J'ai lu beaucoup de premiers romans cette année, et rares sont ceux que j'ai pu qualifier de coup de coeur, de parfaites réussites. Vous me direz… On sait, désormais, que
Marc Dugain est un auteur connu, reconnu, qui n'en est plus à son coup d'essai. Oui, mais quand
La chambre des officiers est paru, on ne le savait pas, on pouvait simplement le prévoir, tant ce roman est époustouflant.
Il est rétrospectif, d'abord. Dès la première page, on sait qu'Adrien, bien que mobilisé, ne verra pas la guerre des tranchées. Pourquoi ? Comment ? Les pages suivantes nous le révèlent, avant de nous raconter sa guerre. La sienne, et celle de ses amis.
Elle ne désemplit pas, cette chambre des officiers. Certains n'y font que passer, parce que leurs blessures sont moins graves que prévues, parce qu'ils n'ont pas survécu, parfois même pas repris connaissance. Parmi les survivants, deux hommes prendront une grande importance dans la vie d'Adrien : Paul Weil et Henri de Penanster. Oui, il serait facile de dire que les trois hommes sont devenus amis parce qu'ils sont des gueules cassées. Ils sont devenus amis parce qu'ils ont la volonté de vivre, malgré tout, la volonté de ne pas se plaindre, la volonté de ne pas achever le travail commencé par les allemands, la volonté d'aider aussi les nouveaux arrivants. Eux aussi mènent leur guerre, contre ceux qui désespèrent, contre le regard des autres aussi. Les infirmières, les médecins, qui s'acharnent à redonner leur humanité aux patients, par des gestes simples (mais auxquels il fallait penser, comme donner à Adrien une ardoise pour qu'il puisse « parler ») se sont habitués à leur visage, et affronter le monde extérieur, c'est aussi se confronter aux regards des autres. Comme une nouvelle bataille. L'une des plus importantes, peut-être.
Ce roman ira jusqu'au bout de l'amitié entre les trois hommes, jusqu'au retour à une vie que l'on peut qualifier de « normale » : un travail, un mariage, des enfants. Jusqu'à la seconde guerre mondiale, aussi, et voilà deux anciens soldats qui montent au front pour en sauver un troisième. Combattre est toujours possible, transmettre aussi : la dernière phrase du roman est à ce titre exemplaire.
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