« La déception [vise] à induire l'ennemi en erreur grâce à des trucages, des déformations de la réalité ou des falsifications, en vue de l'inciter à réagir d'une manière préjudiciable [pour lui] [p.15] »
La déception fut abondamment employée par les Alliés durant la seconde guerre mondiale. Les Anglais, principalement, probablement par appétence pour l'humour noir,
Churchill le premier.
Des unités spécialisées ont travaillé l'art de la simulation pour tromper les Allemands sur la réelle concentration des troupes, sur les potentiels lieux d'attaque et de débarquement. Réquisitionnés, les architectes et tous les métiers du cinéma, spécialistes du trucage et des « effets spéciaux » et décorateurs, ont créé des faux camps, des faux terrains d'aviation et des faux ports que l'on faisait vivre pour donner le change à l'ennemi. C'est ainsi qu'on fit croire que l'objectif du débarquement de juin 44 était le pas de Calais et non la Normandie.
Bien sûr, à tout cela il était associé des activités de fausses radios, d'agents ennemis retournés ou d'agents doubles, l'orientation des reconnaissances aériennes allemandes, d'embarquement et de débarquement de troupes, de mouvements de fausses troupes ou de fausses flottes. A tel point que je me demande comment les Allemands ont été si naïfs. Mais trouver la vérité dans la masse de renseignements disparates et contradictoires n'est pas une affaire simple pour une armée.
Pour les anecdotes, je retiens que le frère de
Ian Flemming, le créateur de James Bond, y prit une part importante. Que « les sanglots longs des violons de l'Automne » diffusé par la BBC était connu des Allemands depuis 1943 mais ils pensaient que sa diffusion coïnciderait avec un débarquement dans le pas de Calais. En fait les vers de
Verlaine avaient pour objectif de fixer les troupes allemandes dans le nord de la France. Enfin, car le sujet est abordé, si vous désirez une illustration cinématographique, je vous renvoie au film « La Ruse ». Ce n'est pas du
Monty Python. C'est avec Colin Firth et cela relate l'opération de déception qui visait à faire croire que le premier débarquement en Europe aurait lieu en Grèce et non en Sicile. Elle s'appelait opération Chair à pâtée (Mincemeat en anglais). Vous découvrirez comment un subterfuge osé, la mise à l'eau d'un faux noyé et faux militaire, devient une arme efficace.
Jean Deuve propose donc un aspect parfois méconnu du second conflit mondial. Pour cette originalité et pour ceux que cela intéresse, je vous recommande son travail.