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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'homme qui marche n'est pas l'Emmanuel devenu Président de la République … mais Théophraste Sentiero qui illustre qu'il suffit de traverser la rue pour trouver un emploi ;-)

Conteur des petits miracles, Jean-Paul Delfino, publie un magnifique roman initiatique en décrivant l'évolution de Théo, employé municipal préposé à la récupération des bicyclettes et des trottinettes noyées en Seine. Pilier de bar, abonné au « Gay Lu » près du Panthéon, Théo vit une existence morne, coincé entre sa belle mère, son épouse et leurs deux adolescents.

Le jour de Noël 2014, les pieds de Théo se mettent en branle et il commence à folâtrer de la librairie lusophone Chandeigne à la mythique librairie Delamain, promenant le lecteur de la montagne Sainte Geneviève au jardin du Luxembourg, en passant par l'ile Saint Louis.

Les semaines passent, les rencontres truculentes également et Anselme Guilledoux, bouquiniste installé à l'ombre de Saint Nicolas, embauche Théophraste pour vider sa boutique avant de baisser le rideau. du dialogue entre notre pilier de bar totalement étranger à la lecture et un libraire quasi aveugle, association d'une tête et de deux jambes, naissent une série de petits miracles dont se délectent le parisien et le lecteur.

Talentueux jongleur de mots, Jean-Paul Delfino nous enchante au fil de pages qui sont un régal pour les amoureux de Paris et de ses bouquinistes et sont un bel hommage à une corporation jugée non essentielle par les technocrates et politiques rendus fous par le COVID.

Un scénario simple, une palette de personnages, parfois caricaturaux ou consternants, laissent la voie libre à Théo et Anselme pour nous offrir un feu d'artifice littéraire et des pages superbement ciselées. Anselme en transmettant une partie de sa curiosité, de sa culture et de son expérience à Théo le fait grandir et lui ouvre la voie du bonheur et de sa liberté.

Merci à Heloise d'Ormesson et Babelio de m'avoir adressé ce titre qui me révèle un auteur que je n'avais pas encore croisé.
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C'est ainsi que pensa Théophraste Sentiero. La marche du corps est contrariée et voici que le paysage s'offre à moi d'une étrange façon ; si ma vue défaille en cette invalidité prégnante ou passagère, que sais-je, voilà qu'une réalité nouvelle m'a dessillée les yeux. Se peut-il alors que le tout donné m'apparaisse autrement, et l'amour sous une autre transparence. Un petit retour en arrière, un grand pas en avant, je suis diminué par un tremblement ; ce fourmillement des jambes tandis que, augmenté d'une vitalité nouvelle quand mes pas me portent au-delà de mon antre. le clairon de ce réveil me tient au garde-à-vous, tantôt jeune, tantôt vieux, je suis frêle et bientôt amoureux ou empêtré dans la solitude de mon être, dans ma tête seul à penser. Idiot transi, empêché devant la surenchère, d'une rencontre, cette femme comme une comète. le destin Théophraste dit le prêtre, même si tout est écrit, il n'en faut pas moins marcher pour l'édifier. J'entends bien dis-je, parcourant la capitale, si j'ai mal c'est que je suis encore vivant. Que je suis celui-là, timide et n'osant guère, peu ambitieux mais travailleur, en tout cas pas cet autre, mon beauf bouffi d'orgueil. Rien de tel qu'un hall de gare, de Lyon, pour me bousculer les idées ; conchier le réel en renonçant aux prix prohibitifs d'une surconsommation en tout pour un si peu d'amour. Langage fleuri de Paris au carrefour des destinées. Et Cécile dans tout ça… Après mon escapade buissonnière, quand il est temps de rentrer, je fais encore un détour vers le kiosquier, le mutique, le taiseux, avant d'affronter le questionnement de ma femme, le pourquoi du comment de mon absence au repas de midi, de ma descente du train-train familial. Démissionnaire en mon élan amoureux, mais franchement rudoyé par mon ami Anselme, libraire de son état, je quittai les Bonheurs d'Antioche avec sous le bras mon remède, Les Souffrances du jeune Werther, chef-d'oeuvre de Goethe.

Et reprenant la citation de l'auteur :

― « Il n'y a rien d'allègre : il y a seulement une vigueur pleine et ferme. Je dure bien à la peine ; mais j'y dure si je m'y porte moi-même, et autant que mon désir m'y conduit ». (Essais, livre II, Montaigne).

