Pour Richard Klein, paléoanthropologue réputé de l’université de Chicago, le langage humain serait apparu en Afrique il y a environ 50 000 ans à la suite d’une mutation du gène FoxP2. Le langage serait donc le produit d’une mutation génétique parfaitement datable. Cette réponse est toutefois très loin de réunir l’assentiment des spécialistes de la question.
La question des origines du langage comporte quelques pièges et cache de lourds présupposés.
Premier piège : s’interroge-t-on sur l’origine de la faculté de langage comme maniement de signes (ce qui inclut les diverses langues des signes) ou spécifiquement de la parole ? Ce sont deux questions différentes : le langage des signes montre que l’on peut échanger des signes sans parole.
Deuxième piège : à quoi reconnaît-on un langage ? Toute expression symbolique, par exemple la représentation des mains décalquées dans d’innombrables grottes préhistoriques, est-elle partie prenante d’un langage ? Sans doute, pour les sémioticiens qui étudient les stratégies humaines visant à attacher du sens à un support matériel.
Troisième piège : la formulation présuppose que le langage humain est apparu en un seul lieu à une seule époque (c’est la thèse de la « monogenèse »), alors qu’il est possible qu’il soit apparu à différentes occasions et qu’une seule variante de langage articulé se soit maintenue à la suite d’une compétition ou de l’extinction d’un peuple doté de cette faculté.
Carte blanche à Sciences humaines
Avec Héloïse Lhérété, Jean-François Dortier
Il y a 600 millions d'années, l'un de nos très lointains ancêtres ressemblait à une salamandre sortie des eaux. Mais la sortie des eaux ne fut que relative. Les humains, comme les autres espèces terrestres, sont restées entièrement tributaires du milieu aquatique, ne serait-ce que parce que leur corps est constitué de 65% d'eau. Incapables de stocker l'eau dans leur organisme, ils doivent en permanence rechercher des apports hydriques pour rester en vie. Des chasseurs-cueilleurs à aujourd'hui, la dépendance à l'eau a ainsi structuré toute leur histoire, et reste aujourd'hui un enjeu économique, écologique, géopolitique majeur.
Dans cette conférence, il sera question des oasis paradisiaques et de la déesse Thalassa, d'empires hydrauliques, d'imaginaire marin, de sécheresse, de déluges, d'eaux minérales et de guerres de l'eau.
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