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Nicolas Richard (Traducteur)
EAN : 9782080207500
304 pages
Flammarion (25/08/2021)
3.4/5   41 notes
Résumé :
Ancien prof d’anglais qui a échoué à transmettre son amour de Shakespeare, Lou Bishoff est devenu chauffeur de taxi à Gentry, dans le Mississippi. C’est ainsi qu’il a dû se résoudre à gagner sa vie, en écoutant celle des passagers qui se succèdent dans sa vieille Lincoln. Retraités bringuebalés de motels en caravanes, junkies accros aux opioïdes, ex-taulards en goguette, racistes de tout poil... Tout vaut mieux que les bandes d’étudiants fêtards qui n’aiment rien ta... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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C'est une bonne surprise de rentrée. Un roman qui se lit à la vitesse d'une Lincoln noire gémissante, râlante de 1995...
Ce road-movie qui tourne autour du delta du Mississippi, dans une ville imaginaire, est typiquement étasunien de cette zone géographique. L'auteur réussi à faire du neuf avec du déjà vu, peut être parce qu'il parle de lui, de ses expériences, qu'il fait du roman avec une base de vécu...
On s'attache très vite au conducteur qui lit Siddhartha Gautama et à la faune interlope qui s'agite autour de lui : essentiellement des paumés qui composent un tableau saisissant de "l'Amérique profonde".
Si vous aimez ce genre, n'hésitez pas, c'est bon.
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Offrir un regard critique sur la dérive de nos contemporains à partir du poste d'observation idéal qu'occupe un conducteur de taxi n'augurait rien de très original. Et de ce point de vue, je n'ai pas été déçu avec Mississippi Driver de Lee Durkee, traduit par Nicolas Richard. Parce que pour le reste…

À Gentry, ville imaginaire du Mississippi, Lou (Lee ?) est chauffeur pour la petite compagnie All Saints, dirigée à distance par Stella qui manage et arnaque ses chauffeurs par téléphone ou textos en les envoyant quasi-systématiquement où ils ne veulent pas aller, quand ils ne veulent pas y aller.

Cette activité routière n'est que prétexte à une galerie de portraits d'autochtones locaux qui ne semblent être que des accros à la meth et autres cachetons, ou de retraités miséreux exclus du système social et sanitaire, vivant ou survivant dans des conditions inacceptables. le tout sur fond d'histoire personnelle de Lou survolée à coups de flash-backs.

Bref, si l'état des lieux réaliste de cette Amérique profonde et de cet État plutôt méconnu n'est pas inintéressant, il n'apporte pas grand-chose au sujet déjà vu et lu ailleurs. Quant à la partie romancée du roman, elle tourne rapidement en rond (un comble pour un taxi !), preuve que du burlesque maîtrisé au portnawak, la frontière est ténue.

Heureusement, le style est là, partant certes dans tous les sens mais offrant quelques beaux passages, notamment quand la plume de Durkee décrit les rêves, souvenirs ou quasi- hallucinations de Lou, flirtant alors avec une écriture poétique plutôt agréable. Avant que le déjanté ne reprenne le dessus !

Bref, une fois de plus, je n'aurais pas dû me fier à la référence à Bukowski en 4e de couverture. Retourne dormir Charles, c'était une fausse alerte !
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Tout d'abord un grand merci à Babbélio et aux Editions Flammarion pour ce magnifique roman reçu lors de la dernière opération Masse critique. C'est un grand coup de coeur et j'espère qu'il aura le succès qu'il mérite amplement.

L'auteur s'est largement inspiré de sa propre histoire pour écrire celle de son héros, Lou Bishoff, actuellement chauffeur de taxi dans une ville imaginaire du delta du Mississippi, mais qui a auparavant exercé divers métiers dont professeur d'anglais à l'université locale, d'où il a été viré après une bagarre avec un collègue dont le père est un notable. Lou travaille pour la compagnie de Stella, une femme alcoolique et manipulatrice qui vole ses chauffeurs sans scrupule, mais ils ont trop besoin de ce boulot de fou pour survivre. Boulot de fou, car leur compagnie est spécialisée dans le service aux marginaux, leurs clients sont bizarres, inquiétants à quelques exceptions près et surtout très peu disposés à payer les services reçus, c'est vraiment l'arnaque à tous les étages, sans oublier des horaires pratiquement sans limite. Nous suivons Lou au cours d'une très très longue journée en compagnie de junkies traquées par un potentiel assassin, d'ivrognes BCBG, de moribonds renvoyés de l'hôpital pour mourir chez eux et aussi d'une charmante vieille dame, sa seule cliente « normale ».

