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sur 578 notes
Sanctuaire est assez différent des livres de Lumière d'Août, le Bruit et la Fureur, Pylône, Absalon !Absalon!.. car l'intrigue y est plus claire (je sais que certains de ceux qui ont écrit un commentaire sur Babélio bondissent !). C'est un roman noir, très noir, du ce sud dont Faulkner connaissait si bien l'âme..
On retrouve cependant sa manière de déboussoler le lecteur en utilisant l'ellipse, en ne décrivant ni n'expliquant pas tout.. Lire Faulkner demande concentration, motivation, effort (voire prise de notes sur les personnages pour les romans cités précédemment) car c'est 1 cran, voire plusieurs, au-dessus des romans "faciles à lire et à comprendre". Vaut mieux en être amateur (Claude Simon, Malcom Lowry, voire Joyce..).
Sa manière de décrire des "petits riens" qu'on voit tous tous les jours sans y prêter plus d'attention (en général), originale, unique, poétique sans jamais être mièvre (c'est pas du Musso ou Marc Lévy), très juste, fait partie de l'intérêt de ses livres (je conseille de s'attarder sur les pages 268,69, 70 dans l'édition folio de 1989..)
Un exemple : en insistant sur les allées et venues incessantes du personnage de Temple dans la maison, il "laisse à penser" qu'elle est complètement paniquée (sans jeu de mots), comme un oiseau pris au piège ou un insecte dans un abat-jour, mais jamais il n'écrira simplement qu'elle est paniquée..
Et cette histoire (comme les autres) est forte, violente, dramatique.. mais dans un style complètement différent d'un, par exemple, Hubert Selby Jr dans Last Exit to Blooklyn, qui est aussi un livre fort.
Faulkner peut être relativement abscons aussi mais quel lyrisme ! Page 188 : " Elle regarda la dernière étincelle de lumière se condenser sur la pendule, et le cadran cesser d'être un trou rond au milieu de l'ombre, pour devenir un disque suspendu dans le néant, dans le chaos originel, et se transformer peu à peu en une sphère de cristal recélant en ses quiètes et mystérieuses profondeurs le chaos ordonné du monde ombreux et compliqué sur les flancs balafrés duquel les vieilles blessures roulent vertigineusement, vers l'avenir, jusque dans les ténèbres où guettent de nouveaux désastres" ! Rassurez-vous : j'ai choisi la phrase qui m'a le plus épaté ! N'est-ce pas une manière habile d'évoquer les "pensées" - pas formulées de cette manière - informes du personnage ?
Comme je suis un visuel et que j'aime le ciné, je dirais que Sanctuaire est pour ceux qui n'ont pas peur d'ambiances et d'histoires à la Blue Velvet de Lynch ou Délivrance de Boorman.. Faulkner dépeint la face très noire du sud des Etats-Unis, qui, décidément, n'était pas, vers 1929/30 - et n'est toujours pas - "la plus grande démocratie du monde"... Ici, ce serait plutôt un "cauchemar non-climatisé" (salut Henry Miller !)
Je ne mets que 3 étoiles et demi en comparaison des cinq étoiles que je mettrais au Bruit et la Fureur ou à absalon!absalon!
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Pour Sanctuaire, j'ai fait l'effort puisqu'il semble être un classique de la littérature américaine. Je me suis accrochée, j'ai tenté de m'y intéresser, en vain.
L'atmosphère n'a pas réussi à me séduire, le style, très descriptif, très long. Une mosaïque de personnages est installée, la lenteur est voulue, l'attente, le mystère, l'interrogation... Mais le résultat, chez moi, a été l'ennui.
Je reconnais que la construction, l'écriture, le livre sont de qualité. Pourtant, je suis passée à côté, je n'ai pas réussi à le finir même si j'ai tenu très longtemps.
Temple Drake s'est faite conduire par un petit ami au bal mais celui-ci fait un détour pour s'acheter de l'alcool. Ils arrivent dans une étrange demeure où vivent des hommes pauvres, bizarres, un couple dont la femme dit à Temple, dès son arrivée, qu'il faut partir, qu'elle est en danger. La première moitié du livre repose sur ce danger qui plane, on sent que Temple risque de se faire violer, mais on ne sait pas par qui.
Puis il y a un des hommes qui est assassiné : qui a commis le meurtre, dans quelles circonstances? le propriétaire de la maison est accusé, d'autres personnages sont imbriqués dans l'histoire, que tout ramène à cette maison et ses habitants alors que leur monde était assez loin.

