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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai été bouleversé par ce récit, bouleversé par cette histoire, j'ai eu des frissons, des larmes et la gorge nouée… oui, j'ai un coeur…

Mais il faut que les mots, les phrases me poignardent, m'arrache ma dignité, ma parole, ma voie…

Oui j'ai un coeur, mais pour cela il faut une écriture, un récit, une âme…

Je ne me mettrais pas à la place des ses hommes et femmes, non je lirai encore et encore pour ne pas oublier…

Pour ne pas uniquement, arracher la peau, les os, mais aussi la douleur, les maux et l'espoir…

Un roman qui restera gravé dans mon esprit…

Bonne lecture !
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« Car moi, le mutilé de la face, je ne vieillirai pas. La guerre m'a fait vieillir à vingt-quatre ans. Je n'ai pas eu le courage de me suicider. J'ai eu le courage de ne pas me suicider. La rancoeur, l'aigreur menacent. Je fais face à l'ennemi intérieur. »
Dans ce premier roman, Marc Dugain évoque ici un sujet mal connu, rarement évoqué, et qui tombe dans l'oubli avec les années. Il s'inspire largement de sa petite enfance passée au côté d'un grand-père lui-même « gueule cassée », pour nous parler du destin d'Adrien, jeune officier, grièvement blessé dès sa mobilisation lors de la première guerre mondiale.
C'est Adrien qui nous parle des cinq années passées à être soigné, réparé ; cinq années pour renaitre à la vie, cinq années pour redevenir homme, cinq années non pas pour oublier, mais pour se questionner, se souvenir, mais reconstruire avant tout ; et ce avec les difficultés que le retour à la vie civile impliquent.
Ce texte court m'a beaucoup touchée autant par son réalisme, que par la volonté de ne pas trop en montrer. le destin de cet homme au mental fort et gai, au caractère pudique et confiant en la vie est mis en lumière avec sensibilité, une simplicité émouvante. Et dans cette noirceur, dans ce malheur, l'humour n'est pas absent.
Marc Dugain, évoque également en filigrane le destin, lui aussi oublié de ces femmes de l'ombre qui ont mis toute leur âme dans l'accompagnement des soldats, souvent au prix de lourds sacrifices.
Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Pour la "Chambre des Officiers", attendez vous à des larmes.


On est avec Adrien Fournier, une homme dans la quarantaine, est appelé pour le combat, en 1914, lors de la Première Guerre Mondiale.
Adrien, veuf, rencontre alors une jeune femme et tombe amoureux d'elle, la vieille de son départ au front. Il passe une nuit avec elle, mais douloureusement, Adrien doit la quitter pour aller vers le combat.

Malheureusement, le lieutenant Fournier se fait défigurer par un obus lors d'un déplacement. Il se fait transporter alors dans un hôpital pour les gueules-cassées, comme lui : Val-de-Grâce. Il va y rester pendant toute la guerre, sans revoir ses proches, sans le moral, sans miroir, sans ami. Là-bas, il va faire connaissance de Weil, un aviateur brûlé et de Penanster un breton.


Préparez les mouchoirs. J'en ai encore les larmes aux yeux. Je ne sais pas si vous vous rendez compte, mais Adrien est tombé amoureux d'une femme qu'il n'a vu qu'une fois seulement (Clémence). Il a pensé à elle chaque jour des 5 longues années où il va rester à Val-de-Grâce. 5 années sans la revoir, sans revoir sa famille. Ça a du être extrêmement long. Imaginez moi ça...

Et puis parlons d'Adrien. Imaginez, vous venez de vous prendre un obus dans la gueule, vous pouvez tirer la langue par le nez (que vous n'avez même plus d'ailleurs), vous n'avez plus de palet, et puis vous ne pouvez même plus vous voir dans un miroir tellement vous êtes horrible. Les gens vomissent la première fois qu'ils vous voient. Ensuite, vous rencontrez et entendez des gens qui se suicident dans le même bâtiment que vous. Affreux, on est tous d'accord la-dessus.

La seule chose qui a permit à Adrien de tenir, c'est ses nouveaux amis Weil et Penanster qui étaient dans la même galère que lui. C'est aussi le fait de penser à Clémence, le fait de voir son visage dans ses pensées et dans ses rêves.

Même en se disant qu'après la guerre il ne serait plus jamais le même homme, Adrien a continué à tenir et s'occuper des nouveaux défigurés afin qu'ils ne tombent pas dans la détresse. Adrien, Weil et Penanster vont, ensemble, réussir cette chose.