C'est une plongée dans l'envers du rêve américain, en 1995. le Mississippi est d'après l'auteur, l'Etat le plus pauvre des USA. Il y raconte aussi des souvenirs d'enfance, marqués par le racisme. Il est blanc et on l'a envoyé dans un lycée noir au nom de la déségrégation, mais il a été persécuté par ses camarades ainsi qu'un autre adolescent blanc. L'école y est déplorable comme la majorité du service public. Les diverses mesures n'ont servi à rien et cet Etat est toujours aussi imprégné par le racisme. Lou déteste cela mais ne peut rien y faire, il n'a pas d'autre choix que d'écouter ses clients déblatérer.

Lou essaie de s'en sortir, il s'intéresse au bouddhisme et lit un livre sur ce philosophe. Il espère y trouver un apaisement à sa dépression chronique et surtout canaliser la violence qu'il sent toujours sur le point de le submerger, la violence routière est sa hantise. J'ai beaucoup aimé ce personnage attachant qui essaie de survivre à ses échecs successifs et qui cherche désespérément un sens à sa vie, j'ai adoré ce road movie à la fois sombreet lumineux . Lou parle aussi de ses phobies, des croyances populaires de la région comme les Satanistes et de sa passion pour les Ovnis, un tableau d'une Amérique pauvre et peu éduquée.

Quand j'étais enfant, je m'étais prise de passion pour les aventures de Tom Sawyer et je lui ai imaginé des dizaines d'autres exploits, le Mississippi coulait jusque dans nos montagnes suisses. Depuis il existe une sorte de Mississippi mythique dans un coin de ma mémoire, j'ai eu un immense plaisir à ajouter une brique de plus à ce château de sable. Ce roman devrait séduire les amateurs de littérature américaine et de roman noir. Comme quoi l'Amérique n'a pas attendu Trump pour se déliter. Burkee nous invite à une plongée dans l'Amérique profonde, celle des paumés, à des années-lumière du rêve américain et du progrès social. Ce voyage est un grand bonheur de lecture, je lui donnerais bien une sixième étoile si c'était possible.
Lien : https://patpolar48361071.wor..
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(Livre reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique. Un très grand merci à Babelio et aux éditions Flammarion pour cette lecture vivifiante.)

Il s'appelle Lou Bishoff : c'est le narrateur de Mississippi driver qui, on le parie, ressemble comme deux gouttes d'eau à Lee Durkee qui en est l'auteur.

Car voilà, Lee et Lou ont été, entre autres métiers pas vraiment reluisants, prof d'anglais puis chauffeur de taxi. L'un en amphi permet de savoir comment raconter, l'autre en taxi permet de savoir quoi raconter. La combinaison des deux donne un sacré bon livre, qui lorgne du côté des frères Coen, entre the Big Lebowski (the Dude sans la Californie ni le bowling) et Fargo (l'Amérique profonde sans les crimes ni la neige).

Mais d'abord qui prend le taxi à Gentry, ville où Lou officie (un bien grand mot pour un gars qui roule dans une Lincoln déglinguée de 20 ans d'âge, sans freins (ou si peu) ni klaxon et qui affiche 336.000 kms au compteur) ?

Un indice : Gentry n'est pas Manhattan. Ni l'état du Mississippi celui de New York. Un habitant de Tribeca doit gagner davantage en une journée que 1.000 habitants de Gentry en 365. Ça donne une idée des courses et de la population qui pose ses fesses (jamais bien propres) sur la banquette arrière de la Lincoln. Des paumés, des vieillards en bout de parcours, des drogué.e.s (sous meth), des ex taulards, des branques, des poor workers - tous sans bagnole, tous sans le sou, tous dans la dèche.

Dans la dèche, Lou s'y débat aussi, derrière le volant 70 heures par semaine (ni RTT, ni carte vitale hein) à ferrailler contre ceux dont ils soupçonnent qu'ils vont se barrer sans payer, la proprio de la compagnie de taxis (Stella, alcoolo ascendant tyran qui ne le paie guère davantage) et son fils Tony (drogué ascendant crétin qui ne paie rien du tout), les autres chauffeurs de taxis (ah l'équipe de nuit) et ses fantômes, les siens propres et ceux de tous les passagers si mal embarqués qu'il a embarqués, qui ne le lâchent jamais, à l'instar de la caméra qui le filme en permanence.