L'originalité est que les faits ne sont pas vécus de front et en direct. On lit, en général, un résultat, et cela contribue à l'étrangeté du livre. le lecteur manque de quelque chose, il voudrait savoir - mais son envie n'est pas satisfaite.



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Le texte ci-dessous est trop long. Je le sais. Je pense utile pourtant de le présentr à ceux qui craignent de s'engager dans un livre de Faulkner. Ce livre est difficile, mais il témoigne d'un talent fantastique. le texte ci dessous devrait vous aider à aborder le roman avec moins d'appréhension. Enfin j'espère. Vous noterez que je fais parfois état de doutes sur ma compréhension. Ce n'est pas forcément grave au fond. Vous retrouverez l'ensemble de mes rfetours de lectures sur ma page Facebook : Philippe Henry auteur retours de lectures.

Sanctuaire de William Faulkner
Me revoilà à reparler de Faulkner. Pourtant, ce n'est pas un auteur très commode. Beaucoup se lassent ou se perdent dans ses textes, avouons-le, parfois conçus pour dérouter le lecteur. Alors, pourquoi y revenir ?
C'est que les romans de Faulkner nous font pénétrer un monde à part. Un parfum de sud d'abord. Je veux dire les états du sud américain, le Mississipi. Un sud attachant, qui pleure encore d'avoir perdu la guerre de sécession, un sud qui oublie peut-être la cruauté de l'esclavage pour lui préférer une vision plus « bon enfant », comme ce juge blanc, père de l'héroïne de Sanctuaire, fumant sa pipe sur le rocking chair de sa véranda en regardant « son » noir tondre la pelouse.
Et puis c'est surtout que l'on se prend au jeu auquel nous invite l'auteur : savoir recoller les morceaux. Il se joue de nous Faulkner. Il nous met des petits signes ici où là pour qu'on ne se perde pas complètement, mais il faut avoir l'oeil. Parfois, souvent, il faut relire pour être sûr d'avoir tout compris. Et encore ! Sans parler des fois où un personnage, Horace en général, ne termine pas ses phrases, nous laissant un peu le bec dans l'eau. Cela donne le sentiment d'un monde absurde et celui d'être, nous lecteurs, victime de Faulkner. Son jouet en quelque sorte.
Il y a aussi l'humour. Sanctuaire est un livre très noir mais l'auteur nous laisse reprendre notre souffle. Ainsi fait-il apparaitre des personnages secondaires ou des scènes quasi inutiles au propos principal. Les aventures des apprentis coiffeurs à Memphis, l'enterrement orgiaque de Red, les discussions entre miss Réba et ses amies. Des pages truculentes, au milieu de la tension que fait naître le récit.
Sanctuaire, est un roman noir, qui dit l'absurde et le malheur de la vie. Un roman d'ambiance. Angoisse, crainte suggérée de ce qu'il pourrait se passer. La sensation que l'on éprouve est incontournable, palpable. Ainsi dans deux scènes : au début, lorsque Horace découvre Popeye, silhouette noire, presque décharnée, énigmatique et inquiétante. Faulkner nous fait vivre dans ces premières lignes un face à face oppressant. du très grand art. Une parole de temps en temps échangée par les deux personnages, une longue attente de deux heures au cours de laquelle rien ne se passe que quelques dialogues, ou plutôt monologues inquiets d'Horace face au silence de son vis à vis, relancés parfois par une courte question de Popeye. Une attente rythmée par le cri régulier d'un oiseau ou le passage d'une voiture qui reviennent en leitmotiv obsédant témoigner de la durée de cet affrontement quasi silencieux. A la sortie de ce face à face, Popeye et Horace se retrouvent, sans autre explication, marchant sur une piste sablonneuse jusqu'à ce qu'apparaisse, encore une menace, la masse sombre et inquiétante d'une maison trapue au-dessus de la cime noire des arbres.. (Pour ceux qui ne pratiquent pas régulièrement le Faulkner, il faudra accepter ces continuelles césures dans l'action. Deux personnages sont face à face au bord d'une source et plus tard, l'un marche derrière l'autre, sans que l'on sache s'il y a été forcé, s'il le fait de gaité de coeur, ou parce que la nuit va tomber. Ce n'est que plus tard que vous apprendrez que Popeye avait probablement proposé à Horace de le faire emmener à Jefferson, où il souhaitait se rendre.)
Autre moment d'angoisse, vous lirez aussi cette scène incroyable dans la maison où vit Popeye. Ces moments oppressants que Temple, jeune étudiante entrainée par un ami pris d'alcool, passe là-bas. On la voit errer de pièce en pièce se réfugiant tantôt là tantôt ailleurs, dans la terreur de ce qui, pour cette jeune fille, est inévitable dans une maison occupée par tant d'hommes pris d'alcool. de la cuisine à la chambre, de la chambre à la grange, elle guette les bruits dans les couloirs pour échapper à son destin, aidée en vain par Ruby. Là, ce n'est plus le chant de l'oiseau qui rythme le temps. Ce sont les déplacements des uns et des autres dans les différentes pièces, le passage d'un vieillard aveugle qui tâtonne son chemin le long des couloirs, les pleurs de ce bébé un peu attardé installé dans la cuisine, au fond d'une boite en bois qui doit le protéger des rats. le lecteur est entretenu dans l'attente du drame, dont il n'aura finalement une idée complète que vers la fin du roman. La technique employée par Faulkner pour nous faire éprouver le stress que nous ressentons à la lecture de ces lignes tient pour beaucoup à ce qu'il se garde de décrire les pensées des uns ou des autres. Il n'énonce que des faits, rien que des faits. Des déplacements, des bruits. Il nous met en position de spectateur observateur et impuissant.
