« Un procès cruel »
le Roi de Fer est le premier tome de la saga historique des Rois Maudits de l'écrivain
Maurice Druon, paru en 1955. Il sera suivi de la Reine étranglée. Ce dernier comporte beaucoup de références historiques et suit un schéma bien précis.
le livre, le Roi de Fer, se compose de trois parties et commence avec le procès de l'ordre des Templiers, en particulier celui de Jacques de Molay. Les personnages principaux sont ce dernier, Guillaume de Nogaret, garde des Sceaux, le roi de France Philippe IV le Bel, ses trois fils, Louis de Navarre, Philippe, comte de Poitiers et
Charles de France et sa fille Isabelle, mariée à Edouard II d'Angleterre, le frère du roi, Charles de Valois, le neveu du banquier Tolomei, Guccio Baglione, les trois brus du roi à savoir Marguerite, Jeanne et Blanche de Bourgogne, leurs deux amants les frères Philippe et Gautier d'Auney, le chevalier Robert d'Artois et sa tante, Mahaut d'Artois, comtesse de Bourgogne à qui il dispute le territoire. L'action se déroule entre mars et novembre 1314, donc au début du XIVme siècle. Notez que le roman s'arrête après la mort du roi.
La première partie se concentre donc, sur le procès de Jacques de Molay, le maître des Templiers. Dans celle ci, l'auteur nous donne des détails sur le procès et sur la malédiction jetée sur les rois. Philippe le Bel y est décrit comme un roi sanguinaire, froid, dur, mystérieux, insensible et cruel, toujours entouré de ses fidèles conseillers, le garde des Sceaux et Enguerrand de Marigny, coadjuteur du royaume. Dès le début, nous sentons une atmosphère pesante entre les brus du roi et les autres protagonistes. Même si ce n'est pas un polar, nous sentons une ambiance hitchcockienne tout au long du roman. Nous pensons à Rebecca (1940) d'
Hitchcock car la malédiction est présente dans les deux autres parties, bien qu'elle soit prononcée à la fin de la première. Ce qui m'a plu dans cette première, c'est le fait qu'on devine qu'il y ait un complot contre Philippe le Bel, mené par sa fille, reine d'Angleterre et le neveu de Mahaut d'Artois, Robert. Ils sont donc complices. Nous pensons aussi au conte La Belle Au Bois Dormant de Grimm car le roi est appelé « roi Philippe », et aussi à la légende de Robin des Bois car cela se déroule à peu près à la même époque, sauf que cela se passe vers le XIIIme siècle en Angleterre.
Si la première partie fait penser à Rebecca d'
Hitchcock, la seconde nous entraîne dans un univers à La Main Au Collet (1955) du même réalisateur car nous découvrons que la Cour va apprendre que les trois brus du roi trompent leurs maris et que les amants seront jugés et les maîtresses recevront un terrible châtiment, celui d'être tondue... Dans cette dernière, le neveu du banquier Tolomei, Guccio Baglione en est la figure principale avec à la fin Robert et sa tante, Mahaut d'Artois, comtesse de Bourgogne.
La troisième partie nous fait revenir sur nos pas et nous découvrons un Philippe le Bel inquiet lui qui a toujours été insensible, cruel et froid. Il se demande si la prophétie du grand-maître, Jacques de Molay, ne va pas finalement se réaliser. En effet, il avait jeté une malédiction sur lui et toute sa lignée, qu' « il soit maudit jusqu'à la treizième génération de sa race », avec celles de Guillaume de Nogaret et du pape Clément V. Au travers des pages, les lecteurs vivent le procès et voient ainsi la justice que rendait le roi Philippe.
En conclusion, un livre qui nous apprend beaucoup de choses intéressantes et se lisant, finalement, comme un polar, à condition de bien suivre. D'ailleurs, le titre de la série «
Les Rois Maudits » fait un peu penser à un titre de thriller. C'est sans doute le livre ayant inspiré la célèbre série le Trône de Fer (Game Of Throne) et qui s'inscrit aussi dans le genre d'Ellis Peters, autrice de polars se passant au Moyen-Âge,
Jean d'Aillon, auteur de polars se déroulant au XVIIme siècle, sous
Louis XIII, ou encore le roman ayant été adapté au cinéma dernièrement par
Ridley Scott, le Dernier Duel. Et aussi, n'oublions pas qu'à travers ce premier volume,
Maurice Druon a remis au goût du jour quelques mots oubliés tels « puîné ». Si ce tome s'intéresse à Philippe IV le Bel, le second verra le jour avec le fils de celui ci, Louis X le Hutin, décrit comme un successeur naïf et plus soucieux que son père et sa femme, Marguerite de Bourgogne.