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sur 839 notes
Écrite dans les années 50 par Maurice Druon, la saga historique « Les Rois maudits » connaît encore aujourd'hui un succès retentissant, et on comprend sans mal pourquoi. En sept volumes, l'auteur retrace tout un pan de l'histoire de France, celle de la chute de la dynastie des Capétiens qui exerçaient le pouvoir dans le royaume depuis le Xe siècle et le règne d'Hugues Capet. Une disparition imputée par beaucoup à la malédiction lancée par le grand maître de l'ordre des templiers, Jacques de Molay, brûlé vif en 1314 après le démantèlement de son ordre. Pendant près de trois siècles les rois de France s'étaient jusque là succédés de père en fils sur le trône pour une durée généralement assez longue. A partir de la mort de Philippe le Bel, responsable de la disparition des Templiers, les rois se succèderont à une vitesse alarmante tandis que se posera à trois reprises le problème de l'absence d'un héritier mâle à la mort du père. Accéderont ainsi à la royauté, pour un temps généralement assez bref, trois rois en l'espace de seulement huit ans : Louis X le Hutin, Philippe V le Long et Charles IV le Bel, les trois fils de Philippe IV avec lesquels s'éteint la dynastie des capétiens directs. La couronne échoie alors à une autre branche, celle des Valois, dont l'accession au trône ne sera pas sans poser d'autres difficultés.

Difficile, une fois cette impressionnante saga refermée, de lister par le détail toutes les qualités du travail effectuée par Maurice Druon tant celles-ci sont nombreuses. On peut évidemment tout d'abord saluer l'exceptionnel travail de documentation de l'auteur qui nous livre ici une masse d'informations absolument stupéfiante, non seulement sur la dynastie des rois de France, mais aussi et surtout sur ce que pouvait être la vie au XIVe siècle. Au moyen de petites anecdotes croustillantes ou de notes de bas de pages très élaborées, Maurice Druon brosse un portrait incroyablement réaliste de l'Europe du Moyen Age. Mode vestimentaire, moeurs, croyances, pratiques médicales..., tout est traité avec un égal souci de véracité qui ne peut que susciter l'admiration du lecteur. Car au-delà des problèmes de succession qui secouèrent la France au début du XIVe, l'auteur n'hésite également pas à nous dévoiler ce qu'il se passe hors des frontières du royaume. le lecteur aura par exemple l'occasion de découvrir les dessous de l'élection de plusieurs papes (qui se déroulait alors à Avignon, et non à Rome) ainsi que d'en apprendre davantage sur les bouleversements qui secouèrent à la même époque la cour d'Angleterre (la querelle entre le roi Édouard II et son épouse française, la révolte des barons anglais menée par le charismatique Mortimer...).

Mais là-où réside à mon sens une grande partie de l'intérêt de cette saga c'est avant tout dans l'habilité de l'auteur à mélanger la petite et la grande histoire. Outre le sujet de la succession au trône de France, Maurice Druon se focalise ainsi sur deux autres événements dont on se rend compte qu'ils ont, chacun à leur manière, de lourdes répercussions pour le royaume. le premier est la lutte acharnée pour la possession du comté d'Artois opposant la redoutable Mahaut et son tumultueux neveu Robert, la seconde, l'histoire d'amour entre un jeune et séduisant banquier lombard et une fille de petite noblesse. Trois histoires qui s'entremêle et qui fournissent l'occasion à l'auteur de nous livrer une analyse très lucide et très pertinente sur les rouages du pouvoir et les caprices du destin et du hasard. Les romans de Maurice Druon permettent également au lecteur de se faire une idée très précise du genre de roi qu'étaient chacun de ceux qui se sont succédés à cette époque. On ressent ainsi sans mal toute l'admiration qu'il porte à des rois sages et réformateurs tels que Philippe le Bel ou Philippe V, de même que l'on remarque aisément le regard dédaigneux avec lequel il regarde Louis X, Philippe VI ou encore Jean II, incompréhensiblement surnommé « Le Bon ». le tout est porté par une plume elle aussi remarquable. On passe rapidement outre le registre très soutenu employé par l'auteur et la profusion de termes techniques propres au Moyen Age pour se laisser porter par le récit passionnant qui nous est livré.