Je n'ai pas souvenir d'oppressions aussi fortes exercées par un romancier sur son lecteur. Pas de lignes plus efficaces.
Mais pour commencer, peut-être souhaiterez-vous que l'on vous aide un peu dans la découverte que vous allez faire. Je vais vous dire un mot des personnages que vous verrez apparaitre, ainsi que sur le déroulé de l'intrigue. Vous verrez, cela vous facilitera probablement la tâche.
Principaux personnages :
Horace Benbow, avocat à Kinston. Il vient de quitter sa femme, n'en pouvant notamment plus de devoir aller lui chercher des crevettes à la gare tous les vendredis et de lui ramener cette marchandise dont il déteste l'odeur. Il reste très attaché à Little Belle, la fille de sa femme. Il ne conduit pas et se déplace au gré des possibilités. Il retourne à Jefferson, sa ville d'origine, où habite encore sa soeur, Narcissa, et sa grand tante miss Jenny. Au cours de son périple, il va passer quelques heures chez Lee Goodwin, trafiquant de Whisky et devenir son défenseur dans le procès où on accuse Goodwin d'avoir tué son employé Tommy pour pouvoir tranquillement violer Temple. Il échouera totalement dans sa mission et retournera à Kinston, retrouver une vie absurde. Un néant incompréhensible.
Temple, jeune étudiante écervelée, dépassée par les évènements et épouvantée à l'idée de se faire renvoyée de son université et d'affronter alors son père, le juge Drake, de Jackson. Elle n'inspire pas vraiment l'empathie tant elle s'y prend mal, à se mettre dans des situations impossibles, partagée entre la crainte des traitements qu'on lui fait subir et la soumission feinte ou réelle à ses tortionnaires. Elle glisse progressivement vers la déchéance, l'alcool. Sous l'emprise du sexe, elle semble partagée entre l'amour et la peur de l'homme qui la prostitue pour satisfaire son goût du voyeurisme.. Malgré tout, sa fragilité nous touche. Ses réactions puériles face au danger, les efforts de son imagination d'enfant pour se protéger des hommes et finalement se perdre dans un monde qu'elle n'était pas faite pour connaître. Au cours du procès de Goodwin, elle fera un témoignage accablant qui mènera celui-ci à la mort. Témoignage faux, inspiré sans doute par son père et accepté par elle qui a perdu tout repère. Après tous les évènements qu'elle aura subis, elle se laissera vivre, sans joie, comme ballotée aux côtés de son père.
Ruby Lamar, seule femme de la maison Goodwin avant que s'y retrouve Temple, elle trime pour nourrir une bande d'alcooliques sans vergogne, trafiquants de Whisky. Elle le fait par habitude, non dénuée d'amour pour son compagnon, Lee Goodwin. Quelques années plus tôt, elle s'est prostituée pour lui payer un avocat et le tirer de prison. Elle vit à présent avec lui, un peu comme une esclave soumise, révoltée parfois. Elle traine partout avec elle un bébé chétif, comme ferait un enfant avec un doudou. Elle est malheureuse et pourtant fidèle à son homme. Elle le soutiendra lorsqu'il sera accusé à tort du meurtre de Tommy et du viol de Temple. Victime consentante, faussement indifférente et brutale, elle fait ce qu'elle peut pour tirer Temple des griffes des hommes qui l'entourent. La seule chose que demande Ruby à Horace Benbow, c'est un polissoir pour effacer sur ses mains les dégâts causés par la vaisselle. Ruby est le personnage le plus attachant du roman. Elle accompagnera son mari avec dévouement jusqu'à sa mise à mort par la populace.
Lee Goodwin, compagnon de Ruby. Même s'il a déjà un meurtre à son « actif », il serait proche d'être un bon bougre s'il n'était pas aussi imprégné d'alcool. Lui aussi fait ce qu'il peut pour protéger Temple, mais plutôt parce qu'il est quand même tenté de s'en occuper lui-même . Il essaye de maîtriser comme il peut ses acolytes, avec un succès très relatif. Cela va le mener en prison, à Jefferson, soupçonné à tort du meurtre de son acolyte Tommy et du viol de Temple. Il s'obstine à croire qu'il se sortira de ce mauvais pas, puisqu'il est innocent et que le juge n'a pas de preuve. Pour le cas où, il voudrait quand même être sûr que Ruby et son enfant auront de quoi subvenir à leurs besoins. Truand peu scrupuleux, il paiera cher pour un crime qu'il n'a pas commis.
Popeye, Il a eu une enfance catastrophique. Il n'a pas connu son père, élevé partie par sa mère (une femme que ses deux maris ont roulée) et en partie par sa grand-mère, incendiaire récidiviste. Après 5 ans en pénitencier, devenu adulte, tout le monde le craint. Il parle peu. Ses silences sont angoissants. Il a toujours un pistolet avec lui. Beau gosse, il aurait du succès auprès des femmes si sa sexualité n'était pas particulière. Il s'est emparé de Temple et la conserve sous sa coupe en la tenant enfermée dans un bordel, sous la vigilance de la patronne, miss Reba (que l'on retrouvera dans un roman plus tardif, Les larrons). Popeye, c'est le prédateur du roman. Il couvre sa proie de cadeaux en la gardant prisonnière. Il finit par la prostituer en se limitant à un rôle de voyeur, avant de tuer par jalousie Red, le complice de ses jeux sexuels avec elle. Ah, j'oubliais, dans la maison de Goodwin il a violé Temple avec un épi de maïs. Impuissance « oblige ».
