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EAN : 9782897054243
125 pages
Editions de la Presse (20/10/2015)
3.91/5   39 notes
Résumé :
Quels sont les liens entre les humains et les arbres? Qu'avons-nous à apprendre de ces géants? Les entendez-vous nous parler?
Des baobabs de son enfance aux bouleaux du Bas-du-Fleuve, Boucar Diouf a toujours été fasciné par le monde des plantes. Aujourd'hui, après avoir longtemps écouté les arbres, il leur donne la parole dans ce livre où se croisent la biologie, la poésie et l'humour.
Sous forme de conte, ce grand humaniste nous parle de la vie, de la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Quoi de mieux qu'un conte pour transmettre les histoires, surtout si le conteur est un vieux baobab qui connaît la vie depuis le bout de ses racines jusqu'au bout de ses branches, et plus encore, car il sait écouter ce qui se dit à son pied, ou saisir au vol les paroles que le vent lui apporte.

La poésie des mots nous transporte au-delà des temps, au-delà des lieux, pour nous révéler une vérité toute simple, toute bête : il ne faut pas chercher la vérité, la prouver, mais il faut l'écouter, la regarder, la sentir.

Diouf Boucar est pris entre deux réalités. Fils d'éleveurs de chèvres, de vaches et de zébus, il a quitté sa savane natale du Sénégal pour immigrer dans un pays froid, dans un pays riche, le Canada. C'est un scientifique, à la recherche de la vérité, à la recherche d'un sens à la vie. Mais il est aussi enfant de la savane, bercé par les contes, les croyances ancestrales. Ses ancêtres connaissent les lois de la nature, ils savent, sans avoir besoin de le prouver, d'où ils viennent et où ils s'en iront. Ils font en sorte de respecter ce cycle : recevoir et donner.

Le vieux baobab, comme s'il était pressé, comme si ses jours étaient comptés, lui confie son savoir millénaire. Tout se bouscule, tout se mêle, on a du mal à comprendre le fil de l'histoire. C'est peut-être justement parce que cette histoire, la nôtre, celle des bactéries…des arbres…des hommes … est unique et indissociable. Elle est à la fois simple et complexe. Les branches se croisent et s'entrecroisent, elles se ressemblent, elles coopèrent, elles craquent à la moindre modification.

La vie pourrait s'apparenter à un arbre, dont les racines plongent très profondément sous terre, se nourrissant de ce qui tombe à ses pieds, qu'il soit végétal ou animal. En échange de ce qu'il reçoit, il donne… il donne les fruits de son arbre. C'est un cycle sans fin, une alliance ancienne et efficace.

L'homme fait partie de ce cycle, mais il est trop gourmand. Même si sa curiosité insatiable et son insatisfaction permanente sont le moteur de son évolution, il oublie parfois de donner, de partager, de penser à l'autre, qu'il soit végétal ou animal, et même s'il appartient à son espèce. Il oublie qu'il n'est pas le plus fort, le plus beau, le plus intelligent. Il court à sa perte, entraînant avec lui ses partenaires, mises à part les bactéries… les plus petites…qui elles s'en sortiront.

C'est un conte qui parle de la société moderne, de l'immigration, de la transmission, de la famille, de l'éducation, de la science, de la religion. le conte de Diouf Boucar peut paraître un peu trop feuillu, un peu trop fouillis, car l'histoire part dans tous les sens. On peut le comprendre ; le chemin est long des racines jusqu'au sommet du baobab, des bactéries jusqu'au végétal… du végétal à l'animal.

L'important est de ne pas se perdre en chemin, de tendre l'oreille quand les anciens de ce monde émettent des sons, des odeurs, des craquements. Il ne faut pas croire qu'ils sont immobiles et ne ressentent rien. Ils sont beaucoup moins turbulents que les hommes, ils sont presque silencieux. Un peu comme le papa de Diouf Boucar dont les silences sont plus audibles que la parole. Les discrets ont beaucoup à apprendre aux grands de ce monde.

Un conte très riche, qui nécessite une lecture attentive, un peu comme s'il fallait laisser le temps au vieux baobab de sortir ses mots, du plus profond de ses racines, de ne pas faire de bruit, de peur de le déranger, mais seulement de se laisser bercer au creux de ses branches, écouter la sève s'écouler tout doucement, sentir la brise l'effleurer et ses feuilles frémir de plaisir, lui laisser le temps, tout simplement de nous transmettre sa sagesse, sa philosophie, sa simplicité.

Rendez à ces arbres ce qui appartient à ces arbres m'a rappelé Jean Marie Pelt dans « le tour du monde d'un écologiste » pour son savoir et son humanisme, ainsi que la magie du conte « Voyage au pays des arbres » de J.M.G. le Clézio







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Un très beau livre difficile à lire et surtout difficile à critiquer.

J'ai eu le syndrome de la page blanche jusqu'au moment où j'ai pensé : "Cafarnaüm
Lieu plein d'objets entassés sans ordre".

Une foule d'informations fantastique sur les arbres, leur coopération, sur les plantes et leur évolution comme celle des orchidées, de la coopération entre les différentes composantes de la nature, des remises en question comme celle ci à la page 55 : "Or, cette loi de la jungle, où bagarres et courses incessantes dictent la survie à long terme, eh bien !, elle commence à perdre en prestige." de la sagesse, de la poésie, et une présentation de l'homme comme un élément de cet ensemble et non comme son maître...

Remise en question de cette prétention de la science à vouloir tout expliquer alors ces gens près de la nature se contentaient de le ressentir.

Ce n'est pas un livre à lire d'une traite donc il faut l'acheter, le mettre sur sa table de nuit et le lire morceau par morceau sans tenter d'en faire un tout.

