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Hubert Darbon (Traducteur)
EAN : 9791033610755
240 pages
Artège (14/04/2021)
3.83/5   9 notes
Résumé :
Après son brillant essai sur le « pari bénédictin », Rod Dreher développe une réflexion aussi puissante que féconde autour du soft totalitarisme occidental. Pas d'interdiction officielle d'opinion, pas de déploiement d'un État policier, mais l'émergence insidieuse d'une tyrannie douce qui, sous l'égide d'un credo progressiste, annihile tout esprit critique et paralyse jusqu'au plus indépendant des libres penseurs.

Qu'est-ce que le soft totalitarisme ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Rod Dreher est un journaliste américain auteur d'essais remarqués, et destinés au grand public de son pays. "Résister au mensonge, vivre en chrétiens dissidents" (Artège, 2021), expose une thèse : nos sociétés libérales et occidentales sont dans une situation de pré-totalitarisme, soumises qu'elles sont au Wokisme et à toutes les variantes de l'idéologie progressiste de gauche, prétextes à la destruction progressive des libertés fondamentales. Il s'appuie sur ses propres observations de la situation aux USA, mais aussi, et surtout, sur les remarques et jugements que portent sur notre époque des rescapés de l'ancien totalitarisme, le communiste. Dreher les questionne sur la manière dont ils ont survécu aux persécutions anti-chrétiennes que les communistes leur ont fait subir, et tire de ces témoignages une sorte de manuel de survie destiné aux croyants à venir, qui seront en butte aux assauts des agents de la pensée unique, de l'état global et des fausses églises. Il a soin de distinguer entre le totalitarisme à l'ancienne, tout en cruelle brutalité physique (la plupart de ses témoignages viennent de Slovaquie, Tchéquie et Roumanie), et le nouveau qui vient, qu'il qualifie de "soft" ou de "rose", mais que lui et ses témoins n'estiment pas moins mortel pour la pensée et la liberté.

Alain Besançon, comme Alexandre Soljenitsyne, se demandaient pourquoi la mémoire des atrocités communistes tenait moins de place dans la culture et l'historiographie, que celle du nazisme. Alain Besançon allait jusqu'à parler d'hypermnésie du nazisme, et d'amnésie du communisme. Soljenitsyne faisait observer que les héritiers et les complices du communisme étaient toujours aux commandes de la culture et des médias occidentaux, de l'UE et autres. Il suffit d'ailleurs de constater que les méthodes des Woke, des néo-féministes, des indigénistes, antifas, juges européens, journalistes, etc, sont directement inspirées de leurs ancêtres révolutionnaires. On comprend en lisant Dreher que la mémoire du siècle communiste, si elle était aussi diffusée de celle du nazisme, risquerait de mettre à mal l'emprise des gauchismes sur les esprits, les médias, la pensée, les autorités, la culture, et les citoyens. Pareille mémoire, telle que Dreher la traduit, donne le goût de la liberté et accroît la méfiance, états d'esprit à éviter dans des régimes illibéraux gouvernés par les héritiers du totalitarisme.

