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EAN : 9782865532490
159 pages
Jean-Cyrille Godefroy Editions (05/04/2014)
3.3/5   10 notes
Résumé :
Cet essai part de la constatation que Rome a commencé son histoire comme les Etats-Unis d'Amérique, devenus l'hyperpuissance hégémonique mondiale en moins d'un siècle, et s'est effondrée de la même façon que l'URSS. Philippe Fabry retrace sur la longue durée l'évolution des mentalités romaines et montre que la transition d'une pratique libérale originelle de la République à celle d'un socialisme totalitaire sous l'Empire est la clef permettant de résoudre une des pl... >Voir plus
Que lire après Rome, du libéralisme au socialisme : Leçon antique pour notre tempsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Je dois reconnaître que j'ai été favorablement surprise par ce livre dont, a priori, je n'attendais rien de particulier. C'est à la curiosité que je dois cette découverte et à l'entremise de Babelio via Masse Critique, laquelle curiosité a été cette fois-ci bien récompensée.

De quoi s'agit-il ici ? D'un essai sous les angles croisés de l'économie et de la compréhension du droit pour analyser, comprendre et expliquer l'émergence fulgurante, puis l'essoufflement et enfin l'effondrement sans rémission de la Rome antique.

Mais, ce qui serait déjà beaucoup n'est pourtant pas tout car l'auteur, Philippe Fabry, pousse encore plus loin la réflexion en établissant des parallèles avec des exemples de puissances plus modernes, à savoir le régime républicain apparu aux États-Unis et feu l'U.R.S.S.

Ces parallèles sont très discutables, bien entendu, mais c'est réellement captivant. C'est en effet la première fois qu'on me propose des clés de compréhension crédibles tant pour l'apparition de la phénoménale puissance romaine de l'Antiquité que pour son non moins spectaculaire déclin et sa dissolution ultra-rapide. Il aura suffit d'une petite pichenette d'une peuplade barbare d'effectif dérisoire pour étriller la formidable machine de guerre qu'avait été Rome. Étonnant, non ?

Selon Philippe Fabry, les raisons de la vigueur économique et de l'attractivité qu'exerçait la cité de Rome entre l'établissement de la république en 509 av. J.C. et la première guerre punique provient premièrement du libéralisme total et véritable en matière économique (c'est-à-dire, avec un appareil d'état réduit à sa plus simple expression, essentiellement avec un rôle de maintien de l'ordre) et deuxièmement de l'apparition de l'état de droit (loi des Douze Tables), c'est-à-dire de l'assurance que les droits individuels de chacun seront respectés devant la loi sans passe-droit.

L'auteur précise que durant cette période, ce sont les autres cités d'Italie qui se pressent et qui trépignent d'impatience de pouvoir bénéficier du graal suprême, c'est-à-dire de la citoyenneté romaine, offrant les garanties de l'état de droit et l'opulence économique associée. À ce moment-là, c'est plutôt Rome qui freine des quatre fers pour limiter l'incorporation de nouvelles cités dans son système économico-socio-politique. Les cités incorporées jouissent d'ailleurs d'alliances bilatérales très équitables.

En somme, la " conquête " de l'Italie va de soi puisque se sont les " conquis " qui désirent ardemment entrer de plein droit dans Rome. (Précision non fournie par l'auteur mais que je me permets d'ajouter de ma propre initiative : un peu à la manière des candidats à l'adhésion à l'Union Européenne qui font du forcing pour être acceptés dans le cénacle.)

Cet état des choses sera modifié à partir des guerres puniques, le véritable tournant et non l'apparition de l'Empire comme il est souvent dit. Au cours de ces deux guerres, Rome devra se doter d'un appareil militaire plus important et de structures étatiques et administratives étendues, justement pour financer et organiser ce gros corps d'armées. Il y aura des conquêtes collatérales, non spécifiquement décidées en amont, mais des faits de guerre.

Or, ces territoires nouveaux, ces richesses pillées, cet afflux d'esclaves sont acquis " par l'État " et seront redistribués à la classe dirigeante sénatoriale, cas flagrant de capitalisme de connivence où la libre concurrence est pipée par l'utilisation que certains font de la puissance et des biens de l'État (au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, c'est dans cette forme étatique du capitalisme dans laquelle nous vivons actuellement).