Un mot, pour terminer cette longue critique, sur la place occupée dans la saga par les personnages féminins. Contrairement à ce que les clichés qui perdurent sur le Moyen Age laissent à penser, Maurice Druon accorde une place de premier plan aux femmes, qu'elles soient de basse ou de haute extraction. Si certaines, à l'image de Marie de Cresay, se voient accorder un rôle bien supérieur à leurs attentes et ne se révèlent être finalement que les jouets du destin, d'autres, en revanche, parviennent à influer sur les événements de façon beaucoup plus contrôlée, et parfois beaucoup plus funeste. On peut notamment citée la belle Béatrice d'Hirson, âme damnée de Mahaut possédant de nombreuses accointances avec la sorcellerie et qui se révélera une manipulatrice hors-paire, mais aussi les nombreuses reines qui eurent, de façon plus ou moins marquée, une certaine influence sur leur royal époux, bénéfique (Clémence de Hongrie sur Louis X) ou non (Jeanne la Boiteuse sur Philippe de Valois). Parmi toutes les femmes évoquées dans la saga, trois marquent à mon sens durablement le lecteur : la redoutable Mahaut d'Artois, l'une des rares femmes exerçant un réel pouvoir et qui ne reculera devant rien pour continuer à l'exercer ; la non moins déterminée Isabelle, surnommée la louve de France, dont on assiste à la ruine puis à l'ascension ; et enfin Marguerite de Bourgogne, la fameuse « reine étranglée », inconsciente adolescente qui découvrira à ses dépends que l'adultère se paye fort cher lorsqu'on est princesse de France.

Avec « Les rois maudits » Maurice Druon nous offre une fresque exceptionnelle retraçant toute une période charnière pour l'histoire de France dont on découvre les coulisses dans les moindres détails. Guère surprenant que la saga ait autant inspirée, que ce soit au cinéma ou dans la littérature (« Le trône de fer » en est à mon sens un parfait exemple). Un véritable chef d'oeuvre qui se dévore avec avidité !
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Si l'histoire de France était toujours contée avec autant de verve, nul doute qu'aucun enfant ne renâclerait à apprendre sa leçon !
Certes Maurice Druon a romancé la chose, mais il s'appuie sur des bases historiques indiscutables, a effectué de nombreuses recherches avec une équipe d'historiens et s'il lui arrive de broder quelque peu, voire inventer, nous n'allons point chicaner, car, et c'est le plus important, à aucun moment il ne dénature les faits. Bien au contraire, il les éclaire, non pas en assénant doctement un cours magistral, mais en faisant exister tous ses personnages dont le comportement obtus, l'aveuglement ou la bêtise ont mené inexorablement la France vers la guerre de cent ans !

Les rois maudits se dévorent comme un excellent roman d'aventures ! mais il est tellement plus que cela. Il nous plonge au coeur du Moyen-Age, en cette trouble période du début du XIVème siècle, qui en moins de 15 ans, de 1314 à 1328 va voir la mort de quatre rois de France, et pire, laisser le trône de France, sans héritier mâle (du jamais vu) et ouvrir la porte à une incroyable querelle de succession, au cours de laquelle le roi d'Angleterre (en tant que petit-fils de Philippe le Bel, par sa mère la reine Isabelle d'Angleterre) va revendiquer la couronne de France pour lui-même.

La mort des trois fils de Philippe le Bel, signe la fin des capétiens directs. Or, s'il n'y avait plus d'enfant mâle, il y avait une petite fille à qui le trône aurait dû revenir, la fille de Louis X ! mais, il n'était pas question de laisser le trône à une femelle, évidemment incapable de tenir les rênes d'un royaume ! On alla donc déterrer une très vieille loi franque, dite loi salique, pour empêcher l'héritière de faire valoir ses droits.

Repoussant dédaigneusement la revendication de l'Anglois, les pairs du royaume vont ouvrir la porte au règne des Valois, issus du frère de Philippe le Bel et offrir à la France un des rois les plus crétins de son histoire. Tellement stupide, ce Philippe VI de Valois, que par ses erreurs stratégiques (batailles perdues de l'Ecluse et De Crécy), il va mettre la France à genoux et à la botte de l'Angleterre dès le début de la guerre de Cent ans !