Doit-on adopter les sombres pronostics de l'auteur ? J'avoue que je n'en sais rien, d'autant que, Américain écrivant pour les Américains, Rod Dreher ignore totalement le phénomène de l'islamisation de l'Europe, encouragée par la gauche, les églises officielles, l''UE et les politiciens des états membres. L'islam dominant change la donne en ce qui nous concerne, et le visage que prennent déjà les persécutions anti-chrétiennes chez nous risque d'être fort différent de ce qu'envisage l'auteur pour son pays. Malgré ces réserves, ce livre est une excellente introduction à ceux de Soljenitsyne, de Stéphane Courtois, et d'Alain Besançon, en ce qui concerne, du moins, la gauche européenne au cours du siècle passé et de nos jours.
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Le titre de ce livre m'a interpelé ; il est de plus en plus difficile d'assumer son catholicisme en public : au mieux on vous considère avec une commisération apitoyée ; au pire on vous met en demeure de vous expliquer sur les positions de l'Eglise en matière de reconnaissance du mariage homosexuel et d'appréciation du transsexualisme. Cela m'est arrivé comme à d'autres.
L'auteur place cette hostilité au christianisme dans le contexte de l'évolution des mentalités sous l'influence du wokisme. Quand à la critique de ce dernier mouvement je suis globalement d'accord et je l'ai dit ailleurs.
Cependant je ne suivrai pas l'auteur dans son analyse des origines doctrinales de ce courant de pensée, qu'il identifie à ce qu'il appelle progressisme, et qui fonde pour lui un continuum allant des Lumières au marxisme-léninisme, en passant notamment par la Révolution Française.
A ce sujet, il se trompe ; le wokisme est tout sauf un progressisme ; et les idéologies qu'il englobe sous ce vocable, à défaut d'une religion révélée, se référent toutes à des valeurs transcendantes dans lesquelles l'individu trouve sa finalité , substitut à la religion ; l'ennui, c'est que, comme le montre Emmanuel Todd dans La défaite de l'Occident, son dernier ouvrage, ces valeurs se substitution sont portées par ce qu'il reste de religion dans la mentalité des hommes ; mais vient le jour où ce substrat religieux finit par disparaître, et avec lui les valeurs religieuses de substitution. Et alors il ne reste rien ; la société sombre dans le nihilisme ; elle n'est plus qu'une juxtaposition d'individus isolés et égocentrés, qui sont un peu, si l'on veut les Derniers Hommes de Nietzsche. C'est alors qu'apparait le wokisme, exaltation hypertrophiée des droits de l'individu, conçus comme illimités et illlimitables. Et il est la négation de tout ce qui l'a précédé.
L'auteur a naturellement raison dans ses critiques du marxisme-éninisme soviétique,qui occupent une bonne part du livre, même si ses analyses sont un peu rapides ; mais elles n'ont guère de rapport avec la question ; et il n'est pas pertinent de vouloir calquer l'opposition au wokisme sur les les pratiques de la dissidence en Union Soviétique ; cela serait même contre-productif, puisqu'il en résulterait un enfermement, un repli sur soi.
Non, e marxisme-léninisme est mort et enterré ; il ne renaîtra pas, et il n'y a plus lieu de la combattre ; et le wokisme n'en dérive pas.
Ces filiations abusives, qui conduisent de 1789 à 1917 et au-delà, c'est d'ailleurs une vieille histoire qui a trainé tout au long des XIXème siècle et XXème, souvent dans des milieux monarchistes ou fascisants.
On peut signaler aussi que, dans les pays d'Europe Occcidentale où il existait un parti communisme important, comme la France ou l'Italie, ce dernier jouait un rôle intégrateur important pour les individus et contribuait à l'équilibre de la société, au même titre que l'Eglise, et malgré leur opposition. Cum grano salis, j'appellerai bien cet équilibre le système Don Camillo-Peppone. Et on notera qu'en France, le PCF et l'Eglise catholique se sont effondrés à peu près au même moment.
Je ferai à l'ouvrage un autre reproche mineur celui-là : une analyse largement erronée du régime tsariste, allant presque jusqu'à justifier par ses excès la révolution d'octobre, thèse paradoxalement empruntée aux communistes, qui aurait profondément choqué Soljenitsyne, auquel l'auteur se réfère pourtant comme autorité et exemple.
J'ai encore relevé une erreur assez grave, que l'auteur reprend alors qu'on la pensait enterrée ; dans les années soixante, certains avaient émis l'hypothèse que les accusés des procès de Moscou avaient reconnu des crimes imaginaires par fidélité au Parti qui ne devait pas être désavoué ; lorsque les accusés qui ont survécu ont pu parler, ils ont démenti cette belle théorie ; s'ils s'étaient accusés, c'était tout simplement apr peur de la torture qui les attendaient en cas de rétractation.
Bref un livre bien intentionné mais maladroit.
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ROD DREHER, Résister au mensonge, Ed ARTEGE 2021

SYNOPSIS : La première partie de cet essai s'attache à définir le totalitarisme, sous ses différents aspects. de nombreux témoignages de survivants et résistants au communisme, apportent de la profondeur au texte. La seconde partie nous donne des clés pour ne pas se laisser engloutir, endormir par le soft totalitarisme occidentale. Chaque partie se termine par une réflexion intitulée « Voir, Juger, Agir » : comment peuvent vivre les chrétiens dissidents.

CE LIVRE DOIT ETRE LU, RELU, OFFERT ! Rod Dreher (américain) est journaliste, et a déjà publié un brillant essai sur le « pari bénédictin ». Ce livre n'est donc pas un coup d'essai. Il est efficace, édifiant et profond. Il nous place devant nos responsabilités en tant que chrétien, et nous dévoile l'illusion du paradis artificiel infantilisant que promeut notre monde actuel. REVEILLONS-NOUS !
5/5
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Une minorité déterminée peut régner sur une majorité indifférente et désengagée, autrement dit, la minorité dirigeante, même si elle n'est pas le reflet de la pensée majoritaire, a le pouvoir et la capacité de s'infiltrer dans tous les organes institutionnels (école, justice, médias, organismes divers, églises) au point d'imposer un discours, qui bien que déconnecté du réel ou donnant une fausse impression du réel, devient une norme autour de laquelle viennent s'articuler une méthode de penser et une façon d'être.