Tommy (ou Tawmmy), il est l'un des ouvriers de Goodwin. Écoeuré par le comportement de ses acolytes, il aura tout fait pour sortir Temple des griffes des hommes qui l'entourent. Il y laissera sa peau.
Miss Réba : personnage haut en couleur, elle mène de main de maître un bordel à Menphis dont elle vante à tous le sérieux. Elle y promène sa quasi impotence sous les yeux effarés de ses deux chiens, terrorisés par ses colères, surtout lorsqu'elle a trop bu. Elle aime bien Popeye, tout en s'en méfiant. Elle reçoit ses amies pour des après-midi semi mondaines et alocoolisés. Sa fidèle servante, Minnie la seconde servilement dans sa tâche. On retrouve ce personnage atypique mais finalement presque attachant dans d'autres romans, notamment Les larrons.
D'autres personnages apparaissent au fil du récit. le sénateur Clarence Snopes, des apprentis coiffeurs, la grand-mère de Popeye...etc. Tous ne sont pas forcément utiles à la progression de l'intrigue, mais apportent un moment de détente et d'humour dans un roman marqué par le pessimisme et l'absurde.
**************
Bon, vous n'y voyez pas encore très clair je pense. Alors après les personnages, la trame de l'intrigue :
Horace Benbow, avocat de son état, rejoint sa soeur après avoir quitté sa femme. Il se fait transporter au fil des possibilités et se retrouve ainsi face à Popeye qui l'amène dans la maison de Goodwin, trafiquant de Whisky. Il y croise Ruby, épouse de Goodwin, qui fera appel à lui plus tard lorsque son mari sera accusé à tort du meurtre de Tommy, l'un des complices de Goodwin.
Après le départ d'Horace, c'est Temple, jeune étudiante un peu fantasque qui arrive dans la maison en compagnie de Gowan, un ami sous l'emprise de l'alcool (accessoirement ex petit ami de la soeur d'Horace). La maison est alors le théâtre de divers drames : le meurtre par Popeye de Tommy, un type plutôt bien qui s'efforçait en vain de protéger Temple (à propos du meurtre, ne vous étonnez pas si vous n'en prenez pas conscience tout de suite. Vous réaliserez plus tard, parce qu'à ce stade, on vous dit seulement que Popeye a un révolver dans la main et que Temple a entendu un claquement bref et étouffé) meurtre suivi du viol de Temple par Popeye à l'aide d'un épi de maïs, étant bien incapable de violer qui que ce soit lui-même. Cela aussi, vous ne le saurez, et encore, que bien plus tard.
Puis Popeye emmène Temple en voiture tandis que Mrs Goodwin va chez des voisins téléphoner au shérif pour l'informer du meurtre (au passage, je n'ai pour ma part pas compris pourquoi, alors que de son dialogue avec son mari il semblait résulter que Mr Goodwin irait chez les voisins, c'est finalement elle que l'on retrouve chez eux ... je m'interroge encore).
Après ces évènements, on en vient à l'arrivée d'Horace Benbow chez sa soeur, à Jefferson. Il y croise Gowan Stevens, ce même homme qui quelques jours plus tard, en état d'ébriété, emmènera Temple chez les trafiquants de Whisky. Pour ne pas vous perdre, rappelez-vous bien que d'abord Horace passe dans la maison Goodwin, puis va en camion chez sa soeur. Il y voit Gowan qui, fâché par les refus de celle-ci, va retrouver la jeune Temple. Cette scène est donc antérieure aux scènes de la maison Goodwin qui précède ce chapitre.
En prison à Jefferson se trouvent un noir, un pauvre noir qui a tranché la gorge de sa femme et attend son exécution. Il réapparaitra régulièrement au fil des lignes, marquant par ses lamentations résignées l'écoulement du temps et l'inexorabilité du malheur. Se trouve en prison aussi Goodwin, accusé du meurtre de Tommy. Il se doute bien que c'est Popeye le coupable, mais est convaincu, s'il parle, qu'il se fera descendre dans sa cellule même. Alors il se tait et pense s'en tirer, puisqu'il est innocent. Il demande seulement à Benbow, devenu son avocat, d'assurer l'avenir du petit de Ruby. Au fond, Goodwin, c'est un brave gars. Horace Benbow prend en charge Ruby, l'emmenant chez lui, puis la logeant dans un hôtel de la ville, puis chez une vielle femme noire. Ruby, au chevet de son fils malade, avoue à Horace la présence de Temple dans la maison le soir du crime, ouvrant la voie à un témoignage favorable à Goodwin et accablant pour Popeye.
Le chapitre 18 est un retour en arrière sur la fuite de Popeye après le meurtre de Tommy. Il est accompagné de Temple. Des allusions laissent penser qu'elle a été violée. Attitude ambiguë de Temple (elle en vient à se repoudrer dans la voiture Popeye). Elle est paniquée, mais obéit quasi sans révolte. le « couple » arrive ainsi à Menphis, au bordel de Miss Reba, qui voit en Temple la petite amie de Popeye.
