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Paul-Simon Bouffartigue (Traducteur)
EAN : 9782264081568
480 pages
10-18 (16/03/2023)
3.82/5   49 notes
Résumé :
Après The Wire, la nouvelle immersion choc dans la police de Baltimore.

En 2008, Justin Fenton devient le reporter chargé des affaires criminelles au Baltimore Sun. Un poste convoité où, par le passé, s'est illustré David Simon, avant qu'il devienne le célèbre showrunner de la série The Wire. Baltimore est alors toujours la ville au taux de criminalité le plus élevé des États-Unis. Mais une unité spéciale d'agents en civil est en train de nettoyer le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Parfois la réalité dépasse la fiction. L'expression n'est pas galvaudée avec La Ville Nous Appartient de Justin Fenton, un journaliste du Baltimore Sun qui a enquêté durant plusieurs années sur une escouade d'élite de la police de Baltimore, la Gun Trace Task Force (GTTF) dont la plupart des membres furent impliqués dans des affaires d'extorsions, de corruptions, de vols d'argent et de stupéfiants qu'ils remettaient sur le marché en récupérant ainsi le produit du deal. Un scandale qui défraya la chronique au niveau national au terme d'une enquête menée conjointement par des procureurs fédéraux, des agents du FBI, des policiers du comté et du BPD (Baltimore Police Départment). Recueillant un nombre considérable de témoignages, Justin Fenton rédigea un nombre important d'articles pour le compte de son journal, avant de se lancer dans l'écriture du présent récit sur conseil de David Simon, ancien journaliste au Baltimore Sun et auteur de Baltimore (Sonatine 2012) qui inspira l'emblématique série The Wire dont il fut le "showrunner" et qui se déroulait déjà à Baltimore. C'est d'ailleurs sur la base de ce récit qui se lit comme un roman que David Simon a adapté une nouvelle mini-série de six épisodes pour HBO, intitulée We Own This City en reprenant le titre original du récit, ceci avec la complicité de Ed Burns et George Pelecanos et qui sera diffusée le 26 avril 2022 sur OCS.



L'idée est des plus simples : Voler l'argent des dealers et revendre la drogue saisie pour son propre compte. On pense tout d'abord à Omar Little, gangster notable de la série The Wire qui pratiquait de la sorte avant de se rendre compte que l'idée fut reprise dans la réalité par huit agents de la police de Baltimore formant une brigade d'élite qui officiait en civil dans les quartiers défavorisés de la ville en s'en prenant majoritairement aux membres de la communauté afro-américaine. Tout est bon à prendre pour ces policiers complètement dévoyés qui se comportent comme les membres d'une organisation criminelle en trafiquant les heures supplémentaires, en effectuant des perquisitions sans mandat afin de substituer une partie ou la totalité de l'argent découvert ainsi que les produits stupéfiants saisis qu'ils revendaient avec la complicité d'intervenants externes qui participaient parfois en toute illégalité aux interventions policières. Conduit par le sergent Wayne Jenkins, on découvre l'édifiant parcours de ces policiers complètement corrompus qui opérèrent ainsi durant plusieurs années en toute impunité.

