Voilà bien un sujet casse-gueule par excellence, le Djihad. Souvent traité de façon dramatique, y instiller de l'humour et de la légèreté s'avère coton. C'est pourtant le parti pris par Dodo, et Cha, artiste outrancière qui se permet tout ou presque.
Je le confesse, à chaque album de Cha, j'ai peur, je tremble, j'y vais avec des pincettes. Et pourtant, à chaque fois, j'y trouve de réelles qualités, une bonhomie de l'horreur, une profusion de thèmes et un ton "excessif mais pas trop", qui fait passer les choses et dégonfler un peu les chapes de plomb que l'on nous sert partout.
L'histoire se tient, tout file à grande vitesse, j'ai débuté l'ensemble dans ma baignoire, or, chose rare, avant même que l'eau ne soit tiède, je me penchais déjà sur cette critique.
Ici, sans en faire un chef d'oeuvre, je trouve la proposition couillue et réussie. Nous sommes dans une comédie, un divertissement, avec, toujours en trame, un petit quelque chose en plus, un fond qui pointe ci ou là, des réflexions, des points de vue, des caricatures aussi, des facilités, des vannes malhabiles, des blagues qui font mouche, tout cela distillé avec parcimonie. C'est inégal, certes, on peut faire plus travaillé, plus habile, plus pensé, mais la pratique est fraîche, c'est un premier pas dans ce sens et je loue le côté précurseur de cette BD.
Pas déçu. Pas non plus conquis à l'extrême. Mais une réelle envie de défendre ce livre pas évident, touchant à l'actualité. On a besoin de clowns sur tous les sujets. Besoin de désacraliser l'horreur. "
Le voile noir" opère ce processus. Il y a là-dedans une conviction qui me plaît.