Voilà un très beau livre, un texte passionnant évoquant la destinée et qui monte en puissance avec l'écriture d'un auteur érudit. Je remercie Babelio et les Editions Héloïse d'Ormesson pour ce bel ouvrage que j'ai bien apprécié.

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Il n'y a pas d'âge pour suivre un parcours initiatique !⠀⠀
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Théophraste est quadragénaire. Marié, deux enfants, des petits boulots qui s'enchaînent sans difficulté, une vie bien réglée et bien organisée… une vie paralysée, oui : immuable, optimisée par sa femme, organisée autour de personnages qu'il retrouve toujours à la même place.⠀⠀
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Seulement voilà : ses pieds se mettent à le picoter et à bouger à son insu. Cela l'inquiète, et cela horripile son entourage, dont la petite vie bien réglée est perturbée.⠀⠀
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Il y a un siècle, j'imagine que beaucoup se seraient contentés de qualifier ce problème de maladie imaginaire. Il y a quelques décennies, on l'aurait classé « psychosomatique ». Mais nous sommes en 2021 : le réflexe, c'est de médicaliser, de considérer qu'il s'agit d'une maladie neurologique. Seulement, le narrateur ne se reconnaît pas dans cette logique. Il ne se reconnaît dans aucune pathologisation, d'ailleurs... Et si ce n'était pas une maladie, mais l'attention qu'attire son propre corps sur l'impasse dans laquelle est sa vie ?⠀⠀
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Dans cette impasse, il n'y a pas de place pour le doute, les questions, le tâtonnement, les erreurs ; mais pourtant, quelque chose en Théophraste sait qu'à accepter cela, il passe à côté du plus important. Et ce quelque chose a trouvé ce moyen original de s'exprimer : ses pieds.⠀⠀
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C'est le pressentiment qu'on peut avoir, mais qui doit être dit par un tiers, ou à l'aide d'un tiers. Ce tiers, ce sera un homme âgé, aveugle, dont les jambes ne sont plus vaillantes, mais qui sait reconnaître l'appel que lancent ces pieds : un appel à bouger, à faire bouger quelque chose dans une vie immobile.⠀⠀
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Et puis il faut dire aussi qu'ils se sont donné un but après lequel courir : une femme, inconnue, que Théophraste croise à plusieurs reprises et qui est une raison de prendre la route. le résultat est un roman souvent drôle, toujours profond, et surtout, qui se lit d'une traite. C'est un conte philosophique. Je l'ai adoré et je remercie la Masse Critique privilégiée de Babelio et les Éditions Héloïse d'Ormesson, qui m'ont permis de faire cette magnifique découverte.⠀
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Homme sans histoires, Théophraste Sentiero parviendra-t-il à se tirer de l'histoire dans laquelles son créateur le plonge.
Théophraste est un garçon simple. Il travaille à la Mairie de Paris dans l'escouade des éboueurs chargés de curer la Seine pour en retirer les carcasses que des individus en mal de benne à ordure n'hésitent pas à jeter dans le lit du fleuve parisien.
Il habite dans le 5ème arrondissement Paris, grâce à sa belle-mère, une femme au passé trouble sous l'occupation, dont l'âge canonique lui permet de maintenir le loyer de ce coquet appartement sous le régime de la loi de 1948.
Théophraste fréquente la « Brasserie Gay-Lussac » dans la rue du même le nom, un bar d'habitués où il retrouve outre la patronne, Mme Jouve, une veuve lorraine accorte, une bande de copains de belote. Félix Passetemps dit la Guigne, Jean-Baptiste Dutreuil dit Petit-Pois, Cothurme et Gégène. le bar, menacé de disparition possède un baby-foot et un Juke-Box.
Une grande partie du récit est consacré au bar et notamment au fait qu'il n'existe plus de ces bars loués par des Léon Paul Fargue, des Robert Giraud, des Michel Audiard qui ont fait la réputation de Paris et du titi parisien.
Dans ces moments l'écriture de Jean-Paul Delfino se fait sentimentale et nostalgique.
Sentiero est victime d'un syndrome bizarre qui le pousse à mettre ses jambes en mouvements et à devenir un piéton de Paris.
Au gré des demandes de son nouvel employeur, Anselme Guilledoux , il va mettre à profit son mal et parcourir des kilomètres dans la capitale, chaque jour pour livrer les paquets de son nouveau patron, un bouquiniste qui solde son stock de livres anciens.
