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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'étais un peu sceptique en ouvrant ce livre, sur un thème difficile: la vie des Gueules cassées de la guerre 14-18.
La majeure partie du roman se passe pendant la guerre, dans la chambre des officiers au sein de l'Hôpital du Val-de-Grâce à Paris, une chambre occupée uniquement par ces gueules cassées, victimes d'obus ou d'accidents, ayant perdu certaines parties du visage. Comment survivre quand on a plus de bouche, plus de nez, quand on n'entend plus ou qu'on ne peut plus ni sentir ni gouter les aliments, qu'on ne peut plus d'ailleurs mâcher.
Le récit est fait très sobrement, sans s'attarder sur les blessures, ni les souffrances. L'humour, cette politesse du désespoir, est présent:
" L'infirmière qui a éconduit Weil passe près de mon lit. Je l'arrête et lui montre mon ardoise. Elle patiente pendant que j'écris :
— Voulez-vous voir quelque chose que vous ne verrez chez aucun autre homme ?
Comme de l'autre main je tiens mon drap très serré à la taille, je vois la couleur pourpre lui monter au visage. Puis je la fixe droit dans les yeux.
Et je lui tire la langue par le nez. Même Penanster en sourit de son seul oeil valide. La petite infirmière détale. "

Et ce récit m'a émue. J'ai aimé le courage de ces hommes, leur volonté de résister à la douleur, au désespoir, au manque d'avenir. Ils vont dans cette chambre où ils vont séjourner plusieurs années, subissant opérations après opérations, créer des liens très forts, qui leur permettront de surmonter l'adversité. Et ils vivront, se marieront, auront des enfants et hélas pour eux dont l'idée que c'était la der des der les avaient aidés à ne pas renoncer, subiront la deuxième guerre mondiale.

Un très beau texte.
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En 1914, le lieutenant Adrien Fournier est un beau jeune homme de 24 ans qui s'apprête à partir pour contribuer à l'effort de guerre et défendre la patrie.
Il ne verra pas ou très peu la guerre. Malheureusement pour lui, il fera partie des centaines de milliers de jeunes hommes qui en voulant accomplir leur devoir patriotique sont revenus dans un état qui n'était ni vraiment celui des vivants ni celui des morts.
Marc Dugain nous raconte le terrible quotidien d'Adrien Fournier qui restera à l'hôpital du Val-de-Grâce de 1914 à 1919 pour que les médecins tentent de reconstruire son visage. Entré dans la guerre en jeune homme, il en sortira en gueule cassée.

Ce court roman constitue (pour moi) une excellente surprise ! Il a d'abord le sujet, assez original : faire parler une gueule cassée - un thème aussi vite effleuré, aussi vite oublié lorsque j'étais en cours d'histoire. Tout le long de ces 170 pages, l'action se déroule dans des espaces fermés (principalement l'hôpital et le bordel). Des endroits qui ne constituent pas nécessairement des cocons, mais qui protègent les personnages du monde extérieur et de leurs regards ahuris et embarrassés. On le comprend bien dans les quelques scènes qui ont lieu dans la rue. La rue, si elle n'est pas vue depuis la fenêtre de l'hôpital est un lieu angoissant où l'on s'expose au yeux du monde qui lui a continué de fonctionner.

C'est surtout un roman très émouvant dans lequel on sent la profonde empathie de l'auteur pour son sujet - son propre grand-père ayant été une gueule cassée. Et bien que le sujet ne prête pas à rire, il y a malgré tout beaucoup d'humour dans cette histoire, beaucoup d'ironie notamment (l'ironie étant pas définition un regard oblique). Cet humour fait bien sûr écho aux magnifiques scènes et jeux de regard et de silence qui sont décrits.
Au-delà même de l'histoire de cette convalescence, le point de vue du personnage sur l'évolution de la France des années 1920 à 1940 était très intéressant aussi. le tout est servie par une écriture très simple mais efficace.

Je me demande bien pourquoi j'ai attendu si longtemps pour lire ce roman ! Au -delà de l'aspect littéraire et de cette touchante mise en scène de la vulnérabilité et de l'absurdité, La chambre des officiers est un hommage pudique mais sincère à tous ces jeunes hommes défigurés pour la patrie pour laquelle cette dernière s'est montrée bien ingrate.