Divisé en trois parties, le récit débute avec la présentation des arcanes du Baltimore Police Départment et de l'état d'esprit qui y règne et plus particulièrement cette culture du chiffre pour faire face à la hausse exponentielle de la criminalité que les autorités ne parviennent pas à juguler. Sans disculper la responsabilité individuelle des huit policiers corrompus, Justin Fenton parvient à mettre en lumière les disfonctionnements d'un service exigeant du résultat à tout prix sans se préoccuper des moyens pour y parvenir. On découvre ainsi des agents sous pression exerçant parfois dans des quartiers défavorisés où la population les perçoit davantage comme une menace qu'une ressource destinée à les protéger. C'est dans ce contexte particulier que l'on fait connaissance avec le sergent Wayne Jenkins qui va mettre en place ces activités délictueuses devenant la norme de la Gun Trace Task Force qui apparaît aux yeux de la hiérarchie comme l'exemple à suivre tant les résultats semblent satisfaisants. Néanmoins, au gré des nombreux entretiens qu'il a eu avec bon nombre de délinquants victimes des agissements de ces policiers corrompus, Justin Fenton met en exergue le paradoxe de ces malfrats qui n'osent signaler que la quantité de drogue saisie est moindre que celle dont ils étaient en possession sans risquer d'aggraver leur cas aux yeux de la justice. Il en va de même pour ce qui a trait à l'argent dérobé, même si certains délinquants vont tout de même signaler le cas aux autorités qui vont bien évidemment douter de la véracité des faits. Car qui pourrait soupçonner des policiers d'agir pareillement ? Néanmoins, les soupçons vont commencer à apparaître avec la récurrence des plaintes qui vont finalement faire l'objet d'une enquête conjointe que Justin Fenton décline dans la seconde partie du récit, au gré d'un rythme trépident et d'une maîtrise sans faille qui nous permet d'intégrer la multitude d'intervenants apparaissant tout au long de ces investigations d'une ampleur exceptionnelle. On en prend la pleine mesure au terme de la troisième partie évoquant la chute de ces policiers et du nombre presque invraisemblable de délits commis où Justin Fenton aborde notamment la mort d'un inspecteur de la brigade criminelle dont on ignore s'il s'agit d'une exécution ou d'un suicide, ceci venant du fait qu'il avait côtoyé certains des policiers corrompus de la Gun Trace Task Force. C'est également dans cette dernière phase que le journaliste mentionne les conséquences politiques et les tentatives de réforme de cette institution policière entrant dans la spirale d'une tourmente qui semble sans fin.

Récit édifiant de l'ensemble d'une brigade corrompue de la police de Baltimore, Justin Fenton décline avec La Ville Nous Appartient les dysfonctionnements d'une institution militarisée qui s'éloigne résolument de sa population qu'elle est censée protéger.


Justin Fenton : La Ville Nous Appartient (We Own This City). Editions Sonatine 2022. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Paul Simon Bouffartigue.

A lire en écoutant : Sound Of Da Police de KRS-One. Album : Return Of The Boom Bap. 1993 Zomba Recording LLC.
Lien : https://monromannoiretbiense..
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La ville nous appartient de Justin Fenton est un livre écrit par un journaliste du Baltimore Sun.
Je pense qu'on connait tous Baltimore, du moins pas pour les bonnes raisons, mais pour son taux de criminalité !
C'est un des états les plus dangereux d'Amérique !
Et dans ce livre, Justin Fenton nous livre encore plus de criminalité (plutôt policière) durant les années où il a passé à enquêter en tant que reporter pour le Baltimore Sun !
Ici, il nous explique comment Baltimore essaye de gérer et diminuer son taux de criminalité en mettant des unités spéciales en place avec des agents en civil qui parcourent la ville à l'affut d'un délit.
Mais on va très vite comprendre qu'une certaine unité (Gun Trace Task Force) a tendance à dépasser facilement la ligne en pensant être intouchable ! Une belle bande de flic corrompu mené par un seul homme, Wayne Jenkins, qui avait pourtant tout pour réussir !

J'avais ce livre depuis un moment dans ma pile à lire et je savais que j'allais beaucoup aimer, mais il faut savoir que ce livre n'est pas un roman et qu'il est écrit en décrivant des faits, donc on aura affaire plutôt à un genre de récit non-fiction. Et je peux comprendre que ce livre ne plaira pas à tout le monde.
Moi-même, qui adore le genre, j'ai trouvé que ce livre ne se lisait pas aussi facilement.
Mais étant donné que je suis passionnée par le sujet, j'ai trouvé très intéressant et complètement fou, ce que nous livrait ici Justin Fenton. Je me demande d'ailleurs jusqu'où on peut aller pour éradiquer la criminalité… clairement pas en étant corrompu !
Il est évident que l'auteur connait extrêmement bien son sujet et a dû passer un sacré moment à tout rechercher et vérifier !