Rues de Laromiguière, de l'Estrapade, Férou, Médicis, Vaugirard, Saint Sulpice, Pont Neuf, Champs de Mars, Tour Eiffel, pour ne citer que quelques exemples, les itinéraires de Théophraste sont l'occasion de nous faire découvrir un Paris que le piéton désormais transformé en usager du métro, du bus, du tramway ou du taxi, ne connait plus, voire ne veut plus connaitre.
Les marches de Théo vont le conduire à sa libération; En marchant il découvre un Paris qu'il méconnaissait, fait des rencontres, découvre d'autres personnages et va découvrir l'amour.
Parmi les personnages, deux femmes vont décider Théo à sortir de son carcan :
La vieille prostituée « Gisèle (…) bonne fille par excellence. Âgée de plus de quatre-vingts ans (…) trimballait sa carcasse de grande bringue » lui conseille de garder son quant à soi « Les tournées d'apéritifs, ça donne de l'ambition, mais ça reste que des paroles en l'air. »
Françoise Chassepot, une femme mystérieuse que Théo a surnommée l'Anglaise, dessine semble-t-il, un paysage immuable en installant son chevalet au même endroit du jardin du Luxembourg, face à la fontaine Médicis.
Roman qui n'est pas sans rappeler par son thème et la façon d'écrire, certains romans de Jean-Paul Dubois.
Nostalgie de Paris, des lieux qui disparaissent, des personnages oubliés, de la recherche de son prochain, de l'amour.
Une belle découverte grâce aux éditions Héloïse d'Ormesson et à Masse Critique Babelio.
Un auteur que je relirai avec plaisir.
Lien : https://camalonga.wordpress...
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"Marié, deux enfants, Théophraste Sentiero est un homme sans histoire", voilà qui définit bien le début de ce livre qui lance sa nasse superficielle de platitude sur un océan d'humanité bien ordinaire.
Notre homme tel un zombie suit un parcours bien défini chaque jour, comme des milliers d'entre nous. Sa femme Cécile parfaite femme d'intérieur vit au rythme de sa bulle domestique, ses enfants, des êtres transparents accrochés à leur smartphone, la belle-mère momie assistée qui leur permet de vivre dans un Paris chic du Vème grâce au fameux loyer de 1948(un temps révolu celui-là!).
Ses compagnons de troquet d'un certain Paris qui va disparaître à son tour, sa propriétaire a décidé de vendre son affaire. Cothurne, Gégène, La Guigne et Petit Pois. Je les vois devant moi, trouver dans ce lieu le seul repère qui ne les anéantisse pas complètement de cette société effrénée qui ne fait pas de quartier.
La quotidienneté de la non existence de notre Théo est interrompue par deux imprévus, la trépidation de ses jambes et l'élan de son coeur vers une inconnue.
Théo peu à peu refait surface, et un chamboulement profond prends racine à travers l'approche approfondie qu'il établit malgré lui avec des personnages qu'il rencontrait dans sa routine, mais sans véritablement les connaître.
Le vieil aveugle , personnage excentrique et mystérieux sera son guide vers de nouvelles promesses que la vie lui réserve encore.
Paris est le cadre de ses longues pérégrinations, comme un témoin silencieux de sa transformation.
L'auteur nous entraîne malgré nous dans la marche exploratrice de notre regard intérieur, avec la beauté des mots, l'attrait de la curiosité et l'enthousiasme sur notre manière d'appréhender le monde et la place immense de la littérature dans notre liberté d'imaginer et de penser.
Je suis vraiment conquise par ce conte philosophique qui comme un baume redonne joie et espoir dans ce monde complètement tétanisé.
La plume de l'auteur est élégante, d'une justesse touchante dans la représentation des relations humaines, et j'ai adoré les dialogues entre notre Théo et son mentor aveugle.
C'est un livre qui se mérite, car il nous livre des clefs mais après avoir surmonté la platitude que reflète la vie de notre Théo à première vue.
Je ne peux que remercier avec sincérité Babélio et les éditions Héloïse d'Ormesson de m'avoir permis de découvrir non seulement ce magnifique roman, mais aussi un auteur atypique.
C'est en découvrant sa photo au verso du livre, ainsi que d'autres photos, sa bibliographie, on note que des changements profonds se sont opérés également chez Jean-Paul Delphino (si je puis me permettre).