Ne pensez pas que ce livre est fictif, que rien n'est vrai dedans. Marc Dugain a vécu avec des gens comme ça avec son grand-père pendant son enfance. Les descriptions dans le livre sont mêmes très légères par rapport à la réalité, que rien ne peut remplacer, mais elles couvrent un petit aperçu de cette réalité.

Pensez à tous ces gens, qui ont donné leur beauté pour nous, pour leur pays, et puis même à ceux qui y ont laissé la vie, juste une minute ou deux.

Pensez aux milliers de morts, d'humains qui ont laissé la vie au combat pour la France, pensez-y et puis lisez ensuite ce livre, en hommage pour eux.

Peace and love ;-)

Bonne lecture et 149 critiques !


P.S.: si vous voulez un livre du même genre, sur la Première Guerre Mondiale, vous pouvez aller sur le lien en-dessous.

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Adrien est un héros de la 1ère guerre mondiale, une guerre à laquelle il n'a pourtant pas participé.

Défiguré par un obus en 1914, avant même le début des hostilités, il passe les années qui suivent confiné dans une grande salle d'hôpital.
Cette “chambre des officier”, qu'Adrien est d'abord seul à occuper, se remplit rapidement d'autres officiers gravement atteints au visage eux aussi.

C'est là que commence son véritable combat.

Les interventions chirurgicales aux résultats aléatoires et les séances de rééducation douloureuses se succèdent, destinées à réapprendre à parler et à manger à ces gueules cassées.

Ne plus avoir de visage, c'est perdre son identité.
Avoir un visage monstrueux qui inspire peur, dégoût ou pitié, c'est perdre son humanité.

Il y a un "avant" et un "après" l'irréparable blessure.
La plupart de ces hommes ne pourra jamais renouer avec le passé. Leurs proches ne parviennent pas à les retrouver derrière leur atroce apparence. Eux-mêmes, souvent, ne se reconnaissent plus.

Ces bannis vont se comprendre, s'épauler et se lier d'amitié.
Affronter seul leur destinée absurde et le regard des autres est impossible. Mais ensemble, dans la fraternité, ils vont refuser de s'apitoyer sur eux-mêmes et se battre pour recouvrer leur dignité.

Adrien, avec ses amis, fait le choix de continuer à vivre, et c'est le courage qu'il met à surmonter son handicap qui fait de lui un héros.
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C'est dingue comme le temps passe vite. Je me souviens qu'à la sortie du film de Dupeyron, je n'étais pas allé le voir « j'attends de lire le livre ». Un quart de siècle est passé. Ça y est, je vais enfin tenter de dégotter le DVD ou attendre une rediffusion…
Quelle honte tout de même d'avoir attendu autant de temps pour découvrir ce livre ! Quel petit bijou d'intelligence tout autant romanesque qu'historique ! le terme bijou étant sans doute incongru du fait du thème de ce roman. Avant qu'Audouin-Rouzeau (le frère de Fred Vargas) et Annette Becker ne le formalisent de façon universitaire, Dugain nous offre des exemples poignants d'expériences combattantes. Sa prose limpide sait parfaitement poser les enjeux sur les conséquences de ce conflit tant pour les individus que pour les sociétés, cette « brutalisation » pour reprendre la définition de Georges Mosse. Oui, j'avoue ! Je tartine un peu ma science de la der des der, sujet qui me passionne. Mais sait-on jamais ? Peut-être un étudiant en histoire tombera-t-il sur ces phrases et se dira « Il faudrait peut-être que je le lise avant mes partiels ! ». Bonne pioche !
Pour ma part, je ne connaissais Dugain ni des lèvres, ni des dents, expression qui prend tout son sens pour ceux qui connaissent l'intrigue et cette découverte m'ouvre des perspectives tant ce monsieur sait manier la plume.
Il me reste par conséquent Dugain à moudre.
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La chambre des officiers est l'endroit où se retrouvent les grands blessés de la face , dans ce lieu où il n'y a aucun miroir , les jeunes gens qui se retouvent ici n'ont plus une apparence humaine et sont donc relégués dans un lieu spécialement concu pour eux .
Ici malgré tout des amitiés se nouent .
Livre bouleversant , sans pathos , sur ces vies brisées , beau témoignage sur les premiers pas de la chirurgie réparatrice , sur la capacité de surmonter une épreuve .
Ce livre est un hommage au grand-père de l'auteur .
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Ce roman est époustouflant et se lit d'une seule traite. Impossible de s'arrêter dans ce récit de la vie d'Adrien, tout jeune homme qui part à la guerre en 1914.
C'est l'affaire de trois semaines, disaient-ils... Mais les "Boches", Adrien ne les verra même pas car à peine arrivé au camp, lors d'une mission de reconnaissance, un obus lui arrache la moitié du visage. Il est alors conduit au Val de Grâce, dans une pièce réservée pour ceux que nous appellerons "Les gueules cassées". Entendons bien que même dans les hôpitaux ils étaient tenus à l'écart des autres blessés tant leur physique mettait mal à l'aise!
Adrien raconte alors son combat quotidien pour lutter contre la douleur et apprendre à vivre avec ce nouveau visage. Cela commence par l'alimentation: quand il n'y a plus de mâchoire et que la langue sort par ce qu'il reste de nez, s'alimenter est très compliqué...Mais bien sûr, il faut aussi s'accepter et affronter le regard des autres, à commencer par sa propre famille.
Adrien restera cinq ans dans ce service des blessés du visage, cinq années pendant lesquelles il va nouer des amitiés indéfectibles avec d'autres soldats comme lui. Leurs parties de cartes ne sont pas sans rappeler le célèbre tableau d'Otto Dix : "Les joueurs de Skat".
La deuxième partie de ce (trop) court roman raconte la sortie d'Adrien et son retour à la vie "normale", après la guerre. On y découvre que loin d'être accueillis en héros, ces soldats ont avant tout été confrontés à la curiosité malsaine voire au rejet de la part d'une population mal à l'aise devant des mutilations aussi atroces.

