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EAN : 978B08NW7Q46Y
120 pages
Gallimard (03/12/2020)
4/5   2 notes
Résumé :
D’une lecture aisée et agréable, ce recueil de proses est en somme une petite phénoménologie du quotidien, où l’humour ne cesse de pointer le bout de son nez.
C’est ainsi que l’on passe d’un éloge appuyé des bancs publics, paradoxalement vif, à celui des tropiques humides, fruité à l’envi ; des saisons à la campagne où la langue se repose à celles de la ville où tout s’électrise. Qu’elles soient des villes ou des champs, ces proses poétiques ont de l’allure ... >Voir plus
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
    Dix postures pour cueillir les mûres :
            D’un fruit couleur de feu sous la verte ramure
            Paul-Jean Toulet
            Les Contrerimes



Trop verts, etc. Les mûres font des buissons parfois si hauts qu'on songe à repartir en citant La Fontaine. Mais les mûres sont bien mûres, où trouver la parade ? Legs aux oiseaux, largesse de cœur, énième consolation.

Allégée de ses fruits la grappe atteinte à bout de bras progressivement remonte jusqu'à n'être plus touchable il faut redoubler d'effort pour finir la cueillette, membres étirés vers le ciel, prêt aussi à tomber.

Et puis soudain la main qui n'en peut davantage saisir laisse s'échapper la prise. Évadées mûres dans les fourrés, débuts d'une spirituelle morale à propos des yeux plus gros que la paume. Mûrement réfléchie

La mûre est si mûre — trop elle-même — qu'on la cueille finement au bord de l'infatuation, toute à ses pensées autarciques dont elle est oppressée ; la voilà qui s'exprime. Pur jus.
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ÉLOGE APPUYÉ DES BANCS



Usant d’un carnet tête-bêche pour écrire, le remplir à l’endroit de ceci, à l’envers de cela, il sait qu’un jour les deux gageures, vers et prose qui progressent, vont se rencontrer, former un front redouté. L’une gagne du terrain – elle en est presque à la moitié du calepin –, quand l’autre ne hâte pas le pas. Piétine, même, tant l’avancée est mesurée. Prose et poème… Ainsi font les bavards du banc aux côtés des taciturnes – ou des résolument silencieux. Tempos et blancs.

[…]
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Plus que celle qu'on rêva de loin …



Plus que celle qu'on rêva de loin, sans l'atteindre, celle qu'on eut dans la paume et la peau, et qui s'éloigne, reste cruelle, prépotence de la perte — palpable, pour ainsi dire.

Au bout d'un temps la couleur du sang sur les doigts révèle que l'assassin est gaucher, et vers quelle heure la cueillette fut perpétrée : le sang des mûres a séché, noir.

Tandis que la récolte en silence des cassis — même recueillement — renvoie aux jardins d'enfance chez une aïeule ou une voisine antique, la mûre est familière mais non domestique. Sauvage, du domaine des champs.
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Usant d’un carnet tête-bêche …



Usant d’un carnet tête-bêche pour écrire, le remplir à l’endroit de ceci, à l’envers de cela, il sait qu’un jour les deux gageures, vers et prose qui progressent, vont se rencontrer, former un front redouté. L’une gagne du terrain – elle en est presque à la moitié du calepin –, quand l’autre ne hâte pas le pas. Piétine, même, tant l’avancée est mesurée. Prose et poème… Ainsi font les bavards du banc aux côtés des taciturnes – ou des résolument silencieux. Tempos et blancs.
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Se faire cueillir …



Se faire cueillir dans le jargon des truands résulte souvent d'u piège où les noirs gangsters sont tombés. La mûre cette nuit fut victime de sa propre noirceur ; les ronces n'ont pas bougé la moindre épine quand le vent a soufflé.

Le doigté que requiert la cueillette a tout du geste du rhéteur pour expliquer, dans un bouquet de doigts, de quoi il est question : une idée essentielle rassemblée en grappe. Dextérité des mots.

À contre-jour les mûres font u n buisson dont on ignore la couleur ; Met-on la main en visière — tout est crépusculaire —, on discerne encore mal le rouge et le noir : dans l'épaisseur du soir les ténèbres abondent.
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