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Comme j'ai aimé ! littérairement déambuler dans les rues de Paris, sur les pas de Cendrars et de Satie, pêcheurs d'étoiles, puis de Théo Santiero, repêcheur dans la Seine de "cadavres" de tout poil
ces personnages coureurs de chimères, désorientés, "des fourmis" dans leurs pieds empêtrés, croqués avec acuité par un Delfino bien "en jambes", pour un roman tout à ma convenance.
De la finesse sous une simplicité apparente, de l'argot mais pas à gogo, de l'extravagance mais pas à outrance, de la gouaille à la Audiard, et même quelques accents devosiens...Bref, un bouquin qui a "du chien" !

Et donc, très envie de prendre à nouveau mon pied avec Delfino, repartir pour une belle échappée, au pays de ses mots.

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Il aura fallu la fermeture prochaine du bistrot parisien le Gay-Lu, dans le quartier latin, pour que l'on en pousse la porte. On y découvre tout un petit monde d‘habitués, « ces bras cassés, ces bois-sans-soif, ces suce-glaçons » qui viennent refaire le monde dans un « troquet parigot ».
Et c'est là que l'on rencontre Théophraste Senterio, un quadragénaire « pêcheur de bicyclettes, de trottinettes et de cadavres » atteint depuis peu d'une drôle de maladie qui agite ses jambes de mouvements incontrôlés.
Marchant dans les rues de Paris pour calmer cette danse de St Guy, Théo croise une palette de personnages tous plus originaux les uns que les autres, un kiosquier ancien boxeur, un chauffeur de VTC toujours armé, un mendiant cul de jatte, une fausse anglaise peintre, une ancienne prostituée au long cours et une belle inconnue sur le Pont Neuf.
Mais celui qui va changer sa vie, est un vieux libraire aveugle, Anselme, bien décidé à lui ouvrir les yeux sur le vrai sens de l'existence. Car Théo fier d'être « gaulois, français et parisien », mène une vie sinistre d'ennui et se voit comme « un lâche du quotidien ».
Grâce aux livres que lui fait découvrir l'irascible libraire, il se met à regarder le monde d'une autre façon et décide de suivre la route que ses jambes en mouvement perpétuel choisissent pour lui.
Une rocambolesque ballade dans les rues de Paris à la rencontre de personnages hauts en couleur, rescapés de vies hors du commun, à qui l'auteur, de sa plume savoureuse, prête des dialogues épicés et cocasses.
Un roman à la Queneau ou à la Blondin que l'on lit comme une réjouissante pérégrination au coeur de la capitale mais qui peut aussi réveiller en chacun de nous des questions essentielles sur les vraies envies de chacun.
Si je me suis amusée tout au long de cette histoire, je l'ai trouvée au final bien plus que distrayante et elle m'a interrogée sur la suffisante satisfaction que l'on peut tirer de sa propre vie.
Car comme le dit le libraire philosophe :
« Quoi qu'on dise, on ne sera jamais que le résultat de toutes les décisions qu'on a prises, qu'on prend. Ou qu'on va prendre. Se plaindre de l'existence qu'on mène, c'est aussi idiot que de râler parce qu'on n'a pas gagné au loto. Si vous voulez gagner, il faut commencer par jouer … ».
Une perle à ne pas manquer.
Merci à Babelio et aux Editions Héloïse d'Ormesson pour cette Masse Critique privilégiée.
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Sur le bandeau, parce que ses livres ont maintenant droit à un bandeau, on peut lire "Conteur de petits miracles". Ça en jette et ça pose son homme. Et pire, ou ici le meilleur, c'est qu'en plus c'est vrai. Jean-Paul Delfino est un conteur de petits miracles, et celui-ci est magistral dans sa simplicité. Son invisibilité, son silence de naufragé perdu dans la masse des best-sellers bookstagrammés. Bon, c'est presque tant mieux. On se garde sous cape ce petit bijou rien que pour nous et on se le passe en connaisseur. Pour rentrer dans L'homme qui marche, il suffit de faire le premier pas. Il suffit. C'est le plus terrifiant. L'acceptation, la décision. La détermination. Quand notre corps nous connaît mieux que nous-mêmes. Mon corps m'a lâchée. Il m'a parlé et je n'ai pas voulu écouter, alors maintenant, il n'en fait qu'à sa tête. C'est peut-être pour ça que j'y ai été si sensible, aussi. Parce que je lui envie la marche. Celle qui va quelque part, ou peut-être pas. Quel que soit le style, mal assuré ou bringuebalant, il ne faut peut-être pas nécessairement aller quelque part pour avancer. Mais non, ce n'est pas ça. Ce qui marche dans ce livre, ce n'est pas que les pieds de Théo, c'est la poésie insensée dans la prose de Delfino même et surtout quand il décrit la déchéance et la morosité, la franchise du ton et des scènes, la musique du trop-connu, du petit rien, du quotidien. On ne lâche pas ce livre. Quand on est parti, on est parti. Et peu importe pour où tant qu'on est du voyage. tant qu'on est le voyage. Les livres de Jean-Paul sont un voyage. Pas forcément tous au Brésil. Un voyage, une errance. Se perdre pour mieux se retrouver.
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J'ai aimé déambulé dans Paris avec Théo, ce personnage inclassable, dont la vie étriquée et triste va se métamorphoser.
Son existence est bouleversée suite à un problème physique : ses jambes sont soumises à des « impatiences » et ses pieds se mettent à bouger sans s'arrêter.
Sa femme le rejette et les médecins l'inquiètent.
Pourquoi penser que c'est un souci ? Pourquoi ne pas voir autrement la situation, l'accepter et même en faire une force ?
On assistera ainsi à un véritable tour de force : la transformation de Théo grâce aux bons conseils d'un libraire.
Ce héros et son histoire m'ont fait penser à Marcel Aimé et à la nouvelle « le passe muraille », un être simple avec une vie passe-partout découvre la fantaisie, l'amour.
Un petit côté fantastique plus une de belles déclarations d'amour à la littérature m'ont enchantée.
Un roman inclassable comme son héros, très réussi, qui donne envie de marcher et de lire.
Bravo Monsieur Delfino.
Lien : https://www.despagesetdesile..
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Après nous avoir invités à découvrir les circonstances exactes de la mort de grand Emile Zola dans Assassins ! dont vous retrouverez ma chronique en cliquant sur l'image, Jean-Paul Delfino nous convie à un tout autre voyage avec L'Homme qui marche.

