L'âme à l'envers

Une superbe couverture comme Actes-Sud sait en faire, un beau titre et une quatrième de couv' qui parle de la ville où j'ai choisi de poser mes bagages, Lyon, et d'un poète, de moi jusqu'alors inconnu, Stan Rodanski, qui y a vécu, il n'en fallait pas plus pour me faire acheter ce livre.

Elma, modèle, fille superbe, quitte Bernard, le narrateur, un photographe philosophe et rêveur, pour Ludo, un homme de son âge, facteur d'arcs, "biker" et très jaloux. Mais la rupture n'est pas complète et Elma continue à envoyer de tendres SMS à Bernard, qui est resté amoureux d'elle et se retrouve "sur le grill". Leur amour a-t-il une chance de renaître ou est-ce vraiment fichu ? Autour d'eux rôde aussi le fantôme d'un autre personnage, Lionel B., adepte de pratiques SM extrêmes, à qui Elma a déjà eu affaire dans le passé.

Plus qu'un récit linéaire de cette histoire, c'est une mosaïque que compose Eugène Durif où se côtoient des écrivains comme Nerval, Nietzsche, Pavese ainsi que le poète surréaliste Stan Rodanski, que le narrateur a croisé dans la ville de Lyon où il a grandi, et où le poète a terminé sa vie, interné dans l'hôpital psychiatrique Saint-Jean de Dieu. Le narrateur nous parle aussi de son père (lui aussi interné en HP), de son neveu et de quelques amis mais très peu d'Elma, en fin de compte. Leur amour, Bernard le voit à travers le prisme d'autres histoires, telle que celle de Tristan et Iseult. Un jour, Elma lui balance en pleine poire : "Tu ne te rends pas compte que tu es complètement enfermé dans ton univers, avec tes références culturelles, tes obsessions de photographe, souvent j'avais l'impression que tu ne me voyais pas, [...] j'avais le sentiment de ne voir de toi que ton dos.". Touché. Ce livre est aussi le récit syncopé de la difficulté qu'ont certains êtres à franchir la distance qui les sépare des autres.

J'ai été intéressé par ce livre mais je n'ai été happé par lui qu'à de rares moments. Je le vois comme un brouillon, comme une esquisse de quelque chose de plus fort. Eugène Durif est avant tout auteur de théâtre et cette lecture m'a donné envie de voir une de ses œuvres sur une scène. Je pense que, repris et développé par un metteur en scène, porté par des comédiens, son propos pourrait davantage me séduire.

Bernard, photographe, vit une relation intime, amoureuse, sans histoire, avec Elma, jeune mannequin, avec laquelle il vit en bonne entente, sans partager pour autant ses passions, dont la littérature, jusqu'au jour où... elle le quitte.

Il se réfugie dans la lecture notamment de poèmes, et part sur les chemins de leur histoire, de son enfance et ses souvenirs...
Revisite ainsi Lyon, où vit son père, ancien jardinier de l'Hôpital Psychiatrique, aujourd'hui gardien de nuit dans un hôtel borgne...
Marcher sur les traces de son passé fait ressurgir les fêlures de celui ci et ne l'aide en rien à "oublier" Elma...
Bien au contraire il erre, abandonné, l'âme à l'envers...

L'auteur décortique ainsi les affres de l'amour et de la fin d'une histoire, mais aussi le besoin de possession, la quête de l'absolu, la recherche du plaisir, d'expériences banales en situations extrêmes, ce que chacun souhaite, vit ou suppose vivre au plus profond de lui même...
Cette dépression post rupture serait elle plus profonde ?...

Un roman inclassable, bien écrit, traitant avec originalité de la mort de l'Amour, de la dépression, de la recherche de soi même...
La solitude de l'Homme serait elle une fatalité ?
Un bon moment de lecture

Bernard à l'âme de travers depuis qu'Elma l'a quitté. Elle est modèle, il est photographe. S'il ne la prend pas en photo, elle l'obsède. Barbie que les hommes convoitent, elle est partie avec un garçon de son âge et ce départ a creusé un fossé ou une tombe au fond duquel gisent tous les fantasmes du photographe. S'il est obsédé par Elma, le négatif perdu de son âme, Bernard est aussi obsédé par des pratiques sexuelles extrêmes. Partagé entre un romantisme assumé et des obsessions décadentes, il passe en revue ses souvenirs et nous amène à Lyon, berceau de son enfance. C'est un très beau texte, sensible et direct. Un témoignage d'amour adressé à une femme fragile et belle que des hommes sans âme ont souillé. Si elle est partie, elle lui écrit quotidiennement. Elle ne veut pas qu'il l'oublie et fait tourner la tête du photographe que l'amour rend poète. Lisez-le !

Alors, cela commençait bien, enfin plutôt mal vu qu'il s'agit d'une rupture amoureuse mais, ensuite, cela part en tous sens, toutes directions et, malheureusement, je n'ai pas compris où l'auteur voulait nous emmener.

Nous décrire l'amour qu'il éprouvait pour Elma, oui. Nous retracer son passé, sa vie, oui… pourquoi pas. Mais se perdre enfin dans de longues phrases dont je n'ai pas toujours trouvé le sens, enrichir encore mon vocabulaire, faire passer son personnage par les milieux échangistes et SM… je n'en ai vraiment pas vu l'intérêt.