Et pourtant, j'en ai lu des merdes...
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L'énigme de la chambre 622", du même auteur, est le plus mauvais roman que j'ai lu ces dernières années. Et au moment d'en rédiger la critique babelioniène, j'avais été étonné par le nombre de lecteurs qui se disaient très déçus tant ils avaient apprécié le roman précédent (!!??) Il me semble pourtant totalement impossible que celui qui a pondu "l'énigme..." puisse écrire quoi que ce soit de même juste médiocre... ." alors comme j'aime les mystères, qu'il soit dans une chambre ou pas...
Le roman s'ouvre avec les jérémiades d'un personnage tout de suite détestable : il est obnubilé par le fait de ne plus être une célébrité : si il n'est plus célèbre il n'existe pas ! (ce ne sont que les premières lignes et déjà on sait que ce n'est pas la volonté de l'auteur de faire de son héros une saloperie, au contraire on sent toute la complaisance propre au mauvais écrivain face à son mauvais personnage) Mais laissons sa chance au produit, même si tout dans les pages suivantes ajoutent au côté puant du "héros".
Et tout ça dans une 'écriture minimaliste, façon rédaction d'enfant de primaire : tout y est premier degré, puérile. C'est très très pénible à lire tant c'est mauvais... Rien, absolument rien ne tient la route. Et ce n'est toujours pas fait exprès :
Exemple : le narrateur, énième écrivain qui se retrouve face à la page blanche ("la nouvelle étoile de la littérature américaine", dixit l'auteur !!! vous allez voir que l'animal est à chaque fois dans une grande nuance pour dire ses personnages!) au moment d'écrire un second ouvrage après que le premier fût un énorme succès, rentre dans un bar et rencontre un type qui... a eu un immense succès avec sa première chanson mais qui n'a jamais su en écrire une deuxième ! Normal. Ca a commencé il y a à peine quelque pages et il me faut déjà redoubler d'effort pour continuer cette lecture très pénible.
Et côté dialogues ,est-ce qu'on peut un peu sauver ce dicker ? me demandez-vous, vous qui êtes magnanimes : Jugez-en :
" Maman, si tu me laissais seul...
- Pourquoi seul ? As-tu mal au ventre ? As-tu besoin de péter ? Tu peux péter devant moi, mon chéri. Je suis ta mère.
- Non je n'ai pas besoin de péter, maman.
- As-tu faim alors ? (...)
- Non, je n'ai pas faim.
- Alors pourquoi tu veux que je te laisse? Es-tu en train d'essayer de dire que la présence de la femme qui t'a donné la vie te dérange ?
- Non, tu ne me dérange pas, mais...
- Mais quoi ?
- Rien maman."
A t-on déjà lu quelque chose d'aussi grotesque : Mais quoi ? Non, rien maman. !!!! (pour ceux qui auraient pas compris, là c'est moi)
Un peu plus loin pour nous dire combien est frustre un mari mal dégrossi qui parle à sa femme :
"Pourquoi tu me dis pas tout ? Moi je te dis tout. D'ailleurs j'ai eu mal au ventre tout l'après midi. J'avais des gaz terribles. J'ai dû m'enfermer dans mon bureau et me mettre à 4 pattes pour péter tant ça me faisait mal. Tu vois que je te dis tout"
Le plus horripilant ici, ce n'est même pas cette écriture de cours d'école primaire, ce mépris méprisable, ce sont ces "d'ailleurs" et autres 'écorchures littéraires" qui montrent toute la médiocrité d'écriture du dicker.
