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EAN : 9782867145056
168 pages
Pardès (07/01/2017)
4.4/5   5 notes
Résumé :
Au retour de la Grande Guerre, le sous-officier d infanterie Pierre Drieu la Rochelle s interroge sur la victoire des Alliés, dans laquelle il ne voit qu un trompe-l oeil. Jeune auteur de 27 ans, issu d une famille nationaliste et conservatrice d origine normande, il s émeut des faiblesses de la France, posant ainsi les limites du nationalisme intégral, cher aux partisans de Charles Maurras. Démontrant l incapacité française à se régénérer humainement, il s interrog... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Dans Mesure de la France, au lendemain de la Première Guerre mondiale dans laquelle il a combattu, Drieu La Rochelle dissèque implacablement son pays, avec toujours en lui l'amour de la patrie chevillé au corps : « Cette terre qui a eu mon sang aura mes os » ; clame-t-il. Et s'il craint pour l'avenir de la France, il se rassérène : « Nous n'avons pas dit notre dernier mot. Plus d'un peuple périra avant nous. » ; même si, du fait d'une faible natalité, d'un individualisme consumériste – déjà à l'époque ! –, l'auteur fait un constat désenchanté : « Nous avons perdu le sens de notre grandeur et de certaines valeurs humaines. Il faut donc que nous apprenions la honte pour retrouver la noblesse. »

Et de s'abandonner à la nostalgie d'autrefois : « Autrefois, par son génie national on [les Français] a enfanté un monde qui enfermait tout l'humain. » Mais faute, d'une démographie satisfaisante avant la guerre : « Nous nous perdons dans la foule des vainqueurs de l'Allemagne et la victoire saisie par vingt bras échappe facilement à une emprise aussi maladroite. » Nouvelle angoisse du déclassement de la « patrie charnelle. » Toujours l'ombre de la guerre qui plane et a tranché entre un monde d'avant et un monde d'après.

Drieu dessine de manière prophétique le monde de demain : l'Europe prise entre deux blocs, le russe et l'américain ; il entrevoit aussi la mondialisation et sa vacuité : « Demain il n'y aura plus de nations, plus rien qu'une immense chose inconsciente, uniforme et obscure, la civilisation mondiale, de modèle européen. Qu'on tâche de se représenter cette grande firme absurde à laquelle les intérêts vitaux de l'humanité seront présentement abandonnés. » Ceci a été rendu possible, entre autres, par l'abandon, par l'Occident, du spirituel au profit du matériel, selon l'auteur.
Cependant, le constat fait, une solution est avancée : « Il faudra engager une lutte patiente, séculaire, discrète contre la folie matérialiste qui entraîne les classes dites productrices, brutales et orgueilleuses, à se ruiner les unes les autres, que ce soit par les grèves ou par les guerres, par les trusts ou par les spéculations. »

Dans ses Écrits de 1939-1940 – en fait des articles –, Drieu nous offre, entre autres choses, une magistrale démonstration sur le jacobinisme de la Terreur et les régimes totalitaires de l'époque à laquelle il écrit : « Oui, le lien profond entre les régimes allemand, russe, italien d'aujourd'hui c'est qu'ils découlent en droite ligne du précédent français de 1793. […] Ce parti unique [les Jacobins] obéit lui-même aveuglément à quelques chefs qu'il n'a de cesse de transformer en dictateurs. » Ces écrits se terminent sur des considérations depuis les toits de Paris, dans l'attente de la déferlante allemande. Nous sommes en mai 1940…


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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Il n'y a plus de "peuple". Il n'y a plus cette réserve vierge, vénérable de l'élite, qu'en France on n'a pas invoquée en vain jusqu'à 1848, jusqu'à 1871, cet élément primitif, jeune, resté en arrière et à l'abri de la corruption moderne, cet élément profondément conservateur sur lequel on pourrait s'appuyer pour réagir contre les mœurs stérilement novatrices de cette bourgeoisie qui s'est lancée à corps perdu dans la spéculation et la fabrication en séries. L'ouvrier est pourri par la monnaie de son salaire comme le bourgeois par son bénéfice.
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La doctrine nationale prend deux aspects, résolument contradictoires, mais non moins résolument liés dans l'esprit des premiers adeptes comme dans l'esprit de toute la nation qui s'y soumet : cette doctrine reste profondément nationale et soumise aux intérêts de la nation, en même temps qu'elle se propose au dehors comme internationale et susceptible d'une adhésion universelle. En un mot, la doctrine d'Etat est un ferment d'impérialisme.
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Les idées ont, elles aussi, perdu de la robustesse charnelle que leur prêtait la générosité de nos grands-pères. La Liberté n'est plus pour nous cette belle fille honnête et sûre à qui des générations avaient engagé leur foi. Trop de gouvernements l'ont mise dans leurs lits. Elle n'est plus qu'un fantôme incroyable ou un leurre irritant.
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Il n'y a plus de socialistes, parce qu'il n'y a jamais eu de chefs socialistes que des bourgeois et que tous les bourgeois depuis la guerre sont en quelque manière socialistes, tandis que les chefs socialistes ne peuvent plus dissimuler leur bourgeoisie.
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Il n'y a que des modernes, des gens dans les affaires, des gens à bénéfices ou à salaires ; qui ne pensent qu'à cela et qui ne discutent que de cela. Ils sont tous sans passions, ils sont la proie de vices correspondants.
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Videos de Pierre Drieu La Rochelle (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Drieu La Rochelle
C'est une histoire française. Elle se passe à Paris pendant l'Occupation, puis dans le maquis du Vercors où les résistants se battent dans la neige, jusqu'au dernier. C'est une histoire qui oppose deux France. Celle des Cossé-Brissac, le côté maternel de l'auteure, dont la grand-mère May, aussi libre de son corps en privé qu'attentive aux conventions en public, reçoit le Tout-Paris de l'Occupation, de Paul Morand à Pierre Drieu La Rochelle, de Josée Laval à Coco Chanel. Une jeune fille grandit là, promise à un mariage de l'entre-soi, bientôt elle sera rebelle. Elle se nomme Marie-Pierre de Cossé-Brissac. L'autre France, c'est celle de la résistance par les idées et par les armes. Un grand médecin juif parisien envoie son fils en province. L'intellectuel rompu aux joutes de l'esprit rejoint le maquis. Il se nomme Simon Nora, rebaptisé « Kim » dans son réseau. À la fin de la guerre, le survivant du Vercors rencontre l'aristocrate en rupture avec sa famille. Les héritiers des deux France s'aiment comme s'ils n'en formaient qu'une. Mais auront-ils le droit à la liberté ?
Ce roman haletant est une fresque guerrière, un amour impossible, une brève libération.
Extrait disponible sur notre site https://www.editions-stock.fr/livres/la-bleue/une-breve-liberation-9782234094024
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