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Le Cycle de Syffe tome 3 sur 3
EAN : 9782073020291
784 pages
Gallimard (04/05/2023)
4.26/5   192 notes
Résumé :
En fuite, plus seul que jamais, Syffe erre de village en village, de bouteille en bouteille, en attendant d'en finir. Mais le destin en a décidé autrement et une rencontre opportune pousse le jeune homme sur les eaux du fleuve qui l'a vu grandir, en compagnie d'un couple de contrebandiers.
Son périple à travers les primeautés de Brune le conduira à intégrer un groupe de ferrailleurs éclectiques aux ordres d'un puissant seigneur.
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Il était attendu, ce troisième tome du cycle de Syffe ! Et, même si le deuxième, La Peste et la vigne, m'avait laissé un sentiment mitigé, j'ai attaqué sans hésiter Les Chiens et la charrue. Et bien m'en a pris ! Quel souffle ! Quelle force ! Patrick K. Dewdney, tout en conservant les qualités de ses précédents volumes, ajoute une dimension politique entraperçue dans L'Enfant de poussière, mais davantage développée ici. Et le résultat est au-delà de mes espérances : j'ai dévoré ces plus de six cents pages et j'attends fiévreusement la suite.

Au début, Syffe se retrouve dans un état déplorable. Comme souvent, d'ailleurs, puisque Patrick K. Dewdney se fait un plaisir de le plonger, en fin de volume, dans une situation détestable. Pour ceux qui auraient oublié, je rappelle (attention, spoil en vue pour ceux qui n'ont pas lu les deux premiers romans) que Syffe a tué une créature aux pouvoirs quasi divins (ou extraterrestres), sans le vouloir et,dans le même mouvement, a causé la mort prématurée de Brindille (qui était de toute façon condamnée, car malade). Il se retrouve donc avec quelques cadavres de plus sur la conscience et, surtout, sans le moindre but. Puisque c'est la figure de Brindille qui lui avait permis de tenir tout au long de la Peste et la vigne. Il est donc plus bas que terre et voit, misérable épave imbibée d'alcool, la mort comme une solution de plus en plus désirable.
Mais une fois de plus, le hasard, le destin, comme l'on veut, va lui permettre de rebondir. La rencontre d'une contrebandière, l'Écailleuse, lui donne l'occasion de sortir de son marasme et de retrouver goût au monde qui l'entoure. Et vous connaissez l'auteur, vous savez combien il peut donner de l'importance au décor. Ici aussi, le ciel, l'eau, les arbres, les animaux jouent un rôle de premier plan. Ils envahissent les pages de leurs cris,de leur souffle, de leurs couleurs. Ils imprègnent l'histoire de leurs teintes, donnant le ton aux aventures de Syffe.

Ce troisième roman est très lié aux précédents. En effet, tout d'abord, (mais aussi comme avant) Syffe est toujours plongé dans ses souvenirs. Les personnages croisées, les cadavres de ceux qu'il a aimés le hantent et reviennent surtout la nuit. Ils l'entrainent dans ses doutes et ses tergiversations. Ensuite, l'auteur, qui avait placé des pièces sur son gigantesque puzzle, en utilise certaines : Syffe avait sauvé, presque malgré lui, Aidan, un noble éminemment sympathique qui lui avait confié une bague en retour. Cette bague, à son tour, va sauver Syffe. Et amener un sacré changement dans l'existence de notre jeune héros. Et, par conséquent, un changement de rythme et de décor dans ce troisième volume. Car, si la nature et la contemplation obtenaient les premières places jusqu'ici, la politique, la diplomatie et la gestion des groupes humains vont prendre l'essentiel de la place dans cet opus. Syffe va se retrouver au centre de manoeuvres plus ou moins claires dont il sera en partie acteur (et cela fait du bien qu'il parvienne enfin à sembler avoir du poids sur sa propre existence) et en partie pion. Il va apporter sa marque en faisant appel à un autre élément de la Peste et la vigne, le peuple des Arces, qui lui avaient laissé une chance de les revoir.
Mais ce n'est pas tout, d'autres personnages qui datent de L'Enfant de poussière vont faire leur réapparition dans ces pages. Je ne donnerai pas leurs noms, mais je signale juste que j'ai été ravi de les retrouver. Surpris pour l'une, moins pour l'autre. Mais, dans les deux cas, tout à fait convaincu par le rôle que Patrick K. Dewdney leur a trouvé. Cela coule de source et semble parfaitement naturel. L'auteur a la gentillesse (et l'habileté) de distiller juste ce qu'il faut de rappels pour ne pas lasser le lecteur qui vient de lire les précédents tomes, mais pour réveiller des souvenirs suffisants pour celui qui a lu les livres à leur sortie, voilà trois ans. Cela renforce la puissance de ce cycle que de tisser des liens très forts entre toutes les étapes de la vie de Syffe, tous les personnages qui l'ont fréquenté, qui l'ont changé.

