Sachez-le justement, ce jour où l’on quitte la demeure pour se faire moine transcende l’identique et le différent. C’est ce jour-là qu’on atteste la pratique telle qu’elle est effectuée depuis des kalpa. C’est ce jour-là que l’on tourne la merveilleuse roue de la Loi au milieu de l’océan des éons incommensurables. Le jour où l’on quitte la demeure pour se faire moine n’est comparable ni à la durée d’un repas, ni à une soixantaine de petites divisions d’un kalpa. Il transcende le passé, le présent et le futur, et se dépouille de tout ce qu’on peut imaginer. Ce jour-là, où l’on quitte la demeure pour se faire moine, se transcende lui-même. Et bien que ce soit ainsi, si l’on arrive à briser les entraves, le jour où l’on quitte la demeure pour se faire moine n’est autre que le jour où l’on quitte la demeure pour se faire moine, et le jour où l’on réalise la Voie n’est autre que le jour où l’on réalise la Voie.
Pour peindre le printemps, il ne faut pas peindre les saules, les pruniers rouges, les pêchers, les pruniers verts. Peignez juste le printemps. Peindre les saules, les pruniers rouges, les pêchers et les pruniers verts, ce n'est que peindre les saules, les pruniers rouges, les pêchers et les pruniers verts, ce n'est pas encore peindre le printemps. Le printemps n'est pas à ne pas peindre et pourtant hormis mon ancien maître, ancien éveillé, entre le ciel de l'Ouest et la terre de l'Est, nul n'a su peindre le printemps. Seul mon ancien maître, ancien éveillé, est la pointe du pinceau capable de peindre le printemps.
La multitude des éveillés du passé, du présent et du futur ont tous réalisé la Voie