Un roman graphique engagé, féministe mettant en avant des portraits de femme et modernisant le mythe de Méduse : le combo était parfait, du sur-mesure.
De plus est, mère de trois jeunes garçons, je pense maîtriser (et vivre pleinement) le concept d'injonction à la parentalité. J'ai lu, cherché, relu et fouiné sur ce sujet ces dernières années.
Les injonctions faites aux femmes : sois belle, baise bien, réfléchis, reste à ta place, mais penses-y, deux enfants c'est bien, non trois c'est trop, travailler c'est important, à la maison à 16h30 max, cuisine bio, gère les finances ….
Bref la société attend des femmes un rôle bien défini, cantonné. Et quand enfin elles deviennent mère… la foudre s'abat deux fois plus sur leur large dos !
Ce roman graphique m'attirait donc, j'avais envie de continuer ma réflexion sur le sujet à travers un format différent.
La première idée qui m'est venu en tête quand j'ai vu le sommaire : tiens, 18 portraits différents pour 157 pages. 18 thématiques traitées en l'équivalent d'un chapitre. Hum hum (je toussote).
Puis je me suis lancée dans la lecture. Rien à redire, les dessins sont très beaux, le coup de crayon est maîtrisé et l'autrice a un véritable style. Les cheveux de Méduse à toutes les sauces, j'ai adoré. Les couleurs, les personnages sympathiques et souriants, les illustrations participent pleinement au plaisir de la lecture.
Ce qui m'a beaucoup moins plu, c'est le manque d'arbitrage de l'autrice.
J'aurai préféré qu'elle ne choisisse que 4/5 thèmes et qu'elle les développe. Je n'apprécie pas réellement quand on me guide dans ma reflexion, quand la solution/réponse m'est livrée toute cuite.
C'est exactement ce qui se passe dans ce bouquin : l'autrice a un avis sur tout, le donne et passe à un autre sujet.
Étant dotée d'un cerveau en état de marche, j'aurai préféré comprendre par moi même, être confrontée à des situations concrètes, cheminer avec les personnages, me remettre en question.
Le parti pris a été d'aborder des sujets larges : charge mentale, burn out, maternité inclusive, grossophobie, non désir d'enfant, fausse couche …
Pour moi, cela n'a pas fonctionné.
Je pense que ce livre peut être adapté pour des personnes qui commencent juste à s'interroger sur ces thématiques, les situations exposées peuvent susciter l'intérêt ou la curiosité et pousser les lecteurs et lectrices à creuser le sujet ailleurs.
Pour des personnes déjà sensibilisées et engagées, le traitement des différentes injonctions faites aux mères peut paraître superficiel.
A offrir donc, aux papas ? 😁
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Cette BD regroupe 19 portraits, témoignages, autour de la parentalité et des injonctions diverses de notre société qui y sont liées.
Organisé comme des petits chapitres, dessiné avec des couleurs douces et un trait tourné vers l'humour, l'ouvrage aborde de nombreux sujets comme le handicap, l'homoparentalité, la transparentalité, la charge mentale, le burn-out parental, le non désir d'enfant... Il donne à la fois des exemples concrets, des chiffres et des ressentis. Il y a d'ailleurs une liste de référence en fin de livre si l'on veut approfondir certains sujets.
La bd se veut surtout un ouvrage de sensibilisation à la différence sous toute ces formes et permet d'amorcer des discussions. L'ensemble est dense, très intéressant et aborde bien des sujets dont je n'avais même pas conscience.
A découvrir sans attendre.
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Comment vivre sa maternité sereinement et passer au travers toutes ces injonctions et inepties que l'on peut entendre quand on attend ce que l'on a de plus cher au monde: son enfant .
Ce livre raconte les récits des personnages qui se succèdent chez le "gorgonologue " et qui racontent leurs inquiétudes et leurs déboires face à ces injonctions parentales.
Chaque situation est analysée avec finesse et justesse, le graphisme particulier est bien réfléchi.
L'écriture alterne entre humour, ironie et bienveillance.
Je recommande cette BD qui devrait être prescrite sans modération à toutes les "gorgones" futures mamans, afin de les libérer et les déculpabiliser de leurs angoisses perpétuelles autour de la maternité.
Je remercie Babelio et les éditions Hâtier de m'avoir fait découvrir cette formidable auteure .
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Pourquoi tant de haine envers les femmes et leur poids ?
Parce que la minceur est un marché qui rapporte beaucoup d'argent à ceux qui en tirent profit.
Parce que c'est le procédé idéal pour maintenir les femmes en position de soumission à l'approbation extérieure.
Parce que construire un idéal féminin mince et frêle permet d'exalter un idéal masculin fort et musclé.
Conséquence immédiate de l'injonction à la minceur : la grossophobie, qui pourrit la vie des personnes grosses, et même celle des autres.
La dévalorisation sociétale des personnes en surpoids a des lourdes conséquences, allant de la discrimination à l'emploi jusqu'aux violences médicales.
Et quand elle s'abat sur des mères déjà physiquement et moralement épuisées, qui n'ont pas la disponibilité de prendre soin d'elles, ça peut très mal tourner.
Mettre au monde des enfants en pleine santé, au bon moment, avec la bonne personne, et dans les bonnes conditions…
Les élever en étant très présente mais pas étouffante, tout leur offrir sans les pourrir, avoir de l’autorité sur eux sans les traumatiser…
Être une mère irréprochable, une compagne irréprochable, une professionnelle irréprochable…
Être heureuse de son sort tout en cultivant ses ambitions, rayonner de confiance, d’amour et de joie ! Rien que ça !
Finalement, qu'on ait des enfants ou non, nous sommes tous·tes des parents. Car nous avons tous·tes une parenté les un·e·s avec les autres... En plus de la parentalité développée par certain·e·s d'entre nous.
Antoine et moi, on est faits du même bois, du même sang. Mais c'est moi qui porte l'héritage de cet utérus que nous partagions autrefois.
Je veux que notre enfant soit libre.
Que personne ne lui impose ni un genre, ni une orientation sexuelle, ni des comportements associés.
Noémie Fachan, auteure féministe de bande dessinée de "Maternités : miracles et malédictions"