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EAN : 9791090424661
174 pages
éditions Lunatique (15/06/2017)
2.62/5   4 notes
Résumé :
Quand son éditeur demande à Philippe, auteur sans succès, le sujet de son prochain roman, il lui répond : l’écriture, car il est persuadé que c’est en écrivant que l’on devient écrivain. Poursuivant sa quête de sincérité littéraire, il va tour à tour être confronté à la réalité (son quotidien : ses amis, Natacha son amour) ; à la fiction (l’histoire d’Héléna, un scénario commandité par un armateur grec, qui ne se remet pas de la disparition de sa femme) ; à un chat ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je remercie Masse Critique et les éditions Lunatique pour l'envoi du livre de Bernard Edelman, bizarrement intitulé Vertecon. La quatrième de couverture indique que l'auteur est surtout un philosophe et un juriste ; quelques recherches personnelles m'apprennent qu'il est aussi avocat et enseignant à l'Institut d'études politiques de Paris et plutôt spécialisé dans les problèmes de propriété littéraire et artistique et de droits d'auteur
Ce livre m'intéressait parce qu'il se veut interrogation sur l'écriture et interprétation de la littérature, mais sur un mode sarcastique et plein d'humour. Quand on comprend que le titre de cet ouvrage serait la contraction d'une réplique de Natacha, l'une des personnages, s'adressant au narrateur : « vert ? T'es con », le ton est donné et le parcours sérieux de son auteur paraît aux antipodes de l'horizon d'attente du lecteur…

Philippe, le narrateur raconte ses déboires auprès de son éditeur qui refuse son dernier roman, « l'histoire d'un livre qui quête son écriture », et lui conseille vivement d'écrire sur les réalités sociales de l'année 2002, période durant laquelle se déroule le récit. Dans sa recherche des réalités du monde qui l'entoure, Philippe raconte ses rencontres, ses discussions, ses amours et ses rapports ambigus avec un chat.
Cette mise en scène de l'écriture est portée par des dialogues percutants, pleins d'autodérision et de doubles sens. S'il y a un reproche que l'on peut faire selon moi aux romans récents, notamment certains (pas tous !!!) que j'ai pu lire dans le cadre de cette rentrée littéraire, c'est le manque de dialogues, comme si les nouveaux auteurs ne maitrisaient pas bien leur construction. Dans Vertecon, Bernard Edelman, alterne les monologues intérieurs de son narrateur et ses échanges avec ses interlocuteurs, ce qui rend son livre vivant et sonore, à défaut de le rendre intelligible.
Le récit est enrichi d'une intertextualité foisonnante, mais sous-entendue, affleurant à la surface des mots, jamais décodée ou alors si peu : chaque lecteur reconnaît et retrouve avec bonheur ce qui rejoint son propre univers référentiel ; il en est de même pour les figures de style, très nombreuses et pour tous les goûts. Sensible à l'écriture palimpseste et à la stylistique, j'y trouve là son seul intérêt selon moi.
Naturellement, ce texte sur l'écriture explore aussi la mise en abyme quand Philippe essaie d'écrire le scénario concernant une belle jeune femme disparue ; le lecteur est un peu perdu, ne sachant plus ou se situer dans les différents niveaux narratifs. Helena fait-elle partie de l'histoire, comme semble le laisser entendre la jalousie de Natacha ou n'est-elle que le thème d'un travail commandé par Ulysse ? Est-elle une métaphore de l'inspiration ? Quel est le rôle du personnage-livre dans le livre ? Qui parle, le livre ou bien son auteur ?

Étrange petit roman, bizarre étrangeté de son écriture, mots en quête d'écrivain…
Je ne sais que penser, que conclure… Chaque relecture révèle de nouvelles clés.
Ainsi que le dit la quatrième de couverture, Vertecon est « une anagogie des belles-lettres ».
À lire par curiosité intellectuelle, puis passer à autre chose.
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J'ai choisi Vertécon à partir du petit résumé qui était proposé lors de la dernière masse critique. Le titre fait référence à un bon mot d'un personnage et n'a qu'un rapport anecdotique avec l'histoire.
Vertécon nous emmène dans les traces de Philippe, le narrateur, auteur de livres ambitieux dont le dernier opus est perçu par la presse comme intéressant, pour peu que l'on « ne se laisse pas rebuter par un livre étrange à la construction complexe »; livre qui n'a pas franchement rencontré son public.
Le point de départ du récit voit Philippe mis en demeure par son éditeur de lui ‘ficeler un roman' ancré dans la réalité.
Un vieil ami lui propose alors d'écrire un scénario, exercice qui d'abord le rebute, lui qui se rêve inventeur de réalité. Mais qui va ensuite se révéler plus riche que prévu.
Nous voilà, lecteur, aux prises avec une mise en abime, ne sachant si la narration décrit le réel ou le scenario, habilement tricotés ensemble.
Une lecture pas désagréable, qui sort de ma zone de confort habituelle (merci les masses critiques). Un bémol cependant : j'ai toujours du mal avec les procédés stylistiques – quand je les repère, cela me fait « sortir » du récit, casse l'émotion ; et du coup ils n'atteignent pas leurs objectifs. Et j'en ai repéré beaucoup.
Ce livre fut également l'occasion de découvrir les éditions Lunatique, qui m'ont envoyé, en plus de ce livre choisi dans le cadre d'une masse critique, leur petit catalogue bien attrayant et original.
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« - L'histoire d'un livre qui quête son écriture, dis-je dans un souffle.
- L'histoire d'un livre qui quête son écriture ! Fichtre ! Et ça finit bien ? Ils arrivent à se rencontrer ? »

