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EAN : 9782375681718
Le Chat noir éd. (06/06/2021)
4.45/5   22 notes
Résumé :
Au creux des Montagnes Blanches, en Nouvelle-Angleterre, la forêt Adrienne est connue pour ses paysages pittoresques, ses sentiers de randonnées… et ses morts. Chaque année, des dizaines de personnes viennent mettre fin à leurs jours à l'ombre de ses frondaisons. Pendaisons, noyades, overdoses… En ces bois maudits, mêlées à la mélodie des cours d'eau et au sifflement du vent, résonnent encore les lamentations de ces âmes errantes et tourmentées. Eleanor Jackson, un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Merci à Babelio et aux Éditions du Chat Noir, (que je ne connaissais pas : voici une lacune réparée!) pour l'envoi de cet ouvrage dans le cadre de la Masse Critique d'octobre 2021.

Cette novella n'est pas ce que l'on pourrait croire, et c'est ce qui m'a profondément touchée. J'ai cru à une "lecture d'Halloween"... Vous savez, ce genre de lecture qu'on se garde sous le coude, en attendant que les enfants viennent sonner le 31 pour "Un bonbon ou un sort"! Mais non...

"Novella", des mots même de l'auteur car le récit prend fin à la 97ème page. C'est donc un court texte, mais assez intense. Et surtout, il surprend car il y a un basculement (un twist pour les adeptes d'anglicismes!) qui éclaire soudainement l'histoire autrement. En dévoiler plus gacherait tout l'intérêt pour de futurs lecteurs, mais il me faut souligner que j'ai choisi ce roman dans la liste de la Masse Critique d'octobre, car je ne suis pas une inconditionnelle du genre horrifique, mais j'apprécie le fantastique, teinté de paranormal : je me régale de lectures ou de films qui savent instaurer une ambiance inquiétante, plutôt que d'enchaîner les jets d'hémoglobine.
Je me dirige donc plus volontiers vers "L'Indésirable" de Sarah Waters, "La chambre des âmes" de F.R.Tallis, ou côté images vers "L'échine du diable" de Guillermo del Toro, "Les autres" ou "Crimson Peak".

Et force est de constater que majoritairement dans ces oeuvres, l'horreur provient non pas d'un dépeçage à la tronçonneuse, mais d'une atmosphère fortement liée à un évènement, une période traumatique et à son impact sur les protagonistes: le délitement de l'âme humaine, aux confins de la folie, suite à la Grande Guerre (et sa grippe espagnole), ou la guerre civile espagnole, ou encore le traitement terrible de la maladie mentale sans égard pour le patient. Les lieux sont marqués par l'horreur de ces traumatismes, au point de les dire hantés. C'est donc la force de la douleur qui imprègne toute la trame des récits.

C'est le ressort qu'utilise J.R.Ducharme dans "Quand vient le dégel". Les lieux sont empreints des évènements qui s'y sont déroulés. Ainsi une forêt, lieu de nombreux suicides, revêt une "aura" obscure, comme habitée par le chagrin et la douleur.
le livre m'a attirée par le graphisme de sa couverture, c'est vrai effrayant et glauque, mais pas seulement. Cet arbre dont les racines sont autant représentées que son branchage, la brume, le ciel délavé, les oiseaux en hauteur... Et les pendus, qui soudainement glacent ce paysage bucolique automnal...
L'auteur justifie, en prologue, l'écriture de cette novella, en réaction à l'exploitation commerciale malsaine des nombreux suicides survenus dans la forêt japonaise "Aokigahara", au pied du Mont Fuji, où les gardes forestiers sillonnent le site pour prévenir de tels actes, dont le nombre est croissant.
L'auteur, en opérant ce rappel, ancre sa novella, malgré son côté fantastique, dans le réel. Il y a bien une vraie douleur à la racine de ce récit: de véritables personnes ont stoppé le cours de leur vie, mais aussi, indirectement, celles de leurs proches, qui devront affronter la douleur d'une perte qui reste très particulière, car difficile d'éviter colère, chagrin dévastateur ou culpabilité face à cet acte.