Et ça continue : pour balayer toute contestation du lecteur face une énième invraisemblance (fénéantise de l'auteur) il fait répondre au flic :
"Crois-en mon expérience de flic : one sait jamais de quoi les gens sont capables" ! Pesé-emballé. Une autre version du "les voix du Seigneur sont impénétrables" (c'est bien de l'auteur dont il est question)
Alors comme il ne trouve pas l'inspiration (rappelez-vous : ça parle d'un jeune écrivain très très con dont on se demande comment il a réussi à être la nouvelle étoile de la littérature ; pour plus de clarté on va l'appeler Gronaze) , Gronaze va chez son ancien prof d'université et là celui-ci est arrêté par la police car soupçonné d'avoir tué une ado. le jour même, Gronaze s'installe dans la maison du vieux maître ! le jour où la police l'a arrêté pour meurtre !!
C'est tellement con que l'auteur se sent obligé d'écrire un paragraphe pour justifier l'impossible invraisemblable.
Donc si l'auteur installe Gronaze chez le vieux pendant que celui-ci est en prison, on sait déjà que c'est parce que Gronaze va trouver quelque chose dans la maison (i' sont vraiment cons les flics US!) le vieux s'est fait coincé parce qu'il a demandé à des ouvriers de creuser juste là où il aurait enterré le cadavre (bon sans doute que là
Dicker trouve une bonne raison, sans doute que le vieux ignorait que le cadavre se trouvait là juste où il fait creuser, et que d'autres l'y ont mis sans qu'il se doute de rien dans son jardin (!!!) ou qu'il a fait exprès parce qu'il voulait aller en prison pour retrouver sur lui la lumière perdue, mais c'est beaucoup demandé du pauvre bougre qui très péniblement nous pond tout ça (et au détours d'une interview, j'apprends que celui-ci avait mis des intentions dans son "oeuvre", de faire du "roman américain" et autres ambitions !!! Tout cela premier degré, comme le "merveilleux" écrivain du roman !!!
Dicker et l'andouille du roman sont une même personne (Madame Bovary c'est moi : on a les références qu'on mérite)
Le bougre, il ose même faire des clins d'oeil à la grande littérature (on sait que ces spécimens osent tout) : Lorsque le vieux écrivain évoque la fillette de ses rêves, il radote son prénom, lettre après lettre, comme le fait Humbert Humbert en ouverture de Lolita. Une telle référence dans une telle bouse, ça a quelque chose de l'indécence. Mais bon ; si dicker avait une once de décence, ce bouquin, jamais édité, serait à sa place, au fond d'une poubelle.
Ca nous aurait par exemple évité les aphorismes que le mentor sort à tout bout de champs à son padawan, du genre :
"Ne vous souciez pas du génie, contentez-vous d'aligner des mots ensemble, le génie vient naturellement" (!!!) Et des perles de ce type, vous y avez droit toutes les 20 pages.
A l'ombre de ces aphorismes fumeux, le vieux sage nous professe ce qui fait un bon roman (en fait un chef d'oeuvre de la littérature) Mais on a envie de dire à
Dicker : mais alors, qu'est ce que tu attends pour suivre tes belles recettes ???
C'est d'ailleurs là qu'on attend le pondeur de ces merveilles, c'est dans le fait qu'il raconte les mésaventures de deux romanciers qui ont écrits des chef-d'oeuvre. Or
Dicker est tellement nul qu'évidemment il ne peut nous offrir un passage de l'un de ces deux "chef d'oeuvres" (bon, je dois avouer que j'ai fini par craquer et que je n'ai vraiment pas pu aller au delà de la 200ième page sur les plus de 800 de la version poche et que donc je me prive de lire avec émoi une partie de ces chef d'oeuvre de la littérature)
Arrive (on est toujours dans les premières pages !!) l'histoire des années lycée du jeune écrivain. Là, on monte encore d'un degré : cela devient hallucinant tellement c'est con. Il faudrait que je reprenne tout ce long passage : à chaque ligne pratiquement ce n'est que premier degré , comme le font certains jeunes enfants mythomanes qui sont les seuls à ne pas voir que c'est tellement gros que personne à part eux-mêmes ne peut croire à pareille s couillonades. Juste quelques morceaux choisis pour rire :
"Mon passage au lycée Felton Hight (...) avait marqué les mémoires au point que mes camarades et mes professeurs m'avaient surnommé le Formidable. " (tout est à l'avenant, totalement premier degré : en deux semaines il devient le capitaine d'une équipe sportive du lycée) "et il ne me fallut pas fournir d'immenses efforts pour qu'on me considérât comme le meilleur jouer de crosse de l'histoire du lycée" !!!