En conclusion, un livre très intéressant qui nous ouvrira les yeux sur la corruption policière à Baltimore, mais je garderai en tête qu'il existe aussi de bons flics !
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Reporter du "Baltimore Sun", chargé des affaires criminelles, Justin Fenton est le digne héritier de l'un de ses plus célèbres prédécesseurs, David Simon, créateur de la série The Wire. Et le moins qu'on puisse dire c'est que cette enquête ne donne pas particulièrement envie d'aller vivre à Baltimore !
En effet, Fenton raconte dans ces pages le résultat d'un travail de titans, autour d'un procès retentissant, celui d'un groupe de sept policiers du BPD (Baltimore Police Department) condamné en 2016 pour corruption et racket en bande organisée! Un bon petit groupe de ripoux de première catégorie en somme!
A partir de cette condamnation incroyable, le journaliste décide de dévoiler comment ces agents, membres d'une unité spéciale du BPD, qui auraient dû protéger la population, sont devenus des criminels de la pire espèce, bafouant avec un sentiment d'impunité hallucinant la justice et les droits de tous ceux qui ont eu le malheur de croiser leur chemin.
Dans un contexte général de mise en cause des méthodes policières, Fenton analyse avec beaucoup de justesse les motivations sécuritaires et politiciennes, les dysfonctionnements multiples qui ont laissé la porte ouverte à ces abus invraisemblables érigés en système.
Cette affaire, c'est aussi une figure inoubliable, celle du sergent Wayne Jenkins : tête pensante de ces policiers égarés, érigé en légende auprès de tout le commissariat parce qu'il avait le meilleur taux d'arrestations du PBD, il enchaînait dans le même temps les faux-témoignages, le trafic de la drogue qu'il confisquait ou le vol sans vergogne de l'argent des trafiquants qui croisaient son chemin. Dans le genre la réalité dépasse la fiction, il est un exemple!
Et même si le lecteur sait comment l'affaire s'est terminée, Fenton parvient à maintenir le suspens avec talent. Un document édifiant, à découvrir avant la sortie de la mini-série (OCS fin avril) réalisée par David Simon himself. Vivement !
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Nous sommes dans les années 2010, la ville de Baltimore fait partie des villes avec le taux de criminalité le plus haut. Les autorités décident d'agir et créent la Gun Trace Task Force, une unité visant à réduire drastiquement le nombre d'armes à feu illégales qui fourmillent dans les rues. Et alors que cette équipe devait lutter contre le crime, elle va faire tout l'inverse et être parfois l'instigatrice de toute cette criminalité, parfois même au détriment d'innocents.

Ce titre convient parfaitement à cette effarante histoire de corruption car c'est ainsi que les membres de cette équipe vont percevoir la ville, comme si elle leur appartenait. Profitant que Baltimore soit un endroit où délinquants et minorités se côtoient, les agents de la GTTF vont tout se permettre. Vol, cambriolages, falsification de preuves, mensonges, faux documents, agressions... Et la liste est encore longue. Il est si facile de profiter d'un dealer qui n'osera pas porter plainte pour un vol d'argent ou d'une personne que l'on ne croit jamais à cause du racisme écrasant.

Tout le monde se souvient de George Floyd en mai 2020 mais il y a eu aussi Eric Garner qui a dit onze fois « Je n'arrive pas à respirer » avant de mourir, Michael Brown, abattu de six balles alors qu'il ne portait pas d'armes. Et Freddie Gray, dont la mort inhumaine a déclenché les émeutes à Baltimore en 2015. Et ils ne sont pas les seuls.