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La Chambre des officiers n'est pas vraiment un livre sur la Première guerre mondiale. Point de bataille ni tranchées ici. Comme souvent, Marc Dugain se sert de la Grande Histoire pour amener son lecteur jusqu'à la part la plus intime de ses personnages. Il excelle dans l'art de créer un lien immédiat et profond entre ses personnages et ses lecteurs, comme sait si bien le faire Alice Ferney, quoi que d'une manière tout à fait différente.

Avec tendresse et délicatesse, Marc Dugain nous offre le quotidien des Gueules cassées, entre souffrance et amitié, entre moments de désespoir profond et gaieté non feinte. Malgré la honte et la douleur, les personnages sont lumineux et pleins d'humour. Marc Dugain ne tombe jamais dans le pathos alors que tout s'y prête.

Non seulement les gueules cassées doivent apprendre à vivre avec la douleur et les visages mutilés mais, ce dont je n'avais pas conscience, restant focalisée sur l'image de ces visages aux trous béants, elles doivent aussi apprendre à vivre sans odorat, sans goût (parfois même sans la vue ni l'ouïe) mais, surtout, sans désir. Il est beaucoup question du désir dans La Chambre des officiers. Plus que d'amour. D'ailleurs peut-on aimer sans désirer ? Et puis il faut réapprendre à parler, à mastiquer. Réapprendre à vivre, pour mieux replonger quelques années plus tard dans l'horreur de la guerre.

La Chambre des officiers , premier roman de l'auteur, contient déjà tout ce que l'on retrouvera chez Marc Dugain au fil de ses romans : une écriture sensible et intelligente, le mélange de la Grande Histoire et du quotidien intime de personnages extraordinaires dans leur banalité. Si vous n'avez jamais lu Marc Dugain, je ne peux que vous conseiller de réparer cette erreur au plus vite !
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Impeccable. Ce roman est juste impeccable : le bon angle - loin des tranchées et pourtant au plus près des souffrances, le bon ton - sans pathos mais bouleversant, le bon lieu - une simple chambre d'hôpital mais c'est toute l'histoire des hommes qui s'y déroule, les bons personnages, tous réussis.
Je suis bluffée par ce premier roman de Marc Dugain, tout à fait à part dans sa bibliographie.
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2 avril 2022 / librairie Caractères-Issy-les- Moulineaux - RELECTURE

Même choc de lecture que la toute première fois...Brio époustouflant de la narration et du ton...qui échappe à toute complaisance et dolorisme.Une grande leçon de vie,de courage et de sagesse,à travers la figure et la voix d'Adrien, cette "gueule cassée " au grand coeur, à l'appétit de vivre largement communicatif...sans oublier le trésor vital de l'Amitié...


Après la lecture très enthousiaste et émouvante de "La Volonté " de Marc Dugain,rendant un hommage très fort à son père mais aussi à ce grand-père maternel adoré, "gueule cassée " ,j'ai eu l'envie impatiente de relire cette "Chambre des officiers",premier texte de l'auteur,où cette fois il donnait la parole à ce grand-père, haute figure de son enfance,qui l'emmenait voir le dimanche ses amis,aussi "gueules cassées "...

Marc Dugain donne la narration au grand-père qui raconte sa jeunesse, lui,très jeune ingénieur est mobilisé, part pour une reconnaissance concernant un pont de la Meuse...et le drame brutal: l'éclat d'obus qui le défigure ; il ne connaîtra pas les tranchées mais cinq années au Val-de-Grâce,avec une succession d'opérations afin de reconstituer au mieux ce visage massacré...

Dans cette tragédie qui ampute sa jeune vie,il va se faire des amis "à la vie, à la mort": Pierre Weil,un aviateur juif, Penanster,un aristocrate breton, Marguerite,seule femme blessée grièvement (au visage,ayant perdu l'ouïe); la seule qui ne se mariera pas....une punition supplémentaire de cette guerre .

Un cercle d'amis indestructible qui sera lié jusqu'au bout de la vie de chacun...un trio et plus,qui ayant tant perdu, offrait le spectacle de très joyeux luron,profitant intensément chaque instant, sachant quel miracle cela représente d'être "VIVANT"....

"Le plus extraordinaire, c'est que dans les années qui ont suivi,tous mes compagnons ont finalement réussi à se marier.Tous sauf Marguerite, parce qu'elle était une femme, et qu'une femme défigurée est un être inconcevable. Marguerite est restée seule jusqu'à son dernier jour pour toute récompense de son engagement dans la cause des hommes." (p.160)

Ces valeureux officiers et soldats ont accepté cette guerre, étant convaincus que cela serait "la der des ders"...??!!

