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EAN : 9782859405496
384 pages
Phébus (04/11/1998)
3.86/5   51 notes
Résumé :
Où Daphné Du Maurier revisite, par la voie du roman, l'histoire d'une famille qui ne fut pas de tout repos : celle de ses ancêtres français. Une modeste demeure du Perche à la fin du XVIIIe siècle.
On y est souffleur de verre de père en fils, et l'on s'en targue (la profession est quasi la seule qu'une famille de sang bleu ait le droit d'exercer). De là à se sentir un peu aristocrate, il n'y a qu'un pas : dangereux à franchir, ainsi que l'apprendront certains... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Un petit trésor nettement moins connu de l'auteur de "Rebecca", qui se trouve en bonne place dans mes rayonnages depuis novembre 1998, offert par un ami ,libraire d'ancien , avec qui j'ai travaillé .... que je relis à l'aune de cet été 2019 !...

Daphné du Maurier évoque dans ce récit, les origines françaises de sa famille, verriers prestigieux , au 18e....

Un récit passionnant qui nous offre un tableau très vivant de la France au 18e, mêlant la grande histoire et la petite...les différences géantes entre les classes sociales entre les petites gens, le peuple, et la royauté...

Mais ce qui m'a le plus intéressée ce sont tous les détails, usages, traditions, règles,savoirs-faire de cette corporation spécifique des maîtres-verriers...

"Les lois, usages et privilèges des verriers étaient plus rigidement observés que les droits féodaux de l'aristocratie; ils étaient également plus justes et plus raisonnables. Les verriers constituaient indéniablement une communauté fermée, où chaque homme, chaque femme et chaque enfant connaissait sa place, depuis le directeur lui-même, qui travaillait près de ses hommes, partageant leurs besognes, portait les mêmes vêtements, mais que tous considéraient comme le seigneur et maître, jusqu'à l'enfant de six ou sept ans qui faisait les commissions des uns et des autres, formant équipe avec ses aînés, et saisissait toutes les occasions de s'approcher du four de la verrerie." (p. 28)

Ce texte méconnu de Daphné du Maurier est troublant à plus d'un titre...il retrace la montée du mécontentement du peuple écrasé par les taxes...alors que les riches étaient exemptés d'impôts...que l'écart entre l'état et le peuple était tellement inique que ce dernier, contraint et forcé par la misère, la faim a pris les armes...
Curieux échos qui ne peuvent que nous parler et interpeller notre propre présent !!

Cinq enfants: trois garçons et deux filles de maître-verriers...aux personnalités les plus contrastées dont l'aîné, Robert...séducteur brillant, mais mythomane, affabulateur, sans cesse dans la folie des Grandeurs qui entraîna sa famille dans ses déboires; celle-ci devant rembourser ses faillites...et lui, toujours insouciant, reste dans une course permanente à tout ce qui brille...il dût émigrer en catastrophe en Angleterre...

La narratrice est l'une des deux filles, la plus pondérée et raisonnable...qui narre les événements avec le maximum d'objectivité, même si elle est entraînée par ses deux autres frères aussi engagés qu'exaltés !...

"Entre temps, la Déclaration des droits de l'homme avait rendu tous les citoyens égaux, mais elle n'en avait pas fait des frères." (p. 196)

Texte des plus personnels et surprenants de Daphné du Maurier...qui nous expose à travers l'histoire de sa famille, les convulsions de la société française avant et pendant la Révolution !!
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Voilà bien longtemps que je n'avais lu un livre de Daphné Du Maurier. Quelle erreur! Ses romans sont pour moi un véritable ravissement, une plongée dans un autre temps et un autre monde, qui me fait à chaque fois terriblement rêver.
Dans ce roman, Daphné du Maurier revisite l'histoire de ses ancêtres, maîtres verriers dans la région du Mans. L'histoire débute quelques années avant la Révolution Française, et s'achève sous le règne de Napoléon, une période de notre histoire de France que je prise particulièrement.
Nous suivons les aventures des 5 enfants de Mathurin et Magdaleine Busson, dont Robert le fils ainé, fervent soutien du duc d'Orléans, par opportunisme plus que par conviction, émigrera en Angleterre et créera la branche anglaise de la lignée des Busson Du Maurier. Il y a aussi Edmée et Michel, tous 2 républicains et ardents défenseurs de la Constitution, Pierre, idéaliste convaincu qui élèvera ses enfants suivant les principes édictés par Rousseau. Et Sophie, la narratrice, beaucoup plus neutre et nuancée, spectatrice du passage de l'ancien au nouveau Monde.
Nous faisons une véritable plongée au coeur de la Révolution, mais non pas à Paris, centre de celle ci, mais en province, où tout arrive avec retard, amplifié par la rumeur et les fausses informations.
Il y a des passages très forts, comme cet été 1789, la prise de la Bastille et la rumeur qui s'ensuit, une horde de brigands va déferler sur la France et tout piller sur son passage, ou quelques années plus tard, le saccage de la ville du Mans par les Vendéens.
C'est très très bien écrit et c'est prenant. On est au coeur de l'histoire et on ressent avec tous les protagonistes leurs peurs, leurs espoirs en un monde meilleur, leurs joies et leurs déceptions. On les voit sous nos yeux, au fil des pages vivre, grandir, vieillir et évoluer dans leurs convictions.
Un roman que je conseille vivement à tous les amoureux de l'histoire de France, des romans de cape et d'épées et des romans d'aventure.
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Ce qu'il faut parfois pour faire un nom célèbre... Si un artisan aventurier peu scrupuleux, perdu de dettes et impliqué dans les magouilles politiques douteuses du duc d'Orléans n'avait décidé d'émigrer à Londres dans les premiers temps de la Révolution, de s'y inventer un titre de noblesse et d'allonger son patronyme assez plébéien, Busson, d'un Du Maurier emprunté à une ferme du pays natal, ce nom-là sans doute ne serait-il jamais passé à la postérité. Et peut-être n'y aurait-il jamais eu de George, de Gerald et de Daphné...

