Nous retrouvons l'auteure dans un roman un peu plus sombre, un peu éloigné de son style habituel. Elle s'est lancée un petit défi pour nous offrir une histoire qu'on pourrait penser impossible, bien loin du gentil en mal d'affection mais bien d'un homme qui pour lui l'amour est inenvisageable, dont il n'en ressent pas du tout le besoin. Un homme qu'il vaut mieux fuir que côtoyer.
Alors attention ce n'est pas une Dark Romance même si je trouve qu'Hazel présente bien des similitudes avec les protagonistes de ce genre littéraire. L'auteure défini elle-même son roman comme un romantic suspens.
Donc Hazel est une femme dont la vie est d'une banalité sans nom, elle travaille dans un hôpital en tant qu'infirmière, elle a un rythme bien boulot-dodo, récemment séparée, elle ne fait que se distraire en sortant avec sa meilleure amie et collègue Rosie. Alors quand en rentrant chez elle, elle découvre des traces de sang qui la mène droit chez son voisin, elle ressent le besoin de vérifier que tout va bien pour ce dernier. Elle va s'immiscer dans son logement et le découvrir en très mauvais état. Elle va le soigner, le veiller mais ne sera pas prête à accueillir la violence qu'il dégagera. Avoir mis un pied dans l'univers sombre de son cher voisin sera pour elle le début des ennuis, car non seulement Jun est sexy, taciturne, énigmatique et glacial, autant il va se montrer gauche et troublant.
Il est tel le punisher, il est la main vengeresse des personnes dont la justice ne peut rien pour eux, bien souvent nous avons enragé face à l'injustice qu'on rencontre, et ce surtout quand les forces de l'ordre nous disent que malheureusement les preuves sont insuffisantes. Alors nous aurions aimé pouvoir engager un homme pour accomplir l'acte qui apaisera notre colère. Cet homme c'est Jun, celui qui depuis dix ans pourchasse, torture, tabasse ou détruit ceux qui ont commis ces ignominies. Il ne cherche pas à faire monter les notes quand on lui propose de le soudoyer, il ne veut pas entendre les excuses, les raisons qui les ont poussés à agir ainsi, non, Jun exécute juste ce qu'on attend de lui.
« J'ai toujours été solitaire, même quand j'allais à l'école. Je n'ai jamais rencontré de personnes qui me donnaient envie de les garder à mes côtés. Les relations ne m'intéressent pas et rien n'a changé au fil des années. Je suis toujours solitaire. »
Ce genre de roman vont nous faire voir la vie d'une autre manière, elle va dire ce qu'on pense, repousser les limites du politiquement correct.
On va vivre des moments qui nous glaceront le sang, je ne pourrais pas dire que j'ai ressenti toute la douleur, la frustration ou encore l'incompréhension qui va submerger Hazel mais l'auteure a réussi à décrire à merveille ces différents sentiments.
Elle va nous faire vivre au fil des revirement de situation qui peupleront le livre, le côté un brin bipolaire de Jun avec son incapacité à ressentir des émotions chaleureuses, il est le type même du psychopathe, pour lui la violence est monnaie courante, une manière de faire comprendre aux imprudents que chaque acte engendre des conséquences.
Mais voilà, une petite femme va le troubler, le dérégler son quotidien, ses habitudes, elle va au fils des jours s'infiltrer dans son esprit, sous sa peau jusqu'à son âme. Il aura du mal à gérer ses émotions, ces sentiments qui souhaitent s'expulser de leurs cages.
« Je ne veux pas penser à cette femme pourtant, j'ai l'impression d'échouer lamentablement. Elle m'agace, elle est fragile comme une fleur et l'instant d'après elle est aussi puissante qu'une bombe. »
L'auteure va construire son histoire en gardant le danger durant tout du long, à aucun moment on s'apaise, on se dit qu'enfin on peut relâcher le souffle bloqué. Et encore à la fin on se dit qu'il est possible que la mort rôde.
La passion sera pour elle brutale, on est loin du parfait instant de sensualité, sur ce point Alfreda a maintenu le caractère du personnage masculin avec ses actes, il ne se ramollit pas, il ne fait amende honorable, il respecte ses engagements et chaque parole dite est scrupuleusement réfléchit.
On se demande comment une femme peut éprouver des sentiments pour un homme qui ne présente aucun signe d'attention, dont il n'est pas question de compromis ou encore quand il lui parle si froidement.
Mais pourtant Hazel va quand même ressentir pour Jun de la compassion, de l'affection, de l'excitation (c'est sur ces points que je trouve moi qu'on est très proche de la DR). Je vous laisserai me donner votre propre opinion sur ce personnage et le lien qui va se former entre les deux protagonistes.
Le fond de l'histoire est puissant, on va découvrir des méchants qui sont ignobles, une enquête va se dérouler avec des interrogations. Ce qui sera décrit nous retournera l'estomac et une larme glissera au moment de la découverte de cette triste réalité. Néanmoins un déclencheur était nécessaire pour que Jun comprenne des choses sur lui et pour réveiller son âme.
« Tu es une fouteuse de troubles. »
Trouble Maker était un pari risqué pour l'auteure, un pari qu'elle a relevé mais dont le style ne sera pas mon favori. J'aime sa plume dans ses autres livres où généralement le personnage masculin est plus sain. Où il va nous émouvoir, nous faire rire aussi et où il apprendra à se délivrer de ses démons.
Malgré cela, c'est un bon roman avec des vérités trop souvent enfouis, trop souvent impunis.
Lien :
https://leslecturesdemariaet..