Ce texte, je l'ai reçu comme un conte, du même genre que le Petit Prince de Saint-Exupéry ou le Candide de Voltaire. Des différences, il y en a bien sûr. Aucune trace du registre merveilleux, l'adulte remplace le jeune enfant et la quête est presque inconsciente, pas de voyage à l'autre bout du monde non plus, mais tout le reste y est.

Théophraste est guidé par ses pieds, qui, d'un seul coup, ont décidé qu'il leur était vital de marcher. A partir de là, l'homme va être amené à élargir son horizon, son champ de vision, ses rencontres, à accepter tout ce que sa vie a de raté, et à prendre conscience qu'il est encore temps de changer !
Chaque rencontre a son charme. Tous les personnages ont quelque chose d'exotique et apportent leur pierre à l'édifice que tente de construire Théophraste, qu'il s'agisse de l'ancienne prostituée, du prêtre, de la tenancière du bar, de l'artiste, du mendiant (qui m'a rappelé le nègre de Surinam) et surtout…surtout l'aveugle et la sylphide.

Envouté par la silhouette d'une femme dont il ne sait rien et qu'il va constamment fantasmer, notre héros va choisir d'arpenter de plus en plus Paris, pour avoir la chance de la retrouver. Cette hypothétique rencontre changera-t-elle son destin ?

Ici, ce n'est pas la fin qui compte, c'est vraiment le mouvement. Les descriptions de Paris sont immersives et l'on déambule nous aussi dans les rues plus ou moins charmantes de la capitale. de petits troquets aux plus beaux ponts de Paris, les randonnées de Théo sont, pour l'auteur, un moyen de déclamer son amour pour la plus belle ville du monde.

Et puis, il y a la littérature. L'aveugle mal luné deviendra le guide, en même temps qu'il deviendra le patron de Théo. En travaillant à fermer une bouquinerie, notre héros va découvrir la magie des mots. Et c'est encore plus beau que les descriptions de Paris.

Au contact de ce Pangloss qui, lui, ne prétend pas tout savoir, Théo va changer. Il va devenir un être qui ne peut plus se satisfaire de sa vie calme et plate, parce qu'il a commencé à apercevoir un horizon nouveau, riche de promesses. de simple manutentionnaire, il va devenir les jambes et les yeux du vieux grigou qui lui sert de guide.

A une époque où nos déplacements sont limités, où l'on évite de s'approcher autant de ceux qu'on aime que des inconnus, où tout est bridé, borné, ce roman fait l'effet d'une bouffée d'oxygène et d'humanité et rappelle que, pour voyager, il faut juste avoir le courage de partir, grâce aux livres, grâce au monde qui nous entoure. C'est véritablement une parenthèse enchanteresse qui m'a ravie et que je ne peux que très chaleureusement vous recommander !
Lien : https://livresque78.com/2021..
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