Ce déséquilibre croissant dans le libéralisme véritable entre citoyens est à l'origine de la fracture entre les Optimates (l'aristocratie dirigeante, disons pour simplifier " la droite " dont Sylla puis Pompée seront des représentants célèbres) et les Populares (les démagogues sociaux, disons pour simplifier " la gauche ", dont Marius et César seront les champions du genre).

Et ce faisant, par un mouvement de marée, d'avance et de recul, du libéralisme initial on arrivera à une forme particulière de socialisme pour des raisons électorales. Socialisme classique par le bas, sous forme de redistributions gratuites, en vue d'emporter une élection, mais aussi socialisme par le haut, sous forme d'accaparement de terres, de marchés ou d'esclaves pour les classes dirigeantes.

Évidemment, l'état de droit et le dynamisme économique seront de plus en plus grevés par cet assistanat d'une part, puis cette concurrence déloyale, toujours au détriment des classes moyennes. Ceci conduira à des évolutions du droit, à l'apparition de deux classes de citoyens, à une augmentation croissante du rôle de l'État, de l'assistanat et des prélèvements obligatoires sous forme d'impôts en tout genre.

Voilà en quoi l'auteur compare l'émergence de la puissance romaine à l'apparition de la république américaine et de son fort dynamisme économique originel et plus tard, la république romaine devenue empire, et l'empire devenu appareil d'état totalitaire complètement sclérosé économiquement, politiquement et socialement, à la manière de l'U.R.S.S.

On comprend ainsi plus aisément qu'aucun citoyen de la masse n'ait particulièrement cherché à défendre ce qu'était devenu l'Empire romain, à partir de Dioclétien, un régime sans doute proche du Stalinisme ou de l'actuelle Corée du Nord. On comprend mieux alors qu'un faible peuple soi-disant barbare représente un progrès social pour la population romaine.

Il en ira de même lorsque les guerriers musulmans déferleront sur l'Empire romain d'Orient, avec les mêmes effondrements spectaculaires, et il ne subsistera qu'un mince royaume grec, centré autour de Constantinople et qui n'aura plus d'Empire romain que le nom, et encore.

Il est aussi à noter selon lui qu'à partir des guerres puniques, l'expansion territoriale de Rome n'est plus librement consentie par les peuples concernés mais le résultat d'annexions successives, ce que l'on nomme classiquement " impérialisme ". On s'aperçoit donc que " l'impérialisme " de Rome prend place essentiellement pendant la République et non tellement pendant l'Empire. Les conquêtes de Pompée et César sont là pour en attester.

Je suis donc assez d'accord avec l'auteur lorsqu'il affirme que le grand virage n'est pas l'apparition de l'Empire, qui n'est, somme toute, qu'une conséquence logique de la dérive de la vie politique républicaine. le virage véritable est celui qui a brisé l'équilibre de la loi des Douze Tables en créant du clientélisme électoral dans la République.

Je ne partage pas du tout les convictions libérales de l'auteur et y suis même totalement opposée, mais j'ai trouvé sa démonstration économico-politique enrichissante et très parlante au niveau des évolutions du droit romain et ce faisant, intéressante. Moi qui suis pourtant idéologiquement très réticente quand j'entends parler de libéralisme économique, force est de constater que l'argumentation invite à la réflexion, quand bien même se serait pour rechercher des contre-arguments.

Ce qui est notable, et malgré un positionnement idéologique très clair (trop clair, sans doute) de l'auteur, c'est qu'il s'agit d'une démonstration non exclusivement manichéenne. Philippe Fabry ne se fait aucune illusion sur notre capitalisme et il considère que le libéralisme " pur " et équitable, (est-ce que ça peut, même théoriquement, exister, là est une autre question) qui assurerait l'essor économique et le respect des droits et des espoirs de réussites de chacun est une utopie puisque vient toujours se greffer un déséquilibre, à un moment ou à un autre, qui fait basculer le libéralisme pur en capitalisme de connivence. Ensuite, les démagogues de tout poil font le reste...

Il convient de toujours rester très critique avec ce genre de démonstrations qui pourraient essayer de nous faire prendre des vessies pour des lanternes, mais réfléchir aux causes et aux conséquences de telle ou telle politique ou de tel ou tel modèle social me semble une démarche importante pour chacun de nous.

