à sortir de son carcan :
La vieille prostituée « Gisèle (…) bonne fille par excellence. Âgée de plus de quatre-vingts ans (…) trimballait sa carcasse de grande bringue » lui conseille de garder son quant à soi « Les tournées d'apéritifs, ça donne de l'ambition, mais ça reste que des paroles en l'air. »
Françoise Chassepot, une femme mystérieuse que Théo a surnommée l'Anglaise, dessine semble-t-il, un paysage immuable en installant son chevalet au même endroit du jardin du Luxembourg, face à la fontaine Médicis.
Roman qui n'est pas sans rappeler par son thème et la façon d'écrire, certains romans de
Jean-Paul Dubois.
Nostalgie de Paris, des lieux qui disparaissent, des personnages oubliés, de la recherche de son prochain, de l'amour.
Une belle découverte grâce aux éditions Héloïse d'Ormesson et à Masse Critique Babelio.
Un auteur que je relirai avec plaisir.
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