Un petit mot pour finir sur la couverture, encore superbe. Je parle, bien sûr, de celle de la version grand format, réalisée, comme les illustrations intérieures, par Fanny Etienne-Artur. Elle parvient à renouveler l'image, tout en gardant une architecture commune, avec l'arrivée du reflet de l'arbre cette fois-ci. Sur une étagère, les trois côte à côte donnent une impression de saisons qui s'écoulent, un petit coin de nature échappé du livre pour s'offrir à nos yeux. Superbe !

À ceux qui ont lu et aimé le début de ce cycle, n'hésitez pas : Les Chiens et la charrue, c'est du bon, de l'excellent même ! Un bon cru qu'on aime garder en bouche, afin d'en sentir tous les arômes, d'en découvrir la moindre subtilité. À ceux qui n'ont pas encore entamé la lecture du cycle, n'hésitez pas : foncez découvrir L'Enfant de poussière. Vous ne le regretterez pas !
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
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Après un premier tome ayant rencontré un chaleureux accueil de la part du public et des critiques, suivi quelques mois plus tard seulement d'un second volume, la série « Le cycle de Syffe » avait marqué un petit temps d'arrêt (trois ans) jusqu'à la sortie récente du troisième opus : « Les chiens et les charrue ». [Rappelons que la série devrait comprendre sept tomes au total.] On y retrouve Syffe, notre héros, que l'on a connu petit orphelin débrouillard tentant tant bien que mal de survivre dans les rues de Corne-Brune, puis apprenti guerrier auprès d'un maître excentrique et exigeant, esclave, prisonnier d'un peuple montagnard isolé, mercenaire et enfin protégé d'une sorte de déesse végétale avec laquelle la rencontre s'acheva pour le moins brutalement à la fin de « La peste et la vigne ». [Attention SPOILERS : si vous n'avez pas encore eu l'occasion de lire les volumes précédents, je vous invite à passer directement au paragraphe suivant.] La disparition violente de celle qu'il désespérait de retrouver depuis son départ de Corne-Brune, de même que son expérience mystique perturbante dans la forêt des Ronces ont sérieusement sapé le moral du jeune homme qui erre depuis de village en village dans un état d'abattement total. Sa rencontre avec deux bateleurs contrebandiers va lui remettre peu à peu le pied à l'étrier, de même que ses retrouvailles avec un personnage brièvement croisé lors de ses précédentes pérégrinations, Aidan Corjoug, noble ayant désormais le titre de primat de Bourre et redevable à Syffe de sa survie. Bien décidé à exploiter ce lien avec le seigneur des lieux, notre héros va se voir assigner une nouvelle place dans la société bien au-delà de ses attentes puisque le voilà à la tête d'une petite troupe d'élite qu'Aidan entend employer dans les guerres à venir aussi bien pour des missions de diplomatie que d'assassinat ou d'espionnage. L'occasion pour Syffe de poser véritablement ses bagages pour la première fois depuis bien longtemps, et de peser dans les conflits politiques en cours, dont il avait jusqu'à présent avant tout été une victime.