Nous voici donc au XVIIIe siècle, dans une famille de souffleurs de verre établie au sud du Perche. Deux générations se succèdent : les parents, des gens paisibles et solides, simples employés d'abord puis bientôt patrons de verrerie, et leurs cinq enfants plus ardents et instables, bientôt secoués par les vents fous de la Révolution. Il y a Robert, l'égocentrique trop ambitieux, Michel, l'éternel révolté, Pierre, l'altruiste insouciant, Edmée, l'intellectuelle révolutionnaire et Sophie, la plus raisonnable, la moins intéressante peut-être mais la mieux placée pour conter l'histoire des siens. La vie simple et laborieuse au sein de la verrerie, le château où ils furent simples locataires mais qui donna sans doute à son aîné d'irrémédiables rêves de grandeur, et puis les grandes peurs des années de fin de règne, la misère croissante qu'on ne peut apaiser, les mauvaises rumeurs colportées pour brouiller les esprits, l'agitation qui gagne, la méfiance et la haine, les pillages et les basses vengeances, les espoirs fous de la Révolution, la honte de ce frère émigré, traître à sa famille et à son pays, dont on ne sait plus rien, qu'on ne veut plus connaitre. La violence croissante, le fanatisme exalté, la peur encore et l'horreur, lorsque déferlent jusqu'au Mans les misérables légions des Vendéens déjà décimés par la famine et la dysenterie, lorsqu'on massacre jusqu'aux enfants dans la rue. La déception, toujours, Robsepierre à l'achafaud et les tièdes au pouvoir, la Révolution qui s'éteint, tout qui redevient, peu ou prou, comme avant - mais avec un arrière-goût de rêve réduit en cendres. Et enfin, les retrouvailles douloureuses avec l'émigré, la famille qui se reforme tant bien que mal sur les débris du passé... et une autre famille, là-bas, à Londres, abandonnée à son sort et qui se croira toujours descendante d'un aristocrate français.

Tout ceci est un peu lent parfois, surtout au début, et les choix de narration manquent un peu de relief à mon goût, mais l'arrivée de la Révolution, le chaos et les problèmes de conscience qu'ils entraînent, rendent ensuite de plus en plus intéressante cette fresque familiale qui permet de vivre les troubles comme dut les vivre le peuple d'alors, loin des grands centres de décision, manipulé, pas toujours dupe mais entraîné par un mélange complexe d'idéalisme et d'esprit de revanche, de bas instincts, d'enthousiasme et d'effroi. Et si les personnages ne sont pas toujours très attachants tant que s'exaltent leurs passions, ils deviennent ensuite assez touchants lorsqu'à l'approche de la fin ils doivent en subir les conséquences, réapprendre à vivre dans ce monde qu'ils ont voulu modeler à leur gré et qui les a laissés sur le bord de la route.