Nul n'est prophète dans son pays, et qui ne veut pas voir ni entendre criera haro sur ce genre de propos. Point n'est besoin de se focaliser uniquement sur les médias, il suffit de regarder et d'écouter autour de soi, au sein des écoles, du milieu professionnel, dans la rue, et même dans nos églises. Force est de constater que face aux grands mouvements idéologiques qui nous traversent en ce moment (le covidisme, le wokisme, l'islamisme, les pseudos idéologies humanistes, le progressisme, le transhumanisme, et j'en passe), les voix qui s'élèvent sont loin d'avoir pignon sur rue, voire sont inaudibles. Les notions de déontologie, de philosophie, d'éthique, de rhétorique, de libertés publiques, de pensées universelles, de bien commun, de méritocratie, sont vite évacuées au profit d'anathèmes ad hominem ou de crispations minoritaires ou individuelles, ce qui devrait nous alerter d'une part sur la pauvreté intellectuelle qui porte la plupart de nos débats et notre incapacité d'autre part à pouvoir y prendre part de façon engagée et consciente. L'individuel a pris le pas sur l'universel, créant une porte ouverte, pour ne pas dire béante, pour laisser s'engouffrer toute idéologie nouvelle, bien-pensante ou progressiste sans aucun esprit de résistance ou de discernement.
Lien : http://alarecherchedutempspr..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Le soft totalitarisme exploite la préférence décadente de l’homme moderne pour les plaisirs personnels plutôt que pour de grands principes, dont les libertés politiques. Le peuple n’offrira aucune résistance au soft totalitarisme à venir (quand il ne le soutiendra pas carrément), non pas parce qu’il craindrait qu’on lui fasse subir des châtiments cruels, mais parce qu’il sera plus ou moins satisfait de son confort hédoniste.Ce n’est pas dans 1984 que l’on peut avoir un véritable aperçu de ce qui va arriver, mais dans Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley. Le critique américain James Poulos parle d’« État policier rose » [Pink Police State] : un arrangement tacite par lequel le peuple accepte d’abandonner ses droits politiques en échange de la garantie que son plaisir personnel sera satisfait.
....Dans la dystopie d’Orwell, l’État a installé des « télécrans » chez les citoyens pour ne rien perdre de leur vie quotidienne. Aujourd’hui, nous installons des enceintes connectées chez nous pour maximiser notre sentiment de bien-être.
Commentaire de Blok:
Il est intéressant de noter que Michel Onfray , ouvertement athée, dit presque la même chose dans Le fétiche et la marchandise, ouvrage inspiré notamment par Le meilleur des Mondes
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Sous le totalitarisme dur, les dissidents comme Wittner ont payé le prix fort pour leur liberté, mais les termes du marché étaient sans équivoque. Sous le "soft" totalitarisme, il est bien plus difficile de percevoir ce que coûte la compromission. Pourtant, comme le dit Maria Wittner, on n'échappera pas à la nécessité de faire des choix. S'il nous faut vivre dans un monde de mensonges, au moins pouvons-nous choisir de ne pas laisser ce monde vivre en nous.

p. 120
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Idéologiser la vie quotidienne dans son entièreté était une caractéristique du totalitarisme soviétique. Au début de l’ère stalinienne, un commissaire du peuple, Nikolaï Vassilievitch Krylenko, s’en prit aux joueurs d’échecs qui voulaient maintenir leur discipline hors de toute politique.
« Nous devons en finir une fois pour toutes avec la neutralité des échecs, déclara-t-il. Nous devons condamner une fois pour toutes la formule « les échecs pour les échecs », comme la formule « l’art pour l’art ». Nous devons mettre sur pied des brigades de choc composées de joueurs d’échecs, et nous lancer immédiatement dans un plan quinqennal pour les échecs. »
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Dans le marxisme classique, la bourgeoisie est l’oppresseur et le prolétariat l’opprimé. Dans le culte de la justice sociale, les oppresseurs sont généralement les mâles blancs hétérosexuels et chrétiens. Les opprimés sont les minorités ethniques, les femmes, les minorités sexuelles et les minorités religieuses. Curieusement, les pauvres sont relativement bas dans la hiérarchie des opprimés. Par exemple, un Gilet jaune qui vit précairement en dehors d’une grande ville est un oppresseur ; une lesbienne noire enseignant dans une grande école est une opprimée. La justice ne consiste pas à donner ce qui lui est dû à chaque individu pour lui-même, mais en tant qu’il est porteur d’une identité de groupe.
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Par essence, la modernité nie l’existence d’histoires, de structures, d’habitudes ou de croyances transcendantes auxquelles les individus doivent se soumettre et qui déterminent leur conduite. Être moderne, c’est être libre de choisir. Le résultat du choix n’a aucune importance : seul compte le choix lui-même. Il n’y a pas d’ordre sacré, pas d’au-delà, pas de vertus fixées ni de vérités permanentes. Il n’y a que le hic et nunc et la flamme éternelle du désir humain. Volo ergo sum : je veux, donc je suis.
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