On retrouve sans surprise tout ce qui avait fait le sel des précédents volumes, à commencer par ce protagoniste si attachant qui a parcouru un sacré bout de chemin depuis le début de ses aventures. Désormais bien plus sûr de lui et de ses capacités, mais aussi profondément marqué par toutes les épreuves et les pertes subies en chemin, Syffe continue de charmer le lecteur par son humilité et le recul qu'il porte sur son parcours. Les personnages secondaires sont pour leur part à nouveau très réussis, d'autant plus que le héros tisse avec eux des liens plus durables qu'avec ceux des tomes précédents, souvent de passage le temps d'une centaine de pages seulement. C'est d'ailleurs là le véritable changement (bienvenu) par rapport aux deux autres opus dans lesquels des circonstances dramatiques poussaient constamment le héros à quitter les différents endroits où il avait trouvé refuge, donnant ainsi l'impression au lecteur d'un exode sans fin et, parfois, sans véritable but perceptible. Ce troisième tome rompt un peu (mais pas complètement) avec cette routine puisque Syffe a cette fois un solide port d'attache, ce qui permet à l'auteur, outre de développer davantage sa galerie de personnages secondaires, de s'étendre également un peu plus longuement sur les enjeux des conflits auxquels le protagoniste a été mêlé sans jusqu'à présent véritablement se soucier des raisons politiques qui avaient mené à la guerre. L'univers se développe ainsi toujours un peu plus, et, quoique relevant du modèle désormais classique du medieval-fantastique, se révèle toujours aussi captivant à découvrir en raison de la complexité et de la richesse des différents territoires et cultures qui le composent. le fait de plonger ici un peu plus dans les intrigues d'ordre politique permet d'ailleurs de renforcer cette immersion, mais surtout de structurer davantage l'ensemble de la série qui, jusqu'à présent, semblait évoluer sans guère de direction précise en tête. On en sait désormais un peu plus sur la nature des menaces qui pèsent sur cette partie du monde, ce qui donne au roman un aspect un peu moins « brouillon » que les précédents.

Tout comme dans le premier tome (qui relevait essentiellement du récit initiatique), Patrick K. Dewdney renoue ici avec plusieurs poncifs propres à un certain type de fantasy épique plus classique : le héros qui va lui-même réunir une brochette de personnages plus atypiques les uns que les autres dont il va tenter de former un tout cohérent (j'ai beaucoup pensé ici à la série « Haut-Royaume » de Pierre Pevel, par exemple) ; ses balbutiements au sein d'une cour dont il méconnaît les usages et les rapports de force ; la réalisation d'une mission périlleuse avec un groupe d'individus restreints… Bien que peu originaux, ces épisodes n'en sont pas moins intéressants pour le lecteur qui prend beaucoup de plaisir à découvrir les hommes dont Syffe a choisi de s'entourer et qui possèdent tous une personnalité ou une particularité étonnante. le talent de conteur de l'auteur participe évidemment énormément à la qualité de l'immersion, la plume de Patrick K. Dewdney se révélant toujours aussi agréable et soignée. Parmi les bémols qui viennent parfois ralentir la lecture de ce troisième tome, on peut mentionner quelques longueurs, notamment au milieu du roman, qui mettent parfois à mal la patience du lecteur, avide de voir l'intrigue avancée et la petite troupe réunie par Syffe enfin être employée pour quelque chose. Autre reproche : la propension du héros à s'apitoyer sur son sort et à évoquer sans cesse les épreuves (certes terribles) précédemment endurées : si on comprend sans mal les difficultés du protagoniste de se relever après tant de coups durs, le fait qu'il ressasse longuement des événements dont le lecteur a lui-même déjà été témoin donne parfois une impression de lourdeur et de répétition qui pourra en agacer certains.

Troisième tome du « Cycle de Syffe », « Les chiens et la charrue » ne marque pas de rupture nette avec les volumes précédents, même si on commence ici à mieux cerner la direction vers laquelle l'auteur souhaite nous entraîner. Porté par un héros toujours aussi attachant, le roman réunit à nouveau toutes les qualités qui avaient fait le succès de « L'enfant de poussière » et ne manquera pas de ravir les lecteurs déjà séduits par l'univers et la plume de Patrick K. Dewdney.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Après ma critique du Cycle de Syffe, tome 1, est-ce que j'aurais pu penser terminer l'histoire aussi enthousiaste et déçu que cela soit terminé ?

Dans cet opus découpé en quatre épisodes on suit Syffe dans les méandres de ses obsessions.
D'abord suicidaire, il devient contrebandier et écume les eaux de la Brune.
Arrêté, il est amené à Bourre où le primat n'est autre d'Aidan de Cojourg, noble dont il a sauvé la vie.
Le primat sortant Syffe des geôles de la ville, le gracie et lui confie la tâche de réunir une petite troupe de mercenaires qui pourrait le soutenir lors de certains événements.
Ainsi, avec sa troupe, Syffe est envoyé à Puy-Rouge pour transmette un message…

