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3,52

sur 681 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Cette chronique va être très difficile à faire parce que l'on ne peut que se délecter d'un tel style au service d'une brillante parodie d'espionnage mais finalement je n'ai que peu adhéré à l'intrigue.
Et personnellement, surtout dans ce style burlesque, j'ai besoin d'une vraie histoire et si possible d'un brin de tendresse au moins chez un personnage. Ici, ils sont surtout déjantés et burlesques.
Constance est une jeune oisive, épouse de Lou Tausk, homme riche depuis son seul succès musical planétaire ( genre Born to be alive de Patrick Hernandez).
» vie matérielle facile, vie maritale pas. »
Elle se fait kidnapper par Victor et ses deux acolytes ( face de lamantin et d'autruche un peu empotés mais sympathiques). L'histoire n'est finalement pas très importante. Demande de rançon auprès de Lou Tausk, qui, conseillé par son avocat et cousin Hubert, ne réagit pas. Et finira même par se consoler avec la secrétaire de l'avocat pendant que Constance apprécie sa captivité améliorée par ses deux geôliers amoureux.
Puis changement de décor. On passe de la campagne française à la Corée du Nord avec ses carences alimentaires, ses restrictions, ses mises en scènes, ces chemins balisés interdisant certaines villes de Province.
Constance doit séduire le premier conseiller de Kim Jong-un, Ce qui sera relativement facile pour cette belle femme ( » coupe à la Louise Brooks et courbes à la Michèle Mercier-ce qui n'a pas l'air d'aller très bien ensemble mais si, ça colle tout à fait. »)
Cette partie me rappelle le film The interview de Seth Roger et Evan Goldberg ( au moins sur le fond, mais sans comparaison sur la forme). Les occidentaux ne sont pas dupes des mises en scène, et l'auteur utilise aussi l'ironie comme dénonciation.
Jean Echenoz ne se limite toutefois pas à cette intrigue puisque l'on suit aussi bon nombre de personnages, tous aussi bizarres. Lorsqu'on force des êtres peu scrupuleux à devenir espion, il faut s'attendre à tout et à n'importe quoi. Plusieurs points de vue dont celui de l'auteur qui guide et motive son lecteur.

Mais la performance de ce roman est essentiellement dans le ton et le style. L'auteur s'amuse avec ses personnages, dérive sur une image pour notre plus grand plaisir ( truculent parallèle entre les papillons et les phéromones d'éléphante, décrit à merveille rues, paysages et frontière entre Corée du Nord et Corée du Sud.
On en prend plein les yeux avec humour et élégance.
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Le général Bourgeaud, soixante-huit ans, est sur le déclin. Largement inutile et placardisé, il cherche à redorer son blason. Et n'a pas de meilleure idée que de chercher une parfaite inconnue à envoyer espionner en Corée du Nord, rien de moins.
Constance est mariée, et Constance … a de la constance dans l'ennui au quotidien. Son mari est un artiste largement sur le déclin. Enlevée en pleine rue, elle va passer quelques mois isolée mais très bien traitée dans la Creuse. Là, dans une ferme, puis au sommet d'une éolienne, elle passera de longues heures en compagnie de ses geôliers compatissants et d'une encyclopédie qu'elle lira de A à Z, rien de moins !

Le décor est planté, les protagonistes y sont multiples, obéissants et le plus souvent stupides, au passé glauque d'ancien taulard ou plus brillant d'ex-vedette, homme de main stupide ou avocat véreux, assistante en mal d'amour ou coiffeuse un brin fleur bleue. Parodie de roman d'espionnage, notre envoyée spéciale, futile et inutile, tire son épingle du jeu, dans une deuxième partie qui se déroule dans une Corée du Nord totalement loufoque, ce pays prison duquel nul ne s'échappe et dont on ne peut qu'applaudir l'incroyable description de la DMZ, à vous d'aller la lire !