Maurice Druon a, entre autres qualités, donné chair et vie aux multiples personnages qui émaillent son récit. Tous, du plus au moins important, ont une réelle épaisseur psychologique. On les voit s'activer dans leur environnement familier et ce n'est pas un des moindres mérites de l'auteur, que de parvenir, grâce à une évocation très vivante de la vie quotidienne au Moyen-Age, qu'il s'agisse d'environnement, de nourriture, d'habillement et d'occupations habituelles, qu'il s'agisse aussi de pratiques bancaires, médicales ou de la manière de gouverner, à nous les rendre si proches de nous, si familiers.
Mentions particulières à Robert d'Artois et sa tante Mahaut (Mahaut la gueuse comme la nomme si gentiment son neveu).
Tous deux sont des personnages de première importance dans la saga ! En effet, Mahaut d'Artois a hérité l'Artois de son père, ce que conteste son neveu Robert, au nom de la fameuse loi salique, invoquée pour interdire aux femmes l'accès aux plus hautes fonctions de l'état.
Tous deux vont se livrer une guerre sans merci qui va finalement conduire le fougueux Robert, ce géant botté de rouge, à l'appétit d'ogre, au verbe haut, obnubilé par le désir de possession de "son" Artois à offrir ses services au roi d'Angleterre et le conforter dans son idée d'envahir la France !

Si l'histoire de France était toujours contée avec autant de verve, disais-je au début de cette chronique, il est bien évident que tout un chacun, aurait actuellement une mémoire sans faille de notre passé .....
A lire et relire sans se lasser !
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Maurice Druon est un digne successeur d'Alexandre Dumas. Les intrigues pour le pouvoir à la Cour de France et à celle d'Angleterre font la trame de ces romans. Au fil des tomes, on savoure le plaisir de retrouver des personnages récurrents, en particulier la fripouille de Robert d'Artois, jusqu'à sa chute finale. le corbeau de la tour de Londres est aussi un personnage à part entière. Une belle fresque historique qui se lit très facilement.
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Une fresque extraordinaire sur ces fameux rois fainéants... Il faut du courage pour aller au bout....Je l'ai lu en un seul tome de...je ne sais plus combien de pages (800-900 ?) mais qu'est-ce que cela m'a plu ! C'était dans ma période romans historiques. Je ne lisais que ça. Et je m'y connaissais en Histoire !! Il faut l'aimer pour aller jusqu'au bout et s'immerger totalement dans cette période un peu ténébreuse du 14eme siècle et de l'affaire des templiers avec Jacques de Molay. Un souvenir impérissable !
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Ecrite par Maurice Druon, cette saga historique retrace le déclin des rois capétiens, suite à la malédiction prononcée par le grand maître des Templiers, Jacques de Molay, le 19 mars 1314, alors qu'il s'apprêtait à être brûlé vif. Quatre rois de France vont se succéder (Philippe le Bel, Louis X le Hutin, Philippe V le Long et Charles IV), jusqu'à l'avènement de la dynastie des Valois par Philippe VI et le début de la guerre de Cent Ans. En parallèle on suit également les querelles de succession pour le comté d'Artois entre la comtesse Mahaut et son neveu Robert mais aussi l'idylle entre Guccio, le neveu d'un banquier lombard et une jeune fille de petite noblesse, Marie. C'est ce livre qui inspirera George RR Martin, en partie, pour l'écriture du Trône de fer!
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Dans la catégorie roman historique, la saga de Maurice Druon « Les Rois Maudits » est sans conteste une très grande oeuvre. A travers sept tomes, l'auteur nous entraîne dans l'histoire de France, celle du 13e siècle. A cette époque, le royaume de France est à son apogée démographique, militaire, économique, et commence à devenir un véritable Etat sous la férule du roi de France Philippe IV le Bel qui marque son pouvoir face aux grands seigneurs.
Mais une malédiction frappe tout le royaume, celle prononcée sur le bûcher par Jacques de Molay, grand maître du Temple, à l'encontre du roi de France, du pape Clément V, de Guillaume de Nogaret et de leurs héritiers et descendants pendant treize générations. : « Pape Clément… chevalier Guillaume de Nogaret… roi Philippe… avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment !… Maudits ! Maudits ! Vous serez tous maudits jusqu'à la treizième génération de vos races !… ». Véridique ou pas, cette malédiction va en tous les cas se réaliser puisque Clément V meurt un mois plus tard, Philippe le Bel et Guillaume de Nogaret décéderont eux dans l'année.
Retour au roman de Maurice Druon. le récit nous plonge alors dans l'histoire du roi et de sa descendance, histoire ponctuée de péripéties et d'intrigues entre adultères, mensonges et trahisons, rivalités et luttes de pouvoir. le conflit avec la papauté et le démantèlement des Templiers sont également au coeur de cette fresque historique.