Ce roman est bouleversant , l'écriture de Marc Dugain percutante. Adrien a une force intérieure qui impose le respect. Comme je l'ai dit plus haut, je n'ai pas pu quitter le livre avant de l'avoir terminé tant j'ai été happée.

En tant qu'enseignante je réfléchis à une étude de cette oeuvre en classe de 3ème.
A lire et à relire pour ne pas oublier.







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Ce roman passionnant relate la douloureuse convalescence d'un officier qui s'est fait littéralement arracher une partie du visage par un obus allemand. Il vivra la guerre entre les 4 murs de sa chambre, au rythme des opérations successives et des amitiés profondes qu'il nouera avec ses voisins d'infortune.
Une aventure humaine extraordinaire, d'autnat plus qu'elle est à peine romancée.

A noter que cette histoire a de nombreux points communs contextuels avec l'excellent "Au revoir là-haut" de Pierre Lemaître. Mais ces romans ne font pas doublons et se liront tous deux avec un égal intérêt.
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C'est nouveau pour personne : la guerre c'est moche.
S'il en fût une plus moche encore que les autres, une qui culmina dans l'abomination, peut-être est-ce celle qu'on nomma la Grande Guerre.
Grande dans l'horreur, j'entends.

Pour s'en convaincre, il suffit par exemple de se rendre au numéro 74 du boulevard Port-Royal (Paris 5ème), à l'Hôpital d'instruction des armées du Val-de-Grâce, de grimper au dernier étage et d'ouvrir doucement la porte de la chambre des officiers.
Là se trouvent quelques lits de fer blanc, et dans l'un d'eux Adrien. Pour le reconnaître, le plus simple est encore de se référer aux constations médicales du chef de service : "Destruction maxillo-faciale. Béance totale des parties situées du sommet du menton jusqu'à la moitié du nez, avec destruction
totale du maxilaire supérieur et du palais, décloisonnant l'espace entre la bouche et les sinus. Destruction partielle de la langue. Apparition des organes de l'arrière-gorge qui ne sont plus protégés. Infection généralisée des tissus meurtis par apparition de pus."
Moche, comme je vous disais.

Et pourtant Adrien fait partie des chanceux,  rapatriés à Paris aux premiers jours du conflit. Défiguré par un éclat d'obus à la seconde où il monta au front, il n'a même jamais vu un Boche. Sa guerre, il l'a vécu au Val-de-Grâce, affrontant nuit et jour la douleur, la honte de n'avoir pas combattu et celle que lui inspire chaque matin le reflet massacré du miroir, sans parler du désespoir d'avoir à subir sans cesse des interventions chirurgicales aux résultats peu probants...