Et tout au long du roman, une voix off, en quelque sorte narrateur humoristique et réalisateur du film (ou du « nanar » !) auquel nous assistons, prend le lecteur à partie. Expliquant, dévoilant, des situations, un passé, des noms, des relations, ou ne nous expliquant pas d'ailleurs, s'il ne le juge pas indispensable à notre compréhension du récit global, étonnant, non ? du complexe de Stockholm à celui de la Creuse, il fallait oser et Jean Echenoz a osé ! de la caserne Mortier à la Corée de Kim Jong-un, ce digne descendant d'une dynastie de dictateurs qui officie sur les traces de son père Kim Jong-il et de son grand-père Kim Il-sung, du Trocadéro à la Creuse, l'auteur nous ballade, le narrateur s'amuse, et le lecteur soit s'emballe pour ce récit tellement décalé, soit se lasse de tant d'humour à plat. C'est mon cas, même si je reconnais une grande qualité à l'écriture, je me suis ennuyée. J'ai reposé plusieurs fois ce livre (pour en lire de nombreux autres entre temps) et finalement je l'ai terminé sans vraiment de plaisir… Je suis sans doute passée à côté de cet OSS 117 à la mode Brice de Nice qui tient autant des branquignols que des pieds nickelés, mais qui est porté par une écriture toujours aussi complexe, architecturée et soignée.
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Quatrième et dernière lecture dans le cadre du Prix Relay Voyageurs-Lecteurs, je remercie Babelio et Les éditions de minuit pour l'envoi de ce roman.

Je ne connaissais pas la plume de Jean Echenoz et, après petite enquête, je me lançais donc avec un bon a priori dans la lecture d'Envoyée spéciale

Difficile… très difficile… je ne suis pas du tout entrée dans l'histoire. Je me suis ennuyée avec tous ces personnages, ces amateurs plongés dans un fiasco total, tous ces détails inutiles, ces clichés, ces jeux de cache-cache…

C'est une parodie de roman d'espionnage, un anti-James Bond à souhait.
Et je pense que j'apprécie trop les bons romans d'espionnage pour goûter le délire, la plaisanterie déjantée que nous a joué l'Envoyée Spéciale.

J'ai pourtant apprécié le style d'écriture de l'auteur, il manie très bien les mots d'un vocabulaire riche. Il est sympa, il invite le lecteur dans son roman, fait des apartés comme des notes de bas de pages. Il use d'ironie, se moquant parfois de ses propres personnages, voire de son travail d'écriture.

Mais voilà. le style parodie loufoque, je ne peux pas! Ce n'est pas mon style du tout, de prime abord mais comme ma grand-mère me l'a toujours dit: goûte et tu pourras dire réellement après si tu aimes ou pas. J'ai goûté, mamie, j'ai goûté… et je n'ai pô aimé.

Alors bien entendu, je ne remets absolument pas la plume de l'auteur en cause mais sur ce coup-là, je ne suis pas la bonne lectrice…
Lien : http://livrenvieblackkatsblo..
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Un drôle de roman d'espionnage

Cette histoire commence fort avec la déclaration d'un général "Je veux une femme, c'est une femme qu'il me faut."
C'est ainsi que Constance va être enlevée. Elle a 34 ans, est "amoureusement insatisfaite", mariée à un compositeur de chansons. Elle est enlevée sous la menace d'une perceuse par trois hommes à la sortie d'une agence immobilière où elle venait de mettre son appartement en vente. Une rançon est rapidement demandée à son mari Lou Tausk qui bizarrement ne réagit absolument pas.

Les ravisseurs sont décrits comme extrêmement courtois, pleins d'égards pour leur otage, leur chef Victor est perçu par Constance comme un beau mec en bleu de travail.Nous allons découvrir des ravisseurs atteints du syndrome de Lima (je connaissais celui de Stockholm mais pas celui de Lima...) qui vont enfreindre "le protocole élémentaire du preneur d'otage".
Cet enlèvement va nous entrainer dans un voyage de Paris à la Creuse, dans une ferme puis dans la nacelle d'une éolienne, pour finir en Corée du Nord, pays dont Jean Echenoz nous fournit une brillante satire.

Voilà en gros pour l'histoire qui va s'enchaîner de chapitre en chapitre mais dans ce récit ce n'est pas cela le plus important...

Ce qui fait toute la valeur de ce roman c'est le ton employé par l'auteur, plein d'humour et de flegme britannique, un ton un brin détaché.
De plus, Jean Echenoz s'adresse régulièrement au lecteur en employant le "nous" "Il fallait bien qu'un jour ou l'autre, explicitement, apparût un peu de sexe dans cette affaire..., Il fallait bien que tôt ou tard parût aussi, dans notre affaire, une arme à feu".
Il parsème son récit de détails incongrus et d'amusantes digressions par exemple sur les annonces automatiques des stations dans le métro, sur les boites de médicaments qu'on ouvre toujours du côté de la notice repliée...Cela donne un effet décalé, déjanté à ce roman rocambolesque, voire loufoque par moments, où l'on ne s'ennuie pas une seconde.