Ainsi, à travers toute une galerie de personnages, de Philippe le Bel à sa fille Isabelle, en passant par la Comtesse Mahaut et Robert d'Artois, nous suivons la confrontation entre des personnages forts dans une ambiance historique très bien rendue. Pour ma part je retiens une forte impression du récit du jugement pour adultère des jeunes brus de Philippe le Bel et de leurs amants, et du châtiment « exemplaire » qui leur fut infligé.
Cette saga aujourd'hui ancienne demeure donc un très bon moment de lecture pour les amateurs d'histoire médiévale et ceux qui souhaiteraient découvrir cette période houleuse et riche en événements dans une forme romanesque.
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Cette saga historique démarre par une malédiction lancée au roi et à ses successeurs par le grand maitre des Templiers, Jacques de Molay, alors que celui-ci est sur le bûcher. Les 6 livres nous proposent de découvrir la France au temps de Philippe le Bel et de ses « descendants ». le 1er tome dresse en toile de fonds le conflit parfois latent, parfois ouvert, entre Robert d'Artois et sa tante Mahaut qui a hérité du Comté que Robert estime être le sien.
Nous voilà partis pour plus de 1400 pages au coeur de l'histoire de France entre haine, guerres de territoires, tentatives d'influence, meurtres, adultères, tortures et argent. de quoi ne pas s'ennuyer !
Pour ce qui est de la haine, celle inextinguible qui lie Marigny à son ennemi Charles de Valois atteint son paroxysme lors de leur joute verbale pendant un conseil du roi, joute au cours de laquelle Druon décrit fabuleusement la détestation viscérale entre ces deux hommes ambitieux. Ce chapitre était superbe !
Le sujet qu'est la succession de Louis X qui meurt sans laisser d'enfant va engendrer des conflits pour la régence et ses manigances associées. Les intérêts de Philippe de Poitiers souhaitant être régent puis roi vont être à l'origine de la loi excluant les femmes du trône, la fameuse loi salique, ce qui lui permettra de devenir le roi Philippe V le Long. A noter dans le tome 4 qui traite de ce sujet, le chapitre génial sur l'approbation de Philippe de Poitiers comme régent: les points de vue s'affrontent, rebondissant sur les uns puis sur les autres dans une écriture remarquablement maitrisée.

A partir du 5ème tome, même si l'action est toujours présente car l'Histoire de France est riche en la matière, le ton est un peu différent, il y a davantage d'échanges verbaux, moins d'action et de rebondissements. Druon expose le tableau politique avant de poursuivre l'histoire, ce qui est important pour la compréhension de la suite de la saga. Ce 5ème tome débute de l'autre côté de la Manche et l'auteur s'attache à décrire les relations de pouvoir en Angleterre. S'en suit la campagne de Guyenne un peu détaillée et seul bémol à cette saga, je le concède, le récit de ce type d'évènements n'est pas le domaine de prédilection de Druon quant à sa description, plutôt monotone.

Le 6ème tome signe la fin de la série par l'épilogue sur l'affaire de la possession de l'Artois. C'est LE tome de Robert d'Artois, sans doute le personnage préféré de Druon, et le mien aussi. L'auteur s'attarde sur cet homme fort en gueule, mal élevé, marrant, ambitieux et menteur en nous racontant ses luttes, ses frasques, ses mauvaises manières et ses manigances. Mais Druon ne lui passera rien et évoquera la véritable Histoire quant aux usages de faux du comte qui veut récupérer ses droits. C'est finalement lui le personnage fil rouge de la saga : il subsiste aux rois, aux nobles, à ses alliés et ennemis. Il a son importance dans chaque tome et ce fut pour mon plus grand plaisir !

