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Après avoir passé cinq années dans un hôpital, Adrien, un jeune officier défiguré par les éclats d'une bombe, nous retrace le cheminement des blessés de guerre. Par son visage affreusement mutilé, il fait désormais partie de ceux que l'on appelle " Les gueules cassées". Tout au long du roman, Adrien, le narrateur, nous plonge dans les affres d'une guerre sanglante qui chaque jour, amène un lot croissant de défigurés.
Au fil du temps, il fait la connaissance de compagnons d'infortune, qui, comme lui, subissent diverses opérations terriblement éprouvantes pour tenter de redonner une forme plus avenante au visage déchiqueté de ces hommes mortifiés intérieurement et extérieurement.
Lorsque la guerre prend fin, malgré les progrès de la chirurgie esthétique et plusieurs sollicitations, Adrien refuse toute opération réparatrice. Son visage, sa gueule cassée, il n'en veut pas d'autre, c'est la sienne, celle qui fait partie de son histoire. Et quelle histoire !

J'ai lu la chambre des officiers de Marc Dugain pratiquement d'une seule traite tant l'auteur nous décrit avec une grande lucidité, l'enfer de la guerre avec son lot de souffrance, de désespoir, d'amitiés sincères qui se nouent dans des conditions dramatiques en terminant sur une note d'espoir et d'amour retrouvé auxquels certains ne croyaient plus.

Un récit poignant, époustouflant de réalisme dont on ne sort pas indemne.
Une pépite à lire !
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Une écriture belle et simple : voilà la plus grande qualité de "La Chambre des officiers".
Ce qui ne veut pas dire que ce roman n'en a aucune autre, mais néanmoins, c'est là ce qui m'a plut le plus dans ce texte.
Il s'agit d'un style original, concis, simple et sensible.
Qui contribue en grande partie au caractère bouleversant de ce texte. On sent dans cette écriture une sensibilité dépourvue d'artifices, simple, mais juste.
Il célèbre avec talent les choses les plus simples : le désir de vivre, l'espoir, la camaraderie.
Je suis un peu perplexe concernant l'utilité de l'épilogue lié à l'après-guerre, mais, à part ça, je ne trouve rien à redire.
Les personnages sont attachants et j'ai été ému en lisant "La Chambre des Officiers". On y retrouve la même beauté de style, la même justesse, la même pudeur, la même sensibilité, que dans "La Petite Fille de Monsieur Linh", de Philippe Claudel.
Un texte sympathique, pour l'essentiel.
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Ce roman passionnant relate la douloureuse convalescence d'un officier qui s'est fait littéralement arracher une partie du visage par un obus allemand. Il vivra la guerre entre les 4 murs de sa chambre, au rythme des opérations successives et des amitiés profondes qu'il nouera avec ses voisins d'infortune.
Une aventure humaine extraordinaire, d'autnat plus qu'elle est à peine romancée.

A noter que cette histoire a de nombreux points communs contextuels avec l'excellent "Au revoir là-haut" de Pierre Lemaître. Mais ces romans ne font pas doublons et se liront tous deux avec un égal intérêt.
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C'est nouveau pour personne : la guerre c'est moche.
S'il en fût une plus moche encore que les autres, une qui culmina dans l'abomination, peut-être est-ce celle qu'on nomma la Grande Guerre.
Grande dans l'horreur, j'entends.

Pour s'en convaincre, il suffit par exemple de se rendre au numéro 74 du boulevard Port-Royal (Paris 5ème), à l'Hôpital d'instruction des armées du Val-de-Grâce, de grimper au dernier étage et d'ouvrir doucement la porte de la chambre des officiers.
Là se trouvent quelques lits de fer blanc, et dans l'un d'eux Adrien. Pour le reconnaître, le plus simple est encore de se référer aux constations médicales du chef de service : "Destruction maxillo-faciale. Béance totale des parties situées du sommet du menton jusqu'à la moitié du nez, avec destruction
totale du maxilaire supérieur et du palais, décloisonnant l'espace entre la bouche et les sinus. Destruction partielle de la langue. Apparition des organes de l'arrière-gorge qui ne sont plus protégés. Infection généralisée des tissus meurtis par apparition de pus."
Moche, comme je vous disais.

Et pourtant Adrien fait partie des chanceux,  rapatriés à Paris aux premiers jours du conflit. Défiguré par un éclat d'obus à la seconde où il monta au front, il n'a même jamais vu un Boche. Sa guerre, il l'a vécu au Val-de-Grâce, affrontant nuit et jour la douleur, la honte de n'avoir pas combattu et celle que lui inspire chaque matin le reflet massacré du miroir, sans parler du désespoir d'avoir à subir sans cesse des interventions chirurgicales aux résultats peu probants...