En somme, un bel essai que je recommande vivement, pas forcément à prendre pour argent comptant, mais à titre d'exercice pour aiguiser notre réflexion. Je remercie donc infiniment et chaleureusement l'éditeur Jean-Cyrille Godefroy et Babelio pour cet envoi dans le cadre de Masse Critique. Souvenez-vous néanmoins que ce que j'exprime ici n'est qu'un avis, c'est-à-dire bien peu de chose, même si chacun sait que tous les avis mènent à Rome.
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Le passage de la République à l'Empire est la résultante d'une crise ayant duré de -98 à -29, opposant deux factions, les Optimates et les Populares, représentant grosso modo respectivement les intérêts de la classe dominante et du peuple, bien que les leaders des populares ainsi été en général eux-même issus de la classe sénatoriale. Elle se termine finalement par la victoire des Populares, avec l'accession d'Auguste au pouvoir.
Toutefois, il serait caricatural d'assimiler les Populares à "la gauche" et les Optimates à "la droite", ces deux notions n'ayant aucun sens à l'époque.
De même les notions de libéralisme et socialisme ne sont pas opérantes dans le cadre d'un système économique basé sur la rente foncière, l'esclavage et l'impérialisme colonial, qui n'est nullement modifié par le changement dans la forme du gouvernement.
C'est seulement après la crise du IIIème siècle, qui entraîne une baisse de la population, une diminution de richesse produite, avec l'intensification des besoins militaires que le pouvoir impérial va exercer un certain trcontrôle de l'économie, avec la mise en place d'un cadre administratif plus développer, à cause des nécessités d'augmentation de la pression et de défense de l'Empire contre les menaces extérieures.
Mais il est ridicule de parler de socialisme