Durant ce livre, j'ai été séduit par l'évolution du personnage de Syffe. de suicidaire, il devient meneur d'hommes.
Le rythme du texte m'a fait ressentir avec beaucoup d'acuité la lenteur de la vie sur l'eau, les souffrances à partir de l'arrestation et dans la prison, la tension de l'attente avec ses hommes de la coterie et enfin la bataille de Puy-Rouge.
La fin est surprenante et nous laisse à penser qu'il pourrait y avoir une suite…
Et pourquoi pas, elle serait la bienvenue.
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Après trois ans d'attente, ce troisième tome d'un cycle (qui devrait en compter 7) émerge singulièrement du flot des nouveautés en fantasy. le roman pourtant utilise tous les ingrédients habituels du genre : un enfant, puis adolescent vit un parcours initiatique ; il se découvre doté par le destin de pouvoirs particuliers et d'une mission pour sauver le monde ; il se constitue un groupe d'amis et d'aidants pour accomplir cette mission et se mêle d'intrigues politiques. le tout dans un univers assez classique de tonalité médiévale européenne.

Alors, comment sont-ils du lot ? Pour moi, très clairement par l'écriture. L'auteur éparpille dans son texte une multitude de petites descriptions scintillantes, quelques phrases joliment imagées, dans un vocabulaire choisi, comme autant de discrètes paillettes. le rythme lent du texte, qui installe tranquillement les personnages et les lieux dans l'imaginaire du lecteur renforce à mon avis cette sensation. J'ai vraiment vu les paysages, les personnages, leur beauté et leur originalité.

Au delà de ces considérations stylistiques, l'intrigue m'a réellement intéressée. Syffe passe par de nombreuses aventures, riches en rebondissements, mais également en tonalités différentes. Dans ce tome, il est, dans le désordre, ivrogne, vagabond, mercenaire, conseiller d'un prince, prisonnier de guerrières nomades, chef de guerre.... Et ces différents statuts ne se succèdent pas forcément dans l'ordre linéaire qu'on attendrait. La psychologie du personnage, très fouillée, donne une réelle cohérence à ces rebondissements, en donnant une ligne directrice à une intrigue globale qui paraît parfois un peu partir dans tous les sens.

J'ai donc apprécié les diverses considérations de Syffe sur les épisodes précédents, qui permettent au lecteur de renouer le fil avec les précédents tomes, tout en donnant du sens de et de l'épaisseur à l'intrigue en cours..

J'attends le 4e volume avec impatience.
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Syffe a survécu au second tome, mais il est devenu un vagabond dépressif et alcoolique sans grande envie de continuer à vivre. Dès les premières pages le ton est donné, notre anti-héros se prend une rouste sans résister alors qu'il est fin saoul, puis il gagne la berge de la rivière avec des envies suicidaires et y croise une contrebandière qui l'embauche pour l'aider sur sa barque.


Comme dans le second tome qui m'avait fortement déplu Syffe est le narrateur de ce huis clos sur une barque qui descend le fleuve avec un marinier taiseux et une contrebandière inconstante à bord. L'occasion d'un monologue monotone qui s'étale sur 151 pages, où il m'est impossible de ressentir quelque chose, le style évoquant plus la narration d'un spectateur indifférent que celle de quelqu'un concerné par les faits.
De longues descriptions de paysages et de non moins longs passages où nous subissons les ruminations introspectives de Syffe, l'auteur dispose d'une belle plume, d'un vocabulaire étendu mais je n'accroche absolument pas.


Un livre bien écrit, mais à mes yeux c'est sa seule qualité, les pages se noircissent, mais je ne vois pas quelles sont les motivations ou envies de partager de l'auteur, je n'ai pas l'impression d'avoir en main un livre exprimant quelque chose, juste une suite de mots joliment arrangés, pour moi c'est insuffisant, mais je suppose que d'autres prendrons plaisir à cette lecture …



