Quel genre ?

Il ne s'agit pas de nier les différences, de nier les réalités "naturelles", bien au contraire : il s'agit de les restituer dans leur diversité et leur variété.
Il semblerait pourtant que la peur de l'inconnu amène parfois à préférer des situations marquées par l'inégalité et l'injustice, et ce par ceux-là et celles-là mêmes qui en sont victimes. Car on l'a vu, à ce jeu, nul-le n'est finalement gagnant-e : les femmes et les filles, toujours dévalorisées dans la valence différentielle des sexes et ses applications concrètes en terme de salaires, de place dans la société et dans la famille, d'assignation des tâches domestiques, etc., mais également les garçons et les hommes qui paient un lourd tribut à la domination masculine, que ce soit parce qu'ils dérogent aux normes de la virilité ou, paradoxalement, parce qu'ils y participent pleinement et paient le prix de la performance, de la dureté et de l'ambition. C'est ainsi à une ouverture des possible qu'invite la réflexion sur le genre : non pas obliger les uns ou les unes à faire ceci ou son contraire, mais laisser, dans la mesure du possible, le choix, et que nul-le ne soit stigmatisé-e parce qu'il ou elle a "mauvais" genre. (p. 108)

La fracas médiatique aura au moins eu le mérite de mettre le concept de genre sous le feu des projecteurs, et surtout de montrer l'ampleur des quiproquos et des méconnaissances (dans le meilleur des cas), des résistances et des obscurantismes (dans le pire des cas) : paradoxalement, ainsi, de démontrer l'utilité, encore et toujours, de ce qui pouvait paraître parfois comme un combat pour une cause sinon acquise, au moins en marche inéluctable, celle de l'égalité entre les garçons et les filles. (p.12)

Dans nos sociétés contemporaines, occidentales, on ne marque plus les corps. On ne scarifie pas, on ne flagelle pas. Mais est-ce que le marquage des corps ne s'est pas intériorisé quand, par exemple, le corps doit être mince et musclé ?

Certes, la sexualité est un des lieux où s'exerce le genre, mais rabattre toutes les études sur le genre sur la seule question de la sexualité est un raccourci pour le moins abusif. (p.11)