J'irais même plus loin, je le verrais sous la forme de fiches et l'on pigerait au hasard celle que nous lirions et sur laquelle nous réfléchirions.

Oui je sais, ma critique ressemble à un cafarnaüm et c'était voulu. Sachant à quoi vous attendre, si vous l'achetez, vous ne serez pas déçu.
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Pas facile de commenter ce livre qui se situe aux confins de l'essai sur la condition humaine, du conte sur la culture sénégalaise et de la vulgarisation scientifique concernant le génie végétal. Chose certaine il représente une lecture atypique, a la fois captivante, instructive et même drôle par moments.
Le talent de conteur de Diouf, éclatant en spectacle, se transpose merveilleusement dans son écriture et il réussit a partager des bouts de sagesse ancestrale sans jamais paraître ni sentencieux ni pédant.. le ton est décontracté malgré le sérieux des propos, à l'image de l'homme. Il insiste tout au long sur la notion de continuité, autant par rapport aux humains que dans l'évolution de la Terre.
En plus d'un hommage senti a la nature, les végétaux et les arbres plus particulièrement, ce bouquin contient plusieurs réflexions inspirantes sur l'immigration, la quête identitaire et l'intégration, propos d'une actualité brûlante… Exemple vivant d'une intégration parfaitement réussie, Diouf a toute la crédibilité voulue pour adresser la question et proposer une analyse a la fois pénétrante et complètement enracinée dans son vécu.Intéressant sur toute la ligne.
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Boucar est un amoureux de la nature, il sait comment marier le conte à la science, il nous fait voyager dans le temps et au coeur de son village, là où il a passé son enfance. C'est à travers les Baobabs soignés par son père qu'il nous transmet les valeurs ancestrales et qui imprègnent le conteur. Il y a beaucoup de sagesse et d'humilité dans le récit de Boucar, il nous invite à la réflexion, un texte apaisant, plein de bonté, à lire sans aucun doute.
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Je connaissais Boucar Diouf comme humoriste et animateur à la Première Châine de Radio-Canada. Je le découvre comme écrivain. J'ai grandement apprécié ce livre autant que par son écriture que par le contenu. En le lisant, j'ai eu l'impression de l'entendre raconter cette histoire. Façon écologique de nous parler des relations humaines ainsi que de la cupidité d'une partie des être qui composent notre société.
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Citations et extraits (52) Voir plus Ajouter une citation
Pas chaud à l’idée d’apporter le cadeau en pleine nuit, le garçon ne tarda pas à proposer à sa grand-mère de faire la livraison le lendemain dès le lever du soleil. L’aïeule refusa cette possibilité en expliquant au garçon que le village suit cette tradition du don anonyme depuis des temps immémoriaux. Celui qui prête assistance à une famille dans le besoin doit attendre la nuit et déposer ce qu’il peut devant leur porte, dit-elle. En se levant, les indigents prennent le contenu du sac, mais ignorent l’identité de leur bienfaiteur. Ainsi, chaque personne rencontrée le lendemain sur leur chemin devient possiblement ce donateur.
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C'est un phénomène qui peut ressembler à la réalité de tous ces migrants qui doivent se sacrifier au travail pour gagner de quoi nourrir toute la famille restée au pays. Un peu à l'image de cette solidarité végétale induite par la répartition spéciale de l'eau, la majorité des bouches à nourrir de cette planète ne sont pas près des dépôts de pitance. C'est comme si la Terre était divisée en deux parties : il y a au nord les pays riches du G-20 et au sud les pays pauvres du G-faim. Entre mortels sur cette minuscule planète bleue, nous avons sans doute bien des choses à apprendre des arbres en matière de solidarité. Se donner les mains un peu comme les arbres se donnent les racines.
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Je ne plante pas cet arbre pour moi, je le plante pour les générations qui continueront à vivre sur cette terre dans cent ans. Les arbres qui nous nourrissent aujourd’hui n’ont-ils pas été plantés par nos ancêtres ? Maintenant que nous avons bénéficié de la générosité de ceux qui nous ont précédés, nous devons faire la même chose pour les prochaines générations.
Page 47
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S’il y a autant de problèmes dans vos pays d’immigration c’est qu’en plus du culte des racines, vous portez aussi beaucoup trop d’importance aux souches. Quand une société commence à s’intéresser aux restes d’un arbre rompu, l’agonie n’est pas trop loin. Oui, mon fils, les souches et les racines sont importantes, mais pas plus que les graines. Avec mes graines tu pourrais faire pousser un petit baobab presque semblable à moi dans ton pays de froid, une prouesse que tu ne pourrais réaliser naturellement avec mes racines ou ma souche
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C’est l’histoire d’un jeune homme qui se préparait à quitter son village pour un long voyage. Il s’appelait Boucar. Avant qu’il quitte sa savane natale, au Sénégal, son grand-papa l’invita à une petite promenade. Une fois à l’extérieur du village, le vieil homme sortit de sa poche un bout de bâton et demanda à son petit-fils de le casser, ce qu’il réussit sans aucune difficulté. Ensuite, le grand-père lui demanda combien ils étaient dans la famille, et le garçon répondit qu’il avait huit frères et sœurs. Le vieil Africain sortit aussitôt de sa poche neuf morceaux de bois d’acacia identiques au premier et demanda à nouveau à son petit-fils de casser ces bâtons. Quand il vit que, malgré toute la force déployée, le jeune n’arrivait pas à briser le paquet, le grand-papa le regarda dans les yeux et lui dit : « Où que tu puisses être sur la planète, mon garçon, souviens-toi que c’est ça une famille ! »
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