Après la lecture, je me demande ce qui me choque le plus, l'immoralité complète de ces agents ou le fait qu'ils puissent faire ça en toute impunité. Pourtant, il y a eu des pseudos-enquêtes, des presque-avertissements mais le résultat a toujours été le même, aucune condamnation et parfois même une promotion à la clé.
En qui peut-on avoir confiance si les personnes censées représenter la loi lui marchent dessus ? Ici, vous ferez face à des hommes qui nient l'humanité d'autres personnes pour le profit et la gloire. Vous ressortirez peut-être en colère mais avec l'envie de vous battre pour de justes causes.
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La ville leur appartient. Ils sont flics. Ils sont sans scrupules. Sans pitié. Sans filet.
Baltimore dans le Maryland est une ville portuaire, universitaire, à la jonction des Etats du nord et du sud des Etats-Unis : elle devrait être lumineuse, riche et prétentieuse. Tout le contraire pourtant : un quart de sa population vit sous le seuil de pauvreté depuis le terrible déclin de la ville, entrainé par la faillite des industries et l'exode des classes moyennes parties vers les banlieues. Dès lors, les portes de Baltimore se sont ouvertes en grand au crime organisé, particulièrement au trafic de drogue qui tira encore davantage vers le bas les conditions de vie des populations les plus vulnérables, et fit exploser le niveau de violence de la ville. Dans ces cas-là, le seul espoir d'une communauté reste ses forces de l'ordre. Et c'est là qu'à Baltimore, tout va dérailler.
-La ville nous appartient- est le fruit de l'enquête minutieuse et passionnante que Justin Fenton, journaliste au Baltimore Sun, va mener pendant des années. Sa cible : une unité de flics spécialisée dans la répression de la criminalité : The Gun Trace Task Force. Et si cette unité montée pour anéantir le fléau de cette criminalité endémique en était finalement le pire et le plus redoutable des maillons ? Des années d'enquête, de rencontres avec des dealers, des flics, des petites frappes, des indics devenus à la fois les témoins des agissements de cette unité très spéciale et à la fois les victimes de leurs rackets et coups montés à grand renfort de fausses preuves.
Le livre de Justin Fenton se dévore comme une fiction, le travail d'enquête n'alourdit en rien sa lecture et chaque page se tourne avec un degré supplémentaire de stupeur, comme une question en leitmotiv « Vraiment, ce n'est pas de la fiction ? » tant on aimerait qu'on nous rassure en validant cette hypothèse moins révoltante. Pourtant, Freddie Gray a bien été assassiné dans un fourgon de police (l'évènement est à l'origine des émeutes de 2015 à Baltimore) et les personnages de cette Task Force n'ont rien de la fragilité de papier des personnages de romans.
Cet énorme scandale de violence et corruption policières va secouer durablement toute l'opinion publique américaine. le formidable travail d'enquête de Justin Fenton a, quant lui, été depuis adapté en série par les scénaristes de The Wire (WE OWN THIS CITY sur HBO, OCS). Justin Fenton avait d'ailleurs succédé au Baltimore Sun à David Simon, l'auteur de -Baltimore- (2012) qui inspira la série The Wire.

-La ville nous appartient- , ouvrage référence à lire sans réserve, parce que « l'opacité nourrit tous les dysfonctionnements » (Justin Fenton).
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critiques presse (2)
Liberation
02 mai 2022
Dans «La ville nous appartient», Justin Fenton fait un sort à la police de sa ville, et notamment d'une de ses unités aux pouvoirs exorbitants, la Gun Trace Task Force.
Lire la critique sur le site : Liberation
Vols, racket, fausses preuves… Dans un récit choc, le journaliste met au jour les dérives d’une unité spéciale, censée nettoyer les rues de Baltimore, aux États-Unis. Plongée dans l’une des plus grosses affaires de corruption au sein de la police américaine.
Lire la critique sur le site : LeParisienPresse
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
"Il était indispensable de redonner de la fierté à une ville qui n'en avait aucune, avait-il expliqué en 1979. De tout faire pour que les gens n'aient plus honte de de se dire habitants de Baltimore."Et pourtant l'hémorragie continua-au cours des années 1980, ce fut près de 50 000 habitants supplémentaires qui quittent la ville.
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Le vernis de l'american way of life bien propret commença à se craqueler à mesure que la drogue se propageait hors de Baltimore, la ville que les habitants de la région avaient cherché à fuir, et prenait ses quartiers à Middle River.
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Video de Justin Fenton (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Justin Fenton
Justin Fenton nous parle de son édifiant récit, "La ville nous appartient", déjà disponible en librairie, et de son adaptation en mini-série diffusée sur OCS, "We Own this City" !
En savoir plus sur le livre : https://bit.ly/3bVNLD8
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