Une lecture qui ne restera pas inoubliable mais un bon moment de lecture quand même...
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Amusant...

L'unanimité à la tribune du Masque et la Plume m'a convaincu de lire ce roman.
Peut être que, comme souvent, de trop bonnes critiques entraînent une petite déception chez le lecteur. Ce fut le cas en ce qui me concerne.

Si le style est parfait, l'histoire et les personnages m'ont déçu. Je n'étais sans doute pas préparé à rentrer dans un livre où tout allait être tourné en dérision. Au début on est donc surpris, ensuite on sourit, ensuite...on soupire et on a vite envie de passer à autre chose ; ( je tiens à préciser que je n'ai rien contre l'humour en littérature, je suis un très très grand fan de F.Dard par exemple ( oui, San Antonio c'est de la littérature, mais ce n'est pas le sujet... :-) ).
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Echenoz que je découvre, possède un style littéraire accessible, bien à lui, avec un sens aigu du contre-pied narratif. Entre humour fin, voire ironie, et espionnage, je me suis laisser emporter sans jamais être capable de prédire où l'auteur m'emmenait, et ceci dès le début, ce qui est pour moi une grande qualité, même si le genre n'est pas parmi mes favoris.
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Si vous aimez les parodies de romans d'espionnage, les Pieds Nickelés, la fantaisie, l'humour, les métaphores, la langue française dont Echenoz s'avère un virtuose, ce roman est pour vous ! Sinon passez votre chemin. Difficile de résumer une telle histoire mais sachez juste que c'est un monument de drôlerie car finalement peu importe l'histoire pourvu qu'on ait l'ivresse !
Autour de l'enlèvement de son héroïne Constance, jeune femme sans histoire, l'auteur nous tricote un dispositif romanesque fantaisiste, complexe et génial. Et on voyage de Paris à la Creuse, en passant par Pyongyang. Autour de Constance, beaucoup de personnages, autant de rebondissements, sans compter mille détails et précisions souvent digressifs mais qui, au final, dresse un tableau de notre époque et nos contemporains, des rapports humains.
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Des personnages aussi improbables que les situations dans lesquelles ils sont impliqués, une Héroïne, Constance, complètement "à l'ouest", des agents secrets sentimentaux et un peu"bras cassés", un pied-à-terre éolien, un compositeur has been, des situations loufoques dignes d'un moderne Vaudeville, bref un livre plaisant et qui ne vous surmènera pas le neurone...
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Une bande de barbouzes quelque peu désorganisés, un général sur le retour qui rêve d'un dernier grand coup, une jeune ingénue qui n'a rien demandé, et certainement pas qu'on l'envoie jouer les mouchardes en Corée du Nord… Tous les ingrédients sont là pour renouer avec la veine du roman d'espionnage rocambolesque, premier amour de Jean Echenoz.
Plus de vingt ans après Lac ou Cherokee, Echenoz démontre à nouveau sa virtuosité narrative : dans la folle machine qu'est Envoyée spéciale, tout - et, à l'occasion, n'importe quoi - peut alimenter le moteur de l'action. Interventions furtives du narrateur, deus ex-machina insensés, clins d'oeil auto-référentiels insistants... Pastiche goguenard et retors, Envoyée Spéciale conjugue la malice pince-sans-rire du jeune Echenoz à l'impeccable maîtrise stylistique de l'oeuvre de maturité.
Lien : https://balises.bpi.fr/litte..
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Variation sur une quatrième de couv
Le lecteur étant curieux, on va lui trouver de quoi s'occuper. Des compositeurs braqueurs aux barbouzes intérimaires , on passe de Paris à la Corée du Nord en passant par la Creuse, rien n'aurait donc du l'empêcher de s'ennuyer. Seul problème : le pastiche est un peu long....
Le dernier tiers m'a un peu déçu, tout cela pour ça? à moins que la longueur ne fasse partie de la parodie. Dommage c'est bien écrit....
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