Par ailleurs, la construction des divers récits va s'appuyer sur différentes rumeurs, prétexte de Druon pour faire une entorse à l'Histoire et ajouter un peu de piment à ses romans. Il y a ainsi la relation entre Isabelle d'Angleterre et Mortimer qui sera plus qu'une amitié, quasiment une affaire de concubinage. Cela donnera à l'auteur la possibilité d'orchestrer la mort d'Edouard II par ces deux amants. Druon introduit aussi une histoire d'amour que l'on suivra tout au long des 6 tomes, entre Guccio et sa Belle. Cette histoire romantique servira de berceau à une autre rumeur qui a existé : celle de Jean Ier qui n'est pas mort juste après sa naissance et qui resurgira en réclamant son droit au trône une fois devenu adulte.

J'ai beaucoup aimé cette série historique qui couvre une période très courte de moins d'un siècle, écrite avec la plume remarquable et impeccable de Maurice DRUON. Je la conseille à ceux qui aiment l'aventure, le suspense, les chevaliers, les rois et les empoisonneuses et aussi à ceux qui affectionnent la grande Histoire car on prend un cours magistral tout en passant un excellent moment: histoire politique, alliances entre nobles, adultères et autres tromperies, gestion du trésor, papauté.

Les personnages sont attachants, on les déteste parfois, on les aime aussi. Je ne reviendrai pas sur Robert d'Artois. J'ai aussi bien apprécié Isabelle d'Angleterre, intelligente et manigançant ici et là.
En prologue et en fin de chaque volume, des notes de l'auteur indiquent le contexte politique et donnent des précisons sur certains faits et coutumes.
Le septième tome est moins lié aux autres, voire même carrément indépendant, pour plusieurs raisons : le style de narration est totalement différent et l'histoire se déroule plus tard. Elle parle des rois, d'où son inclusion dans la saga mais n'est pas directement liée à l'histoire racontée dans les six premiers livres.
Enfin, ces livres m'ont donné envie d'approfondir histoire de France et d'Angleterre à cette époque, preuve que l'auteur a su piquer ma curiosité, c'est donc un succès total.
En résumé, l'Histoire avec Druon n'a rien à envier à Game of Thrones, c'est aussi des jeux de pouvoirs mais sans dragon. Quoique…

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Certes "les lis ne fil[ai]ent pas" mais les fils de ce temps qui ont tissé notre Histoire racontent les vies d'hommes et de femmes que Monsieur Maurice Druon romance d'une élégante et remarquable érudition.
Les rois maudits, une intégrale de 1300 feuilles de papier bible qui fleurent bon le soufre, les fluides corporels et les sept pêchers capitaux. Une passionnante et enivrante délectation de ce tout ce que peut procurer les vices d'hommes et de femmes de pouvoir impitoyables.
Magistral.
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Question à deux écus : s'il n'y avait pas eu la magnifique adaptation de 1972, puis celle (honorable, mais qui sent un peu le réchauffé) de 2005, qui aujourd'hui lirait "Les Rois maudits" ? Pas grand monde, et ce serait dommage. Parce que cette série de sept romans qui s'étalent de 1955 à 1977 mérite largement le détour, tant pour ses qualités propres et pour sa vraisemblance, à défaut de (relative) fidélité à L Histoire, que pour l'influence qu'elle a pu avoir sur le roman historique français et international.
Voici donc ces sept romans : le Roi de fer (1955), La Reine étranglée (1955), Les Poisons de la Couronne (1956), La Loi des mâles (1957), La Louve de France (1959), le Lis et le Lion (1960) et Quand un roi perd la France (1977).
L'intrigue se déroule entre 1314 et 1356, et relate la série d'évènements historiques qui, de scandales en complots, de meurtres politiques ou privés, de malversations de toutes sortes, ont mené les monarchies françaises et anglaises à ce conflit inévitable qui va devenir la Guerre de Cent ans.
Au départ c'est une légende, rapportée par un chroniqueur italien : sur son bûcher Jacques de Moly, grand-maître des Templiers maudit ses accusateurs : "Roi Philippe, chevalier Guillaume, pape Clément, avant un an je vous appelle à comparaître devant le tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment ! Maudits ! Maudits ! Vous serez tous maudits jusqu'à la treizième génération de votre race !" Roi Philippe, c'est Philippe le Bel, roi de France, Chevalier Guillaume, c'est Guillaume de Nogaret, garde des Sceaux, Pape Clément, c'est Clément V, pape créé par Philippe le Bel, le premier des papes d'Avignon. Et, de fait, tous trois vont mourir dans l'année.
Avec trois garçons, la succession semble assurée... C'est sans compter sur les intrigues de couloirs, et d'alcôve, les jalousies personnelles et politiques, les épineuses questions d'héritage... et les crimes qui profitent à tout le monde (sauf à la victime) pendant un moment, puis à certains seulement, puis à personne. La grande Histoire se mêle à la petite, les destins s'entrecroisent, des fastes des châteaux aux prisons d'Etat, des humbles chaumières d'Ile-de-France aux palais du Vatican, des appartements royaux aux camps militaires, c'est une immense fresque qui se dessine, pour notre plus grand plaisir.
Ce coup de maître, Maurice Druon (1918-2009), ne l'a pas signée seul : une nuée de collaborateurs, parmi lesquels de véritables "plumes", (Edmonde Charles-Roux, Pierre de Lacretelle, José-André Lacour, Gilbert Sigaux...) l'ont accompagné tout au long de la saga.
Par ses dimensions, par sa portée, par ses qualités intrinsèques de documentation, d'écriture et d'imagination, la série des Rois maudits était vouée au succès : succès littéraire, succès télévisuel, et même succès posthume puisque G.R.R. Martin, l'auteur de Game of Thrones, a cité Les Rois maudits comme source principale d'inspiration pour sa propre série.
Les amateurs de romans ne seront pas déçus, les amateurs d'Histoire y trouveront leur compte, les amateurs de romans historiques seront aux anges : c'est le Moyen-âge comme si vous y étiez !