Juste à la suite, le gentil crétin-écrivain nous raconte ses années de fac : dans l'amphithéâtre le prof demande aux élèves qui aime se faire sucer ? Et lui répond "moi j'aime me faire sucer". Et de là il devient le nouveau rédacteur en chef du journal de la fac !!! Si-si !! C'est tellement con que ça parait fait exprès : le type est à moitié demeuré et ne se rend même pas compte que personne ne peut le croire dans ce tas de bullshit : "le lendemain de cet épisode mémorable, je fus plébiscité pour reprendre les rennes de la revue de l'université" !! Texto !!
C'est complètement con et chaque page ajoute son lot d'âneries. On dirait qu'il neige ! C'est comme si
Frédéric Dard (un compatriote) racontait son
San Antonio au premier degré ! (la qualité littéraire, le talent, la verve, la truculence, la démesure, les joutes permanentes avec les mots, l'intelligence, l'humour en moins évidemment)
Mais,
Dicker, y'a quoi de mémorable à dire devant une assemblée qui n'a rien demandé que "l'on aime se faire sucer" ??? Une sorte de parabole du courage à la suisse, la bite dans la bouche d'une donzelle ayant remplacé l'arbalète et la pomme ???
Mais non : malheureusement pas de narrateur inconscient de sa connerie et un vieux prof qui manipule le demeuré, c'est tellement tellement naze que c'est même pas ça : on reste bien dans du premier degré,
Dicker fantasme ce qui pour lui est une jeunesse glorieuse, pleine de panache,, nous raconte les prouesses merveilleuses de son plus que double.
Et encore et encore : apparaît la jeune fille de l'histoire (l'ado assassinée), : "cette jeune fille merveilleuse douée pour tout dont la joie de vivre pouvait illuminer les pires jours de pluies". Trop c'est trop. Je rends les armes...
Petit aparté : "ça" ça a remporté "le prix de l'académie Française " !!! Honte à ceux qui ont voté pour un type sans culture, sans le moindre talent, vous vieillards qui n'avez pas l'excuse de ne plus avoir votre tête, l'excuse de sentir fort la pisse, vous qui avez pourtant certainement lu
Proust, Céline,
Balzac,
Zola ! Comment avez-vous osé ridiculiser à ce point cette mémorable usine à faire des vieux qui sentent la pisse ?? Si je n'étais pas irrémédiablement naïf, j'aurais pu penser que seul un tas d'argent bien gras pouvait expliquer cet autre mystère.
Autre petit aparté j'ai lu plusieurs journalistes écrire que ce roman est "plein de rebondissements" comme s'il s'agissait d'une qualité : c'est juste un effet artificiel répétitif qui n'a pour but que de retenir un public puéril totalement incapable de garder son attention au delà de quelques lignes, à l'instar du tout petit enfant en éducation qu'il faut gaver sans cesse de peur de le perdre, via si possible une formule ludique. On ne parle jamais à l'intelligence du lecteur quand on a recourt à de telles logiques.
Bref : vous vous rappelez de la collection pour ado "le livre dont vous êtes le héros" ? Si vous arriviez au bout vous gagniez votre médaille de héros... Ici
Dicker invente "le livre qui vous prend pour un con"... Alors je réponds au gâteux qui en quatrième de couverture, écrit que si l'on entre dans ce roman il est impossible d'en sortir avant la fin (ce que je fais, vieux, à à peine 200 pages)... bienheureux alors les médaillés qui arrivent à la fin de ce "livre qui vous prend pour un con". J'ai la réponse à ma question première. CQFD.