Philippe a trente et écrit des livres. Il rencontre son éditeur qui lui demande d'être plus ancré dans la réalité. Philippe part donc à la recherche de son écriture, nous offrant une mise en abyme intéressante : les personnages cherchent leur auteur, l'auteur cherche son écriture, l'écriture cherche ses lecteurs… un peu comme un chien qui se mord la queue. Mais en plus élégant !
Bien sûr, auteur, personnage, réalité et fiction se mélangent un peu, nous laissant un peu perdus, un peu acteur nous-mêmes de l'histoire, par les choix que nous faisons, le choix d'adopter un point de vue sur la lecture de l'histoire.
Un petit livre qui, mine de rien, dit de grandes choses, sur l'écriture, sur le rapport de la fiction à la réalité dans les livres. Réflexions mises en scène habilement, plus j'ai trouvé que dans d'autres livres abordant le sujet (sous un angle assez différent cependant, comme dans D'après une histoire vraie, de Delphine de Vigan).
Et surtout je suis persuadée qu'il s'agit là de littérature. Peut-être parce que le style est remarquable, parce qu'on sent que l'auteur joue avec les mots et se joue des mots, parce qu'il y a une construction certes complexe mais soignée dans cette histoire.
J'ai trouvé aussi une ironie mordante, des réflexions un peu sarcastiques aux accents gariesques. J'y ai même trouvé quelques références, que j'imagine peut-être, mais je suis sûre qu'avec un tel livre, le lecteur est autorisé à faire acte d'imagination : la réalitite aigüe, les cerfs-volants et l'auteur mégalo dont les jours finissent mal.

« « T'as déjà lu un truc où des personnages cherchent un auteur ?
- Oui, je dis.
- C'est tout à fait toi. »
Sidération. Stupéfaction. Je saute de joie. Je dilate. le miracle s'accomplit. le monde sera sauvé. Et moi avec. Un jour, la mort viendra et elle aura tes yeux. Formidable. Si moi est un autre, moi peut vraiment exister. »

Une belle oeuvre ! A moins que mon imagination m'ait joué des tours…

« Et je lui chuchote à l'oreille.
« On va être publiés et on va devenir immortels. » »

Merci à Babelio d'organiser Masse Critique, merci aux éditions Lunatique d'y participer.


Lien : https://chargedame.wordpress..
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
« … Si on ne se laisse pas rebuter par ce livre étrange, dont la construction complexe reproduit, dans sa structure même, l’obscurité du temps à venir, si on comprend que c’est le temps qui doit rendre compte du temps, et qui se décompose spéculairement… »
Il laisse tomber le feuillet.
« C’est assez bien vu, dis-je, sauf que j’hésite sur la pertinence du « spéculaire ». »
Il répète, avec incrédulité : « Vous hésitez sur la pertinence du « spéculaire » ! Mais, mon petit Philippe, c’est accablant, tout simplement accablant ! Comment voulez-vous qu’un homme normalement constitué, qui a une femme, des enfants, qui est peut-être au chômage, en tout cas, qui vit la crise, durement, comme nous tous, mette cent-vingt balles, vingt euros si vous préférez, pour s’acheter du « spéculaire » !
- Et pourquoi pas ? dis-je. Moi, je suis prêt.
- Mais – excusez-moi si je suis un peu brutal -, mais vous n’êtes pas normalement constitué.
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Salaud ! Triple salaud ! Je me croyais mort, mais je renais pour mourir à nouveau. Il a mis le doigt sur la plaie. Je souffre. J’ai toujours été malade de la réalité ; j’ai une réalitite aiguë. La nuit, parfois, je me réveille en sursaut, couvert de sueur, et je me dis : suis-je bien réel ? Est-ce bien moi qui suis moi ? Je est-il un autre ? Je secoue Natacha et lui dis : « Natacha ! Je ne sais plus qui je suis ? » Elle me répond : « Chiant, tu es chiant ! Donc c’est bien toi. » Et elle se rendort.
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Quelle vie de chien. Et pourtant – mes yeux, ici, s’humectent et le nez me picote – je lui ai tout donné à la vie : je me suis présenté à elle, tête nue, à genoux, comme un pénitent, une corde autour des reins, et lui ai dit : « Prends, je t’offre tout, puise en moi largement, à pleines mains, distribue mes richesses… »
« T’as pas dix balles, me demande le clodo SDF. J’ai faim.
- Quoi ?
- T’as pas dix balles ?
- Non, j’ai pas dix balles.
- Une cigarette, alors ?
- Je fume pas. »
Je me lève. Plus moyen d’être tranquille dans ses méditations. J’ai perdu le fil. […]
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