Les origines du mal
Oyez oyez ami(e)s Babeliot(e)s ! J'ai enfin lu ce roman dont tout le monde (ou presque) a parlé depuis dix ans ! Je l'ai acheté à sa parution, en 2012, mais c'est monsieur Evergreen qui s'en est emparé, l'a commencé (puis l'a abandonné) et ce livre a fini par rejoindre un rayonnage de ma bibliothèque où je l'ai totalement oublié ! Mais grâce soit rendue aux challenges Babelio qui ont permis qu'il en soit sorti !
Marcus Goldman est un jeune écrivain dont le premier roman a eu un franc succès, tant critique que populaire. Mais alors que son agent et son éditeur attendent impatiemment son nouveau livre, Marcus souffre du syndrome de la page blanche : plus d'idée, pas moyen d'enchaîner deux phrases… Rien, nada. Pour tenter de conjurer le sort, il va passer quelques jours dans le New-Hampshire, chez son mentor, Harry Quebert, qui fut son professeur et celui qui l'a poussé à écrire. Harry lui-même est écrivain, notamment l'auteur d'un livre encensé « Les Origines du Mal » qui raconte l'histoire d'un amour interdit. Mais rien n'y fait, ni le bon air du bord de l'océan, ni les bons conseils de Harry… Marcus rentre à New-York sans le moindre début de ce nouveau roman qu'il doit remettre à son éditeur avant le 30 juin… C'est alors qu'un évènement aussi inattendu que tragique va rebattre les cartes : Marcus apprend que des ossements humains ont été découverts dans le jardin de la maison de Harry et que ce dernier vient d'être arrêté… Harry est en effet accusé d'avoir tué la jeune Nola Kellergan, disparue depuis le 30 août 1975, 33 ans plus tôt, dont il était éperdument amoureux… Mais, si Nola partageait ses sentiments, elle n'avait que quinze ans, et Harry, trente-quatre… Convaincu de l'innocence de son ami, Marcus s'installe dans le New-Hampshire, chez Harry, pour y mener son enquête. Une enquête qui dépassera bientôt le « simple » cadre policier et qui l'amènera à se questionner sur lui-même et sa condition (supposée) d'écrivain.
Ce roman de près de 665 pages est un véritable « page-turner ». le suspens est maintenu jusqu'à la fin, par de multiples rebondissements (dont certains manquent toutefois de crédibilité).
C'est donc un bouquin très distrayant, mais qui n'apporte pas vraiment autre chose. Pourtant, il y aurait eu matière à… le domaine de la création littéraire par exemple pouvait être davantage exploité.
Joël Dicker se contente de nous donner 31 conseils (par la voix de Harry Quebert) dont certains donnent franchement à sourire (par exemple, le conseil n°23 « n'écrivez que des fictions, le reste ne vous attirera que des ennuis » ou le n°29 « «écrire des livres ce n'est pas rien : tout le monde sait écrire, mais tout le monde n'est pas écrivain »)… L'histoire d'amour entre Harry et Nola est d'une mièvrerie insondable… sans doute pour « rattraper » la différence d'âge très dérangeante (
Dicker n'est pas
Nabokov !).
Pour terminer, en paraphrasant une critique publiée par le Monde, ce livre est un bon polar, qui ne révolutionne pas le genre, et « dont la présence sur les listes automnales est un mystère plus épais que celui qui nourrit son intrigue. » ce roman ayant été tout de même sélectionné pour le Goncourt 2012 !
Mention spéciale à la couverture (
Edward Hopper « Portrait of Orleans » 1950).