Héraclite et le Bouddha ont été contemporains l'un de l'autre. La médecine indienne se rapproche sur la théorie des éléments de la philosophie ionienne; mais il est difficile aujourd'hui d'évaluer quels ont pu être les échanges réels entre l'Inde et la Grèce.
Héraclite et le Bouddha insistent dans leurs pensées respectives sur la mobilité des choses et emploient pour désigner le devenir la métaphore du fleuve. Pour
Héraclite, si "tout s'écoule" , si tout se transforme, allant d'un opposé à un autre, ce n'est pas sans un ordre universel, une intelligence et une justice divine. La doctrine du Bouddha est celle de l'impermanence, il n'y a pas de Soi, d'identité stable, tout est conditionné et fluctuant : le corps, les pensées, les désirs, les sensations... et il ne s'agit non pas, contrairement à l'idéal grec, d'atteindre à une vérité rationnelle de ce devenir, mais de s'en délivrer. Il était donc intéressant de confronter autour de la même notion deux traditions. L'auteur s'appuie sur les
fragments conservés d'un ouvrage perdu d'
Héraclite, "De la nature", et sur le canon Pâli du Bouddhisme.