Vous allez maintenant découvrir Miss Reba, personnage coloré qui apparait dans plusieurs romans de Faulkner. Patronne d'un bordel, souvent prise de boisson, elle en dirige les activités de main de maître, avec une certaine tendresse pour ses « pensionnaires » et le souci de maintenir sa maison dans un statut respectable. Elle est le plus souvent accompagnée de ses deux chiens, profondément antipathiques. Sa fidèle servante Minnie la seconde. Cette partie du roman est plutôt légère, imagée. Miss Reba a du bon sens, et une certaine morale. Elle est finalement plutôt attachante. Elle apprécie Popeye, qu'elle connait de longue date. Elle accueille Temple avec douceur et bienveillance, la fait soigner. Dans ce chapitre vous serez témoin des moeurs sexuelles de Popeye.
Dans le chapitre Horace, informé par Ruby de la présence de Temple dans la maison des trafiquants de whisky le jour du meurtre, essaye d'obtenir d'elle plus d'informations. Ruby nous décrit ainsi une partie de la soirée là-bas. (C'est dans ce chapitre que l'on comprend aussi ce que Gowan, petit ami de Narcissa, la soeur d'Horace, faisait avec Temple quelques temps plus tard. Narcissa ne voulant pas l'épouser, il était parti au collège pour y retrouver une autre fille, Temple.)
Puis Horace prend le train pour retrouver Temple dans son collège, dans la ville d'Oxford. Il veut recueillir son témoignage sur les évènements intervenus dans la maison Goodwin le soir du meurtre. En vain. Après un épisode divertissant où il croise deux étudiants qui voyagent sans billet, Horace rencontre le sénateur Clarence Snopes. Snopes est un personnage secondaire peu sympathique. Il apparaitra régulièrement par la suite et permettra à Horace, moyennant finance, de retrouver la trace de Temple dans le bordel de miss Reba à Menphis.
Le chapitre 20 vous ramène à Jefferson, où loge à présent Horace. C'est dans cette ville que se trouve la prison où est détenu Goodwin. Ruby, chassée par des grenouilles de bénitier de l'hôtel où Horace la logeait, a fini par se réfugier dans la cellule de son mari. Dispute avec Narcissa, sa soeur qui soupçonne Horace de la déshonorer en ayant des relations avec Ruby. Elle manigance quelque chose et se renseigne sur l'avocat de la partie adverse. Pourquoi, vous ne saurez pas trop, mais en tous cas pas pour aider son frère à défendre Goodwin.
Au chapitre suivant, deux apprentis coiffeurs, Virgil, un garçon de la famille du sénateur Snopes, et un certain Fonzo arrivent à Menphis par le train. Personnages secondaires, ils vont nous détendre avec leur naïveté puérile et leurs aventures dans la recherche d'un hôtel, puisqu'ils aboutissent sans s'en rendre compte dans le bordel de Miss Réba où ils se livrent à diverses exégèses sur la présence de nombreuses jeunes femmes. Dialogues délicieux. C'est probablement (enfin peut-être...) grâce à ce hasard que constitue la présence de Virgil Snopes dans ce bordel de Menphis que le sénateur Snopes découvrira la présence de Temple chez Miss Réba.
Chapitre 22 : Horace trouve pour Ruby un nouveau logement dans une maison un peu délabrée. Snopes indique à Horace le lieu où il pourra retrouver Temple. Au chapitre suivant Horace va donc chez Miss Reba pour interroger Temple. Elle raconte sa nuit chez Goodwin avec une sorte d'orgueil, vanité dépersonnalisée et naïve. La pauvre fille est complètement déboussolée. Elle dit comment, dans la chambre chez Goodwin, elle se rêvait en garçon pour éviter d'être violée. Elle a même, dans son désarroi, provoqué Popeye pour qu'il en finisse avec elle, qu'elle puisse enfin dormir et oublier ce qu'elle vit. On apprend par miss Réba que viennent au bordel, dans la chambre de Temple, Popeye et un autre homme. Il va s'agir de Red, qu
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Un des romans les plus sombres de Faulkner, un des plus simples à suivre, un des plus noirs au sens policier du terme. Temple Drake est une jeune fille de bonne famille qui s'échappe un soir de son collège et se retrouve avec un étudiant ivre au volant. Perdus ils vont se retrouver près d'une masure et ils auront le mauvaise idée d'y demander de l'aide. Début de la fin pour Drake qui sera maltraitée et finira dans un bordel.
L'histoire est de peu d'importance puisque tout se sait rapidement, y compris l'auteur du meurtre, ce qui impressionne c'est l'ambiance immédiatement noire qui se dégage du texte, le mal palpable, la déchéance quasi inévitable qui va frapper les personnages.
Peut-être pas parmi les romans majeurs de Faulkner mais un de ses très marquants.
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Quelle déception ! Cela faisait longtemps que j'avais envie de lire ce livre, mais je n'ai pas du tout aimé. C'est incompréhensible et sans queue ni tête. Je me suis forcée à aller jusqu'au bout en espérant que ça s'améliore, ou que je m'habitue à l'écriture, parce que c'est un classique. Mais je n'ai pas compris grand chose, et je n'aime pas ça car ça me fait me sentir bête. J'ai eu l'impression d'observer une fourmilière, avec des personnages qui courent dans tous les sens de façon erratique.
Pourtant j'ai déjà lu deux livres de cet auteur : Sartoris et Tandis que j'agonise, ce dernier roman m'avait donné du fil à retordre, mais j'avais fini par l'apprécier. Mais je ne m'attendais pas du tout à un tel chaos...