Heureusement Adrien n'est pas seul : une femme occupe ses pensées, contribuant sans le savoir à sa reconstrution, et deux autres
gueules cassées, dans des lits voisins, partagent son calvaire. C'est pour nous l'occasion d'assister à la naissance d'une
camaraderie forte et originale, et pour Marc Dugain de nous livrer un texte moins sombre qu'il n'y parait, où parfois l'humour affleure sous les cicatrices. Les trois occupants de
la fameuse chambre des officiers, qui remettent entièrement leur triste sort entre les mains des chirurgiens, font en effet preuve d'un détachement, d'un recul sur leur misère et d'un sens de l'autodérision qui forcent le respect.

À la barabarie sans nom de la guerre qui fait rage au loin, l'auteur oppose donc ici avec une grande justesse l'indestructible humanité de ces trois estropiés diablement attachants. Sa plume, qui pourtant ne nous cache rien des supplices endurés par Adrien et nous décrit en détails l'ampleur des dégâts sur sa face en charpie, n'est paradoxalament pas dénuée de pudeur et de sensibilité. Elle rend ainsi parfaitement justice à tous ces héros défigurés, anonymisés (au sens propre !) par la perte de leur visage, que Marc Dugain, nous invite à ne jamais oublier. Il signe là un premier roman court et intense, facile d'accès mais fort en émotions, poignant mais jamais larmoyant.
Remarquable !

* * *
M'est avis que toutes les occasions sont bonnes pour rendre hommage à l'ami Georges, alors je conclus pour une fois en musique :
https://m.youtube.com/watch?v=l2F5qaHzkj0
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Un roman touchant et lucide sur les gueules cassées.
Ce qui lui est arrivé avec l'explosion de la "marmite" (bombe) allemande, Adrien l'apprend à travers la conversation du chirurgien et de l'officier qui le pensent endormi: les propos sont directs, les mots crus, et la description d'autant plus saisissante... Il va falloir supporter la douleur, l'impossibilité de parler, la perte irrémédiable du goût et de l'odorat, manger par le nez, et comment boire? A "l'horreur du spectacle" s'ajoute l'humiliation d'avoir été "abattu sans avoir jamais croisé le feu" puisque ce jour-là, Adrien était en simple reconnaissance...

C'est d'ailleurs le premier "esquinté de la trogne" à être installé dans cet étage réservé aux officiers. Bientôt le rejoindront deux "compagnons d'infortune", Weil l'aviateur cramoisi et Penanster le Breton sans nez, et même une femme, Madeleine l'ex-infirmière, avec qui il restera ami à vie. Mais peut-on encore parler d'être vivant quand on reste ainsi cloîtré, par peur du regard des autres autant que par nécessité médicale? Les multiples opérations chirurgicales relèvent davantage du "rafistolage" que de l'esthétique... Pire, un visage ravagé donne le sentiment d'une "destruction de l'identité". Adrien fuit sa famille, repoussant la visite de sa soeur et de sa mère, ainsi que celle de son ami Bonnard pourtant atteint d'une infirmité congénitale ("sa petite main d'enfant doit lui sembler bien peu de chose maintenant"). Et en même temps l'horreur de la situation est décrite avec une certaine distance, une objectivité qui en atténuerait presque la teneur alors que les blessures sont véritablement atroces. Comme si Adrien ne réalisait pas tout à fait ce qui lui arrive: "J'éprouve une certaine difficulté à imaginer ce que je vois".

Et pourtant rien de plombant dans ce roman. Beaucoup d'émotion certes, mais aussi de fraternité et même d'humour avec l'inimitable Penanster qui "sait faire sourire, y compris ceux qui n'ont plus de bouche". S'il est difficile de se projeter dans un avenir "autre que celui des petits progrès quotidiens de mastication et de prononciation", on refuse de se laisser submerger par "le désastre de notre existence". Ce qui fait tenir Adrien également, c'est l'espoir de revoir Clémence avec qui il a passé "le dernier jour de paix", celui de la mobilisation. Et celui, encore plus fou, qu'elle l'appréciera toujours malgré les chairs déchiquetées.
L'histoire nous mènera jusqu'au difficile retour à la vie civile et même au-delà, parce que pour "ceux de 14", elle aura des conséquences bien après l'armistice: "La guerre était terminée mais ses résidus allaient continuer à déambuler pendant de nombreuses années"...
Lien : https://www.takalirsa.fr/la-..
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Ce roman comme les quatre précédents m'a été prêté par une amie, que je remercie car je l'ai beaucoup aimé. Dieu sait pourtant que le sujet n'est pas gai. Il porte sur ces ”gueules cassées” de la Grande Guerre. Et pourtant étonnamment malgré l'enfermement pendant toute la durée de cette guerre, les interventions multiples, le héros Adrien Fournier ne se révolte pas contre l'injustice de son sort. Il a été défiguré par une “marmite” lors d'une reconnaissance de terrain sans avoir connu une seule journée de combat. Je dis l'injustice de son sort car les blessures de la face dont tant d'hommes (et sans doute comme dans ce roman quelques femmes) m'ont toujours parues effroyables, les coupant de l'humanité. Je sais que la raréfaction des hommes a permis à certains de se marier. Mais je doute tout de même que leur vie ait été facile. C'est pourquoi ce roman qui met en scène plusieurs de ces blessés toujours positifs, toujours dignes m'a interpellée. Si l'auteur n'avait pas dit avoir été en contact avec des ”gueules cassées”, je n'aurais pas trouvé ce livre crédible. Mais il faut croire que j'étais dans l'erreur dans ma vision des choses.
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Il est des moments propices à l'exhumation de livres bien rangés au pied de piles tant virtuelles que physiques ... C'est ainsi que j'ai (re)trouvé récemment ce premier roman de Marc Dugain, que j'ai lu d'une traite.

