Ils en voient passer, les arbres.
Ça bouge, ça tombe, ça grandit, ça va et ça vient sans se croiser.
Ça s'embrasse même parfois sous ses feuillages.
Alors là, ils sont bien obligé de jouer le jeu et de garder ce secret pour eux.
Mais pour cette histoire ci, nous leur couperons l'herbe sous le pied et nous vous rapporterons l'histoire de l'arbre du rond-point, car nous adorons spolier les infos quand il s'agit de faire lire.
Installez-vous, cela promet d'être indubitablement ( non, pas de doutes) passionnant.
Donc, notre arbre se tenait là un jour, là où il a été planté, près d'un rond-pont.
Et puis crac!
De la fumée noire d'encre et un automobiliste qui déserte sa voiture accidentée, en pleine route et en plein bouchon.
Il a bien tenté d'aller quérir le garagiste, ce pauvre Labrosse ( c'est son nom), un étonnant jeu de toréador pour éviter les voitures.
Mais impossible de traverser la mer rouge d'autos, même en courant ou en marche papillon.
Il pouvait se brosser, ce pauvre Labrosse.
Ca, c'était ce qu'il y avait de plus divertissant depuis des lustres pour cet arbre qui regardait depuis trop longtemps passer les voitures comme les vaches le train.
Nous nous amusons de l'ironie de cette drôle de situation où l'arbre et son rond-point deviennent l'île préservant Labrosse d'un tumulte, d'une agitation et d'une hystérie qui semblent sans fin.
Jean-François vante les mérites de la campagne (et bien plus, on le devine) avec humour et la chute de l'histoire est surprenante, la conclusion cohérente.
Une vraie bouffée d'air frais et un vraie moment de lecture détente à plusieurs titres.