Avec ce livre, je finis le défi ABC, ça fait au moins une raison de me réjouir :)
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Il est habituel de placer Faulkner au plus haut. Pour "Sanctuaire", je ne le peux pas: voilà un livre illisible, de par une forme d'écriture qui ne répond pas à une construction intelligible. Exemple: les sujets des verbes sont mal ou non identifiés. On nous parle de "la femme": oui, mais laquelle? "L'homme", oui, mais qui? Tout au long du livre, le lecteur est soumis à cette torture, si bien qu'il est extrêmement difficile de comprendre précisément le déroulement du récit. On s'aventure par conséquent dans un univers trouble, dans tous les sens du terme, et l'on essaie de se raccrocher, quand on a perdu le fil, au toutes petites parcelles d'éléments clairs et concrets que l'on peut trouver ici et là.
Il faudrait, semble t'il, comprendre ceci: Temple, grande adolescente, fait une fugue avec un garçon en quittant son collège. Elle se retrouve, malgré elle, dans un milieu glauque, de trafic d'alcool, de violence, et, finalement, de prostitution. Il y aura un mort: une arrestation, une plaidoirie, un jugement. Oui, mais tout cela est tellement confus, qu'il faut lire et relire pour assembler ce puzzle disjoint, et finalement consulter sur internet des sites qui veulent bien nous en dire plus..... Ouf, j'ai fini: je vais essayer de compenser cette semaine difficile en lisant un bon livre.
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Vacances. Téléphone portable cassé avec mon ibook du moment devenu inaccessible mais l'hôtel a quelques romans... en néerlandais. Sauf Sancturaire, en anglais. Taille idéale, j'ai trois jours pour le lire. C'est ainsi que commence m'a découverte de Faulkner car même si l'auteur fait depuis longtemps partie de ma liste des auteurs à lire absolument (pour mourir moins bête), il me fallait de toute évidence des circonstances spéciales pour m'y mettre.