Adrien jeune ingénieur des Arts & Métiers est incorporé comme officier du génie, aux premiers jours de la guerre de 14

Sa première sortie sera la dernière. Envoyé inspecter les bords de la Meuse pour y trouver l'endroit propice où construire des ponts de secours, il reçoit une balle allemande qui lui emporte le bas du visage.

Il passera le reste de la guerre dans "La chambre des officiers" de l'hôpital du Val de Grâce où d'opération en opération il ne retrouvera pas son visage d'avant mais pourra remanger et parler.

Autour de lui, ses compagnons d'infortune, plus ou moins déglingués, plus ou moins réparables, avec qui il s'épaule, il se soutient ... A plusieurs, on est plus forts pour encaisser le regard des proches qui, eux, ne peuvent cacher leur horreur  

Un roman sur l'amitié, la résilience, sur les horreurs de al guerre 

Mais aussi sur la vie qui reprend, qui continue ... 
Lien : http://les.lectures.de.bill...
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Un livre petit par sa taille mais grand par l'émotion qu'il renvoie !
L'auteur nous conte ici la vie de son grand père, poilu, et malheureusement pour lui, gueule cassée. Ce n'est en rien un livre triste, il fait état de la condition des malades, des soins et des balbutiements de la chirurgie maxillo faciale, et évoque même le sort des femmes qui elles aussi, ont pu subir ce sort.
La solidarité des malades est mise en avant, leur solitude, le regard des autres et leur lente remontée vers la vie. A lire..
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Très déçue par "L'insomnie des étoiles", me voilà réconciliée avec Marc Dugain grâce à son premier roman "La chambre des officiers" où il retrace le destin de son grand-père.
Dans ce récit tout simplement magnifique, on suit Adrien Fournier, jeune lieutenant mobilisé en 1914, qui, alors que les hostilités sont à peine commencées, est défiguré par un éclat d'obus, lors d'une opération de reconnaissance. Rapatrié à l'hôpital du Val de Grâce, il est le premier à occuper la chambre, interdite de miroirs, où sont soignés tant bien que mal les officiers blessés au visage. Comme il le dit lui-même, non sans une certaine ironie, les premiers allemands qu'il rencontrera pour de vrai, ce sera lors de la signature du traité de paix, conviés avec d'autres camarades par Clemenceau lui-même. de leur côté, les chirurgiens reconnaissent aussi leur impuissance devant ce genre de traumatismes et c'est grâce à de multiples expériences, suivies souvent d'échecs, que la chirurgie de reconstruction faciale va faire ses premiers pas. Tout au long de ces quatre années de convalescence, c'est un ennemi intérieur qu'il devra combattre et c'est grâce à l'amitié qu'il vaincra cet adversaire invisible, mélange de découragement et de peur d'affronter le regard des autres.

On aurait pu s'attendre à un récit déprimant mais au contraire, c'est une belle leçon de vie, pleine de courage et d'optimisme que nous livre l'auteur à travers le destin de ces "gueules cassées". L'écriture, pour moi, est remarquable car tout en narrant l'indicible, Marc Dugain parvient quand même à nous faire sourire à travers des dialogues savoureux.

En ce moment, je suis très attirée par les romans sur la guerre 14/18 (effet du centenaire de sa déclaration ?) et celui-ci n'est pas sans me rappeler le beau roman de Louisa Young "Je voulais te dire" où il est question aussi de ces soldats défigurés lors de cette guerre qui devait être "la der des der".

Quant on allie si bien l'émotion et l'espoir, on mérite un 20/20.
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Les gueules cassées ont toujours pour moi représenter le désastre de la première guerre mondiale,la destruction de la vie de ces braves jeunes hommes qui sont allés combattre pour leur pays.
Ouvrage bouleversant de sensibilité.
C est écrit avec beaucoup de réalisme et de respect.
A lire
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