Ellie (Eleanor) est en voiture, elle part à la recherche de son fils qu'elle décrit comme dépressif et suicidaire : elle le pense parti dans la forêt Adrienne dans l'état du New Hampshire, tristement réputée pour le nombre de personnes qui viennent y mettre fin à leurs vie. Son mari l'appelle, très inquiet, mais n'a que le temps de lui préciser que la police arrive, avant qu'Ellie ne raccroche, pressée d'entamer ses recherches pour sauver son fils. À présent, Ellie est seule en forêt.
Cette nouvelle est construite comme une aventure, certes macabre, mais avec des rebondissements, une quête guidée par la volonté de la narratrice de vouloir retrouver son fils avant qu'il ne commette l'irréparable.
Mais pourquoi classer cette nouvelle dans le genre fantastique ? Parce qu'en s'appuyant sur ce postulat que les lieux sont marqués par leurs événements, la forêt revêt une âme sombre et pour l'incarner, l'auteur bascule dans un monde fantastique, un peu comme dans l'animé japonais "Chihiro" où la situation de départ est tout ce qu'il y a de plus réel, avant de céder la place à l'onirique pour mieux symboliser son propos.

Ici, on retrouve cet aspect "conte", dans le cheminement d'Ellie en terres d'inquiétude et de désolation, du fait du choix de l'auteur d'utiliser la symbolique pour figurer la douleur, les luttes internes contre un désespoir qui ronge, les descriptifs volontairement crus des corps qui jalonnent la quête d'Ellie. On sent bien qu'on quitte le monde réel pour un univers onirique, ou plutôt cauchemardesque.

le récit est donc rythmé par les rencontres successives avec des personnages-clés, auxquels elle demande de l'aide et dont on ne sait s'ils sont amis ou ennemis. Ces derniers distillent leurs conseils, mais peut-on leur faire confiance ?
Cette nouvelle est clairement fantastique, déployant un univers irréel, fantasmagorique, teinté de noirceur. Mais je ne me cantonnerai pas à le classer dans le genre horrifique, car il y a une réelle quête, emplie de sens.

Bien qu'il s'agisse d'une mère cherchant à retrouver son fils et le ramener sain et sauf, il est impensable de ne pas faire le rapprochement avec la descente aux Enfers d'Orphée, parti à la recherche d'Eurydice. La traversée de la forêt Adrienne se substituant à celle des vallées mythologiques de l'Averne.
C'est surtout un voyage désespéré dans les confins du chagrin, avec des passages très puissants sur la douleur, la dévastation de la perte, du deuil, la sensation glacée que la vie vous abandonne, vous laissant tout entier prêt à tomber dans la folie.
Et je ne peux que citer ce superbe extrait :

"Vous savez ce qui est intéressant avec les traumatismes ? continua t-il. Cela ne vous frappe pas tout de suite. Vous savez, le coup de poing en pleine figure ? La douleur n'est pas immédiate. D'abord vous vous sentez ankylosé et vous plongez pendant un moment dans un état cotonneux. Puis, petit à petit, le navire sombre. Vous arrivez à un point où n'importe quoi vous touche et dévaste votre être. Vos pensées, vos croyances, toute votre fichue identité. Après ça, il ne reste plus que du vide à l'endroit où devrait se trouver une âme. Tout vous a été volé. Il ne reste qu'une seule chose dans ce néant - votre désir de mourir." (P.88)

Si ce récit fut court, il m'a néanmoins beaucoup marquée. Est-ce que
J.R.Ducharme a réussi à nous sensibiliser au drame du suicide et des maladies psychiques qui peuvent y pousser? Je n'irai pas jusque là, mais il reste un récit-conte suffisamment évocateur, et malheureusement ancré dans la réalité, pour m'avoir glacée l'âme.
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Petit et lugubre roman mêlant le fantastique, le policier et le thriller psychologique.