Sanctuaire. La quatrième de couverture parle de corruption, de noirceur, d'excellent tableau psychologique et d'accueil critique plutôt mitigé. Pas un tableau qui donne envie de sauter dessus. Pourtant, je ne le lâche plus, je le termine en 2 jours (ok, 'cest les vacances et je suis paumée au milieu de nulle part alors il n'y a pas grand chose d'autre à faire). Pourtant, tout est sous-entendus, étrange, illogique. Difficile à aborder. Personages flous, réactions surprenantes, il est difficile d'être empathique, d'entrer dans la peau des personnages ou même de les visualiser. le roman commence par une scène tendue, incompréhensible de deux hommes qui se toisent pendant deux heures au pied d'une source et continue dans cette obscurité, cette confusion dans laquelle le lecteur ressent plus qu'il ne comprend, la tension qui monte, omniprésente rendue plus palpable par le caractère imprévisible des personnages. Un roman court mais touffu et moite qui laisse songeur
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Faulkner écrit Sanctuaire en 1929, dans le but avoué de gagner de l'argent, et en écrivant donc une histoire dont il pensait qu'elle se vendrait bien.

La publication du livre traîne, et à la relecture Faulkner est si peu satisfait du résultat qu'il se décide à réécrire son roman, acceptant de prendre même en charge partiellement les frais financiers entraînés par de si importantes modifications. le livre connaît un certain succès commercial aux Etats-Unis et c'est le seul roman de Faulkner à rester en permanence disponible de 1932 à 1960.