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Merci beaucoup à Babelio ainsi qu'à l'éditeur Jean Cyrille Godefroy de m'avoir donné l'opportunité de lire cet ouvrage, via le dispositif de Masse Critique.
Passionnée d'histoire, l'histoire de Rome m'a toujours beaucoup intéressée, mais je n'ai jamais lu d'ouvrage qui y soit dédié.
Ce livre fut une belle surprise. Je dois admettre que j'ai eu peur en recevant le livre (bien que je l'ai sélectionné pour Masse Critique) de m'ennuyer au milieu de termes juridiques de l'auteur. Mais en fait pas du tout.
Je ne détaillerai pas ici les hypothèses et théories de l'auteur, ce n'est pas le but, Amazon le fera beaucoup mieux que moi!
Philippe Fabry retrace l'histoire de la montée en puissance de Rome ainsi que sa chute, de façon très claire et concise. Sa façon de nous raconter l'histoire est agréable. Ce n'est certainement pas un roman, mais le livre se lit vraiment très bien pour les amateurs de livres d'histoire comme moi. J'y ai personnellement appris beaucoup de choses sur l'évolution historique et politique de Rome.
Ses conclusions sur les politiques capitalistes, telles que celle des Etats Unis aujourd'hui, qui sont vouées à triompher, et sur les politiques socialistes, telles que celle de l'URSS, qui sont vouer à disparaître sont intéressantes.
On y adhère... ou pas.
Je n'y adhère pas.
Néanmoins j'ai trouvé son raisonnement très rigoureux et j'y ai appris beaucoup de choses, et c'est le principal me semble-t-il!
Lien : http://piccolanay.blogspot.f..
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Dans le " De iustitia et iure " l'on trouve [...] les mots d'Ulpien qui manifestent les idées animant alors un très haut magistrat au service du pouvoir impérial :
" C'est à juste titre que certains nous appellent « prêtres », car nous cultivons la justice et proclamons la connaissance du bon et du juste, en séparant le juste de l'inique, en discernant le licite de l'illicite, en souhaitant rendre bons les individus non seulement par la crainte de peines mais encore en encourageant par des récompenses, et aspirant si je ne me trompe à la vraie philosophie, non à la fausse. "
Il y a là tous les éléments de langage du rationalisme constructiviste décrit par Friedrich Hayek, une conception politique selon laquelle les choix publics doivent répondre à la volonté de construire la société suivant un certain modèle : des « prêtres de la justice », des initiés capables de guider la masse du peuple ; Ulpien prétend y arriver « non seulement par la crainte mais encore en encourageant par des récompenses » alors qu'à l'origine le droit romain se souciait de faire respecter le droit de chacun, la " libertas ", non de modeler l'ordre social.
[...]
L'idéologie d'Ulpien a très fortement marqué l'Histoire bien au-delà de la chute de l'Empire romain : en Europe occidentale le Moyen Âge fut marqué par la redécouverte des compilations de Justinien qui furent commentées pendant des siècles et servirent de base à la réapparition d'une pensée juridique et de systèmes étatiques. Or, même si elles furent abordées avec un regard nouveau, marqué notamment par le christianisme et le fait que les textes, après plus d'un demi-millénaire, étaient perçus plus comme une sagesse antique et que le corpus de règles imposées par un pouvoir qu'il était à l'origine, ces compilations n'en demeuraient pas moins une somme de droit et d'opinions juridiques largement portées par un régime totalitarisant. Ainsi, durant des siècles, les commentateurs d'Europe continentale répétèrent à l'envi les maximes d'Ulpien faisant des juristes, et en particulier des juges, les « prêtres de la justice ». Jacques Krynen [...] donne à voir la persistance de cette idéologie après la Révolution et jusqu'à nos jours où la magistrature est encore persuadée d'avoir un rôle organisateur de la société, ce qui était la vieille idée d'Ulpien (récemment les magistrats français du Syndicat de la magistrature ont montré leur propension ulpiennesque à se croire dépositaires de la " vraie philosophie " en recensant sur un Mur devenu fameux les photos de leurs ennemis idéologiques et politiques). Ce n'est pas le cas ailleurs, en particulier dans les pays anglo-saxons, que l'on parle du système de " Common law " ou du système américain. Il nous semble que ceci est la clef du vieux débat au sujet du libéralisme : pourquoi a-t-il plus de succès dans les pays anglo-saxons qu'en Europe continentale et spécialement en France ? On a proposé à ce sujet beaucoup d'explications : tempérament latin contre tempérament nordique, culture catholique contre culture protestante. Notre explication est en fait dans la culture juridique, ce qui est logique puisque le libéralisme est avant tout une conception du Droit (l'aspect économique n'étant qu'une conséquence) : en Europe continentale ce que l'on appelle le système juridique romano-germanique s'est érigé sur la base conceptuelle des textes romains qui étaient le droit d'un État à tendance totalitaire n'admettant pas que lui fussent opposées des droits individuels inaliénables, tandis que les Anglo-saxons, eux, ont bâti leur système juridique pratiquement d'eux-mêmes, sans être influencés par l'idéologie étatique d'Ulpien. En résumé nous sommes en France attachés au legs final d'un droit romain devenu totalitaire alors que les Anglo-saxons, et en particulier les Américains, en ont retrouvé l'essence originelle : la " rule of law ", l'état de droit. Notion d'ailleurs qu'en France les juges ont un rôle démesuré qu'ils n'ont point aux États-Unis, encadrés qu'ils sont par les deux piliers de la transaction et du jury populaire qui leur interdisent de se sentir « prêtres » de quoi que ce soit.

Chapitre IV : Vers le Dominat : les Sévères et l'anarchie militaire.
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Le profit n'est pas qu'une question de gros sous, par définition il est tout ce qui fait du bien, qui profite aux individus : constitution d'un patrimoine, certes, mais aussi reconnaissance sociale, bonheur familial, satisfaction intellectuelle, épanouissement spirituel...
[...]
Le libéralisme, en assurant le respect des droits individuels sans entraver l'exercice de larges libertés individuelles optimise le rendement d'une société, lui permet de devenir dynamique, de produire de la richesse qui, par l'échange, profitera à tous (puisque nul n'échange librement s'il n'y trouve profit).

Chapitre I : Le libéralisme romain originel : les débuts de la République.