Court, il nous entraîne rapidement dans les aventures D'Eléanor dite Ellie à la recherche de son fils dépressif Alan disparu dans l'épaisse forêt Adrienne en Nouvelle Angleterre, une forêt des suicidés, un endroit de souffrance et de mal être où le mort ou son désir règnent en maître.

C'est le brouillard et l'obscurité qui accueillent l'héroïne ainsi que de sordides créatures aux intentions floues.

Nuit en plein jour ! Vérité dans l'aveuglement.

Le délire, le rêve côtoient le réel, comment se frayer un chemin vers la vérité alors ? Comment Ellie va-t-elle retrouver son fils sur les chemins escarpés de cette vaste forêt souterraine ?

Doit-elle puiser en elle-même toutes les ressources dont elle dispose pour enfin retrouver son Graal, ce fils si vif si gentil, tant aimé, devenu si triste ?

C'est au plus profond de la douleur que va renaître la lumière et que les choses vont s'éclairer pour Ellie.

L'amour aidant, laissant la mort sur son chemin, elle sort des ténèbres et s'échappent de cette gaste forêt soustaine.

Un petit livre concentré sur les événements essentiels à la narration que l'on dévore d'une traite et dont je ne me suis pas lassée. Des rebondissements qui m'ont rappelé un certain livre de Denis Lehane.



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Livre lu dans le cadre de l'opération Masse critique d'octobre 2021.
Je remercie Babelio de m'avoir sélectionnée ainsi que les éditions du Chat Noir pour l'envoi du livre.

Un mot d'abord pour l'illustration de la couverture par François Vaillancourt. Quoique morbide, il s'en dégage un esthétisme sombre et tourmenté, à l'image de cet arbre dont les branches supportent le corps des pendus.

J'en viens maintenant au roman lui-même. Ou plutôt à la novella devrais-je dire puisque le récit court seulement sur 97 pages. Et heureusement, suis-je obligée de constater, car je ne sais si j'aurais poursuivi ma lecture sur un plus long format. Non pas à cause du thème principal ni des ressorts horrifiques. Non, à cause du style narratif que j'ai trouvé souvent plat, voire maladroit. J'ai plus d'une fois eu l'impression de lire un synopsis à la place d'une histoire aboutie. Peut-être est-ce dû à un manque d'expérience chez un auteur publié pour la première fois. Auquel cas il pourra s'améliorer, le temps aidant.
En attendant, dans Quand vient le dégel, j'ai peiné à me sentir concernée par le récit ou par le personnage principal, Eleanor - Ennie - Jackson, mère d'un adolescent déprimé disparu qu'elle suppose être allé en finir dans la forêt Adrienne au New Hampshire.

Tout le récit tourne autour de ladite forêt où les dépressifs américains et même québécois viendraient se suicider. Dans sa note en préface, Jayson Robert Ducharme prévient tout de suite qu'elle n'existe pas. Il a de fait transposé dans le Nord-est des États-Unis la forêt japonaise de Aokigahara, proche du Mont Fuji et tristement célèbre comme destination de pendaison et autres moyens de s'ôter la vie. L'auteur s'insurge d'ailleurs contre la fascination morbide envers ce lieu poussée jusqu'à son exploitation commerciale (films, romans, jeux, etc), faisant peu de cas alors de ce qui peut pousser ces dizaines de personnes par an à agir de la sorte. En lisant la suite de son texte, j'ai trouvé qu'il faisait de même en écrivant une histoire destinée à effrayer, sur ce thème. Certes, il se rattrape en évoquant plus longuement les troubles psychiques conduisant à un désespoir si grand. Mal-être, impossibilité de se relever d'une trop pénible épreuve, incapacité à trouver un sens à la vie, et encore moins à la sienne, échecs, autant de "motivations" vers le néant.

L'idée de sensibiliser sur le suicide via un récit fictionnel est une bonne idée. L'auteur, à mon goût, s'est néanmoins un peu embrouillé en y mêlant scènes horrifiques, quête psycho-mystique et twist final. Surtout sur un si court format. Et puis la question du style, bien sûr.