Pour compléter l'histoire, on notera que le fils "anglais" De Robert, Louis-Mathurin Busson du Maurier, épousa Ellen Clarke, fille de Mary Anne Clarke, la scandaleuse maîtresse du duc d'York à laquelle l'auteur consacra un autre roman dont je vous ai parlé il y a quelques mois. Leur fils George, illustrateur et écrivain, était le grand-père paternel de Daphné. Sacrée famille, n'est-ce pas, sur laquelle on comprend qu'elle ait voulu écrire !
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Gros coup de coeur pour ce roman historique qui retrace l'histoire d'une famille de souffleurs de verre à travers les événements de la Révolution et tout ce qui s'ensuivit. Par le récit de l'une des filles, nous découvrons le portrait des parents et de la turbulente fratrie, qui se déchireront, se soutiendront, et seront porté au gré de l'histoire de France et d'Europe. A travers eux, ce sont aussi les différents courants de la pensée humaine de cette époque qui s'affrontent, chacun trouvant en l'un des enfants son défenseur, mais aucun d'entre eux ne se limite à un stéréotype. le talent de Daphné du Maurier est, entre autres, ici, de les rendre tous terriblement humains, avec leurs qualités et leurs terribles faiblesses. Même le très, très, très, très égocentrique, l'aîné, Robert, que j'ai passé les neuf dixième du livre à détester avec application, laissera finalement voir une fêlure qui le rendra presque attachant. Et puis la Révolution et ses corollaires, à commencer par le fanatisme qui saisit jusqu'à ceux qu'on pensait connaître, jusqu'au goût du sang...
C'est toute une fresque historique que cette histoire familiale retrace, et c'est magistral!
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Après avoir parlé de son arrière-grand-mère anglaise dans Mary Ann, Daphnée du Maurier évoque dans Les souffleurs de verre, la partie française de sa famille. Cette famille de verrier, les Busson vit la fin de l'Ancien Régime, la Révolution et le début de l'Empire. Nous les voyons donc évoluer ce milieu assez fermé. La famille est constituée des parents, Mathurin et Magdaleine et de leurs cinq enfants, trois garçons et deux filles. L'aîné de ces garçons, Robert, très doué, toujours optimiste mais dépourvu de scrupules connaîtra échecs, faillite et prison qui le feront quitter la France avec son épouse, abandonnant son premier fils dont la mère est décédée. Très opportuniste, il se range du côté du duc d'Orléans, fait divers métiers en Angleterre puis pris du mal du pays abandonne cette nouvelle famille pour retrouver ses frères et soeurs, Pierre, Michel, la narratrice et la benjamine Edmée. D'où l'origine anglaise de l'auteur.
Se mêlent dans ce roman les grands événements de l'histoire et ceux qui affectent cette famille.
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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Première partie - La Reyne d'Hongrie

Les lois, usages et privilèges des verriers étaient plus rigidement observés que les droits féodaux de l'aristocratie; ils étaient également plus justes et plus raisonnables. Les verriers constituaient indéniablement une communauté fermée, où chaque homme, chaque femme et chaque enfant connaissait sa place, depuis le directeur lui-même, qui travaillait près de ses hommes, partageant leurs besognes, portait les mêmes vêtements, mais que tous considéraient comme le seigneur et maître, jusqu'à l'enfant de six ou sept ans qui faisait les commissions des uns et des autres, formant équipe avec ses aînés, et saisissait toutes les occasions de s'approcher du four de la verrerie. (p. 28)
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Néanmoins , la vie était dure pour eux, car ils devaient payer la capitation et la gabelle; mais ce qui grevait le plus le budget de nos ouvriers et de leurs familles, c'était le prix du pain, qui était monté, au cours des derniers mois, jusqu'à onze sous pour une miche de quatre livres; le pain était leur principale nourriture-ils ne pouvaient s'offrir de la viande-, et un homme gagnant en moyenne une livre ou vingt sous par jour, avec une famille à nourrir, dépensait la moitié de son salaire uniquement à acheter du pain.
Je me rendais compte à présent de tout ce que ma mère avait fait en faveur des femmes et des enfants du pays, et quelle besogne déchirante ce pouvait être que d'essayer de barrer la route à la famine, tout en s'efforçant de réduire au minimum les frais de fabrication. (p. 118)
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Un an plus tôt, ma petite soeur, frivole bien qu'intellectuelle, avait été comme moi une jeune mariée ne pensant qu'à son trousseau et au rôle qu'elle jouerait dans la société bourgeoise. A présent c'était une révolutionnaire plus acharnée encore que Pierre, qui voulait quitter son mari parce qu'elle désapprouvait sa profession [Fermier général ] et qui souhaitait la mort d'un prêtre qu'elle n'avait jamais rencontré. (p. 176)
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Comme beaucoup de gens brusquement frappés d'un deuil, j'éprouvai une amère satisfaction à l'annonce de la guerre. Je ne serais pas la seule à souffrir. Des milliers de gens seraient dans l'affliction. " Que les hommes se battent et s' entre-tuent, me disais-je. Plus vite nous serons envahis et décimés, plus vite nous oublierons nos chagrins personnels. (p. 244)
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Première partie - La Reyne d'Hongrie

Non, Robert ne comprenait pas. Beau, gai, jovial, parfaitement sûr de lui, il n'avait pas encore saisi le fait que sa jeune soeur, avec son éducation très incomplète et sa robe de petite provinciale, appartenait à un monde qu'il avait depuis longtemps laissé derrière lui, un monde qui, en dépit de son retard apparent et de sa rustique simplicité, avait plus de profondeur que le sien. (p. 99)
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DAPHNÉ DU MAURIER / REBECCA / LA P'TITE LIBRAIRIE
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