AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782958257002
80 pages
Terres Couchant (15/11/2022)
4.23/5   13 notes
Résumé :
Si seulement vous pouviez les entendre quand elles crachent et feulent, quand, d'un bond, elles sortent de leur lit et se rejoignent pour ne plus en faire qu'une seule, plus hargneuse, plus enragée ; si seulement vous pouviez entendre ce raffut, imaginez un peu, quatre rivières tressées entre elles, pareilles aux lanières d'un fouet, cinglantes et froides, douées d'une force dont vous n'avez pas idée et capables d'enjamber les plus hautes digues pour déverser sans u... >Voir plus
Que lire après Quatre rivièresVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Quatre rivières, le dernier ouvrage d'Alain Emery aux Éditions Terres du couchant est de ces livres qui vous ferait oublier de descendre à votre station de métro. Quand on y entre, on est happé par la plume de l'auteur qui n'a pas son pareil pour décrire les méandres des âmes.
C'est d'une beauté sombre et profonde comme le lit des rivières qui charrient autant de vies que de morts et dont le silence peut être plus violent que les grondements.
Dans un village encore très marqué par la Grande Guerre, les hommes taisent les cris et les canons, qui résonnent encore profondément en eux, avec le fol espoir de parvenir enfin à renouer avec la normalité, quitte à faire semblant pour ne pas réveiller les démons.
Un très beau texte servi par une édition d'une belle sobriété. A lire assurément.
Commenter  J’apprécie          80
L'oubli est le thème de ce texte court. L'impossible oubli de la chair marquée à jamais. La chair que l'on répare, pour mieux repartir à la boucherie. le médecin a l'état d'âme de celui qui a vu des corps meurtris à jamais, dérisoire réparation opérée, inutile cicatrice sur celui qui a vu l'indicible souffrance. L'âme perdu de l'errant vivant parmi les débris humains renvoie les survivants dans les limbes du questionnement : pourquoi ?
La douceur imaginaire d'un grain de peau, d'une épaule effleurée efface l'espace d'un instant le tourment installé à demeure. Une solution s'offre à l'acteur-spectateur survivant : fuir vers un ailleurs où les fantômes sont autres.
L'oubli de l'horreur est un oxymore.
Petit livre très sensible et juste, sélectionné pour le prix Louis Guilloux 2023.
A lire
Commenter  J’apprécie          60
Je viens de refermer « quatre rivières » de Alain Emery que j'ai lu deux fois à quelques mois d'intervalle, tant j'avais besoin de me plonger dans les mots de l'écrivain Alain Emery, comme on plongerait dans l'une des 4 rivières qui entourent (ou menacent) le village où s'installe un ancien chirurgien de Guerre. Et, comme après ma première lecture, j'ai été bouleversé.
Bouleversé par l'histoire bien sûr de ce chirurgien revenu brisé et désabusé des charniers de 14-18 et qui, en partance pour Cayenne où il décide de s'exiler, se souvient de la guerre et de sa récente tentative de pratiquer la médecine dans une campagne retirée. Dans sa tête résonne cet ordre de son colonel « sauver ce qui peut l'être ». Mais là aussi, comme à proximité des tranchées, rien ne se passera comme il aurait aimé.
Alain Emery nous entraîne dans sa langue, nous offre son style, pur, vif, la richesse de ses images, la qualité de ses phrases (surtout quand elles s'allongent). Les dits, les non dits, les silences et les regards, les mots pour conjurer le sort ou raviver la mémoire.
Je sais que faire des filiations est illusoire mais outre Giono (celui du Roi sans divertissement ?) j'y retrouve un peu de Maurice Genevoix et de Julien Gracq… de hautes références à mes yeux. Je le dis tout à trac, sous le coup de l'émotion d'un grand plaisir de lecture.
« Quatre Rivières » puis aussi « Horn » sont des titres à retenir aux excellentes Éditions Terres du couchant de Marc Nagels. Grand merci à lui.



Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Les voix. Je suis hanté par les voix. Elles me suivent, me talonnent, s’attardent en mon sillage - cendres chaudes d’un brasier résolument éteint que dispersent des tourbillons de vent -, elles volent, retombent tout autour de moi ; voix rageuses que la rancune éraille, et qui ne refluent qu’à regret, ainsi que reculaient, dirait-on, les quatre rivières après la crue, en essayant d’emporter avec elles un peu de terre ferme ; voix de jadis dont je croyais qu’elles échoueraient à me suivre jusque dans ma cabine aveugle mais qui rampent à nouveau dans cette geôle spartiate - choeur auquel, je le sais à présent, il est vain de vouloir échapper.
Commenter  J’apprécie          20
Ce qui compte, si on veut que le courant ne nous emporte pas, c’est de trouver sa place et d’y demeurer, quoiqu’il advienne. C’est la seule règle qui tienne. Le reste, c’est du vent.
Commenter  J’apprécie          00
Ce qui compte, si on veut que le courant ne nous emporte pas, c’est de trouver sa place et d’y demeurer, quoiqu’il advienne. C’est la seule règle qui tienne. Le reste c’est du vent.
Commenter  J’apprécie          00
Vous voyez, toubib, je ne sais pas ce qu’on gagne à dire la vérité mais je sais ce qu’on perd à la regarder en face.
Commenter  J’apprécie          00
Parce qu’il est une règle, chez ces gens-là : ce qu’on ne leur confesse pas, un jour ou l’autre, ils l’inventent.
Commenter  J’apprécie          00

autres livres classés : première guerre mondialeVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (19) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3182 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}