Heureusement Adrien n'est pas seul : une femme occupe ses pensées, contribuant sans le savoir à sa reconstrution, et deux autres
gueules cassées, dans des lits voisins, partagent son calvaire. C'est pour nous l'occasion d'assister à la naissance d'une
camaraderie forte et originale, et pour Marc Dugain de nous livrer un texte moins sombre qu'il n'y parait, où parfois l'humour affleure sous les cicatrices. Les trois occupants de
la fameuse chambre des officiers, qui remettent entièrement leur triste sort entre les mains des chirurgiens, font en effet preuve d'un détachement, d'un recul sur leur misère et d'un sens de l'autodérision qui forcent le respect.

À la barabarie sans nom de la guerre qui fait rage au loin, l'auteur oppose donc ici avec une grande justesse l'indestructible humanité de ces trois estropiés diablement attachants. Sa plume, qui pourtant ne nous cache rien des supplices endurés par Adrien et nous décrit en détails l'ampleur des dégâts sur sa face en charpie, n'est paradoxalament pas dénuée de pudeur et de sensibilité. Elle rend ainsi parfaitement justice à tous ces héros défigurés, anonymisés (au sens propre !) par la perte de leur visage, que Marc Dugain, nous invite à ne jamais oublier. Il signe là un premier roman court et intense, facile d'accès mais fort en émotions, poignant mais jamais larmoyant.
Remarquable !

* * *
M'est avis que toutes les occasions sont bonnes pour rendre hommage à l'ami Georges, alors je conclus pour une fois en musique :
https://m.youtube.com/watch?v=l2F5qaHzkj0
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Un roman touchant et lucide sur les gueules cassées.
Ce qui lui est arrivé avec l'explosion de la "marmite" (bombe) allemande, Adrien l'apprend à travers la conversation du chirurgien et de l'officier qui le pensent endormi: les propos sont directs, les mots crus, et la description d'autant plus saisissante... Il va falloir supporter la douleur, l'impossibilité de parler, la perte irrémédiable du goût et de l'odorat, manger par le nez, et comment boire? A "l'horreur du spectacle" s'ajoute l'humiliation d'avoir été "abattu sans avoir jamais croisé le feu" puisque ce jour-là, Adrien était en simple reconnaissance...

C'est d'ailleurs le premier "esquinté de la trogne" à être installé dans cet étage réservé aux officiers. Bientôt le rejoindront deux "compagnons d'infortune", Weil l'aviateur cramoisi et Penanster le Breton sans nez, et même une femme, Madeleine l'ex-infirmière, avec qui il restera ami à vie. Mais peut-on encore parler d'être vivant quand on reste ainsi cloîtré, par peur du regard des autres autant que par nécessité médicale? Les multiples opérations chirurgicales relèvent davantage du "rafistolage" que de l'esthétique... Pire, un visage ravagé donne le sentiment d'une "destruction de l'identité". Adrien fuit sa famille, repoussant la visite de sa soeur et de sa mère, ainsi que celle de son ami Bonnard pourtant atteint d'une infirmité congénitale ("sa petite main d'enfant doit lui sembler bien peu de chose maintenant"). Et en même temps l'horreur de la situation est décrite avec une certaine distance, une objectivité qui en atténuerait presque la teneur alors que les blessures sont véritablement atroces. Comme si Adrien ne réalisait pas tout à fait ce qui lui arrive: "J'éprouve une certaine difficulté à imaginer ce que je vois".

Et pourtant rien de plombant dans ce roman. Beaucoup d'émotion certes, mais aussi de fraternité et même d'humour avec l'inimitable Penanster qui "sait faire sourire, y compris ceux qui n'ont plus de bouche". S'il est difficile de se projeter dans un avenir "autre que celui des petits progrès quotidiens de mastication et de prononciation", on refuse de se laisser submerger par "le désastre de notre existence". Ce qui fait tenir Adrien également, c'est l'espoir de revoir Clémence avec qui il a passé "le dernier jour de paix", celui de la mobilisation. Et celui, encore plus fou, qu'elle l'appréciera toujours malgré les chairs déchiquetées.
L'histoire nous mènera jusqu'au difficile retour à la vie civile et même au-delà, parce que pour "ceux de 14", elle aura des conséquences bien après l'armistice: "La guerre était terminée mais ses résidus allaient continuer à déambuler pendant de nombreuses années"...
Lien : https://www.takalirsa.fr/la-..
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