Je serais brève dans mon commentaire car malgré ma passion pour Faulkner j'ai eu beaucoup de mal à lire ce livre. C'est tout simplement trop violent pour moi, certains passages sont à la limite du soutenable. Je ne conteste pas les qualités littéraires du livre, mais j'ai du mal à supporter son contenu.
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Grand plaisir de lecture pour cet ouvrage qui ne peut laisser indifférent et marque encore aujourd'hui, trente ans après mon esprit avec "le viol à l'épi de maïs".
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Voilà un livre qui me laisse franchement mitigée. Mitigée sur les intentions de l'auteur et son écriture. Attention cette critique est un total spoiler passé le premier paragraphe.

Faulkner a une patte bien à lui, on ne peut le nier. Rarement j'ai été aussi perdue en lisant un récit. On croit suivre ; les phrases, séparément, ont bien un sens, mais quand on les met bout à bout on ne comprend plus rien ! de qui parle t-il ? Y a un nouveau personnage ? Non, il parle du même depuis tout à l'heure... ou bien c'est l'autre ? Et cette manie de l'ellipse. On coupe, on coupe, alors accrochez vous.

Sur le fond, on plonge dans les bas-fonds c'est le cas de le dire. Avec des personnages au choix détestables, paumés, pauvres, au bout du rouleau, calculateurs... Bref, que du beau monde.

Les 100 premières pages ont été particulièrement atroces de mon point de vue. On suit le trajet de deux jeunes amants du milieu bourgeois. La fille fait le mur avec son copain. le type a bu et ils ont un accident. Ils sont proche d'une baraque où il font escale. Là, Gowan continue à se biturer avec les 3 autres types au lieu d'essayer de trouver une autre voiture pour ramener Temple dans son école. Faulkner prolonge encore et encore cette étape, avec une angoisse croissante la nuit venant : Temple n'est pas en sécurité avec ces hommes brutaux. La seule autre femme présente lui fait comprendre (sait-elle ce qu'est un "vrai homme" ?).

Bon, franchement au début j'étais agacée, tout de suite pourquoi ces pauvres péquenauds voudraient la violer et puis merci la définition du vrai homme, très flatteur. Pauvre = connard ? Mais, bon, la décision de l'auteur est ainsi, oui, Temple y passera et sera enlevée par son agresseur qui plus est. Et un homme sera tué, le seul de son côté cette nuit-là. Et son amant au lieu de la sortir de là s'en va lâchement. Donc Gowan est le premier connard dans tout ça et bizarrement sera jamais évoqué par la suite.

Après avoir passé plus de 100 pages sur le "cas" de Temple, on se concentre sur Goodwin, présent cette nuit là, et accusé à tort d'avoir tué son collègue. Comme si c'était le sujet principal. Je veux dire, c'est complètement retord comme procédé. Comme si quelque part, Temple une fois violée, ne servait plus, n'était qu'un procédé scénaristique pour mettre de la tension dans le récit. L'honneur est perdu à jamais, il n'y a plus que la vie de cet homme à sauver. On comprend même par la suite que son père l'a à peine cherchée et a fait semblant de la retrouver ! Et l'avocat de Goodwin la retrouve mais n'essaye pas de l'aider. Tout ça n'a pas de sens !

Bref, par l'acte de deux hommes, Gowan, et Popeye (nom très ironique au passage puisqu'il s'agit d'un gringalet malformé), le vrai coupable, le malheur se répand. L'accusé, Goodwin, sera jugé coupable à cause de Temple qui affirme qu'il est le coupable (mais pourquoi agit-elle ainsi ? des informations ont pu m'échapper...) du meurtre et visiblement de son viol. La justice rend justice à côté de la plaque. Popeye, quant à lui, sera jugé pour un crime qu'il n'a pas non plus commis.

C'est un tableau de la misère humaine, tant pécuniaire que sentimentale que nous fait Faulkner à travers une galerie de personnages terribles. L'avocat voudrait quitter sa femme, ne sait plus quoi faire de sa vie. Popeye le violeur est en fait impuissant et regarde Temple coucher avec un autre homme. Sa logeuse est complètement alcoolique (et couchait avec son père?), tout comme le devient Temple pour surmonter sa situation de femme captive. La femme de Goodwin a une vie de misère bercée par la prostitution et un mari violent... Qui quant à lui finit immolé par des citoyens fous furieux.

En définitive peut-on dire que c'est une fresque de l'immoralité, du désarroi et du malheur ? Oui, assez. A ne pas lire en cas de dépression.
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