« Bon ! Voilà ! Tout ça c’est bien beau, mais qu’est-ce
que je fais maintenant ? J’ai l’air un peu idiot avec ma
valise en haut de l’escalier. Voyez-vous, j’aurais cru que
maman me retiendrait; que cette ultime menace de la
priver de ma présence auprès d’elle la ferait fondre comme
une Caramilk sur le bord de la fenêtre, un après-midi
de juillet. Mais non ! pas le moindre mouvement pour me retenir ! Elle m’a même indiqué où se trouvait la valise. C’est ça ma mère. Alors,
quand j’ai refermé la porte derrière moi, je lui ai crié :
– Y’a personne qui s’occupe de moi, pis je suis
toujours obligé de m’occuper de Rogatien.
Rogatien, c’est le prénom de Dracula. C’est mon père qui a trouvé ce nom, en l’hon-neur de son héros, Rogatien Vachon. Un ancien gardien de but de la Ligue nationale de hockey. Je trouve ça très laid, Rogatien. Moi, mon premier garçon, si jamais j’en ai un, je vais l’appeler Patrick Roy. Enfin, pas Patrick Roy.
Non ! Patrick Sabourin. Comme moi. Ben, je ne m’appelle pas Patrick; je m’appelle Charles. Charles Sabourin. Mon fils, lui, va s’appeler
Patrick, comme Patrick Roy,mon héros. Vous me suivez ? »