Alors après, il y a Bouddha (qui recommande de rien attendre), Anna (une adorable vieille dame qui attend souvent Lou) et Chloé (une jolie infirmière que Lou attend et devinez… bref…).

Mississippi driver est un livre plein d'humanité, déjanté et chaleureux. Un gros pourboire pour Lou (et Lee) please !

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Mississipi Driver est le deuxième roman de Lee Durkee. L'écrivain américain originaire du Mississippi est l'une des bonnes surprises de cette rentrée littéraire.
En s'inspirant de son histoire personnelle, l'auteur raconte la vie chaotique de Lou Bishoff, devenu chauffeur de taxi après avoir été renvoyé de l'établissement où il avait décidé d'enseigner l'anglais par amour pour Shakespeare.
Un roman qui vous plonge au coeur de l'Amérique, loin du rêve américain, dans un climat à la fois glauque et austère comme le sont ses clients camés à la meth et touchant comme certains de ses habitués pour qui Lou est conscient de jouer un rôle social très important.
On a également aimé la finesse et l'humour du narrateur qui rendent sympathiques et attachants même les pires protagonistes du roman.

The bookbrowse review disait qu'il était à « mi-chemin entre Bukowski et Portis ». Cela nous semble être un bon résumé.
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critiques presse (2)
LeFigaro
08 janvier 2022
Un chauffeur de taxi dépeint les drôles de clients qui montent dans sa voiture.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
21 octobre 2021
Ce roman raconte magnifiquement le quotidien éreintant d’un chauffeur de taxi dans un bourg du sud des Etats-Unis. Et livre un portrait de l’Amérique des exploités.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
De même, j’ai tendance à considérer ma première course comme annonciatrice de la façon dont le reste de la journée va se passer, un indice sur les cartes auxquelles je vais avoir droit, le sort que les étoiles me réservent. Et là, j’ai l’impression que je vais écoper d’un jeu bien pourri, un full de junkies carburant à la meth, un brelan de bigots avec leurs gobelets pour recracher le jus de chique, des extraterrestres aux formes changeantes, d’ex-taulards suicidaires et des borgnes pervers vomissants.
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- J'ai beau avoir entièrement remboursé un emprunt immobilier, ils ont refusé d'étudier mon dossier.
Après un silence, je lui demande pourquoi ils ont refusé le sien.
- Trop de factures à l'hôpital à force de me faire casser la figure, répond-il. Je suis presque sûr que Jésus aussi, ils lui refuseraient un prêt.
- Ouais, probablement. Les charpentiers sont des indépendants, eux aussi.
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A l instant où Zeke entre dans mon taxi, sa puanteur me foudroie. C'est comme se faire électrocuter par de la pisse de chat.
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C'est le boulot qui nous pourrit les méninges. Ce sont les gugusses dans leurs camions énormes qui ne servent pas de leurs clignotants parce que ça fait efféminé, ce sont les chauffeurs du dimanche et les piétons suicidaires, les interminables convois de chantier en route pour aller construire encore plus d'immeubles afin que des soi-disant étudiants puissent gerber dedans. Tu fais un doigt d'honneur au feu rouge parce que tu sais qu'il n'est pas tout à fait inanimé - il est possédé, il ya un esprit malin piégé dans chaque feu rouge- et tu as beau prendre toutes les meilleures résolutions du monde, te voilà une fois de plus à taper sur ton volant, à maudire les incessantes provocations de la circulation.
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Devenez riche, transformez-vous en connard, élevez des enfants odieux, puis achetez un énorme SUV à la con deux fois plus gros que Dieu, pour que votre précieuse progéniture survive à l'accident qui mutilera et tuera la famille pauvre dans la voiture à taille humaine que vous venez de percutez parce que vous étiez en train d'envoyer un texto.
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Videos de Lee Durkee (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Lee Durkee
Rentrée littéraire Flammarion 2021 Mississipi Driver - Lee Durkee Parution le 25 août 2021
0:00 Début 0:09 Mississipi Driver est-il un roman autobiographique ? 00:58 Quelle Amérique, quels Américains, voit-on passer dans le taxi de Lou Bishoff ? 2:22 La situation sociale de nombreux Américains est-elle aussi désespérée ? 2:49 Comment les lecteurs du Mississipi ont-ils réagi ? 3:44 Livre et date de parution
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