(P. S. : on peut très largement discuter la seconde partie de l'affirmation de Philippe Fabry, ne serait-ce que lorsqu'il prétend que le libéralisme, par l'échange, profite à tous. C'est un mensonge éhonté lorsqu'une entreprise, par l'exercice d'une position dominante voire d'un monopole oblige les particuliers à se saigner de tous leurs biens pour assurer leurs besoins essentiels [alimentation, habillement, logement, chauffage, etc.]. Certes, les gens échangent, certes pour un profit (à savoir rester en vie) mais ne s'enrichissent absolument pas. D'où mes plus grands doutes sur cet argument spécifique de l'auteur.)
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Si le règne de Dioclétien est marqué par une chose, c'est l'œuvre d'achèvement de l'intégration de l'Empire : il n'y a tout simplement plus de Romains ni de provinciaux, la réorganisation administrative, avec son découpage total et rationalisé de l'Empire en diocèses, montre un nivellement. Ce genre de découpage arbitraire faisant souvent fi des frontières culturelles et traditionnelles est un comportement typiquement constructiviste : on le retrouve chez les révolutionnaires jacobins créant les départements, ou chez les nazis divisant le Reich en Gaue. Les uns comme les autres voulaient effacer les repères traditionnels, gommer les différences culturelles au sein de leur peuple pour créer un homme nouveau, uniforme : les Jacobins ne voulaient plus de Gascons, de Provençaux, de Bretons mais uniquement des Français ; Hitler ne voulait plus ni Bavarois, ni Saxons, ni Prussiens, mais seulement des Allemands. En déracinant les entités politiques historiques, la masse humaine devenait plus malléable.

Chapitre V : L'achèvement de l'intégration de l'Empire.
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En résumé, la classe riche acquiert un capital (terres et esclaves) avec l'aide de l'État et bénéficie ensuite seule des fruits de son exploitation. Or cette soudaine mutation est un cas d'émergence d'un " capitalisme de connivence ", système que l'on définit généralement comme un modèle économique dans lequel de grandes entreprises privées voient leur activité protégée par l'État, c'est-à-dire que les coûts sont socialisés et les profits privatisés, au détriment des autres producteurs potentiels. [...]
Il va de soi que le capitalisme de connivence, ou capitalisme d'État, est un faux capitalisme, puisque c'est une contradiction dans les termes, et dénoncé, de nos jours, par les authentiques capitalistes libéraux (le libertarien américain Ron Paul parle lui de " corporatism ") : les bases du capitalisme sont en effet la liberté d'entreprendre associée à la responsabilité de l'entreprise : celui qui mise son capital dans une activité en perçoit légitimement les bénéfices, mais si son jugement est défaillant et que son investissement est mauvais, alors il perd son capital. Cette responsabilité est le fondement du système capitaliste car elle garanti un marché sein où circule une information juste et où les risques d'investissement peuvent être calculés. Au contraire, si la responsabilité est émoussée par l'insertion de mécanismes dans lesquels soit l'État investit à la place des individus, soit les secourt dans l'hypothèse où ils ont pris de mauvaises décisions, alors l'information est brouillée entre le " bien et le mal " économiques, multipliant les risques de bulles, de " malinvestissement " et donc de grippage de la machine économique. Le capitalisme de connivence garde l'apparence d'un capitalisme parce que l'on voit des gens entreprendre et s'enrichir, et l'on ne voit pas (comme aurait dit Frédéric Bastiat) qu'ils le font sous la protection économique de l'État, avec la conséquence que les acteurs du marché adoptent des comportements beaucoup plus risqués, puisque se sentant faussement en confiance, les éventuels pots cassés étant payés par la collectivité.

Chapitre II : La mutation socialiste de la société romaine.
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Le développement du culte impérial et la volonté du pouvoir de l'imposer à tous fut l'une des premières occasions sérieuses de friction avec les Juifs, notamment avec la lubie de Caligula de faire placer sa statue dans tous les temples, et donc aussi les synagogues ; ce fut ensuite l'escalade avec la destruction du Temple, la politique antijuive de Vespasien et finalement les grands massacres de Juifs lors des révoltes de ceux-ci sous Trajan et Hadrien (guerre de Kitos et révolte de Bar Kokhba) qui firent, proportionnellement à la population juive de l'époque, autant de morts que la Shoah.
On a beaucoup critiqué le terme de persécution " religieuse " des Chrétiens et des Juifs, et ce à raison : la persécution n'était pas religieuse mais politique ; le culte impérial romain était un culte politique, une religion civile à laquelle il fallait adhérer pour ne point être suspect de vouloir menacer la paix sociale.
[...] Lorsque Domitien exigea de se faire appeler " dominus et deus ", cela suscitait nécessairement le refus des Chrétiens et des Juifs monothéistes et donc une occasion de trouble public, occasion de trouble qui n'aurait jamais existé sous le régime républicain puisqu'aucun dirigeant romain n'aurait alors songé à exigé d'être appelé ainsi.

Chapitre III : Le Principat, dictature socialiste.
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