Le roman
le survenant se terminait par le départ de l'étranger, aussi subit que son arrivée. Mais ce n'était pas la fin des aventures des paysans du Chenal du Moine. L'auteure québécoise Germaine Guèvremonta repris la plume et a ramené tout son beau monde pour une nouvelle aventure. Mais
Marie-Didace n'est pas une suite à proprement parler, l'homme qui a soulevé tant de passion fait attendre son retour, mais le reste du village continue de vivre sa vie comme un long fleuve tranquille. En effet, il ne s'y passe pas grand chose à part des chicanes de famille. C'est que les relations sont tendues entre L'Acayenne, cette veuve profiteuse qui a épousé le vieux Didace Beauchemin, et les enfants de celui-ci : Amable et sa femme Alphonsine enceinte jusqu'au cou. Et pas très loin, il y a toujours la voisine Angélina qui attend le retour de son bel étranger… Il n'est peut-être plus là, mais tout le monde pense à lui et parle de lui. Il occupe encore toute la place. Tous ces personnages, qu'on a connus dans l'autre livre, on les retrouve ici développés encore davantage, plus complets et complexes, plus humains.
On dit du roman
Marie-DIdace qu'il est une peinture fidèle du monde rural, avec ses personnages drôles et attachants, simples et authentiques comme l'étaient les paysans québécois. On dit aussi que ses dialogues aux accents de vérité étaient proches du parler des gens de l'époque. Tout ça, on ne peut le nier. Ces qualités et d'autres en font, en 1947, un des derniers grands romans du terroir, un genre à l'agonie. Si beaucoup de ces romans ont mal vieilli, ça ne paraît pas trop ici malgré mes présomptions initiales. Bon, le décor et les préoccupations des paysans rejoignent un peu moins les lecteurs du 21e siècle, mais le coeur de l'histoire, c'est les relations entre les femmes. L'Acayenne joue un peu le rôle de la méchante de service, mais pas trop, et elle s'acquitte bien de ce rôle. Didace commence à comprendre qu'elle l'a épousé pour assurer sa sécurité mais il s'en accomode, Phonsine craint qu'elle cherche à usurper sa lace ou son héritage. Les petits drames familiaux, et d'autres encore, ajoutés aux rêves et à la recherche de bonheur de chacun, et éventuellement à un sentiment de culpabilité, trouve encore un écho de nos jours. Je termine en disant que la fin aux accents tragiques m'a épaté.