En conclusion, voici une lecture mitigée qui me laissera, je le crains, peu de souvenirs avec le temps.
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"Quand vient le dégel" est un conte psychologique et fantastique assez sombre qui nous entraîne aux côtés d'Eleanor partie en forêt Adrienne afin de retrouver son fils qu'elle suspecte de vouloir se suicider.

Cette forêt est très étendue, brumeuse et inquiétante. Elle est réputée pour abriter un nombre considérable de drames depuis des années et exerce un attrait malsain sur les personnes suffisamment désespérées pour vouloir mettre fin à leurs jours.

Le sujet est compliqué à aborder. Je ne vous cache pas que c'est dur de lire ce genre de bouquin quand on a un minimum de sensibilité, mais l'auteur le parsème d'éléments mystico-fantastiques qui m'ont rappelé des histoires comme celle du labyrinthe de Pan mêlée de détails plus horrifiques. J'ai beaucoup aimé cette ambiance à la fois noire et poisseuse qui place des personnages obscurs et mystérieux sur le parcours d'Ellie tout en la poussant à chercher la vérité.

C'est un récit qui se rapproche de la quête initiatique dans la première partie et de l'affrontement digne d'un thriller dans la seconde. L'auteur joue sur l'aspect irréel en brouillant les frontières entre rêve et réalité, exploitant la confusion liée aux troubles psychiques et livrant au compte-goutte les révélations clés du passé d'Ellie qui permettront de mettre en lumière la cruauté de ce qu'elle vit.

L'émotion est également au rendez-vous et permet d'apporter une douceur inattendue dans un récit par ailleurs très sombre.

C'est une belle mais trop courte plongée dans un univers aussi complexe que les méandres de la psyché humaine. le style quant à lui reste un peu trop simple à mon goût. En dehors de ça, c'est un texte à découvrir.
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Il y a des endroits étranges sur cette terre, des endroits où il fait bon se promener... ou pas.

La forêt Adrienne, en Nouvelle-Angleterre fait partie de ces endroits dont la renommée fait à la fois froid dans le dos, et attire les curieux. Elle est en effet réputée pour être un lieu de prédilection pour venir y mettre fin à ses jours.

Quand Eleanore Jackson découvre que son fils, Alan, âgé de dix-sept ans y est allé, un sentiment de panique la gagne et elle décide de s'y rendre à son tour oour l'empêcher de commettre l'irréparable.


Un livre que je conseille fortement, qui traite du suicide d'une manière très originale et qui risque de ne pas vous laisser indifférent, et de vous surprendre en bien des égards.

Le suicide, c'est bien souvent le résultat d'un combat, fort, violent mais surtout intérieur.
Il y a plusieurs manière de faire face, mais il n'y a que peu d'issues malheureusement.
Encore faut-il être conscient que vous êtes au beau milieu de ce combat avant qu'il ne soit trop tard...
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
- Un endroit comme cette forêt...contient beaucoup de souffrance. Les gens apportent leur chagrin et le laissent ici en mourant. Toute cette peine se retrouve là, comme dans un chaudron. Plus la forêt amasse de tristesse, plus elle influence les gens au cœur meurtri.
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❝ Dehors, d'autres bruits se firent entendre. Des feuilles couvertes de givre qui craquaient sous des pas. Cela s'arrêta durant plusieurs secondes, puis cela reprit. Une ombre passa devant le feu et disparut. Ellie retint sa respiration, fixant les fenêtres, espérant que la chose dehors s'en aille. ❞
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❝ Il y avait des poèmes à propos de la mort et de la souffrance. Des dessins représentant la faucheuse et l'Enfer de Dante. Des mots gribouillés çà et là, comme lors d'une crise, implorant : « CE N'EST PAS UN APPEL À L'AIDE », « JE VEUX JUSTE MOURIR » et « MA TRISTESSE NE PARTIRA JAMAIS ». ❞
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La légende de Sleepy Hollow, pensa Ellie. Si tu traverses le pont, tu te retrouves sur le territoire du cavalier sans tête.
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Les souvenirs sont une forme d'existence, non? (P.90)
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