Les éthéromanes sont extrêmement imaginatifs ; (…) l’éther est un poison qui pousse à la hantise du laid, du monstrueux. Tous les éthéromanes que vous interrogerez sur leurs rêves et sur leurs sensations vous causeront toujours et uniformément de potences, de pendus, de noyés, de noyés surtout. On croirait que l’éther s’est placé sous le patronage de la pâle Ophélie, vous savez Ophélie, celle dont le masque de beauté et de mort suit lentement le fil de l’eau…
Les intoxiqués sont habituellement menteurs. Le mensonge entre dans leur cortège habituel ; le mensonge, et une certaine dissimulation. Tous ces gens-là mènent une vie cérébrale si désordonnée qu’il serait étonnant, d’ailleurs, qu’il en fût autrement ! Toujours entre deux rêves ou deux cauchemars, ils embrouillent leurs pensées et ne distinguent plus guère le vrai du faux, la fiction de la réalité. Et ils mentent à toute minute, pour rien, pour le simple besoin de mentir, de dire quelque chose, de compliquer la vie…
La tristesse et la lassitude poussent aux mille extravagances. Il y a les voluptueux de l'atrocité, comme il y a ceux de l'amour...
On commence un jour par curiosité ; on recommence par ennui, malgré le premier dégoût.