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Cette oeuvre littéraire, au delà de sa dimension fleuve, telle une extraordinaire saga, présente l'avantage de réunir le roman et L Histoire. Tout est à la fois inventé et fidèle à la réalité historique... la fiction au service de l'Histoire c'est ici, un grand tour de force tenu par un collectif d'auteurs et d'historiens contributeurs sous la conduite de Maurice Druon auteur en chef, mis en écriture entre 1955 et 1977.



Tout part de cette malédiction du dernier grand maître du Temple Jacques de Molay alors sur le bûcher au moment où il rend son âme à Dieu : « Pape Clément… chevalier Guillaume de Nogaret… roi Philippe… avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment !… Maudits ! Maudits ! vous serez tous maudits jusqu'à la treizième génération de vos races !… »

Terrifiantes paroles qu'on attribue à la légende… Mais ne faut-il pas, en certaines occasions, faire résonner L Histoire quand on sait qu'elle fut constituée d'événements hors du commun et dont le déroulement, l'enchaînement des faits encore plus redoutables et catastrophiques que ce que l'on imagine ordinairement



L'oeuvre complète comprend 7 livres* et je viens de finir la lecture du quatrième... Une sacrée plongée dans les intrigues du pouvoir, virulentes en ce début de XIVe siècle... La succession du roi de fer Philippe IV le Bel s'amorce à sa mort en 1314 et là s'inscrivent déjà les effets de la malédiction du Grand Maître. Si Philippe IV était un monarque puissant et d'une intelligence raffinée, au regard froid et fascinant, son héritier direct, l'aîné de ses fils, Louis X dit le Hutin, est un souverain faible sans envergure magistralement cocufié, s'emportant aisément, bougrement capricieux et de santé fragile... Ce sont les comtes autour de lui, ses oncles, qui l'influencent politiquement et la situation du royaume devient vite désastreuse, le peuple est encore plus malheureux que sous le précédent règne.

Vengeance, jugements sommaires, exécutions émaillées de tortures infâmes, empoisonnements, tous les ingrédients de l'horreur et de l'abject sont décrits avec un réalisme qui glace. Motivations, agissements sont aussi présentés dans le détail. Les caractères passés à la loupe nous font entrevoir chez chaque personnage, tantôt l'humanité dans ce qu'elle a de noble, tantôt la bestialité dans ce qu'elle comporte de terrifiant et de profondément avilissant.



Appréciant vivement l'écriture et la force du récit, j'émets toutefois cette réserve tenant à la psychologie induisant les menées de chaque personnage en ce sens qu'elle semble trop proche de nos manières de penser d'agir et réagir actuelles ; cette histoire est envisagée avec la mentalité propre à notre époque, telle que relèvent, analysent, interprètent, actes et événements, les hommes et les femmes de nos XXe et XXIe siècle... Les personnages en lice de ce bas Moyen Âge, cogitent comme des quidams de notre temps présent... même s'ils sont doués d'une vive intelligence, décrits comme tels, ils apparaissent très contemporains lorsqu'ils s'expriment et agissent.