Marc Dugain a réussi un texte étonnamment fort sans être dans une polémique rageuse...et pourtant combien elle aurait été compréhensible!!..

Il a rendu totalement authentiques la voix et la personnalité charismatique , bienveillante de ce grand-père...qui,on comprend mieux aura largement influé et contribué par l'exemple de son existence à la naissance d'un écrivain...de grand talent et d'une immense sensibilité...comme cet aïeul unique,qui fut le modèle absolu pour l'enfant qu'était Marc Dugain...

"Jusque-là je n'avais jamais douté de cette guerre,de la nécessité de la faire et j'avais accepté d'en souffrir jusqu'à la perte de soi.Elle venait de me prendre mon plus vieil ami,celui qui, dans mon esprit, aurait dû être le dernier à périr. (...)
Curieusement, j'avais le sentiment d'être confronté à la mort pour la première fois.J'avais connu d'autres morts, souvent proches,mais Bonnard et moi c'était un partage d'esprit. (...)
Cette guerre devenait absurde, et le simple fait de le reconnaître nous rendait fragiles."(p.115)

Une relecture aussi bouleversante si ce n'est plus qu'à la première lecture,en 1999....Au vu de la barbarie et de la guerre tragique actuelle en terre d'Ukraine...et de tous les conflits se poursuivant aux 4 coins du monde, multipliant les négations de toutes sortes envers L'Humanité et le droit sacré à la Vie, de tout être vivant..
Quand les dirigeants des pays cesseront -ils d'être dans des logiques meurtrières et de maladie insatiable du pouvoir,affaiblissant,"écrasant "leur peuple et leurs voisins ??!...
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Un ami m'a mis ce livre, un peu abimé d'avoir été tant lu, dans les mains et je l'en remercie.
D'une écriture limpide et fluide, l'auteur nous raconte les 5 ans, et les quelques années qui ont suivi, d'hôpital d'Adrien défiguré dans les premières semaines de la guerre 14-18.
C'est une gueule cassée ; faut-il se reconstruire ou renoncer à vivre, à éprouver de la joie ?
Il est questions de douleurs, de courage, de solidarité, de l'amour d'une soeur, d'un grand-père, d'un ami, de la frivolité d'une mère, ou bien de ceux qu'on découvre, en bien ou mal, dans l'adversité.
Il est surtout questions d'amitié, d'optimisme et de faim de vie.
C'est émouvant, un brin irrévérencieux et finalement lumineux.


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Les "gueules cassées".
Nous connaissons tous ce qui se cache derrière cette expression. Nous avons vu des images difficilement soutenables dans des livres d'histoire.
Mais, a-t-on pensé à ces hommes, à leurs souffrances physiques et psychologiques, à la façon dont ils ont pu vivre après la guerre ?

Dans La chambre des officiers, Marc Dugain nous invite à la réflexion.
À travers le personnage d'Adrien, directement inspiré de son grand-père, et les autres protagonistes, il nous fait revivre le chemin de croix de ces soldats.
La blessure, l'arrivée à l'hôpital, le refus ou l'acceptation, l'envie de se battre ou de baisser les bras, le retour à la vie "normale" : chaque cheminement est unique mais de nombreuses difficultés sont communes.
Comment accepter son nouveau visage qui n'en est plus un ? Comment admettre l'idée que l'on ne retrouvera plus jamais son apparence ? Comment supporter le regard des autres ?
Comment imaginer reprendre ou trouver un travail, se présenter devant des gens, alors que l'on est soi-même horrifié par le reflet que renvoie le miroir ?
Comment imaginer se marier, avoir des enfants ? Peut-on espérer qu'une femme voudra de vous ?
Où trouver la force de vivre malgré tout, de refuser de rester caché pour le restant de ses jours ?

Dans un premier temps auprès du personnel de l'hôpital, admirable et dévoué. Auprès de médecins qui font naître un espoir fou, celui de reconstruire votre gueule cassée.
Alors les blessés, confiants, subissent des opérations à la chaîne, avec à chaque fois le rêve insensé de retrouver son visage d'avant. Jusqu'à la déception finale et l'obligation de finir par accepter ce qui était au départ inacceptable : il est des destructions irréversibles, et ce visage qui leur fait horreur est le leur jusqu'à la fin de leurs jours.