PS : J'avais apprécié le premier tome, le second m'avait fortement déplu, aussi avais-je décidé de ne pas acheter le troisième … cependant il faut féliciter l'auteur et l'éditeur pour leur initiative de publier chaque livre de la série en quatre épisodes en e-book, le premier étant gratuit, ce qui permet aux lecteurs de juger sur pièce avant de prendre une décision …
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critiques presse (1)
Elbakin.net
08 septembre 2021
Car ce troisième tome est une vraie réussite. Après une première partie nautique bénéficiant de quelques scènes particulièrement bien dépeintes et immergeant immédiatement le lecteur, ce roman arrive à un tournant scénaristique bienvenu donnant une nouvelle force et profondeur à l’intrigue et augurant du meilleur pour la suite. Les chiens et la charrue amènent un changement d’ambiance appréciable, somme toute assez logique, et permettant aux événements des volumes précédents de prendre sens.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Je commençais à piquer du nez en dépit de l'inconfort lorsqu'un loup solitaire hurla quelque part dans les hauts. La plus jeune des Epones tourna la tête pour tendre l'oreille. La plainte s'éleva dans la nuit, retomba puis reprit, et sa mélancolie curieuse vint se couler entre les troncs noirs. "Il chante le foyer", murmura l'aînée à sa consœur, qui sourit. Je ne compris pas le sens de la remarque mais je compris le sourire, un beau sourire avec des dents claires comme des perles arrondies. [...] Pour la première fois depuis le matin quelque chose remua dans mes tréfonds, une minuscule étincelle d'insoumission qui s'embrasa dans mon ventre et s'enroula dans mon souffle et tout à coup je courbai la tête, saisi de peine et de colère. J'éprouvai la force des liens qui m'emprisonnaient comme j'éprouvais la cruauté du monde, qui avait transformé ces femmes venues de la forêt en ennemies alors que nous puisions de la beauté dans les mêmes chants.
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Uldrick disait de moi que j’avais de la chance, même s’il ne croyait pas vraiment lui-même au hasard, pas entièrement. Pour les Vars, la vie est un amalgame d’instants qui découlent les uns des autres, qui nous façonnent davantage que nous ne nous façonnons nous-mêmes. Les hommes, croient-ils, sont les jouets de ce qui croise leur route, des vaisseaux de chair qui naviguent au gré des courants de ce monde, forgés autant qu’ils forgent autrui. Je partage cette vision à bien des égards. Si je me suis servi, au fil des ans, de la philosophie des Vars libres comme d’un balancier, d’un instrument de mesure à l’aune duquel peser les évènements souvent étranges qui ont rythmé mon existence, il me faut bien admettre qu’une poignée d’entre eux échappent entièrement au prisme de la Pradekke. Mes retrouvailles avec Driche tinrent à une succession de coups du sort et d’invraisemblances qu’il ne me semble pas déplacé d’appeler un miracle.
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"On va regarder si j'ai rien qui traîne, pour t'accoutrer mieux que ça", fit L’Écailleuse qui m'observait. "Qu'ils aillent pas croire que je me ramène avec un mendiant." A mon insu, le lâchai un rire sardonique. La contrebandière me fixa avec gravité jusqu'à ce que je m'explique. "J'ai jamais été bandit, mais j'ai souvent été mendiant", précisai-je. Je crus que L’Écailleuse allait rétorquer quelque chose mais elle se contenta de plisser le front et s'en fut en direction de la barque échouée. Je repensai à l'or dont on m'avait drapé au Vraak, et je ris intérieurement. "J'ai aussi été dieu", soufflai-je.
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Lorsque je ne discutais pas avec l’un ou l’autre de mes compagnons, ce qui arrivait souvent, je laissais mon regard s’abreuver des paysages somptueux qui se succédaient de part et d’autre de notre esquif. La lente venue du printemps était le héraut de notre voyage, et avec l’approche de la belle saison, la nature se sublimait. En Haute-Brune, le fleuve était saisi entre la Forêt de Pierres à l’ouest, et la forêt de Vaux à l’est. De fait, les arbres étaient nos compagnons permanents, spectateurs interminables de notre progression. Je crois bien en avoir vu mille variations, des pins colossaux aux délicats noisetiers, l’austérité des grands peupliers et la rondeur joviale des saules. Nous assistâmes à la naissance de feuilles de toutes les formes, de toutes les nuances imaginables. L’éclosion fragile des bourgeons fut suivie par celle des fleurs. Le monde se constella progressivement de touches de couleur. Il y avait là un foisonnement de vie, de scènes paisibles ou stupéfiantes, et je crois que de m’être éloigné de la dévastation de Vaux m’avait fait au moins autant de bien que d’avoir retrouvé une perspective d’avenir.
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Braxxe eut un sourire que je n’attendais pas, puis tout aussi subitement, un voile tomba sur son visage, un masque solennel qui recouvrit un temps sa férocité. « Je t’observe thesponé », m’annonça-t-il. « J’observe ta voie comme les augures avant moi. Ta vie sera courte et malheureuse, mais autour de toi le monde sera bouleversé. A Thari-Géné, on me surnommait Otithégé. Comprends-tu ce mot ? » […] « Tu es celui qui regarde la tempête. » Braxxe acquiesça. « Oui », fit-il platement. « Les mânes dont je connais le nom sont loin, mais tu es leur instrument. Je n’ai pas peur. Et je suis venu regarder la tempête. »
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