Mais le machiavélisme date de ce temps et même de bien d'autres temps avant cela... alors, je dois reconnaître que la nature humaine, que ce soit à 7 siècles de nous en revenant dans le passé, est toujours et communément identique au tissu humain des gens d'aujourd'hui, lorsqu'elle se confronte à elle-même pour assouvir ou juguler ses passions.



L'autre attrait de cette fresque historique qui nous conduit de la fin du règne de Philippe IV le Bel à la guerre de 100 ans, tient aux annotations circonstancielles que l'auteur fait figurer à la fin de chaque livre. Un enseignement riche et utile pour bien comprendre les moeurs et les pratiques politiques de cette époque qui marque la fin de la féodalité et l'avènement de la bourgeoisie. La soumission d'homme à homme est déjà remise en cause, contestée. Il faudra néanmoins encore presque 5 siècles pour que ces droits seigneuriaux soient remis en cause puis abolis. Il en demeure que c'est Philippe IV le Bel qui, par sa politique et son inflexible volonté, parachève et impose, sous son règne, la notion d'État attribué au royaume de France (A cette époque, le plus important et influent en Europe)



13 générations ! Diantre !... cela nous mène bien au-delà de la guerre de Cent ans … quand on sait ce qui a suivi, les guerres de religions entres autres sinistres et funestes batailles et tueries. Considérant la génération à un ensemble de 30 années, cela nous mène approximativement à la fin du règne de Louis XIV ; à la grandeur et au faste de son règne succédera la décadence jusqu'à l'avènement de la Révolution et le rejet de la monarchie à la fin du XVIIIe siècle...

Jacques de Molay aurait-il eu cette vision grandiose du déclin des dynasties royales et de l'instrument religieux, cette Église institutionnelle et papale toute puissante qui les adombre, au profit d'un réveil vers La lumière citoyenne, envisageant les droits des hommes qui naissent libres et égaux ?



Et puisque nous parlons chiffre considérons ces dates :



1314 – 1431... Ces deux dates aux chiffres identiques peuvent avoir une portée fortement symbolique puisqu'elles correspondent, pour la première, à l'année où fut mis au bûcher, Jacques de Molay le grand Maître du Temple (18 Mars 1314), et pour la seconde, l'année où Jeanne d'Arc fut brûlée vive sur la place du Marché à Rouen ( 30 Mai 1431) après avoir en partie chassé les Anglais hors de France et fait couronner Charles VII monarque légitime de cette nation.

Fait aussi remarquable, Jacques de Molay est né le 16 Mars 1244 le jour même où 200 Parfaits, membres du mouvement Cathare, périssaient sur le bûcher à Montségur...

Le feu, entre fer et foudre, par trois fois, a servi d'ultime épreuve à des êtres exceptionnels !...



1314 : L'inflexibilité du roi de Fer Philippe IV, condamne le Grand Maître du Temple au feu du bûcher où, avant de mourir, Jacques de Molay invoque les foudres du ciel …

1431 : La tendance s'inverse, pour Jeanne d'Arc, tout est parti des Voix du Ciel, elle a revêtu le fer de l'armure pour affermir le trône du roi qu'elle a servi et fait couronner à Reims comme Charles le Septième... et pourtant, à cette date, la Pucelle d'Orléans, jugée relaps, est condamnée elle aussi, au feu du bûcher.



Enfin, de 1314, quand nous comptons : 1 + 3 + 1 + 4, nous obtenons : 9

de même pour 1431, effectuant le calcul : 1 + 4 + 3 + 1, nous avons : 9

En valeur symbolique 9 est le chiffre de l'accomplissement ou de la résolution, prélude au renouveau, à l'avènement d'une ère nouvelle, d'une réorientation, présentant un axe nouveau à l'évolution...



La légende et L Histoire ne sont jamais éloignées l'une de l'autre, elles se fécondent mutuellement et nous enrichissent des hauts faits de l'humanité qu'ensemble, alors, elles pérennisent.




Notes :

* les sept tomes des Rois Maudits sont ainsi titrés :



I

Le Roi de fer

II

La reine étranglée

III

Les poisons de la couronne

IV

La loi des mâles

V

La louve de France

VI

Le lis et le lion

VII

Quand un roi perd la France
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