Grâce à Adrien et ses camarades d'infortune, nous comprenons mieux ce qu'ont vécu ces hommes partis la fleur au fusil et revenus la gueule cassée.
Nous pouvons imaginer leur parcours et nous représenter leurs souffrances.
Par-delà les années, nous ressentons de l'empathie pour eux.
Une blessure grave au visage n'est pas une blessure comme les autres. Outre les problèmes fonctionnels qu'elle engendre (comment parler quand on a eu la mâchoire et le palais fracassés ?), elle change complètement la perception que les autres ont de vous, et votre propre perception.
Un visage ne peut pas se cacher, c'est là tout le problème.
On peut camoufler un bras blessé, on peut dissimuler une jambe manquante par le port d'une prothèse, mais le visage est la première partie de soi que l'on montre, il est l'élément majeur sur lequel se fonde la première impression que les autres ont de vous.
Comment des hommes jeunes, ainsi atteints, ont-ils poursuivi leur vie après la guerre ?

Ce premier roman de Marc Dugain est bouleversant et mérite complètement les nombreux prix qui lui ont été attribués.
Fin et délicat, profondément humain, il est d'une grande force et contient la juste dose d'humour nécessaire pour rendre le récit supportable.
La solidarité entre les blessés est très émouvante mais également infiniment triste car elle révèle chez eux une terrible angoisse : pareillement atteints, ils se comprennent parfaitement, mais les personnes extérieures vont-elles pouvoir en faire autant ?

La chambre des officiers est un roman magnifique. Un formidable hommage au grand-père de l'auteur et à toutes les gueules cassées.
À l'heure où notre pays traverse une crise profonde, au moment où notre société est menacée par certains qui voudraient détruire notre civilisation, nous devons plus que jamais nous sentir reconnaissants envers ces soldats qui se sont battus pour la France et ont payé un prix si fort.
Plus d'un siècle plus tard, honorons leur mémoire en résistant à notre tour.
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Premiers jours de la guerre 14-18. Adrien, jeune officier fringant, est blessé. Il est le premier à intégrer le Val-de-Grâce, dans la chambre des officiers, là où l'on a enlevé tous les miroirs, là où l'on soigne les blessés au visage, ceux qu'on appellera plus tard les gueules cassées.

Il y restera tout le temps de la guerre, à subir interventions chirurgicales, à réapprendre à parler et à manger. Il y verra la douleur, l'espoir et le désespoir. Il subira la peur de l'extérieur, de se montrer face aux autres. Surtout, il vivra une intense histoire d'amitié avec des hommes et une femme comme lui, défigurés par la barbarie humaine.

Un livre magnifique, poignant, émouvant, servi par une plume limpide et addictive.

J'aime ces « petites » histoires,témoignages de la « grande » histoire, ces drames humains des uns face à la triste soif de pouvoir des autres.
Une très très belle découverte.
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Marc Dugain nous fait sentir toute l' atrocité de cette guerre hideuse et meurtrière: Non seulement elle tue, mais elle mutile ces soldats abominablement en leur ôtant le visage.
Ces gueules cassées sont devenues le reproche vivant et constant des horreurs de la guerre.
Abel Gance leur rendra hommage, à ces mutilés de la face, dans son film " J' accuse ".
Les morts disparaissent sous la terre, les gueules cassées, non!
Comment, avec de tels cauchemars, repartir en guerre vingt ans plus tard!?
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Alors qu'Adrien est mobilisé, il retarde son départ au maximum parce qu'il a rencontré une jeune femme avec qui il passe la nuit. Quand il se réveille le matin, prêt à partir, elle dort encore. Il lui laisse un mot lui demandant son adresse.

Adrien ne connaîtra pas les tranchées, il est gravement blessé à la face le premier jour. Sauvé par miracle, il est envoyé à l'hôpital du Val-de-Grâce où des chirurgiens tentent de redonner un visage humain aux « gueules cassées ».

Adrien et ses amis luttent contre les souffrances physiques, mais, dans leur chambre des officiers, ils sont à l'abri des regards. Il leur faudra pourtant en sortir, affronter le monde extérieur. Et leur famille, que dire à leur famille ?

J'ai aimé le combat d'Adrien et ses amis pour braver ce qui leur est arrivé et faire du mieux qu'ils peuvent avec ce que la vie leur a laissé.

Lien : https://dequoilire.com/la-ch..
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