Je

« Je » est un imagier centré sur les besoins fondamentaux du jeune enfant. Olivier Douzou utilise des pictogrammes expressifs et colorés pour illustrer ces derniers. L'auteur emploie une palette de six couleurs (orange, jaune, vert, blanc, bleu et marron) très contrastée.

Le titre de l'album renvoie au pronom personnel. Il fait référence au sentiment d'individualité et au processus de construction identitaire. Vers deux ans, l'enfant prend conscience qu'il est un individu à part entière et le «je » apparaît dans son langage. le lecteur peut également percevoir la référence au « jeu » qui est un besoin vital de l'enfant. Une exposition de l'auteur avait d'ailleurs pour titre « Jeu de construction, construction du Je »

Je trouve ce livre formidable et très malin. Tout y est réfléchi, se rapporte au développement de l'enfant : les symboles, la colorisation, le titre.
Le petit format de l'album cartonné est agréable à prendre en main. La couverture interpelle et le titre est mis en évidence. La construction de l'album est pertinente et astucieuse. Cependant, n'est-elle pas trop abstraite pour des tout-petits ? je n'ai pas encore eu l'occasion de lire « Je » à des enfants et je serais curieuse de voir leurs réactions.
J'ai pris plaisir à constater que les besoins et les envies de l'enfant évoluent au fil des pages. Il gagne en autonomie et souhaite s'habiller et marcher seul, il ne veut plus de sucette mais être grand et parler .

« Je » est un bel album intelligent, subtil et d'une grande originalité qui change de l'imagier classique.

"Je" est l'album hautement autocentré d'un tout-petit à lire aux tout-petits par les grands, c'est facétieux, ludique et ironique, bien évidemment.
Ne pouvant rien faire par lui-même, ce petit bout de chou trouvera la solution pour pallier à ses faiblesses: crier, pleurer pour obtenir ce qu'il désire.
L'auteur-illustrateur (et on pourra le dire ici, graphiste) Olivier Douzou en fera un livre mini, avec de GRANDES exigences de bébés et de douces ou bizarres interactions sur une suite de pages tournées .
Je deviendra Jeux.

Cela passera graphiquement par les formes géométriques pour illustrer le nez, la bouche, les yeux ou leurs actions et par des couleurs aux grands contrastes (du bleu, du orange qui tranchent couleurs froides sur chaudes comme sur du gris ou du blanc, par exemple).

Cela devient un jeu de reconnaissances pour l'enfant (et même l'adulte) pour identifier ce que nomme le texte à l'image, c'est intéressant de voir l'association d'idées pour l'enfant entre le dessin choisi par l'auteur et la mention.
Il va y avoir de l'échange entre l'adulte, l'enfant et le livre.
Il sera amusant de retrouver les besoins essentiels du bébé et ses moments de découvertes. Nous ne serons pas si éloignés d'un jeu de pictogrammes offert par l'auteur pour les grands qui apprécieront le travail de symbolisation d'une idée ou d'une action.
C'est à découvrir.

Voici un imagier dans le plus pur style d'Olivier Douzou ! Chaque page met en image un objet ou un élément du quotidien du jeune enfant. Jusque là rien de sensationnel. Mais ce qui surprend, interroge, capte l'attention, c'est la manière dont l'auteur le décrit textuellement et l'imagine graphiquement. Olivier Douzou utilise uniquement des formes unies sur fond uni. Il n'y a pas de dessin à proprement parlé. "j'ai chaud" aura les mêmes formes que "j'ai froid" mais le fond sera bleu ou rouge pour une visualisation immédiate par le jeune enfant.
Les phrases sont très courtes : sujet / verbe / complément avec l'utilisation du "je" ou du "ça" pour désigner l'élément.
C'est une expérience de lecture à faire avec un jeune enfant tant l'album peut nous paraître conceptuel en tant qu'adulte mais qu'il s'accorde parfaitement avec l'abstraction dont sont capables les plus jeunes.